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Par Neve Solo

Chapitre 1er : Le Fléau des Sables.


Le ciel étoilé, si magnifique en cette saison, jamais elle ne l’oublierait. Le grand départ devait avoir lieu le lendemain et c’est le cœur triste qu’elle retournerait à Coruscant. Son mari n’avait jamais compris pourquoi elle était si attachée à son monde natal, lui qui n’avait connu que le bruit sourd et continu de la planète-ville. Il avait suggéré que cette soudaine sensibilité devait être du à son état. !Oui, être enceinte éveillait certains désirs, certains sentiments. Elle ferma les yeux et respira profondément, s’imprégnant encore une fois de l’air pur naviguait sous le caprice du vent. Elle sentit alors la chaleur et la douceur d’une petite main se glisser dans la sienne et elle sourit. Son doux regard cristallin se posa sur la chevelure sombre de sa fille. Elle venait d’avoir trois ans et possédait le visage et les expressions de sa mère, mais ses yeux et ses cheveux étaient ceux de son père. Elle leva ses deux perles brunes vers elle, souriante de toutes ces petites dents et demanda d’un air naïf et sincère :
-Dis maman, c’est quand que je pourrais jouer avec ma petite sœur ?
-Pas tout de suite ma chérie, mais bientôt.
-Quand ?
-Bientôt. Allez, rentrons nous coucher. Nous partons demain très tôt. Ton papa a beaucoup de chose à faire et nous devons partir.
La fillette n’émit aucune objection et suivit sa mère sur le chemin menant à la petite villa familiale, héritage laissé par des parents morts depuis quelques temps déjà, lors d’un accident stupide. Cela faisait déjà quelques années, mais la douleur était encore vive et le chagrin tout aussi énorme. Elle entra et se dirigea immédiatement vers la chambre de la fillette qui autrefois avait été la sienne. L’enfant se coucha d’elle-même et après un baiser de sa mère, s’endormit. La jeune mère quitta la chambre à pas feutrés et s’en alla vers la sienne. Ses mouvements étaient gracieux, légers et délicats et sa douceur n’avait d’égal. Lorsqu’elle entra dans la chambre conjugale, elle découvrit son époux, finissant avec ordre et discipline, de remplir les valises. Elle alla s’allonger, légèrement fatiguée et observa son mari avec un sourire. Il était grand, athlétique et n’avait pas changé depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Ses cheveux sombres ondulés et ses yeux bruns étaient toujours aussi vifs et pénétrant. Elle l’observait comme si c’était la première fois qu’elle le voyait torse nu. Elle l’aimait. Elle en était folle amoureuse.
-Je suis heureux de savoir que nous rentrons. Déclara t’il soudain.
-Oui ?
-Bien sûr. L’accouchement est proche et je serais plus rassuré de te savoir à Coruscant qu’ici, perdue au beau milieu d’une région de forêt et de lac.
Elle sourit. C’était ainsi, depuis toujours. Prévoyant, sincère et fidèle à sa parole. Il était un homme bon, tendre et intelligent. Elle se cala doucement dans le lit et répondit, les yeux perdus dans le plafond couleur nacre :
-Tu sais, il me reste encore quelques semaines de répit avant l’accouchement.
-Oui, mais le temps de rentrer, de nous préparer…Je veux que cet enfant soit encadrée par les meilleurs médecins et que ma femme soit placée entre des mains expertes.
Il posa la valise au sol dans un bruit mat. Puis, d’un pas rapide, il alla se coucher à son tour, aux côté de son épouse :
-Je ne supporterai pas l’idée de te perdre.
-Il ne m’arrivera rien, tu peux rester tranquille et dormir sur tes deux oreilles. Pour Calista tout s’est très bien passé, il en sera de même pour elle. J’ai confiance.
-Si seulement je pouvais avoir ta certitude.
Elle se glissa dans les bras de son époux et ferma les yeux en inspirant profondément. Il avait cette odeur épicée et muscée qu’elle aimait tant.
-C’est toi qui me donne ce courage. Sans toi, je serais continuellement affolée.
