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Par Emrys Harriet



Chapitre XI Le gardien des pierres


Emrys se fit taper fortement et de manière répétitive sur le bras et il se réveilla en sursaut. Au-dessus de lui se tenait Bardolf, prêt à partir, sabrolaser à la main.
- Nous ferions mieux de nous éclipser rapidement, déclara-t-il à son ami.
- Comment ? Demanda le jeune homme qui n’était pas encore très bien éveillé.
- Alessina a disparu, continua le loup-garou. (Emrys se retourna, regardant l’endroit où elle s’était couchée la veille. Il ne vit personne.) Je ne sais pas ce qu’elle manigance, mais je n’ai pas l’intention de rester là pour le savoir. On ferait mieux de partir Emrys.
Le magicien se leva et prit ses affaires. Il appela, de la main, le drocknite, toujours au pied des arbres. Celui-ci s’avança lentement vers eux.
- C’est étrange ça, fit Emrys. Pourquoi serait-elle partie ? Tu sais quelque chose toi ?
Bardolf crut que son ami perdait la raison, car il lui avait déjà dit tout ce qu’il savait. Mais il comprit en se retournant qu’Emrys posait cette question à l’animal qui commença à émettre de petits grognements, puis s’assit sur ses pattes arrières.
- Il l’a vue, expliqua le jeune homme. Elle s’est arrêtée devant lui un moment, puis elle est partie en courant.
- Ça n’annonce rien de bon. Si elle connaît d’autres bannis, ils pourraient facilement nous attaquer, déclara Bardolf, levant son bras cassé. Elle nous a bernés et menti depuis le début.
- Elle me semblait sincère, contredit Emrys en montant sur le drocknite et en tendant la main à son compagnon qui le rejoignit.
- Tu fais ce que tu veux. Après tout, c’est toi qui choisis tes partenaires.
- Faux Bardolf ! Ce sont eux qui choisissent.
Le loup-garou réalisa qu’il était venu de son plein gré. Emrys ne l’avait obligé en rien.
- Dans tous les cas, nous devons partir, avec ou sans elle, Emrys.
- Je suis d’accord. Si elle veut revenir, elle saura nous trouver. Mais ne nous précipitons pas vers tous bruits, en croyant que ce serait elle. N’oublions pas que Nigel est toujours à notre recherche. (Bardolf acquiesça de la tête). En avant Ikhlas.
- Ikhlas !
- Quoi ? Il faut bien lui donner un nom.
Bardolf haussa les épaules en guise d’acceptation. Le drocknite se leva sur ses pattes arrières et marcha en direction des montagnes, repassant à travers la forêt. Il n’y avait pas à dire. Ikhlas était une bénédiction, sans lui, Emrys et Bardolf auraient eu beaucoup de peine. Les voyageurs ne furent pas surpris de remarquer que les abords de Peleo étaient une forêt très dense. Ce marais était une partie refermée sur elle-même. Personne n’avait traversé cette région depuis longtemps et plus personne n’osait vraiment s’y aventurer. L’état des lieux qu’ils découvrirent, confirma ces suppositions. Une multitude de troncs, de pierres et rochers, jonchaient le sol. Ils durent s’accrocher dur comme fer au drocknite, alors qu’il escaladait ces obstacles sur sa route. Après maints efforts d’Ikhlas, ils sortirent enfin de Peleo. La forêt laissa place à des étendues d’herbes vertes et aux arbres isolés. L’animal s’avança au bord d’une rivière qui devait être la Jöranie. Les deux cavaliers descendirent de leur monture, afin qu’elle se repose quelques instants. Emrys observa les environs. Ils se trouvaient entre les marais au Sud et les Monts d’Hario au Nord, dans une petite plaine, où plusieurs ruisseaux et rivières s’écoulèrent. Bardolf s’était mis dans le lit de la Jöranie. Il enleva ses habits, les posa sur une pierre, à ses côtés. Puis il les prit un par un, pour les laver de la boue. Emrys fit de même avec son pantalon, mais le reste, étant propre, il ne jugea pas utile de les nettoyer.
- Alessina aurait pu nous aider, déclara le jeune homme, alors que le loup-garou se laissa tomber dans l’eau.
- Bah ! Répondit Bardolf en se frottant les cheveux un peu boueux dans l’eau. Nous avons bien réussi à traverser ce maudit marais. Nous trouverons bien ce sabre. Ne t’inquiète pas.
- Je ne m’inquiète pas pour nous, mais pour elle.
Le loup-garou passa la tête dans la rivière, alors qu’Emrys remit sa cape sur ses épaules. Il l’avait enlevée durant toute la traversée du marais, pour ne pas la salir.
- Elle nous a librement abandonnés et elle l’a fait en douceur, c’est le moins que l’on puisse dire.
- J’ai l’impression que c’est nous qui l’avons fait.
- Tu as trop d’imagination, fit Bardolf, puis il changea de sujet. Ecoute ! Je propose que nous restions ici pour midi, le temps que nos affaires puissent sécher. Puis nous longerons les montagnes en direction de l’Est.
- J’ai rêvé d’une petite mare.
- Nous en trouverons là-bas. C’est certain.
- D’accord ! Restons ici un moment, mais tenons-nous prêt à nous mettre à l’abri. Les orages sont fréquents dans la région.
- C’est entendu.
Le loup-garou étendit ses vêtements sur le pan d’un gros rocher ensoleillé. Emrys plaça son pantalon à côté des affaires de son ami. Puis il resta debout, regardant les montagnes en face de lui.
- Crois-tu qu’il y ait des chemins qui passe par-là ? Demanda le magicien en montrant les monts au Nord.
- Peut-être, répondit Bardolf. Mais ce doit être de vieux sentiers, pour déboucher sur une immense plaine désertique. Personnellement, ce n’est pas ce genre de route que j’aimerai emprunter.
- Ne t’inquiète pas. C’était une simple curiosité. Nous prendrons les chemins des gorges de la Tahir. Je te laisse te reposer. J’ai besoin de calme pour réfléchir. (Il désigna une montagne.) Il y a un petit abri, là-bas. Retrouvons-nous-y pour dîner.
Bardolf ne protesta pas, même s’il trouvait le fait de rester trop longtemps ici, était une mauvaise idée. Tandis qu’Emrys reprit son pantalon, il se coucha dans l’herbe, son épée à côté de lui, et il regarda le ciel. Le magicien, quant à lui, se déplaça à l’est et s’assit sur le tronc d’un arbre mort. Il regarda un instant la vue qui s’offrait à lui. Puis il ferma les yeux. Il avait des choses à comprendre, des réponses à obtenir.

