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Par Lusiana Windu



I

Deux ans après la mission hapienne…

Lusiana et Sylcat* viennent de rentrer de mission. (Reste à la définir et à la raconter.) Scènes qui se passent juste avant que Lusiana ne quitte Coruscant et l’Ordre Jedi pour s’en aller sur Hapes, pour devenir garde du corps de la Jeune Reine Iorlaha…

Lusiana : 30 ans
Sylcat : 18 ans
Mace : 46 ans
Depa : 20 ans
Qui-Gon : 41 ans

Situation chronologique : 14 ans av. La Menace Fantôme. 12 ans après la rupture entre Lusiana et Qui-Gon. 2 ans après le début de l’histoire d’amour entre elle et Mace Windu. 2 ans avant Premières Armes.

*Sylcat Nakeji est la jeune sœur de Lusiana. Dans la chronologie des sœurs Dooku, Lusiana est l'ainée, suivie de Kiara, puis Sylcat et enfin Ithil.



Lorsque je sortis de la Salle du Conseil, je ne pus m’empêcher de pousser un soupir de soulagement. Nous en avions enfin terminé avec les formalités de rapport de fin de mission. Le lift tardait à arriver. Je commençais à m’impatienter. Sylcat me regardait avec un petit sourire malicieux en coin. Et ça aussi, cela commençait à m’agacer.
" _Quoi ? " Lui demandais-je abruptement.
" _Oh ! Rien ! " Me répondit-elle. " C’est juste que…
_Que quoi ?
_Qu’on aurait plus vite fait de descendre par le puits secret.
_Le puits secret ?
_Ne fais pas l’innocente. Je sais que tu l’as déjà emprunté, et plus d’une fois. " Répondit-elle en se dirigeant vers le passage dérobé. " Alors ? Tu viens ? "
Mais le lift arrivait.
" _Pas la peine. Regarde. "
Le lift ne tarda pas à prendre la direction du rez-de-chaussée. Et Sylcat continuait de rire sous cape.
" _Tu veux bien m’expliquer ce qu’il te prend ?
_Moi ? Mais rien du tout !
_J’ai pourtant comme l’impression que tu es en train de te moquer de moi.
_Je ne me moque pas.
_C’est très mal de mentir à son maître.
_Je ne me moque pas de toi. J’ai tout de même bien le droit de trouver cette situation amusante. Le Code Jedi n’interdit pas de rire.
_Quelle situation ? Et pourquoi est-elle si drôle que cela ?
_Lusie, regarde-toi un peu…
_Oui, et bien quoi ?
_Tu te comportes comme une midinette.
_Quoi ?
_C’est vrai, quoi ! On aurait dit que tu avais un troupeau de rancors à tes trousses tellement tu étais pressée d’abréger la séance devant le Conseil. Eux ignorent peut-être pourquoi. Mais pas moi. Et c’est ça qui me fait rire. Que ma sœur, un maître Jedi à l’allure si posée, si calme, si… Jedi, puisse cacher une âme de jouvencelle ! Tu caches bien ton jeu. Mais fais gaffe tout de même. Un de ces jours, ils finiront par te percer à jour. Tu sais bien que tu ne peux rien dissimuler très longtemps aux Maîtres, et encore moins à Maître Yoda. Je me demande d’ailleurs s’il ne commence pas à soupçonner quelque chose. "
Je ne répondis rien. J’étais à la fois embarrassée et inquiète. Sylcat avait raison, tôt ou tard, le secret de nos rencontres clandestines finirait par s’éventer. Et Mace et moi risquions d’avoir de gros problèmes. Les portes du lift coulissèrent, s’ouvrant sur le grand hall.

" _Si tu as besoin de moi, je dîne chez Ashmir. " Me lança ma sœur. Je fronçais les sourcils. Elle savait pourtant que je n’aimais pas qu’elle aille dans le quartier de ce restaurant. " Et ne t’inquiète pas, je dois y retrouver Depa ! " Ajouta-t-elle avec un clin d’œil.

Je soupirais. Mais je devais me dépêcher. Mace m’attendait. Et j’avais hâte de le retrouver. Cela faisait maintenant presque quatre mois que nous ne nous étions plus vus. Il me manquait terriblement.

Je changeais rapidement de vêtements. Je n’aimais pas aller dans les rues de Coruscant en " uniforme " Jedi. Je n’étais pas satisfaite de ma mise. Mais j'étais déjà très en retard. Je n’avais plus le temps de choisir une autre robe. Mace devrait se contenter de la verte. J’attrapais une cape confectionnée dans une lourde toile de drap de laine noire. Et je pressais le pas pour aller attraper le speeder bus.

