IV
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Le jeune homme marchait toujours de son pas rapide, sûr et déterminé, mais sans hâte excessive pour autant, parcourant les places et les rues, répondant aux saluts discrets des gens qu'il croisait par des sourires polis. Il traversa la ville et arriva en vue de la plus grande place de Tarn A'Zaah. Elle était immense, en comparaison de la ville elle-même. Il s'arrêta quelques instants et regarda la place qui s'éveillait. Il était encore très tôt. Le soleil venait tout juste de lui offrir le spectacle de ses premiers rayons lorsqu'il était au bord de la falaise. La place était bordée de petits immeubles qui ne dépassaient pas trois étages, et de petites maisons assises paresseusement dans un alignement parfait. La Grande Place de Tarn A'Zaah était le cœur commercial de la ville. C'était aussi là qu'on trouvait le petit spatioport. Les rez-de-chaussée des constructions étaient occupés par les échoppes que les commerçants commençaient à ouvrir. Les étales colorés, présentant des fruits, des légumes, des étoffes rustiques ou précieuses, des objets d'art ou usuels, offraient leur diversité de formes et de couleurs, mais aussi de senteurs, aux clients éventuels qui n'allaient pas tarder à arriver. Il n'y avait encore que très peu de trafique. Deux speeders traversèrent la place tranquillement avant d'aller se garer auprès des autres taxis qui attendaient devant l'entrée du spatioport voyageurs ou clients pressés. Le jeune homme ne put s'empêcher de prendre une profonde inspiration avant de s'engager sur la place. Il marcha droit devant lui, vers l'immense bâtisse du spatioport qui trônait en face de lui. C'était un énorme bâtiment de pierres dont le rose saumoné contrastait avec la blancheur des maisons qui bordaient la place. On y accédait en montant une série de marches taillées dans une roche locale d'un parme délicat. Puis, après quelques pas sur une esplanade du même matériau que la façade, on se retrouvait devant les immenses portes de verre qui s'avançaient en arc de cercle, coiffées d'une coupole dorée, étincelante comme un astre, soutenue par de monumentales colonnades torsadées de porphyre vert foncé. Devant chaque colonne trônait une énorme vasque de soda lite bleue marbrée de blanc, où poussaient des buissons de fleurs rouges. Le toit du hall d'accueil se découpait dans le ciel bleu en délicates pentes recouvertes de tuiles vernissées vertes, telle d'antiques pagodes. Il n'y avait pas de fenêtre ou de baie vitrée à la façade. De fines frises avaient été ciselées dans la pierre, formant des arabesques compliquées. Ces canisses minérales permettaient à la lumière et à l'air d'entrer dans le hall.
Il traversa la place sans prêter attention à l'agitation qui commençait à sortir Tarn A'Zaah de sa léthargie nocturne. Il gravit les marches et pénétra dans le hall, en passant les portes qui s'étaient effacées devant lui dans un souffle imperceptible. Ses pas résonnèrent sur le dallage de marbre blanc et frais, incrusté de cristaux de couleur formant des paysages, des fleurs, des oiseaux et des créatures fantasmagoriques. Le terminal aérospatial de la capitale ykanne était un véritable phénomène d'architecture. On se demandait quel état d'esprit avait pu générer la conception de ce bâtiment si différent des autres édifices publics. Il était très ancien, et avait du servir de palais dans des temps très éloignés, du moins c'était ce que l'on croyait. Beaucoup de légendes courraient à ce sujet. Il ressemblait tellement peu aux ykans, qui étaient des gens travailleurs, terre à terre, et peu enclin aux débordements parfois ostentatoires des arts décoratifs.

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