Bardolf contrôla que ses vêtements soient secs avant de les mettre et de se recoucher. Emrys avait raison. Le mieux était de passer par les gorges de la Tahir. Bientôt il retournera en Kamîl, chez lui. Il pensa à sa femme. Etait-elle toujours là-bas ? Ou, était-elle partie, elle aussi, depuis longtemps. Il ne pouvait pas le savoir. Au fond de lui, il est resté le même qu’avant et il l’aimait toujours autant. Mais pourra-t-il la retrouver ? Aura-t-il la force de lui dire la vérité ? Il sentait qu’il ne l’aurait pas et sans doute jamais.
Il interrompit ses pensées. Quelque chose n’allait pas. Il prit son sabre, l’activa et se leva en fauchant l’air tout autour de lui. Soudain, il entendit un bruit derrière lui et se retourna vivement pour découvrir un morceau de bois qui était tombé sur le sol. Relevant la tête, il aperçut, avec surprise, Alessina.
- Très sympathique, Bardolf, déclara-t-elle. Moi qui venais de finir cette lance hier soir. Je n’ai plus qu’à la recommencer. Bon sans ! Mais qu’es-ce que tu croyais que j’étais ? Un loup, peut-être ?
- On serait étonné des fois, répondit-il en pensant à lui-même. (La maoisienne le regarda d’un air interrogateur.) Laisse tomber !
- Pourquoi êtes-vous partis sans moi ce matin ?
- Je devrais te retourner la question.
Alessina détacha sa lame, du reste de la lance. Puis elle jeta le morceau de bois tranché sur le sol.
- Je n’ai jamais dormi par terre, depuis longtemps. J’ai appris à le faire, car les nuits sont dangereuses dans les marais. (Elle regarda autour d’elle). Et même ici, d’ailleurs. Je couche dans les arbres. C’est plus prudent. J’ai voulu faire une exception hier soir, mais le drocknite que vous utilisez comme monture, a fait ressurgir cette peur en moi. Vous dormiez déjà. Je ne voulais pas vous réveiller. Désolée de ne vous avoir rien dit.
- Ce n’est rien. Tant que tu ne nous as pas tués.
- Où est Emrys ?
- Là-bas, répondit Bardolf, montrant du doigt l’emplacement du jeune homme. Il est en pleine méditation. Ne le dérangeons pas.
- D’accord.
- Juste encore une question. Comment nous as-tu retrouvés ?
- J’ai simplement suivi votre trace. Depuis le temps que je suis ici, je suis devenu une experte en matière d’empreintes.
Bardolf secoua la tête en guise de compréhension. Ils regardèrent tous deux Emrys et ils l’observèrent en silence.

Emrys se concentra sur la pierre de l’équilibre, ou plus précisément, sur l’être qu’il avait vu à ses côtés. Il entendit à nouveau les paroles qu’il lui avait dites l’autre jour :
"Affronte ton destin, élu de Silaurs. Viens jusqu’à moi".
Alors dans son esprit tout devint blanc, jusqu’au moment où il visualisa une grande pièce de la forme d’un pentagone. Il y avait cinq sièges, un au milieu de chaque façade, mais aucun autre meuble. Tous étaient d’une blancheur incroyablement pure. Les jointures des dalles et des pierres qui composaient les murs étaient à peine visible. Par des fenêtres, au-dessus de chaque siège, d’architecture gothique, pénétrait la lumière du jour. Les rayons convergèrent tous au centre de la salle, comme si le soleil se trouvait de chaque côté du bâtiment.
Emrys se demandait où se trouvait ce lieu étrangement beau qu’il voyait en cet instant, mais qu’importe. Il laissa aller son esprit et se concentra sur cet endroit mystérieux.
Après un instant, apparurent six personnes, l’une d’entre elles était placée au milieu de la pièce, entourée des cinq autres, assise chacune sur l’un des sièges. Elles avaient toutes la même apparence, portant une longue tunique blanche aux reflets dorés, capuchon recouvrant la tête. Deux longues ailes brillantes comme le soleil, dépassaient de leur dos. Emrys ne pouvait voir leur visage. Sous leur capuche, il n’y avait qu’une face noire, d’où même la lumière du soleil n’arrivait pas à percer, comme si leur visage était également noir.
- Silaurs connaît un jour nouveau, déclara l’une de personne assise. Ils ont utilisé les pierres divines que nous leur avons offertes, pour fabriquer une couronne et ainsi mettre un terme à la guerre que leur livrait Fosco.
- Malheureusement, continua un autre d’une voie grave. Son pouvoir peut à tous moments cesser d’être et les pierres se disperseront en Silaurs.
- C’est pour cela que nous t’avons choisi, Nu’halvor, dit une voie féminine. Les huit combattants n’étant plus de Silaurs, il faut les remplacer. Tu es le meilleur gardien d’Hortus et c’est à toi que nous confions cette tâche.
- Le conseil peut compter sur moi, déclara l’être au centre. Mais quelqu’un pourra-t-il atteindre ces pierres ?
- Seul un descendant de Joost Harriet pourra en approcher, répondit un autre membre du conseil.
Les personnes de l’assemblée, qui, pour Emrys, devait être des anges, disparurent simultanément. Ainsi la vision du jeune magicien s’évapora et ses yeux s’ouvrirent, alors que dans le ciel, un coup de tonnerre retentit. La pluie commença à tomber en rafales. Emrys se couvrit la tête de sa capuche et s’avança, bâton en main, en direction de l’abri au flanc de la montagne. Bardolf, Alessina et Ikhlas l’attendaient au bord d’un feu.
- Je savais bien qu’il y avait dû y avoir une erreur, déclara Emrys, une fois arrivé à côté de la maoisienne. Mangeons ! Puis nous reprendrons la route ensemble.