Au détour du couloir, je ne pris pas garde, et bousculais un confrère.
" _Et bien, Lusie ? Ne pourrions-nous pas nous rencontrer sans nous bousculer ?
_Qui… Bonjour, Qui-Gon. " Répondis-je en me remettant de ma surprise.
" _Tu n’assistes pourtant plus aux cours de Maître Piell.
_Non, en effet. " Répondis-je en souriant à l’évocation de ce vieux souvenir. Mais j'étais aussi embarrassée. Je ne voulais pas paraître impolie ou froide. Mais je ne savais quoi lui dire en cet instant précis.
" _Tu as l’air de bien te porter. Comment est ce que cela se passe avec ta Padawan ?
_Bien… très bien… nous nous entendons à merveille. Et elle a fait beaucoup de progrès.
_Cela ne m’étonne pas. Elle ne peut que bien apprendre en compagnie d’un maître tel que toi.
_Merci, c’est gentil. Je n’oublie pas ce que je te dois à ce sujet. "
Un silence embarrassé s’abattit entre nous. Je regardais nerveusement mes pieds, évitant tant que je pouvais son regard. Avec ce petit souvenir attendrissant de notre première rencontre, d’autres, plus ou moins plaisants, étaient eux aussi remontés à la surface.
" _Et toi ? Qu’est ce que tu viens faire au Temple ? On ne t’y voit pas souvent.
_Maître Yoda voudrait me présenter des Padawan potentiels. Mais tu connais ma position à ce sujet.
_J’en ai eu vent, effectivement.
_Et tu me désapprouves.
_Ce n’est pas à moi de te juger, ni de te dire ce que tu dois faire. Tu as bien plus d’expérience que moi. " Répondis-je. " Qui a-t-il décidé de te faire rencontrer ?
_Une bonne demi douzaine d’élèves. Mais, il a particulièrement insisté à propos d’un certain Obi-Wan Kenobi. " Je sursautais. " Tu le connais, on dirait.
_Oui, je le connais… " répondis-je dans un murmure. Que n’aurais-je pas donné pour que Qui-Gon devient le maître de notre fils ! Mais ce secret devait rester entre Yoda, Luminara, Mace et moi. Personne d’autre ne devait le découvrir. Et surtout pas Qui-Gon.
" _Ah… Et qu’en penses-tu ?
_Il est très doué… vraiment très doué… peut-être un peu trop impulsif… mais il a bon cœur… et il fera un excellent Jedi si un maître veut bien de lui. " Je le regardais droit dans les yeux, à ce moment là. Je voulais qu’il comprenne qu’il fallait qu’il prenne Obi-Wan près de lui.
" _Je vais y réfléchir… nous verrons… Je n’ai pas encore pris ma décision.
_Je comprends… " Je me tus à nouveau. Ces silences qui s’installaient entre nous commençaient à devenir pesants. Et puis, Mace m’attendait. Je décidais d’écourter cette conversation. " Je te prie de m’excuser. J’ai un rendez vous important en ville.
_Je comprends… toujours en train de courir. Tu n’as pas changé, Lusie.
_Si, Qui-Gon. Beaucoup de choses changent en douze ans. A bientôt… Et… Que la Force soit avec toi. " je m’apprêtais à m’en aller quand il me retint par le bras.
" _Quelque chose te préoccupe, Lusie. Je le vois bien.
_Non… rien du tout.
_Tu sais bien que tu ne peux pas me mentir.
_Je… Je suis juste un peu fatiguée. Cette mission était un peu éprouvante. Et tu sais comment je suis. Je ne sais pas m’arrêter, ni me reposer.
_Tu vois que tu n’as pas changé autant que cela. Mais je vois bien qu’il ne s’agit pas de cela. Tu as envie d’en parler ?
_Si je dois parler de mes problèmes avec quelqu’un, ce ne sera pas avec toi. Maître Yoda et Maître Luminara ont toujours été là pour me conseiller et me guider. " Répondis-je abruptement.
Qui-Gon encaissa le reproche à peine dissimulé sans broncher. Je m’inclinais et poursuivis mon chemin.
" _Prends bien soin de toi, Lusie. Tache de ne pas faire les mêmes erreurs que moi. Penses à toi, Lusie. Ne te perds pas en chemin. Reste fidèle à toi-même. C’est le plus important. " Me dit-il alors que j’avais déjà fait quelques pas.
_Merci du conseil. Je tacherais d’y penser. " Répondis-je de loin.

Je disparus prestement, laissant perplexe cet homme que j’avais tant aimé.