C’est pour ça qu’elle l’aimait. Toujours présent, disponible à la moindre alerte, calme en toutes circonstances, il était attentif au bien être de tous les membres de sa famille sans exception. Il avait ce côté prévoyant et cela avait fait naître en elle une confiance absolue, quasi aveugle. Elle savait son amour puissant, fort et elle faisait de son mieux pour le lui rendre mais avait toujours la sensation qu’elle n’en faisait pas assez, qu’elle pouvait faire encore plus. Jamais ils ne s’étaient disputés, jamais ils ne s’étaient plaints de l’autre pour un sujet ou pour un autre. Elle filait le parfait amour depuis cinq ans maintenant tout en se demandant si ce côté parfait était sincère et naturel et surtout si ce bonheur allait durer…
En songeant à ce doute, elle se trouva stupide et abandonna immédiatement l’idée.
-Je t’aime très fort. Souffla t’il au creux de son oreille avant de s’endormir, sa femme dans ses bras.
Elle eut un sourire, inspira encore une fois son odeur et murmura :
-Moi aussi je t’aime très fort.
Les questions s’évaporèrent presque aussitôt de son esprit et elle sombra doucement dans un sommeil lourd et emplis de rêves étranges :
Elle était dans le désert. Le sable lui brûlait la peau, le vent chaud séchait son visage. Sa peau tirée, la démangeait. Le silence l’entourait, il n’y avait rien, que du sable, seulement le désert et le soleil…non deux soleils… Soudain, ils se voilèrent sous des nuages sombres, aussi sombres que la nuit et ils s’agglomérèrent les uns sur les autres jusqu’à recouvrir le ciel à perte de vue. Le tonnerre gronda, des éclaires surgirent d’un peu partout, frappant le sol avec violence. Une forte odeur d’ozone se mit à planer autour d’elle, alors qu’un profond malaise la gagnait. Une douleur, violente et profonde. C’était en elle, à l’intérieur…Elle tomba à genou dans le sable, un cri de douleur coincé dans sa gorge. Mais aucun son ne sortit de sa bouche grande ouverte. Aucune larme ne parvint à couler le longs de ses joues…Lorsque l’orage cessa, les nuages se resserrèrent encore plus, plongeant le désert dans une obscurité totale et soudain, un cri, celui d’une femme, d’une jeune femme, sembla emplir l’atmosphère. C’était un cri de douleur terrifiant qui sembla lui déchirer l’âme…
Elle se réveilla subitement, couverte de sueur, la respiration vive. Voyant qu’elle se trouvait dans sa chambre et que son mari se trouvait endormi à ses côtés, elle se calma et se r’allongea doucement. Lentement, son cœur commença à ralentir. Tout cela avait été étrange et n’avait aucun sens pour elle…aucun…
Elle se r’endormit rapidement et ne fit aucun rêve dont elle pu se souvenir jusqu’au lendemain matin.
Lorsque le réveil sonna, il se leva après avoir embrassé sa femme qui s’étira. Il s’habilla rapidement et déclara, posant un baiser affectueux sur le front de son épouse :
-Je vais réveiller la petite et je m’occupe du petit déjeuner. Prend ta douche et habille-toi tranquillement.
Elle eut un sourire en le voyant partir. Tout était vraiment comme elle l’avait toujours rêvé… toujours…

Lorsque l’heure du départ sonna, les bagages étaient fermement arrimés au fond du vaisseau, les ceintures étaient bouclées e le petit navire familial décolla dans un sifflement suraigu. Il atteignit l’atmosphère quelques minutes plus tard puis se dégagea de l’attraction crée par la planète à présent presque uniformément verte.
-Nous allons rejoindre la passe corellienne et à Correllia nous emprunterons la voie commerciale jusqu’à Coruscant. C’est plus rapide que de traverser la moitié de la galaxie à l’aveugle. Au moins en cas de problème nous croiserons d’autres vaisseaux.
-Entendu. Répondit-elle en se levant.
Elle quitta le minuscule cockpit et se rendit dans la partie habitat du petit transport, dans laquelle elle avait laissé sa fille. Celle-ci avait déjà débouclé sa ceinture et jouait avec un ours en peluche. Elle avait éloigné sans ménagement les autres jouets plus technologiques pour revenir au classique petit ourson en peluche qu’elle avait affublé d’une dizaine de prénoms avant de se décider pour Danny, comme son père.