Ils se mirent en marche un peu plus tard dans l’après-midi. Le ciel était devenu vraiment nuageux et Bardolf devenait de moins en moins confiant. A chaque éclair et coup de tonnerre, il sursautait légèrement. Alessina avait été habituée à ce climat. Quant à Emrys, il n’y prêtait même pas attention. Il était trop occupé à trierr et à comprendre la vision qu’il avait eue tout à l’heure. Il demanda à la maoisienne, où se trouvait la mare la plus proche vers l’Est.
- Je ne le sais pas, répondit-elle. Je ne me suis jamais tellement aventurée par ici. Il y a trop de drocknites. (L’animal derrière elle grogna. Elle se retourna.) Je ne parlais pas de toi, Ikhlas.
Un coup de tonnerre éclata, interrompant la jeune femme qui après cela se retourna vers Emrys.
- Nous devrions suivre les cours d’eau, proposa-t-elle.
Le jeune homme acquiesça de la tête. C’était de toute manière ce qu’il comptait faire. Malheureusement, ce n’était pas aussi simple que ça. L’étroite plaine était coupée d’une multitude de ruisseaux et de quelques rivières. Ils durent, à plusieurs reprises, rebrousser chemin, car le cours d’eau disparaissait dans les marais, où ils arrivaient au pied d’une montagne.
Malgré toutes ces mauvaises surprises, ils gardèrent espoir.
- Ce qu’il faudrait, bougonna Bardolf. Ce serait que l’on trouve un de ces symboles aslas.
- Tu as tout à fait raison, répondit Emrys. Alessina, tu n’aurais pas vu un H gravé en asla quelque part ?
- A quoi ça ressemble ? Je n’ai pas vraiment fait de longues études.
Il s’arrêtèrent et Emrys dessina approximativement la lettre du bout de son bâton, en écorchant l’herbe verte. Alessina regarda attentivement le symbole, puis elle réfléchit un instant.
- Je ne me suis pas souvent aventurée par ici, mais je crois avoir vu un signe ressemblant à cela, sur un arbre au bord de la Finlay. Suivez-moi !

Deux jours plus tard, ils atteignirent l’arbre au bord de la petite rivière.
- Bien joué Alessina, s’écria Bardolf, on ne tournera plus en rond, maintenant.
Emrys regarda la flèche qui effectuait des sillons au dessous du symbole.
- Que fait-on maintenant ? Demanda la maoisienne, car elle ne savait pas en quoi tout ceci les aiderait.
- Je pense que la flèche signifie que nous devons remonter le cours d’eau, déclara le magicien.
- Tu as sûrement Emrys, répondit le loup-garou. Dépêchons-nous ! Je pense que l’on va avoir une jolie petite averse dans peu de temps.
En effet, le ciel se couvrait de plus en plus et au fur et à mesure qu’ils approchaient des monts d’Hario, les nuages devenaient noirs. En fin d’après-midi, ils découvrirent une mare au flanc d’une falaise. Emrys sentit en lui, qu’ils avaient atteint un de leurs buts. Ils trouvèrent enfin le petit sentier dont avait parlé Klaudei, ce qui fit prendre courage aux trois voyageurs. Après un tournant, ils aperçurent Benisis. Il se trouvait environ à six cents rhubi d’eux et il scintillait fortement, d’une lumière blanche très pure. Ils furent étonnés de ce spectacle, surtout parce que maintenant il pleuvait à verse.
- Vous restez ici, déclara fermement Emrys.
- Pourquoi ? Demanda Bardolf.
- Souhaites-tu devenir comme Klaudei ?
Le loup-garou frissonna en pensant aux yeux du vieillard. Alessina ne comprit pas très bien, mais ne posa pas de question. De toute manière, ils devaient revenir par le sentier pour repartir. Emrys attendit quelques instants, déposa ses affaires, puis il s’élança, uniquement avec son bâton, sur le chemin. Celui-ci était très pentu, recouvert de petits graviers qui le fit glisser de temps en temps sur quelques rhubi. Pour finir, il arriva près de l’épée, où le sentier devenait plus plat et plus boueux. Le magicien s’avança lentement, regardant autour de lui, l’eau noire de la mare à sa droite et la falaise verticale à sa gauche.
Soudain, il s’arrêta net, entendant des hurlements d’animaux. Réalisant que ces cris n’étaient pas ceux d’une arachtophone, il continua son avancée, mais quelque chose le retint. Il essaya de lever le pied. Rien à faire ! Il baissa les yeux et à son grand malheur, il découvrit qu’il s’était enfoncé dans la boue.
Des sables mouvants ! pensa-t-il.
Bardolf ! Alessina ! Cria-t-il, en espérant que ses amis viendraient l’aider.