Dans l’isolement de l’ascenseur, je pus retrouver un peu mes esprits, et surtout mon calme. Cette courte entrevue avec Qui-Gon après tant d’année m’avait énormément troublée. J’allais retrouver Mace. Je n’aurais jamais du me retrouver autant affectée de me retrouver en face de Qui-Gon. J’adorais Mace. Je l’aimais plus que tout. Et pourtant… ce pincement… ce cœur qui s’était accéléré… mes tempes qui bourdonnaient… et des larmes imbéciles qui ne demandaient qu’à couler… pourquoi ? Je savais que j’aimais toujours mon ancien maître. Mais je pensais qu’avec le temps ce sentiment passionné se serait mué en une amitié qui aurait pu nous réunir dans une autre complicité que cette affection culpabilisante. Et pourtant…

Je m’étais séparée de Qui-Gon douze ans auparavant, pour obéir au Code. Nous n’avions fait que nous apercevoir de loin, et encore n’était-ce que rarement. C’était la première fois que nous échangions quelques mots depuis douze ans. Et tant de choses me remontaient à la mémoire…
Et puis, il y avait Mace. Nous avions décidé de vivre notre amour dans la clandestinité. Depuis deux ans, nous nous cachions pour vivre un semblant de vie de couple l’espace de quelques heures. Mais ce n’était qu’un semblant. Nous savions que la réalité ne nous permettrait jamais de vivre au grand jour. Et alors quoi ? Combien de temps durerait cette liaison réprouvée par tous ceux à qui nous la cachions ? Combien de temps pourrions-nous vivre ainsi, sans que cela ne finisse par nous détruire ? J’attendais autre chose de la vie que de brefs instants de bonheur volés. Nous nous comportions comme si nous étions des coupables. Mais nous n’étions coupables que de nous aimer. Etait-ce donc si criminel ? L’amour était donc un crime aux yeux de l’Ordre Jedi ? Et nous ? Quelle intégrité gardions-nous en vivant ainsi dans le mensonge ?
Je sursautais. Perdue dans mes préoccupations, j'étais montée sans m’en rendre compte dans le speeder bus. Et je m’apercevais que j’avais failli manquer la station où je devais descendre. Je me précipitais sur le quai juste à temps avant que l’engin ne reparte. Je marchais dans les rues suspendues entre les immeubles dont on ne voyait ni les bases ni les sommets. Je me faufilais entre les gens, sans les voir, comme un robot programmé pour aller jusqu’à sa destination. Je me dirigeais sans penser à mon itinéraire. J’étais pressée. Mais j'étais aussi complètement ailleurs, dans mes pensées, dans mes doutes et mes interrogations. Je ne voyais pas les néons des enseignes lumineuses des commerces devant lesquels je passais sans m’arrêter, sans même jeter un coup d’œil aux étales. Je n’entendais plus le bruit de la circulation. Je ne sentais plus les odeurs de la pollution, des restaurants, des échappements des véhicules qui filaient à toute allure sur les chenaux de circulation aérienne. Je ne voyais plus le ciel qui rougeoyait en cette fin d’après-midi, annonçant la tombée de la nuit. Je poursuivais ma route, comme aimantée par ma destination. Je poursuivais ma route, sans même plus savoir pourquoi je la suivais.
Quelque chose venait de se casser en moi. Et je ne savais pas quoi. Je savais juste que quelque chose venait de se terminer. J’avais le cœur gros. J’avais une boule à l’estomac. Je repensais à Qui-Gon. Ses derniers mots résonnaient sans cesse dans mon esprit. Reste fidèle à toi-même, c’est le plus important… Fidèle à toi-même… Fidèle à toi-même… Qu’avait-il donc senti pour me dire cela ? Qu’est ce qu’il avait voulu me dire ? Me mettait-il en garde ? Et si oui, de quoi ? Je ne cessais de me poser et de me reposer ces questions, dans un sens, dans un autre sans pouvoir trouver la moindre réponse.