La jeune femme se pencha vers sa fille, un air faussement fâché :
-Calista ! Tu sais que tu ne dois pas déboucler ta ceinture avant que je vienne te le dire !
La fillette fixa sa mère, triste de lui avoir désobéit. Elle aurait voulu lui faire comprendre avec ses mots à elle qu’elle n’avait pas sentie de danger mais sa mère, était-elle capable de la comprendre ?
-Promis, je le referai plus. Répondit simplement la fillette de ses yeux de biches. Sa mère eut un sourire et lui caressa les cheveux. Elle sentait bien que Calista possédait quelque chose de spécial en elle, quelque chose qui avait attiré des chevaliers Jedi chez eux, à l’appartement, il y a de cela quelques mois. Elle fixa sa fille avec tristesse. Si elle était vouée à suivre les voies de la Force, elles seraient séparées rapidement et jamais plus elle ne pourrait la voir, ni la serrer contre elle. Danny et elle, avaient décidé de prendre des vacances pour y réfléchir mais ils n’étaient pas arrivés à une conclusion. Pourtant, de retour sur Coruscant, ils devraient se décider.
Voulant se changer les idées, elle se dirigea vers la petite cambuse et demanda :
-Tu veux manger quelque chose ?
-Danny n’a pas faim.
-Oh, Danny n’a pas faim et toi ?
-Non plus.
Elle saisit une sucrerie et la grignota. Elle avait besoin de manger…

La jeune mère, resta aux côtés de sa fille pour jouer avec elle. Ensemble, elles profitaient peut-être des derniers instants qu’elles pourraient partager avant de retourner à Coruscant. Soudain, le vaisseau fut parcourut d’une secousse et se déporta légèrement sur la droite, enclenchant par la même occasion l’arrêt total de l’hyperespace. La coque émit un gémissement et tout se mit à trembler, comme si un géant invisible s’amusait à secouer le vaisseau sous d’affolant afflux nerveux.
-Calista !! Attache-toi ! Cria t’elle.
La fillette obéit. Elle alla s’asseoir et fixa sa ceinture aussi rapidement qu’elle le pu sous les secousses infernales qui faisaient trembler la totalité du vaisseau. La jeune femme s’approcha de la fillette aussi rapidement qu’elle le pu et vérifia que la ceinture était bouclée correctement, puis elle se dirigea vers le cockpit en titubant. Elle y parvint avec du mal, veillant à ne pas faire de mal au bébé qu’elle portait. Cela eut pour effet de la fatiguer et de l’alarmer. Elle tomba sur le siège du copilote, essoufflée. Son visage se braqua sur son époux. Il était serein, ses mouvements étaient posés. C’était dans ces moments de calme intense, qu’elle savait qu’en réalité, il se passait quelque chose de grave. Elle boucla sa ceinture, comme elle le pu sous les secousses de plus en plus intense. Tentant de rester calme, malgré la panique qui lui dévorait l’estomac, elle demanda d’une voix forte, espérant qu’elle surpasse le boucan du vaisseau :
-Qu’est-ce qui se passe ?
Elle n’obtint tout d’abord aucune réponse. Le vaisseau cessa légèrement de trembler et le bruit devint moins assourdissant, pourtant, cela n’avait toujours rien de rassurant. Lentement, son regard se porta à nouveau sur Danny. Sa respiration était vive et des gouttes de sueur perlaient sur son front. Oui, il y avait de quoi paniquer et même fortement. Soudain, la voix de son mari s’éleva autour d’elle.
-Je crois que quelque chose nous a percutés.
-Tu crois ?