Le loup-garou et la maoisienne étaient restés au même endroit. Bardolf avait dit à la jeune femme de ne pas regarder le sabre, car elle risquerait de devenir aveugle à cause de l’éclat que l’arme projetait. Pas très loin d’eux coulait la Jöranie et ils avaient un peu de peine à s’entendre. Ils parlèrent tous les deux, Alessina de la vie qu’elle avait menée dans les marais de Peleo et Bardolf de sa vie en Kamîl jusqu’au jour où il se retrouva chez les Niproz-zeag. La maoisienne fut surprise d’apprendre que l’homme en face d’elle était un loup-garou, mais aucune crainte ne s’installait en elle. Il n’avait pas l’air mauvais à ses yeux. Leurs discutions furent intéressantes et ils n’entendirent pas l’appel que leur lançait Emrys.

Le jeune magicien ne bougea plus. Il avait les jambes dans la boue jusqu’au niveau des genoux et il continuait à s’enfoncer.
- Réfléchis, Emrys ! Réfléchi ! Se dit-il à lui-même.
Il ferma les yeux et se concentra. Son expression avait l’air calme et détendu. Puis, il se souvint d’une phrase.
- Ce qu’il faut que tu fasses, c’est changer cette matière en une autre, avait dit Calvin.
Soudain, le jeune homme ouvrit les yeux. Il prit son bâton dans les deux mains, le sommet contre lui, et il tendit l’autre bout, au loin devant lui. Il concentra son énergie et fit en sorte que l’extrémité du kurep-junoyai se replie, tel un crochet. Il le planta alors dans la terre et y tira dessus, mais cela ne fit rien. Son corps était maintenant plongé jusqu’aux hanches.
Utilise la falaise, pensa-t-il.
Il releva son bâton et regarda où il y avait une prise possible. Il découvrit un arbuste, agrippé à la paroi. Malheureusement le kurep-junoyai était trop court pour l’atteindre.
Modifie la matière.
Après quelques instants, le bâton s’allongea jusqu’à ce qu’il puisse prendre appui sur le petit arbre. Emrys s’était enfoncé profondément et avait de la boue sous les bras. Le jeune homme pria pour que l’arbuste ne cède pas sous son poids. Se concentrant sur le kurep-junoyai, il lui fit reprendre sa forme initiale. Emrys s’éleva lentement dans les airs, suspendu par son bâton. Ensuite, il tendit une main contre la paroi, afin d’atteindre une prise. Il n’osa pas trop se balancer pour se projeter contre la falaise. L’arbre commença à céder, alors qu’il replaçait la main sur le kurep-junoyai. Il changea de main, voyant une prise plus favorable. Il fit un petit effort. Enfin, il put s’accrocher au rocher. L’instant d’après l’arbuste se décrocha. Emrys se retrouva avec tout son poids à tenir sur une seule main. Il jeta un coup d’œil en dessous, alors que l’arbre disparaissait dans la boue. D’un geste vif, il projeta son bâton à côté du sabre, où il y avait de la verdure. Puis il s’accrocha avec les deux mains, et prit appui avec les pieds, qui jusqu’à maintenant pendaient dans le vide.
Je déteste ça, pensa-t-il.
Emrys ne l’avait dit à peu de monde, peut-être à Gereon et Débora. Il avait le vertige. L’une des seules peurs qui le rongeait. En règle générale, il évitait de se trouver dans de telles situations, mais en ce moment, il n’avait pas tellement le choix. Il ne pouvait faire qu’une chose, longer la paroi. Il savait qu’il devait le faire, mais malgré cela, il ne pouvait pas bouger. Sa peur le paralysait. Il en était conscient, mais il ne pouvait rien faire. En restant dans cette position, il ne risquait pas de tomber. Tandis que s’il bougeait, il pourrait louper une prise et chuter. C’est ce qu’Emrys pensait, alors il ne bougea point.

La pluie continuait de tomber et avec elle, le brouillard s’installait. Bardolf regarda autour de lui. Il ne pouvait pas voir plus que trois rhubi devant lui. Ikhlas s’était caché dans des buissons, afin d’éviter le plus possible l’orage. Alessina s’était abritée sous un arbre. Le loup-garou se trouvait à ces côtés, il observait l’endroit où était placée le sabrolaser. Il secoua la tête.
- Il aura du retard avec ce brouillard. (La maoisienne acquiesça d’un signe de tête.) Il nous retrouvera. Mieux vaut ne pas bouger.

Les choses ne s’arrangeaient pas du tout pour Emrys. Le brouillard s’étant levé, il ne voyait plus le sol et sa vision sur la falaise s’était énormément restreinte.
Allez, Emrys. Tu ne peux pas rester ici indéfiniment, se disait-il.
Il se passa tout de même plusieurs minutes avant que son corps obéisse à sa volonté. Il commença à se déplacer sur la droite, tout en descendant légèrement, afin de pouvoir voir, finalement, le sol.
Doucement ! Ce n’est pas le moment de paniquer.
Il se disait ces phrases pour se rassurer, mais au fond de lui, il était extrêmement paniqué et il respirait fortement, dégageant de la vapeur par la bouche. Il soupira, afin de se détendre. Une méthode que lui avait apprise son père adoptif, mais qui n’eut, pour la circonstance, presque pas d’effet.
La brume s’était encore épaissie et le sol, sous lui, disparut. Est-ce que la pluie avait agrandi les sables mouvants ? Il ne le savait pas et le seul moyen d’en être certain était de toucher les pieds par terre. Il reprit une profonde inspiration, puis continua son avancée. Après quelques pas à droite, son pied atteignit une mauvaise prise, qui se rompit sous son poids. La jambe droite se balança un moment, avant de revenir contre la paroi. Il plaça sa main un peu plus loin. Quand, il voulut changer la position de son pied, la main droite glissa. Il voulut se rattraper, malheureusement, la roche était trop mouillée. Il glissa à chaque tentative, jusqu’au moment où son poids le déstabilisa. Puis, il bascula dans la brume, poussant un cri horrifié.

