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Par Emrys Harriet



Chapitre XII Sombre complot


Le château de Fergus était majestueux au centre de la ville de Théry. Les nuages qui cachaient le ciel lui donnaient un air froid et lugubre, comme tout ce que les foscioums avaient pris depuis plus de vingt-deux ans.
Depuis la salle du trône, Marat Donovan observait sa grande armée qui s’assemblait pour l’attaque de Sophus. S’il était venu jusqu’en Lafad, c’était pour mener lui-même la bataille. Il avait pris du temps. Du temps qu’il avait utilisé pour ne pas commettre les erreurs du passé. Maintenant, tout allait bien. Son plan était parfait. La couronne de Verum avait disparu et Boto Harriet était mort sans héritier. Rien ne pourrait l’empêcher de conquérir Silaurs, cette fois. Rien ! Mais quelque chose le chicanait. Cela faisait un long moment qu’il était sans nouvelle de Nigel Luther et cela le contrariait.
La porte de la salle du trône s’ouvrit et un serviteur entra. Celui-ci avait deux longues tresses lui tombant de chaque côté du visage et il portait un grand casque à corne.
- Mon seigneur, déclara-t-il d’une voie caverneuse. Le seigneur Luther désire vous voir.
- Qu’il entre, répondit gravement le sombre souverain.
Enfin, se disait Marat. J’espère qu’il a des nouvelles intéressantes et une bonne excuse pour son retard.
Un asla entra dans la salle, alors que le serviteur sortit, fermant la porte. Nigel avait le regard froid, plein de colère et de haine. Une chose que personne n’avait vue chez un asla. Après quelques pas à l’intérieur, il s’arrêta. Donovan regardait toujours au dehors, lui tournant le dos.
- Je suis très déçu, Nigel, commença à dire Marat, sur un ton de supériorité. Je n’ai plus eu de nouvelle de vous, depuis longtemps. Cela a retardé mon offensive contre Sophus.
- Je suis navré, seigneur Donovan. J’ai eu quelques ennuis et je…
- De quels genres d’ennuis pourrait-il s’agir ? Coupa sèchement le foscioum.
- Un espion s’était dissimulé parmi les miens et les Niproz-zeag nous ont tendu une embuscade.
- Vos guerres de clan ne m’intéressent pas, Nigel. Ce n’est pas une raison dont vous me donnez, mais un prétexte.
- Même le fait qu’un jeune homme cherche la couronne de Verum ? Demanda le seigneur loup d’un ton narquois.
Donovan se retourna lui faisant face. Ses yeux rouges brillaient dans la pénombre de la pièce et ses grandes canines légèrement coulantes de bave claquèrent de surprise.
- Que venez-vous de dire ?
- Un jeune magicien du nom d’Emrys Bachar est à la recherche de la couronne de Verum.
- Emrys ? Je ne tolèrerai pas que mes plans échouent à cause de cet homme.
- Il est un danger pour nous, mon seigneur. Tous les autres membres de mon clan sont morts par sa faute. A l’heure qu’il est, il se trouve sûrement en Kamîl.
- Dans ce cas, j’exige que tu me le retrouve, Nigel. Et tue-le, lui et toutes les personnes qui pourraient l’accompagner.
- Oui, mon seigneur.
Il se détourna et commença à partir.
- Nigel ! (Le loup-garou se retourna.) Fais-moi le plaisir de me rapporter sa tête.
- Avec joie, seigneur Donovan.
Un large sourire se dessina sur son visage, montrant ses longues canines, avant de sortir de la pièce, dans un bruissement de cape.
Un homme du nom d’Emrys ? Pensa Marat. Je ne peux pas attendre et espérer que Nigel réussira à le retrouver et à le tuer. Ce petit magicien est capable de détruire tout ce qu’il a fallu construire en vingt-deux années. Ça je ne peux pas le permettre. Je dois réagir.
- Mounif, cria Donovan après quelques minutes.
Le serviteur accourut auprès de son maître et s’agenouilla.
- Prépare ma monture, continua le seigneur sombre.
- Bien mon seigneur.
D’une porte à gauche de la salle, apparut une foscioune d’une taille remarquablement gracieuse et portant des vêtements d’un très grand goût. Elle avait entendu le cri de Marat.
- Tu pars ? Demanda-t-elle. Je croyais que tu voulais lancer l’offensive contre Sophus.
- Oui, mais les plans ont changé, Maura, répondit Donovan. Informe le gouverneur Mstislav qu’il prend le commandement de l’armée. Je me rends en Kamîl.
Quelque instant plus tard, le seigneur des ombres traversa, sur son drocknite, l’armée ténébreuse qui l’acclama à son passage.

A suivre…

Dans Les Pierres de Verum : 2. Les serviteurs de la vérité.