-L’hyper drive est morte et les moteurs conventionnels sont en train de lâcher. Schara, je crois…je crois que…
-Ne dis rien. Je t’en prie ne dit rien. Je vais voir s’il n’y pas une planète dans les environs où nous pourrions demander aide et assistance. "
Il acquiesça d’un signe de tête, peu convaincu. Certes, si quelque chose avait percuté le vaisseau, ils risquaient de finir au beau milieu de l’espace et de dériver lentement pour l’éternité avant que quelqu’un ne les retrouve. Tremblante, elle tenta de faire fonctionner l’ordinateur de bord, qui ne cessait de biper qu’il y avait danger…
Elle respira profondément, tentant de reprendre le contrôle sur sa crainte croissante. Elle pianota le plus lentement possible de manière à accentuer sa volonté de maîtrise. Le temps que l’ordinateur de bord calcule les coordonnées et la trajectoire de dérive lui parut tellement long qu’elle cru qu’il fallait déjà qu’elle rentre de nouvelles données. Son impatience augmentait en même temps que sa peur et elle se demandait combien de temps elle parviendrait à rester à ce point tranquille aux côté de son époux. Non…elle ne devait pas craquer, elle devait tenir. Il était sa force et elle était la sienne. Elle devait tenir pour lui et ne pas pleurer ni même paniquer. Elle devait avoir confiance en lui plus que jamais…
Soudain, un bip strident, la rappela à la réalité. Elle parcourut les données confiées par l’ordinateur et, se tournant vers Danny déclara, tout à coup très pâle :
-La planète la plus proche est Tatooine.
Le rêve de la veille. Se pourrait-il que … ?
-Tatooine, c’est quoi ça ? Demanda Danny.
-C’est une planète désertique qui est dirigée par les Hutt…mais c’est la seule qui se trouve sur notre trajectoire actuelle.
-Les Hutt…et bien…ce n’est vraiment pas notre jour. S’ils apprennent que notre vaisseau est en difficulté ils seront bien capables de nous vendre comme esclave au premier marchand. Envoie-moi les données sur ma console que j’étudie ça de plus près…
-Danny…souffla t’elle, tournant vers lui un regard suppliant.
-Calme-toi. Je vais trouver une ville, on atterrira le plus près possible et de là on essaiera de contacter la famille ou bien tout simplement de louer un vaisseau ! "
Sa voix était calme, mais on pouvait y percevoir un doute. Il ne parvenait pas lui-même à croire entièrement à ce qu’il disait…
Schara poussa un soupir et agrippa les accoudoirs de son siège. Elle devait se calmer et ne pas penser une seconde de plus que le problème était plus grave que ce que Danny voulait bien le faire croire. Elle l’entendit pianoter et marmonner dans son coin, mais ne parvint pas à saisir le moindre mot. Les bruits s’étaient estompés, mais le vaisseau avait toujours une trajectoire totalement aléatoire. La seule chose rassurante était qu’il avait ralenti un peu. Mais l’inertie les projetait encore à une vitesse assez importante. De longues minutes qui lui parurent des heures, s’écoulèrent dans un silence presque total, dérangé parfois par le bruit d’une tôle se froissant ou d’un morceau de métal rendant l’âme…
Tout à coup, la planète des sables apparut au loin devant eux. Elle n’était pas plus grosse qu’une tête d’épingle et pourtant, Schara la craignait. Elle n’avait pas oublié son rêve et ne pouvait croire qu’il s’agissait de cet endroit…elle ne voulait pas y croire.
Plus les minutes s’écoulaient, plus la planète se rapprochait d’eux. Danny n’avait pas pipé mot depuis qu’il avait décidé de lire les données de Tatooine et à présent que ce monde desséché se dévoilait devant eux, blanc, ocre et rouge, la tension montait…
Schara le savait depuis le départ, mais n’avait rien dit, par peur de déstabiliser son époux. Ils arrivaient beaucoup trop vite. Les moteurs conventionnels avaient lâché depuis quelque temps et les répulseurs ne seraient pas assez puissant pour leur permettre à la fois de ralentir et d’atterrir…

Lorsque le vaisseau pénétra dans la maigre atmosphère Tatooinienne, la tôle déjà endommagée du vaisseau émit un gémissement strident. Des flammes naquirent rapidement autour de la coque qui se mit à perdre son assise et sa capacité protectrice…
Il fit rapidement terriblement chaud. Schara agrippa de toutes ses forces le siège de copilote en serrant les dents et les muscles. Elle ne parvenait plus à paraître détendue et la panique fit place à son calme. Elle avait peur, terriblement peur de s’écraser et de mourir sur cette planète perdue au fin fond de la bordure extérieure. Son regard se tourna quelques secondes sur Danny qui, tout en serrant les dents, s’évertuait désespérément à vouloir contrôler le vaisseau. Il enclencha les répulseurs ce qui n’eut, pour ainsi dire, aucun effet sur leur chute violente. Puis, comme si le temps se mettait subitement à ralentir, il se tourna vers Schara. Elle était magnifique. Ses yeux bleus cristallins, sa chevelure blonde superbe, sa peau mat et douce. Ils se fixaient sans mot dire, mais il savait qu’elle était morte de peur. Lui aussi avait peur, une peur bleue de la voir disparaître, de se voir mourir tous les deux alors la vie s’offrait à peine à eux…
Il remua les lèvres, mais aucun son ne sortit : Je t’aime.