Bardolf sursauta et tourna la tête de tous les côtés. Il avait entendu quelque chose, mais il n’en était pas certain. Ikhlas sortit brutalement des buissons et il se mit à grogner.
- Alessina, déclara le loup-garou. Il est arrivé quelque chose ! Allons-y !
- Ce ne serait pas prudent, répondit la maoisienne en le regardant droit dans les yeux. Il pleut trop. Toute cette pluie peut former des sables mouvants. Et en plus de cela, le brouillard nous cache la vue. Nous risquerions de nous perdre.
- Je ne resterai pas ici, sans rien faire, alors qu’Emrys est en danger, répondit Bardolf, prenant les affaires que son ami avait laissées près d’eux.
- En es-tu sûr ? Ikhlas aurait pu entendre un animal.
- Non. Ça fait depuis trop longtemps qu’il n’est pas revenu.
- Il a pu se perdre parmi la brume ?
- J’y vais en tout cas.
- Ton obstination te perdra un jour, Bardolf. Attends-moi, au moins !

Emrys rouvrit les yeux. La première chose qu’il vit, fut des nuages. Il crut qu’il se trouvait au paradis, mais lorsqu’il ressentit la pluie glacée lui tomber sur le visage, il se rappela où il était réellement. Un éclair éblouit le brouillard, avant de déchaîner le tonnerre. Il se releva. Ce fut un miracle qu’il n’ait rien de cassé. La chute n’avait pas dû être très haute. Il regarda autour de lui. Il aperçut son bâton, à quelques pas de là. Il le ramassa. Mens y était toujours à son sommet, ce qui soulagea Emrys. Le sabre n’était pas très loin. Il pouvait distinguer son rayonnement. Il s’approcha, posant son regard vers le sol, afin de ne pas retomber dans un piège. Enfin, il y était. Benisis se trouvait devant lui, éblouissant. Il était comme dans sa vision en rêve.
Emrys n’hésita pas. Il l’empoigna et essaya de le dégager des lianes qui l’entouraient. Rien ne se passa. Il tenta de le tirer un peu vers lui. Alors l’arme brilla plus fort encore. Le jeune homme ferma les yeux. Il avait l’impression que son corps se réchauffait à une allure folle. Puis, quand cette chaleur devenait insupportable, tout s’arrêta d’un seul coup. Il ouvrit lentement les yeux. Il tenait le manche du sabre et celui-ci était débarrassé le la végétation qui le retenait prisonnier. Plus précisément, tout avait brûlé, laissant un tas de cendres noires.
- C’est génial ! S’exclama-t-il.
Lui aussi avait cru qu’il allait fondre comme du beurre dans "Le Désert des Hauts Monts". Il se retourna et voulu se dépêcher de rejoindre ses amis. Malheureusement, il réalisa que les sables mouvants étaient toujours présents. Comment allait-il traverser ? Il ne possédait pas encore la réponse.

Ikhlas avait voulu suivre Bardolf et Alessina. Ces deux derniers ne pouvaient pas l’en empêcher. Après tout, c’était Emrys qui l’avait apprivoisé, non eux, et de toute manière ils n’arrivaient pas à parler avec l’animal. Bardolf comprenait tout de même des réactions du drocknite. Peut-être parce qu’il est à moitié humain et que son autre moitié était une bête. Alessina ne prêtait pas attention à Ikhlas. Cela faisait des années qu’elle se battait avec toutes sortes d’animaux féroces, pour pouvoir survivre. Le drocknite en était un, et même le plus redoutable. Qu’Ikhlas soit un ami ne changeait en rien le jugement de la maoisienne. Bardolf pensait au contraire, que certains drocknites pouvaient être très sympathiques et aimables, tout comme le sont les loups-garous.
Les deux voyageurs ne savaient pas où ils se trouvaient, à cause du brouillard ambiant. Ils suivirent Ikhlas qui avait un sens de l’orientation plus développé et un odorat plus affiné qui lui permettait de suivre la trace d’Emrys.
Au moment où Ikhlas découvrit les sables mouvants, il s’arrêta net et ne tenta pas de continuer. Sur le chemin étroit, Bardolf et Alessina ne purent pas vraiment se mettre au même niveau que l’animal. Le drocknite, qui avait compris ce que désirait les deux autres se décala vers la falaise. Le loup-garou et la maoisienne s’approchèrent. Voyant le changement du sol, ils devinrent inquiets.