J’étais arrivée sans bien m’en rendre compte à l’entrée de l’immeuble où je devais retrouver Mace. Je ne jetais pas même un coup d’œil au droïd de protocole qui assurait l’accueil dans le hall d’entrée de cette résidence. Je me dirigeais vers l’ascenseur. Je commençais à me dire que je ne pouvais pas arriver dans cet état de trouble. Mace allait s’inquiéter. Et nous n’avions pas si souvent l’occasion de pouvoir être ensemble. Je ne voulais pas que quoique ce soit vienne gâcher ces rares moments de bonheur volés. Car il s’agissait de cela. Nous en étions réduits à voler depuis deux ans le bonheur auquel nous aurions eu le droit si nous n’avions été des chevaliers Jedi. Nous en étions réduits à mentir, à conspirer, à voler pour pouvoir vivre un peu de ce bonheur si légitime pour ceux qui ne sont pas lié par ce Code auquel nous avions juré fidélité. Décidément, je n’arrivais pas à m’enlever ces pensées de la tête. Avions-nous le choix ? Reste fidèle à toi-même… Cette petite phrase ressemblait à une sorte d’avertissement de la part de mon ancien maître. Des êtres illuminés nous sommes… Pas seulement de la chair et du sang… Maître Yoda…

Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix. Il n'y a pas d'ignorance, il y a la connaissance. Il n'y a pas de passion, il y a la sérénité. Il n'y a pas de mort, il y a la Force.
J’ai du me réciter ce mantra une bonne dizaine de fois durant l’ascension. Je voulais me raccrocher à quelque chose que je pensais solidement ancré dans mon cœur et dans mon esprit, quelque chose qui faisait partie de moi depuis si longtemps… Mais tout d’un coup… cela sonnait faux. Comment aurais-je pu être en paix avec moi-même ? J’aimais un homme et il m’aimait. Mais on nous l’interdisait. Et nous devions agir contre tous nos principes pour ne pas perdre cet amour qui nous apportait tant de chose. Je savais qu’il nous aurait été possible de vivre entant que couple et entant que Jedi, si seulement le Code n’avait pas été aussi rigide. Non… ce n’était pas le Code en lui-même qui était à remettre en cause. C’était la façon dont on avait fini par l’interpréter. L’Ordre Jedi s’était égaré. Comment ? J’étais bien incapable de répondre à cette question. Mais il commençait à se perdre lui-même. Quelque chose n’était plus aussi pur au sein de cet Ordre que je vénérais depuis tant d’année.

Les apparences… elles paraissaient sauves. Tout comme elles semblaient l’être pour Mace et pour moi. Mais je sentais que le vernis commençait à se craqueler. Rester fidèle à soi-même. Nous ne l’étions plus depuis deux ans. Je ne l’étais plus depuis que j’avais ressenti les premiers émois de l’amour auprès de Qui-Gon. C’était un combat perdu d’avance. L’Ordre se trompait d’ennemi. Ce n’était pas les sentiments qui menaçaient l’intégrité des chevaliers Jedi, c’était leur façon de les vivre. Nous devions lutter contre ce dont nous aurions du apprendre à apprivoiser. Nous luttions contre ce qui se proposait de nous épanouir un peu plus, pour nous rendre encore plus fort. Rester fidèle à soi-même. Ce n’était certainement pas en agissant comme nous le faisions Mace et moi que nous allions y parvenir. Nous avions des principes. Nous nous les étions forgé, non pas parce que nos maîtres nous les avaient inculqués, mais parce que nous les avions au fond de nous depuis toujours. Nos maîtres n’avaient fait que nous les révéler. Rien de plus. Nous étions devenus des chevaliers Jedi parce qu’ils nous avaient guidés sur les voies de la Force. Mais si nous n’avions eu au fond de nous cette nature de générosité, ce sens du devoir et de l’abnégation, si nous n’avions eu au fond de nous cette nature généreuse et altruiste, on aurait eu beau faire. Nous ne serions jamais devenus ce que nous étions. On nous avait aidés à nous affirmer. En cela nous devions une éternelle reconnaissance à nos maîtres. Mais nous étions Jedi, parce que nous l’étions depuis toujours, depuis notre conception. Nous l’étions parce que nous étions nés ainsi.

L’amour pouvait se vivre en osmose avec nos devoirs. Il n’y avait pas de priorité. Nous nous étions engagés envers l’Ordre Jedi. Et l’amour que nous éprouvions l’un pour l’autre, Mace et moi, n’était absolument pas incompatible avec nos devoirs. J’aimais Mace justement pour tout ce qu’il était, justement parce que les valeurs qu’il défendait étaient les miennes. J’aimais Mace parce qu’il était un homme que j’avais appris à connaître, et aussi parce qu’il était un Jedi. J’aimais Mace pour ces deux raisons. Elles étaient indissociables.

