Par Maitre Lusiana Windu
Cette bataille, située historiquement trente-deux ans avant la Bataille de Yavin, permit la libération d'une petite planète située dans la Bordure Médiane, près de la Bordure Extérieure.
Cette bataille eut plus de conséquence qu'elle ne laissait supposer.
En fait, on pourrait la qualifier de goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
I Les Evénements
Depuis déjà longtemps, la Galaxie est gouvernée par la République Galactique, dont le siège se situe sur Coruscant.
La République a réussi à unifier tous les systèmes de la galaxie, et à maintenir la paix tant bien que mal.
Seulement, un tel système gouvernemental, basé sur les règles d’une fédération démocratique, a fini par s’enliser dans des lourdeurs administratives, conséquence du très grand nombre de systèmes adhérents.
Chaque système local est autonome, mais ne peut agir dans ses rapports avec les autres sans en référer au Sénat.
Pour que l’équilibre et la paix continuent de régner dans la galaxie, tout doit être discuté.
Il en résulte un immobilisme qui commence à poser des problèmes, notamment au niveau des échanges commerciaux.
Ceux-ci ont fini par être quasiment totalement contrôlés par la Fédération du Commerce, gérée par les Neimoidiens.
On ne parle pans encore à cette époque de Mouvement Séparatiste.
La taxation des routes commerciale provoque un tollé au sein des petits systèmes qui dépendent des Neimoidiens pour leurs importations et exportations, bref, pour leur économie toute entière.
Voulant faire un exemple, les Neimoidiens assiègent alors la petite planète de Naboo, dans le but de forcer la Reine à signer la ratification d’un traité qui entérinerait cette taxation des échanges commerciaux. Mais, le Maître Jedi Qui-Gon Jinn et son Padawan Obi-Wan Kenobi, diligentés en secret par Valorum, interviennent et aident la jeune Amidala à s'echapper et rallier Coruscant.
Palpatine, Sénateur de Naboo, parvient à convaincre Amidala. Dans son allocution au Sénat, devant les protestations des sénateurs et leur refus manifeste de venir en aide aux Naboo, elle conclut en demandant la mise au vote d'une motion de censure à l'encontre du Chancelier Valorum.
Ceci devrait avoir pour consequence de faire élire un nouveau Chancelier Supreme, quelqu'un qui à coup sûr, ne manquerait pas d'etre sensible à la detresse des Naboo. Mais la République et le Sénat s’enlisent dans des palabres et des commissions à n’en plus finir.
Pour se libérer de ce blocus, la Reine Amidala décide alors de prendre les choses en main. Son peuple est opprimé, et les Neimoidien s’en sont même pris aux gungans, l’autre peuple vivant sur Naboo. La République Galactique demande des preuves de l’agression des Neimoidien avant de décider de quelle façon elle va pouvoir intervenir. Mais le temps presse aussi pour les Naboo assiégés. Ces atermoiements des sénateurs ne sont plus supportables alors que la situation sur la petite planète devient critique.
Il ne reste plus qu'une seule solution à la jeune reine abandonnée de tous, sauf des Jedi. Aide toi la Force t'aidera. Dit l'adage populaire. Constatant que la République ne fonctionne plus, elle décide alors de rentrer sur Naboo. Son plan: faire une alliance avec le peuple Gungan.
Les rapports entre les deux peuples de Naboo sont plutôt distants, chacun vivant de son coté, sans réels échanges, les uns vivants à la surface, les autres vivants dans les marais et les lacs. C’est face à l’adversité que les Naboo et les Gungans décideront de s’allier sous l’égide de la Reine Amidala et du Vice Roi Boss Nass. Il leur apparaît évident qu’ils ne peuvent lutter seuls contres les armées droïds de la Fédération, et donc qu’une alliance est nécessaire et opportune. Dans le fond, il n’y a pas d’antagonisme tangible entre eux. De plus, ils vivent en paix et symbiose depuis bien longtemps.
Cette alliance tombe donc sous le sens. Et comme chacun le sait l’union fait la Force. Amidala et les Gungans parviennent à un plan. Les Naboo ont des chasseurs pour attaquer les vaisseaux de la Fédération en orbite. Pendant ce temps, l’infanterie et l’artillerie Gungan va se charger de faire diversion à la surface pour permettre à un petit commando de capturer les autorités neimoidiennes au palais. Un des chasseurs naboo, piloté par un jeune garçon intrépide, doué de la Force, Anakin Skywalker, parvient alors à briser le bouclier du vaisseau de Contrôle de la Fédération du Commerce.