Emrys réfléchissait toujours, lorsqu’il entendit la voix de Bardolf. L’appel était couvert par la pluie torrentielle, mais tout de même discernable.
- Emrys ! Répéta le loup-garou.
- Tout va bien ! Répondit le jeune homme. Je suis de l’autre côté des sables.
- Comment as-tu fait ?
- J’ai escaladé la paroi, mais maintenant elle est trop glissante.
- Tu ne peux pas utiliser ta magie ? Interrogea Alessina.
Emrys réfléchit un court instant. Il savait créer du feu dans ses mains, mais une fois au sol, pourra-t-il contrôler le mouvement des flammes ? Il ne voudrait pas incendier la forêt. C’était trop risqué et en plus impossible avec la pluie qui tombait de cette manière. De la glace ! Il n’avait jamais essayé. Et s’il n’avait aucun contrôle de cette glace, tout ce qui est humide pourrait geler, pas seulement l’eau du sable mouvant, mais également Bardolf, Alessina, Ikhlas et lui. Non, la magie ne pouvait pas l’aider.
- Non, répondit-il enfin à la maoisienne. Il faudrait un pont.
- Mais comment…, commença Bardolf.
Il interrompit sa phrase car il fut bousculé par Ikhlas. L’animal se détourna et partit en courant. Après peu de temps, il disparut du champ de vision du loup-garou.
- Que se passe-t-il ? Demanda Emrys qui ne pouvait pas voir ces compagnons à cause de la brume.
- Ikhlas s’en est allé pour une raison que l’on ignore, répondit Alessina.
Le brouillard enveloppait tout. Les trois personnes se sentaient perdues. La pluie ne cessait pas de tomber. Cela faisait toute l’après-midi qu’il pleuvait. Ils étaient épuisés et après cette journée, un bon sommeil s’imposait. Malheureusement, comment pouvaient-ils se diriger par ce temps ? Et pour le moment, Emrys était dans une impasse. Hors de question de continuer leur route dans ces conditions. Ikhlas revint enfin. Dans sa mâchoire, il tenait un tronc d’arbre déraciné, sûrement par lui-même. Bardolf sourit en le voyant arriver. Cet animal n’était pas idiot et surtout très serviable. Le drocknite s’avança à la hauteur des sables mouvants. Il prit ensuite l’arbre entre ses pattes avant et posa lentement le pied du tronc au sol. Bardolf et Alessina lui donnèrent un coup de main.
- Eloigne-toi du bord, Emrys, cria le loup-garou.
Le jeune homme lui obéit sans poser de questions, alors que ses compagnons lâchèrent l’arbre. Le magicien fut surpris quand il vit le tronc s’abattre de son côté à la dernière minute, mais il était assez loin des sables. Après le grand bruit sourd qui suivit la chute du pont improvisé, Emrys ne perdit pas une seconde. Il s’élança sur l’arbre, tout en faisant attention de ne pas tomber car le tronc était glissant à cause de la pluie. Arrivé de l’autre côté, il eut un grand sourire, voyant ses amis. Il était heureux de pouvoir partir de cet endroit.
- Et bien ! Déclara Bardolf. Maintenant, nous pouvons nous reposer quelque peu.
- Désolé de te décevoir, répondit Emrys. Mais je ne tiens pas à rester ici plus longtemps. Nous reprenons la route vers l’est. Lorsque nous aurons retrouvé la grotte, nous nous arrêterons pour faire une pause, mais pas avant.
- Es-tu sûr que cela soit une bonne idée ? Demanda Alessina.
- Nous ne pouvons pas attendre que la pluie cesse, continua le magicien. Le temps presse. Nigel pourrait nous retrouver. Allons-y ! En route ! Bardolf ! Tu me devras un ceinturon.
Il montra le manche du sabre. Le loup-garou lui fit un sourire avant de reprendre la route.