Au moment où je franchis le seuil de l’appartement du frère de Mace, le vestibule s’éclaira automatiquement. Mais l’appartement était vide. Mace n’était pas encore arrivé. Cela me laissait un peu plus de temps pour retrouver mon calme. Je posais ma cape négligemment sur le sofa, et allait sur le balcon, respirer l’air frais du soir. Qu’est ce que je faisais là ? Par la Force qu’est ce que je faisais là ?
J’attendais Mace, bien sur… mais…

Des larmes commencèrent à couler. Je n’en pouvais plus de me cacher. Je n’en pouvais plus de vivre cet amour dans la clandestinité. J’avais soudain l’impression d’être sale. Tous ces secrets, toutes ces manigances et ces conspirations dans le seul but de voler quelques heures de bonheur, m’étaient maintenant insupportables. Ce n’était pas ça l’amour. Ce n’était pas ça ! Quelques heures où nous pouvions nous abreuver l’un à l’autre. Nous étions sincères l’un envers l’autre. Je savais que Mace devait en souffrir lui aussi. Je savais surtout qu’il m’aimait et me respectait, qu’il ne me prenait pas pour une gourgandine. Mais cela ne pouvait plus durer. J’en avais assez !

Une colère sourde commençait à monter en moi. J’en voulais à l’Ordre Jedi de nous pousser à ce genre de situation équivoque et malsaine. Mais le pire de tout, je commençais à en vouloir à Mace. Le doute s’emparait de mon esprit. Je commençais à le soupçonner de se conforter dans cette situation, de la trouver bien commode. Il n’avait pas à s’engager vraiment envers moi. Il se protégeait de cet interdit du Code pour ne pas prendre ses responsabilités envers moi, envers nous.

Non ! Je n’avais pas le droit de penser cela. Je n’avais pas le droit de penser ça de lui. Mace était l’homme le plus droit que je connaissais. Il était comme Qui-Gon. Et c’était certainement pour cela que je l’aimais autant. Ils étaient différents sur bien des points. Et je n’avais jamais cherché à retrouver Qui-Gon en Mace. Je ne les avais même jamais comparés l’un à l’autre. Pourtant, ils possédaient tous les deux les mêmes qualités, celles qui étaient susceptibles de me séduire en tant que femme. Qui-Gon était un doux souvenir, Mace était mon présent. Je voulais tellement qu’il resta mon avenir ! Mais ce n’était certainement pas comme cela que j’envisageais cet avenir avec lui.
Que pouvais-je faire ? Quelle solution s’offrait à nous sinon que de quitter l’Ordre Jedi ou bien renoncer l’un à l’autre ? Non ! Jamais ! si je devais renoncer à Mace, alors je quitterais également l’Ordre !

Je m’écroulais en larme sur la rambarde du balcon. J’avais le cœur complètement détruit. Tantôt je me disais que c’était de ma faute, que je n’aurais jamais du aller si loin avec Mace. Tantôt j'étais dans une fureur que je ne me connaissais pas envers les Maîtres du Conseil, envers le Code Jedi. Ils n’avaient pas le droit de décider pour nous à ce sujet. Ils ne nous faisaient pas confiance, et c’était pour cela qu’ils nous imposaient cette sorte d’interdits.

Je n’en pouvais plus ! Moralement, nerveusement, j'étais épuisée. Je craquais littéralement. Et Mace qui ne venait pas !

Tout d’un coup, alors que cela faisait plusieurs minutes que je pleurais à m’en rendre malade, les larmes se tarirent toutes seules. Je me relevais. Je regardais les lumières de la ville. Elles étaient à l’image de l’Ordre Jedi, resplendissantes en apparence. Mais elles ne faisaient qu’éblouir, pour mieux dissimuler de sombres secrets.
L’Ordre Jedi m’avait trahie depuis des années, et me poussait à le trahir. Je ne pouvais plus continuer comme cela.
Je venais de prendre ma décision.
Je repris ma cape et sortis de l’appartement pour retourner au Temple. Mon cœur et mon esprit venaient de s’ouvrir à la réalité de bien des choses. Je venais de comprendre. J’étais en colère. Je fulminais. Ils allaient voir maintenant qui était la véritable Lusiana Nakeji. Je m’en allais leur dire ce que je pensais d’eux, moi à ces maîtres dans leur tour d’ivoire. Je savais ce que je devais faire. Et puis que l’Ordre Jedi ne voulait pas affronter les réalités de la vie de ses membres, et bien moi j’allais prendre mes responsabilités. Je serais bien plus honnête qu’ils ne pourraient jamais l’être. J’en avais assez de leur hypocrisie qui avait provoqué les drames que j’avais subis.

Je rentrais rapidement au Temple. Mace n’avait pas pu se libérer pour me rejoindre, alors qu’il aille au diable ! Il n’avait qu’à choisir maintenant. C’était moi ou l’Ordre. Pas les deux.