Elle sembla apaisée par ses mots et sourit. Lentement elle détacha sa main du siège qu’elle agrippait fermement et la tendit vers lui. Il la saisit et en apprécia la chaleur, la douceur et la force. Enfin de compte, c’était un beau jour pour mourir…

Un éclair gris traversa le ciel feu du matin de Tatooine. Les soleils jumeaux grimpaient lentement dans le ciel, saisissant les dernières fraîcheurs du matin pour allumer un brasier dans l’atmosphère. Le ciel, limpide, révélait des couleurs enchanteresses, virant de l’orange au rouge, en passant par tous les intermédiaires, laissant place à un bleu pâle frémissant. Un levé de soleil accueillit le vaisseau difforme de la petite famille avant qu’il ne s’écrase dans un fracas étouffé et ne glisse sur plusieurs centaine de mètres au travers des dunes.
Puis le silence retomba brutalement, comme si rien ne s’était passé. Les deux soleils continuèrent le course dans le ciel et les couleurs vivent s’estompèrent rapidement pour laisser place à un bleu pâle uniforme sur toute la planète…

Elle ouvrit les yeux, faiblement d’abord, une épaisse poussière flottant autour d’elle. En même temps, une violente douleur à la tête la fit grimacer. Lentement, elle leva sa main droite, la sentant à peine bouger et la posa à hauteur de la douleur. Cela eut pour effet de lui faire encore plus mal et elle retira la main. La passant devant son visage, elle frémit en la découvrant rouge sang. Elle déglutit mais garda son calme. Un part un, elle remua ses membres douloureux et ankylosés. Elle ne semblait pas avoir d’os cassés, mais elle était assise et ne pouvait réellement en juger. Avec des mouvements hésitant et saccadés, elle parvint à détacher sa ceinture qui l’empêchait de respirer et lui enserrait la taille dans un étau. Dès que ce fut fait, elle sembla soulagé, mais ses poumons la brûlaient. Si elle n’avait apparemment rien de casser, elle devait tout de même avoir subit quelques lésions…mais elle songea que ce ne devait pas être trop grave. Elle passa sa main sur son ventre, tentant de percevoir un mouvement. Ne sentant rien au départ, elle commença à paniquer mais bientôt un petit coup la rappela à l’ordre et elle sourit. L’enfant allait bien et elle aussi. Reprenant peu à peu ses esprits, elle tourna la tête vers la gauche en direction de Danny. Celui-ci semblait inconscient. Il avait lui aussi une plaie ouverte à la tête qui avait baigné de sang la moitié de son visage. Schara essaya de se lever. Elle s’y prit lentement et avec calme. Lorsqu’elle fut sur ses deux jambes, elle fut prise de nausées et sa vue se troubla. S’appuyant sur la première chose qu’elle trouva, elle se laissa quelques secondes pour se ressaisir. Elle avait du mal à respirer, mais cela devait être du à la poussière qui virevoltait autour d’elle à chacun de ses mouvements. Elle fit quelques pas en direction de son époux et s’appuyant d’une main sur l’accoudoir de son siège pour se maintenir debout, elle tenta, avec l’autre, de le secouer légèrement…
-Danny…ouvre les yeux…on s’est crashé dans le désert…Danny ?