Le départ ne fut pas vraiment très enthousiaste, même pour Emrys qui en avait pris la décision. Ils étaient tous, trempés jusqu’aux os. Malheureusement une pause de longue durée n’était pas à prévoir. Nigel était toujours sur leur trace. Pas question de rester sur place, mais leur marche fut pénible. La pluie qui tombait sur eux, leur glaçait le sang, et le froid de la nuit qui débutait, n’arrangeait pas les choses. Tous étaient lugubre, terne et noir. Le brouillard s’était un peu dissipé, mais pas vraiment totalement. Il n’y eut pas un seul mot, que des cris d’animaux et le ruissellement des gouttes de pluie. La nouvelle arme d’Emrys ne scintillait plus du tout, comme si son âme avait disparu dans l’ombre de la nuit. Le jeune magicien ne se faisait pas de soucis. Il ne s’était pas trompé. C’était bel et bien Benisis, l’épée de Joost, son ancêtre.
Ils arrivèrent en vue d’un bosquet qui recouvrait l’ensemble de la plaine. Les voyageurs le traversèrent difficilement. Plus ils s’avancèrent, plus la végétation était danse. Bardolf et Emrys taillèrent leur chemin à grands coups de sabre. Pour la première fois depuis des millénaires, la lame violette de l’antique sabre surgit. Alessina les suivit. Ikhlas écrasa les buissons sous ses énormes pattes musclées. Après une quinzaine de minutes, ils sortirent enfin de ces grands feuillages. Ils s’arrêtèrent un instant, découvrant devant eux une cité en ruines. Seul quelques maisons avaient l’air plus ou moins en état, sauf que leur toit n’existait plus, rongé par le temps. Des autres bâtiments, il n’en restait que des murs effondrés, recouverts de mousse. Certaines façades étaient encore debout.
- Par tous les démons de l’enfer ! S’exclama Bardolf. Mais où sommes-nous arrivés ?
- Je ne sais pas, déclara Emrys.
Alessina était pétrifiée. Elle avait les yeux fixés sur les ruines, alors que plusieurs éclairs envoyaient leur lumière sur les pierres de la cité. La nature avait repris ce lieu par la force. D’immenses arbres se dressaient sur les remparts, tels des soldats victorieux après une longue bataille acharnée. La maoisienne, après avoir sondé, dans les moindres recoins, toute la ville, se tourna face à ses amis, les yeux remplis d’inquiétude.
- C’est Tralzric ! S’écria-t-elle. La cité maudite ! Je refuse d’entrer là-dedans.
- Allons ! Répondit Bardolf. Ce n’est qu’une stupide superstition.
- Prends garde Bardolf, continua Alessina sur le ton de la menace. Tous ceux qui ont osé s’aventurer dans cette ville, n’en sont jamais ressortis.
- On m’avait bien dit que traverser les marais de Peleo relevait de la pure folie, s’obstina le loup-garou. Et comme tu peux le constater, je suis encore là.
- Pourquoi cette cité est-elle maudite ? Demanda Emrys afin de détendre quelque peu l’atmosphère.
- Une légende de chez moi, raconte que des rhezzs vivaient autrefois ici. Ils avaient fait de cette ville, une véritable forteresse lorsque nos ancêtres, au début des Temps Anciens, ont pourchassé cette race néfaste. Malheureusement, ils n’ont jamais réussi à faire tomber cette cité. (Elle montra les ruines du doigt.) On dit que les trolls avaient un plan pour conquérir Silaurs. De cette ville, ils décidèrent de creuser un tunnel jusqu’en Laux. Mes ancêtres maoisiens l’ont découvert et pour cette raison, ils avertirent les aslas.
A partir de ce moment, il y eut une grande bataille. Les rhezzs refusèrent de se rendre et ils furent tous massacrés. On raconte que depuis ce jour, pour se venger, les fantômes des ses habitants hantent la ville, rendant fous tous ceux qui oseraient s’y aventurer.
- Et bien il ne manquait plus que ça, soupira Bardolf. Nous allons nous faire attaquer par des revenants. Que de bonnes nouvelles à ce que je vois ! Il n’y aurait pas un petit détail qui t’aurait échappé, comme des vampires et quelques cyclopes errant dans les parages ?
- Ne te moque pas de moi. Je te signale que tu es un loup-garou, mon cher, et tu ne crois pas que les fantômes puissent exister ?
- Pour ta gouverne, j’ai vu des centaines des miens. Quand j’aurai un de ces spectres à mes trousses, alors peut-être, je changerai mon opinion. (Il s’avança en direction de la cité. Puis il s’arrêta et se retourna.) Bon ! Vous venez ? Je n’ai aucune envie de rester là, sous la pluie pendant des jours.
Alessina ne voulait pas bouger et cela se comprenait, mais la grotte devait se situer à l’intérieur de cette ville. Bardolf avait continué sa marche. Emrys ne voulait point le laisser pénétrer tout seul là-dedans. Il prit la maoisienne par l’épaule et ils suivirent le loup-garou. Ikhlas émit un long hurlement sinistre avant de partir à leur suite.

Bardolf fut vite rattrapé ou plutôt, il ne désirait point continuer tout seul. Une certaine peur résidait en lui. Il se força à croire que les fantômes n’existaient pas, mais alors qu’il marchait dans la ville, il sentait un courant froid lui fouetter le dos. Il se retourna plusieurs fois, s’imaginant découvrir quelque chose ou quelqu’un. Pourtant il n’y avait personne, même pas de vent, rien. Il se sentait un peu paniqué et perdu.
- Vous ne sentez pas quelque chose ? Chuchota-t-il à ses deux autres compagnons.
- Quoi ? Demanda Emrys.
- Je ne sais pas. On dirait une présence. C’est froid. Ça me rend…
- Fou, déclara Alessina, terminant la phrase de loup-garou. Ce sont les fantômes. Nous allons perdre la tête, si nous restons trop longtemps ici.
- Je vois de quoi vous parlez, mais cela ne m’inquiète pas, répondit Emrys. Je crois, tout de même, que l’on ne devrait pas demeurer trop longtemps dans le coin.
- Et en plus, j’en ai marre de cette pluie, cria Bardolf.
Les dernières paroles du loup-garou résonnèrent parmi les ruines de la ville et contre les montagnes. Emrys le prit par le bras et le regarda droit dans les yeux.
- Ça va pas ! lui lança sèchement le magicien. Mais qu’es-ce qui te prends ?
- Ils sont derrière nous, continua Bardolf, sans avoir prêter attention à son ami. Je vais tous les tuer. Venez sals rhezzs. Je vous attends. (Il activa son sabre devant lui, prêt à affronter des ennemis imaginaires.) Allez ! Approchez !
- Il est en plein délire, déclara Alessina.
La maoisienne s’avança lentement du loup-garou. Elle tenait un morceau de bois, dans sa main droite, qu’elle venait de ramasser parterre. D’un coup rapide et précis, elle l’abattit sur la tête de Bardolf. Celui-ci s’écroula au sol, face contre terre.
- Partons d’ici et vide, continua la jeune femme. Sortons, de cette ville avant qu’il se réveille.
- C’est ce que j’allais te proposer. Ikhlas ! Tu crois que tu pourrais nous prendre tous les trois. (Le drocknite acquiesça d’un grand signe de tête.) Très bien. Alessina ! Une fois que je serai monté, tu me passeras Bardolf. Je le placerai derrière moi. Ensuite, tu te mettras à l’arrière.
- Compris.
Emrys grimpa sur le dos du drocknite. Ils firent ensuite ce qui s’était dit. La maoisienne, avant de rejoindre le jeune homme, ramassa l’épée du loup-garou. Ikhlas partit en toute furie à travers les rues de l’ancienne cité. Le bruit de ses pas retentit contre les parois encore debout des bâtiments en ruines. Un fort vent se mit à balayer la ville dans un sifflement suraiguë. La monture des trois voyageurs filait le plus vite possible de ces lieux de terreur. Alessina s’assurait que Bardolf ne se réveillait pas. La vieille cité était très vaste, mais après peu de temps, ils furent de l’autre côté. Le vent cessa, comme si les anciens esprits s’étaient calmés sur le petit groupe. Emrys demanda à Ikhlas de ralentir afin de ne pas louper l’entrée de la caverne. Avec la pluie qui tombait continuellement, il sera plus difficile de repérer la chute d’eau, rien qu’avec l’ouïe.