David a fait mouche contre Goliath. Gunray et Rune Haako ont perdu. Et Naboo est libéré. Mais au palais, un autre combat est en train de se livrer. Puisque les Jedi ont preté main forte à la Reine Amidala, Sidious a envoyé son apprenti, Dark Maul, un Zabrak aux tatouages rouges et noirs, complètement asservi au Coté Obscur de la Force.
Il est là pour empêcher les Jedi d'accomplir leur mission. Qui-Gon Jinn et Obi-Wan affrontent le Seigneur Sith pendant que la bataille fait rage au palais, dans la grande plaine et dans l'espace de la petite planète. Le Maître est tué, mais le padawan tue à son tour le guerrier démoniaque. Naboo est libéré. La bataille est gagnée. Mais à quel prix ?
II Palpatine: l'Empereur du double jeu
Dans cette histoire, le rôle de Palpatine pourrait paraître accessoire, si ce n’est qu’il est sénateur Naboo, donc parfaitement au fait des méandres du fonctionnement du parlement, et que c’est lui qui agit en sous main pour provoquer cette crise politique. Il a parfaitement compris toutes les faiblesses de la République jadis si forte. Il a parfaitement compris qu’un grain de sable peut très facilement paralyser le système.
Et il en profite habilement. Ce n’est pas un hasard s’il pousse les Neimoidien à s’en prendre à sa planète, même s’il ne se doute pas que Amidala et Boss Nass vont s’allier contre la Fédération. Il ne doute pas que le Chancelier Valorum finira très vite par être déposé. Il manipule d’ailleurs très bien Amidala dans ce sens, en mettant en avant les lourdeurs du fonctionnement du Sénat de plus en plus corrompu par les bureaucrates. Mais quoi qu’il se serait passé sur Naboo, il serait parvenu à ses fins. Si Amidala avait signé le traité, il aurait pu continuer à manipuler la Fédération dans l’ombre. Et lorsque les Neimoidien perdent la bataille, il n’a pas pour autant échoué. La République ne pourra se relever d’une telle crise, et il est maintenant à la tête du Sénat.
Déjà, à peu près un an avant le blocus de Naboo, il avait soudoyé le Front Nebula et les membres de cette organisation rivale de la Fédération du Commerce attaquait les cargos de la Fédération. C'était voulu. Comme cela la Fédération a demandé au Sénat l'autorisation d'armer ses vaisseaux pour résister aux pirates et surtout de créer une armée de droïdes et de chasseurs stellaires.
Il filait ainsi du travail à Sienar qui va devenir l'armateur de l'empire.
Dans le même temps, il faisait démanteler le Front Nebula en faisant en sorte que les Jedi s'occupent du Capitaine Cohl et, en tant que Sénateur, poussait Valorum à s'impliquer dans le démantèlement de cette organisation. Parallèlement, Palpatine Sidious montait la Fédération du Commerce contre le Sénat en déposant à la demande de Naboo dont il était sénateur, un projet de loi taxant les routes commerciales.
Le projet a été adopté par le Sénat et la Fédération est montée au créneau. C'est parfaitement expliqué dans Vent de Trahison où Valorum, bien englué dans un scandale financier avec le Front Nebula et le Soleil noir s'est retrouvé au coeur d'un bras de fer dont Palpatine était l'instigateur. Il a du accepter de voter le projet de loi instituant la taxation des routes commerciales tout en ayant autorisé la création de l'amée de droïdes. On se doutait bien à ce moment là que la Fédération du Commerce utiliserait ses armées droïdes pour dicter sa loi.
Et en plus, pour être certain d'affaiblir davantage Valorum, Palpatine lui a conseillé d'organiser un sommet entre les Guildes à Eriadu où ils se sont tous battus sur des problèmes d'influence et où les Jedi envoyés pour régler le problème sont tombés dans une embuscade. Et pendant que les Jedi étaient occupés à se dépêtrer, il y avait une tentative d'attentat au Sénat dont Valorum s'est sorti mais affaibli. Et qui l'a aidé à remonter sur son perchoir ? Palpatine qui a réussi lui faire passer tout ce qu'il voulait à ce moment là.
Et quand la Fédération du Commerce à élever la voix contre la République et a institué le blocus de Naboo, Palpatine a crié à l'outrage et a soulevé un vent de sympathie en faveur de Naboo en manipulant la jeune reine. Valorum est alors tombé. Et voila comment à force de manipulation et de double jeux, on devient chancelier suprême. Voilà comment on s’empare du pouvoir, et comment on conduit la Galaxie au bord de la fracture. Ayant pris le pouvoir d'un coté, Palpatine/Sidious montre aussi au Conseil Jedi que l'Ordre Millénaire a manqué de vigilance.