Voyant qu’elle ne recevait pas de réponse, elle le secoua un peu plus fort. Une étrange peur lui saisit l’estomac et rapidement des larmes inondèrent son visage. Elle le suppliait d’ouvrir les yeux, de s’éveiller et de se détacher. Elle le priait de ne pas mourir, de ne pas l’abandonner mais en vain. Lorsqu’elle se décida enfin à chercher un pouls à la carotide, le désespoir était à son comble. Il était mort. Il était parti et l’avait laissé là. Son amour, son seul et unique amour n’avait pas survécu. En silence, elle se laissa glisser vers le sol. Lorsque ses genoux se posèrent sur le métal froid, ses larmes abondèrent et elle pleura sur le bras encore tendu vers le siège du co-pilote mais inerte de Danny : l’homme qui l’avait accompagné, aimé, qui avait fait d’elle une femme et une mère. L’homme dont elle n’aurait jamais voulu être séparé. Elle avait bâti son univers à ses côtés et elle ne parvenait pas à croire qu’il la laissait seule, que son univers s’était écroulé, effondré et qu’il ne restait que des ruines…
-Maman ? Hasarda une petite voix à l’intérieur du vaisseau.
Se redressant aussitôt, Schara, le visage trempé se dirigea comme elle le pu dans la partie habitat qui était dans un état incroyablement délabré.
-Calista ? Calista je suis là !
Sa voix n’était que l’ombre d’un murmure embué de larmes, mais une lueur d’espoir avait ravivé la flamme de ses yeux clairs. Elle se fraya un chemin entre les sièges, vêtements et objets quotidiens qui avaient été arraché, déplacé lors de la catastrophe. Lorsqu’elle parvint enfin au siège de sa fille, elle la découvrit en pleine santé. Certes elle avait du être assommée, mais à part quelques contusions, la fillette ne semblait pas avoir souffert. Schara avait l’impression de rêver. Elle passa sa main sur le visage de fille et bénit la Force de l’avoir gardée. Elle la serra dans ses bras et la couvrit de baiser alors que l’enfant, apeurée, se mit à pleurer dans les bras de sa mère. Elles restèrent ainsi, se réconfortant mutuellement pendant quelques minutes avant que la question à laquelle elle ne voulait pas répondre fut posée :
-Où est papa ?
-Il…il est parti ma chérie. Il ne pourra pas revenir.
-Mais…où…où il… ?
Elle ne comprenait pas et Schara ne savait pas comment lui annoncer que jamais plus elle ne reverrait son père. Elle n’en avait ni la volonté, ni la force. Elle ne fit que secouer la tête et Calista cessa ses questions d’elle-même, le regard triste. Personne n’aurait pu dire si en cet instant la fillette avait compris que son père était mort, mais elle accepta le fait qu’il ne les accompagnerait plus.
La jeune femme fit rapidement le tour de la cambuse qui avait presque entièrement était détruite et saisit de l’eau, de la nourriture et de quoi se repérer qu’elle empaqueta rapidement dans un vêtement qui n’avait pas trop souffert du crash. Puis, lentement, elle se dirigea vers sa fille et déclara d’un ton qui se voulait rassurant, à la fois pour Calista mais aussi pour elle-même :
-Nous allons sortir. Il y a une ville pas très loin vers le Nord. Nous allons chercher du secours.
Elle espérait surtout que la ville qu’elle avait aperçu sur les scanners était effectivement à quelques kilomètres vers le nord et pas à plusieurs jours de marche. Malgré ce doute, elle déclancha l’ouverture de secours de la porte du vaisseau. Un sifflement aigu déchira le silence du désert en même temps qu’une chaleur torride enveloppa la mère et la fille. Schara qui avait déjà du mal à respire cru étouffer. Lorsque le désert se dévoila à elles, blanc et ocre, bouillonnant de chaleur, Schara sembla perdre toute forme de courage. Pourtant, Calista saisit sa main et murmura, un petit sourire illuminant son visage :
-On y va ?
