Lorsque j’ouvris les yeux, j’eus du mal à reconnaître ce qui m’entourait. Tout était flou. Tout était vacillant. Les visages étaient déformés. Les sons étaient confus. Ma-Lahossa… je sentais sa présence non loin de moi. Kiara… elle aussi était près de moi.
Je reprenais conscience. C’était Kiara qui se penchait sur moi.
J’entendis alors un petit son aigu qui marquait une sorte de tempo. Je m'éveillais dans une sorte de brouillard cotonneux qui s'évanouissait petit à petit.
« _Tout s'est bien passé, Lusiana. Nous avons réussi à refermer les foyers d'hémorragie interne. » Entendis-je Kiara me dire.
Je sentis aussi quelque chose de doux et chaud sur ma main droite. Yohm, le petit Yohm était là.
J'esquissais un sourire. Brave bonhomme. Qu'avais-je fait pour mériter autant de fidélité de sa part ? Qu’avais-je fait pour qu’il me soit à ce point dévoué ?
Yohm, son prénom résonnait comme un manthra dans mon esprit. Il m'apaisait. J’avais soudain l’impression d’être si vulnérable. J'avais besoin qu'on me protège. Pour une fois, j'avais besoin de pouvoir me reposer sur mon entourage. Je me sentais maintenant en parfaite sécurité parmi les Qiari. Je ne doutais pas une seconde que j'allais vite me remettre de mes blessures. Mais pour l'heure, j'avais envie de profiter de cette douce torpeur qui m'entourait, et qui m'enivrait. Je me laissais aller à cette douceur, j'y plongeais avec délice.
Je fermais les yeux et m’endormit.
« _Laissons-la se reposer encore. » Entendis-je Kiara. J’entendis aussi des mouvements. Tout le monde semblait sortir de la pièce.
« _Yohm ?
_Je préfère rester avec la Padahatma, Père. »
Et puis ce fut à nouveau le silence, à peine troublé par les échos de la vie qui continuait au delà de la porte de ma chambre.
Je me réveillais enfin.
Yohm n’était plus à côté de moi. Ma-Lahossa n’était pas là non plus, ni même Kiara. J’étais seule.
Je tentais de me relever. Mais des douleurs fulgurantes vinrent me rappeler que j’étais toujours en convalescence.
Le petit Qiari entra alors dans la chambre.
« _Bonjour Padahatma. Je suis allé vous chercher un peu de nourriture. Le Guide Rolan et la Padawan Kiara ont dit que vous pouvez commencer à manger légèrement. C’est pas terrible, mais ça vous calera un peu l’estomac. » Me dit-il en déposant un plateau sur la table de chevet. « Attendez, je vais vous aider à vous installer. Vous savez, c’est pas parce que je suis encore un enfant que je n’ai pas de force. Vous permettez ? »
J’opinais du chef en réprimant une grimace de douleur. L’enfant me passa alors le bras derrière les épaules pour me soutenir.
« _Appuyez-vous sur moi. Vous avez très mal ?
_Ce n’est rien. C’est juste une douleur physique. Ça va passer. » Répondis-je en essayant d’être la plus rassurante possible.
Je sentais toute la force du petit garçon. Je sentais qu’il aurait tout donné pour que je ne souffre pas.
Il m’installa le plateau sur les genoux.
« _Si vous n’aimez pas, dites-le-moi. Je tacherais de vous trouver quelque chose de plus appétissant. Mais que ça reste entre nous sinon j’aurais le droit à une punition. » Ajouta-t-il à mi-voix.
« _Promis, je ne dirais rien. » Répondis-je avec un clin d’œil complice.
Je fermais les yeux en soupirant. J’étais encore si faible. Il fallait que je mange. Si Kiara avait demandé au petit Qiari de m’apporter ce plateau, c’était que j’étais en état de manger et surtout qu’il le fallait pour reprendre des forces. Mais le problème c’était que je n’avais pas très faim. Je me faisais du souci.
Est-ce que le Temple était au courant de notre accident ? Est-ce que Ma-Lahossa avait réussi à prévenir son père ? Je n’arrivais pas à le savoir. J’étais trop faible pour me concentrer dans la Force et retrouver l’esprit de mon époux.
« _Ne vous en faites pas, Padahatma. Je suis certain que tout va bien aller. Il faut avoir confiance. » Me dit Yohm comme s’il avait senti mes inquiétudes.
« _Confiance… oui, tu as raison. Il faut que je garde confiance. »
Une fois que j’eus avalé un peu de la soupe que Yohm m’avait apporté, Ma-Lahossa et Kiara vinrent me voir. Je me remettais assez bien. Et l’aide de la Force allait me permettre de guérir encore plus vite.