III La Bataille de Naboo et ses consequences
Cet épisode aurait pu en rester là. Il ne semblait concerner qu’un différent entre la Fédération du Commerce et une planète qui ne veut pas se soumettre à son diktat commercial. Seulement, il met en évidence que la République est désormais incapable de gérer les conflits qui peuvent subvenir entre les peuples qui la composent. Ses lourdeurs administratives, conséquence de principes démocratique poussés à l’extrême, l’empêchent désormais de remplir le rôle pour lequel elle a été crée, c’est à dire maintenir la paix dans la galaxie, et favoriser un développement tant social qu’économique. A partir de cette bataille, on s’aperçoit que la confiance des peuples de la Galaxie envers les autorités fédérales de Coruscant ne fera que diminuer. C’est ainsi qu’on voit très vite l’émergence du Mouvement séparatiste, celui-là même qui conduira à la Bataille de Géonosis quelques dix ans plus tard. La République est devenue comme une grosse machine qui n’a plus les ressources nécessaires à son fonctionnement. Elle se fracture de partout.
Le but de cette crise provoquée par Sidious/Palpatine était que Padmé Amidala, reine courageuse et dévouée comme chacun le sait, finisse par plaider la cause des Naboo au sénat, qu'elle-même se rende compte que la république ne fonctionne plus. Mais manipulée par le Sénateur Palpatine qui parvient à lui faire croire que cette faille provient de la difficulté du chancelier suprême Valorum à se faire entendre, elle demande à ce qu'on en élise un nouveau. Elle remarque et pense que le sénat n'était plus en mesure de les aider, trop occupé par des disputes insignifiantes, et retourne sur Naboo en confiant le sort de la République au Sénateur de sa planète, Palaptine. Elle doit donc agir seule pour libérer sa planète de ce blocus commercial aux buts cachés...
Même si elle réagit ainsi face au Sénat, elle reste convaincue que la République est la meilleure forme de gouvernement. Elle espère que les gens ne cesseront jamais de croire en la démocratie, en la République.
Mais Palpatine avait déjà commencé à préparer son coup bien avant. Comme on l'a vu plus haut, il a mené ses pions patiemment, là où il le voulait sur l'échiquier politique de la République. Sans compter le temps qu'il lui a fallu pour former Maul. La bataille en elle-même n’était pas prévue par Palpatine. Il le dit lui-même : " Le retour de la Reine est surprenant."
C’est pourquoi on peut penser à juste titre que quoiqu'il se soit passé, Palpatine/Sidious était le gagnant. Son but était de provoquer une fracture, une déstabilisation au sein de la République. Il avait bien compris qu'elle était chancelante, trop lourde pour ne pas s’écrouler à la moindre pichenette. Et c'est ce qu'il s'est passé. L'affaire du blocus de Naboo était là uniquement pour remplir le rôle de cette pichenette, et faire vaciller la République.
Conclusion
Comme on peut le voir, la Bataille de Naboo n’est pas qu’une simple anecdote dans l’histoire de la Galaxie. Elle marque la fin d’une époque, celle où la République pouvait maintenir la paix dans la Galaxie. Elle marque le début du déclin de cette République devenue trop vieille, trop imposante, et complètement engluée dans un système de lois qui ne fait que l’étouffer petit à petit.
La Bataille de Naboo a été remportée par les gens de bien. Mais cet événement montre surtout que la société toute entiere était au bord du chaos. Quant aux Jedi, ils n'avaient plus affronté de véritables Sith depuis des siècles. Certes, certains Jedi avaient sombré. Mais la Sith n'avait plus fait parler d'elle depuis trop longtemps. Ayant refusé de croire dans un premier temps que le mysterieux guerrier que Jinn avait affronté sur Tatooine était bien un Sith, le Conseil Jedi fut bien obligé de se rendre à l'evidence. La République était au bord du chaos, et les Jedi eux-même commençaient à douter qu'ils puissent continuer à la protéger. La mort de Qui-Gon Jinn, sous la lame rouge de l'apprenti de Sidious n'est que le premier drame. Dooku, son ancien maître, déjà au bord de la rupture de ban depuis longtemps claque la porte du Temple. Il prend alors la tête du Mouvement Séparatiste, mais il devient lui-même le disciple de Sidious. Lorsqu'il dira dix ans plus tard que le Sénat est gouverné par un Sith, Obi-Wan Kenobi refusera de le croire. Et pourtant… il répond ainsi à mot couvert à la question de Mace Windu, qui du maître ou de l'apprenti est tombé dans le puit.