La jeune mère acquiesça d’un signe de tête et quitta la sécurité du vaisseau pour pénétrer dans le désert et s’exposer par la même occasion à tous les dangers…

Cela faisait plusieurs heures, qu’elles marchaient sous la chaleur torride. Schara portait Calista dans ses bras, la fillette n’ayant pas résistée longtemps à la chaleur et au rationnement d’eau. Elle se reposait aussi souvent que possible, profitant de l’ombre précaire d’une dune mais pensait qu’avancer était primordial. Elle ne savait pas quelle distance elle venait de parcourir, mais ce dont elle prenait conscience lentement était bien plus terrifiant. Elle ne savait pas quelle distance il leur restait à parcourir, mais surtout, elle avait de plus en plus mal à la poitrine et parvenait à respirer avec peine. Et cela l’inquiétait davantage. Elle posa son regard sur Calista, sentant bien que l’enfant la savait blessée et la voyait respirer avec peine.
-Ma chérie…je veux…je veux que tu sois courageuse.
-Mais…maman ?
-Je sais que tu ne comprends pas... Mais je suis fatiguée et je dois… me reposer un peu. Par contre…je veux que tu continues…prend le sac avec l’eau et la nourriture…et suit ce que t’indique cet appareil.
-Moi je veux pas ! Je veux pas y aller seule
Des larmes commencèrent à rouler le long de ses joues, elle avait peur, peur de ne plus revoir sa mère, peur de ne pas y arriver. Schara serra sa fille contre elle et posa un baiser sur son front.
-Je sais que tu peux y arriver…Tu es courageuse ma chérie…Je t’aime ma Calista. Maintenant part…Tu y seras avant…avant la nuit ! Allez ! "
Elle poussa la fillette, toujours en larme. Calista avança péniblement sous les soleils de plomb, se retournant à chaque pas. Elle ne voulait pas perdre sa mère sur regard. Elle ne voulait pas l’abandonner…

Lorsque la fillette eut disparu dans l’horizon bouillonnant, Schara laissa ses larmes couler à nouveau. Elle ne pouvait plus respirer, plus faire un seul mouvement et elle venait certainement d’envoyer sa fille se faire tuer. Mais à l’idée qu’elle puisse trouver par elle-même la ville la plus proche et rester en vie, fut un agréable soulagement. La jeune femme pria la Force pour qu’elle guide Calista dans son voyage triste et solitaire avant de fermer les yeux. Le manque d’air et la chaleur la faisait somnoler et elle finit par sombrer dans le sommeil silencieux mais affreusement chaud de l’inconscient…

Ses yeux se r’ouvrirent lorsqu’on l’aspergea d’eau. On lui tendit une gourde recouverte de vêtements et de peaux et elle but quelques gorgées avant qu’on ne la lui retire. Des sons rauques et étranges sonnaient à ses oreilles et lorsque ses yeux furent habitués à la lumière violente qui éclairait son visage, elle fut surprise par l’étrangeté des créatures qui se tenaient devant elle. Ils étaient tous vêtus de tissus bruns dépravés et possédaient des bâtons étranges qui ressemblaient à des armes. En voyant leur visage, Schara comprit de quoi ou plutôt de qui il s’agissait : des pillards Tusken. S’ils ne l’avaient pas achevé, c’est qu’ils espéraient certainement recevoir quelque chose en récompense de sa capture ou bien allaient tout simplement la regarder mourir pour le plaisir. Elle ne pipa mot et les écouta échanger des phrases dans leur dialecte écoeurant et dissonant proche du grouinement ou du braiement. L’un d’entre eux l’aida alors à se relever et la conduisit avec peu de délicatesse vers ce qui semblait être une caravane. Plusieurs gros animaux à poil long et puant patientaient tranquillement les uns derrière les autres. Certains Tusken étaient à cheval sur ces bestiaux et l’observèrent de haut lorsqu’elle fut attachée à une corde, au bout d’une chaîne d’une demi-douzaine d’autres êtres.

Lorsque la caravane se remit en route, Schara fut interpellée par une femme, attachée juste devant elle. Terriblement maigre, la peau halée, les cheveux et le corps sales, elle lui sourit fébrilement et déclara dans un murmure :
" -Vous êtes pas d’ici vous hein ?
Schara secoua la tête négativement, regardant les deux Tusken qui les surveillaient du coin de l’œil. La femme reprit en indiquant son ventre :
-Vous allez avoir un enfant ? Il est pour bientôt ?
A nouveau Schara répondit par des mouvements de tête. La femme perdit son sourire et reprit :
-Le mien est mort né, il y a deux semaines…ces porcs ne nous ont pas donnés à manger suffisamment…
Son visage était trop brûlé et trop sec pour laisser aux larmes le temps de couler, mais la jeune femme sentit que la tristesse lui déchirait le cœur. La caravane accélérait et le rythme devint bientôt insupportable pour elle. Elle trébuchait tous les deux pas et le manque d’air la faisait tourner de l’œil. Son état s’aggravait, elle le sentait. Pourtant, elle refusait de mourir tant qu’elle n’avait pas donné naissance à cet enfant qu’elle portait. Mais elle ne savait pas si elle en était réellement capable et chaque pas supplémentaire sous cette chaleur suffocante lui faisait perdre espoir et confiance. Elle espérait que Calista avait trouvé son chemin et était parvenue jusqu’à un astroport. Au pas suivant, elle trébucha et tomba au sol. L’un des Tusken qui les surveillaient se mit à hurler et la caravane cessa tout mouvement. Au sol, Schara sentait ses dernières forces l’abandonner. Elle perdait espoir et conscience lorsqu’une douleur la fit brutalement revenir à elle. L’enfant arrivait.
Les contractions débutèrent, violentes et douloureuses. La femme qui avait échangé quelques mots s’écria :
-Elle va avoir son bébé !
Puis elle se précipita vers elle et déclara :
-Surtout respire à fond et pousse. Ici, il n’y a pas de médecin. Tu te plantes et ils te tueront, toi et le bébé. Je vais t’aider ! Pousse à chaque contraction, on n’a pas le temps de lui laisser le temps de venir. "
Schara ne parvint à l’entendre que partiellement, mais elle comprit le sentiment d’urgence. Si elle ne mettait pas l’enfant au monde rapidement, les Tusken allaient la laisser sur place ou pire encore la tuer sans préavis.
La douleur des contractions était violente et elle ne parvenait pas à respirer comme il le fallait. C’était plutôt mal partit…
Les secondes s’écoulaient presque aussi lentement que s’il s’agissait de minutes. A chaque contraction, elle redressait son dos comme elle le pouvait et poussait aussi longtemps et fortement que son corps le lui permettait. La femme qui l’aidait, lui parlait mais elle ne l’entendait pas. La douleur, le manque d’air et faire naître cet enfant au plus vite submergeait son esprit. La chaleur avait disparu, la soif et la fatigue aussi. Schara se retrouvait seule avec elle-même, combattant pour la dernière fois, elle le savait. Son cœur s’emplissait de joie à l’idée que l’enfant ne mourrait pas avec elle, mais aussi à l’idée qu’elle retrouverait Danny sans qui la vie n’avait plus d’importance. Elle savait que Calista s’en sortirait et pria pour que la petite dernière s’en sorte avec les mêmes facilités. Elle espéra aussi que les deux enfants lui pardonneraient de ne pas avoir pu être présente lors de leur vie et d’avoir été aussi faible. Mais c’est leur cœur tranquille qu’elle retomba sur le sable pour la dernière fois, entendant les pleurs d’un nourrisson au loin dans le vague qui la submergeait. Il n’y avait plus ni maux, ni douleur, seulement le silence et le sommeil. On lui présenta l’enfant qu’elle n’aperçut qu’un vague instant avant que ces yeux ne se ferment pour l’éternité.
-Tu es magnifique ma petite Neve…
Le manque d’oxygène et l’effort de l’accouchement avait eu raison de la volonté et du corps de Schara. La femme qui tenait l’enfant baissa la tête et soupira. C’était peut-être un signe du destin. Elle avait perdu son enfant, cette petite fille venait de perdre sa mère…
Elle déchira les vêtements de Schara et enveloppa le nourrisson pour le protéger du soleil. Après quoi, les Tuskens lui attachèrent à nouveau les mains après la corde et la caravane reprit sa route…
Le corps de Schara disparaissait peu à peu dans l’horizon tremblant du désert. Ce désert bouillonnant et destructeur, pays des esclaves, des contrebandiers, des Hutt et des Tusken avait eu raison de la volonté et du bonheur d’une famille qui ne soupçonnait même pas son existence…ce désert avait tracé le destin d’un couple et commençait à tracer celui de deux enfants…