Bientôt ils s’arrêtèrent. La grotte se trouvait devant leurs yeux. Elle était comme Emrys l’avait vu en rêve, exactement identique. Ils se mient à couvert sous les arbres, au bord de la rivière, et attendirent que Bardolf se réveille. Enfin, celui-ci ouvrit lentement les yeux et releva la tête.
- Que s’est-il passé ? Demanda-t-il. Où suis-je ?
- Nous sommes devant l’entrée de la grotte, Bardolf, lui répondit Emrys. Tu as eu des hallucinations. Tu croyais voir des rhezzs.
- Oui. Je me souviens. J’en ai vu, pas vous ?
- Non. Nous avons juste senti le courant d’air froid, déclara Alessina.
- Comment se fait-il ?
- Je ne sais pas, intervint le magicien. Peut-être que ton esprit n’était pas assez fort pour combattre cette illusion.
- Tu crois ?
- Ce que je veux dire, c’est que la force mentale d’Alessina et la mienne était plus puissante, continua le jeune homme. Je suis sûr que tu possède une plus grande force morale que nous deux.
- Merci. Je préfère ça, conclut le loup-garou.
Ils restèrent quelques instants dans le silence. Emrys réfléchissait. Le gardien n’autoriserait qu’une seule personne à pénétrer dans la grotte et à ramener la pierre de l’équilibre. Cette personne, c’était lui. Si ses amis l’accompagnaient, il y aurait sûrement des problèmes. Pour le bien de sa mission, il devait laisser, une fois encore, Alessina et Bardolf à l’extérieur.
- Je dois y aller, déclara-t-il.
- Très bien, fit le loup-garou se relevant gentiment.
- Non. Je dois y aller seul.
- Je ne suis pas d’accord, s’obstina Bardolf. Tu as failli y rester la dernière fois.
- Je sais, mais si je fais ça, c’est pour vous protéger. Le gardien n’acceptera que moi. Si vous venez, cela risquerait de compromettre notre quête.
- Il est seul contre trois, s’il tente quelque chose…
- Nous devons l’écouter Bardolf, intervint Alessina.
- S’il nous attaque, continua Emrys en s’éloignant d’eux. Nous ne pourrons pas le vaincre.
- Et pourquoi cela ? Interrogea le loup-garou.
- As-tu déjà tué un mort ?
Après ces mots, le jeune homme s’approcha de la grotte. Bardolf ne sut quoi répondre.
Qui est ce gardien ? Se demanda-t-il à lui-même.
Emrys disparut sous la voûte de la caverne, alors qu’un éclair jaillit dans le ciel.
- Alessina ? Fit le loup-garou. S’il y a un problème, promets-moi de m’accompagner à l’intérieur.
- Tout se passera bien, répondit la maoisienne. Mais si ce n’est pas le cas, tu peux compter sur moi.

Emrys s’avança dans les profondeurs de la grotte. Il s’arrêta quelques instants, regardant les gravures sur les murs. Il y avait des symboles comme sur la pierre et il distingua des illustrations de rhezzs et d’humains. C’était comme une sorte d’histoire, révélant, à la fin, l’image d’un être étrange enveloppé de lumière, tuant tous ces rhezzs et ces hommes qui venaient à lui.
Le jeune homme respira un grand coup avant de reprendre sa marche. Enfin, il pénétra dans une grande salle circulaire et close. Si Emrys n’avait pas aperçu une personne en son centre, il aurait cru qu’il s’était trompé de caverne. En effet, le gardien était là, debout, le dos tourné au magicien. Il avait la même apparence qu’Emrys connaissait en rêve, mis à part qu’il ne possédait pas d’ailes. Le jeune homme resta silencieux. Le gardien se retourna, sentant son ennemi dans sa méditation. Il tira son arme et la tint fortement dans sa main. C’était une épée, encore plus vieille que tout ce que l’on connaissait sur Silaurs. La lame était recouvert d’un champ d’énergie blanc.
- Vous n’avez rien à faire ici, déclara-t-il d’une voix cristalline. Je suis le protecteur des pierres sacrées. Une seule personne dans ce monde à le pouvoir de les récupérer. Malheureusement ce n’est pas vous.
- Je ne désire point vous offenser, noble gardien, répondit Emrys. Mais mon père m’a chargé d’une mission envers mon peuple et Silaurs. Je ne faillirai point à mon devoir. Je ramènerai les pierres de Verum et restaurerai la paix en ce monde. Laissez-moi passer, je vous prie.
- Je vous l’ai déjà dit. Une seule personne pourra obtenir ces pierres, mais ce n’est pas vous.
- Je suis de Sophus et je tiendrai ma promesse, à n’importe quel prix. (Il sortit son sabre, l’activa et le leva bien haut devant lui, afin que le gardien la contemple.) Je détiens Benisis, l’épée de Joost, et elle me revient de droit, tout comme les pierres.
- Ce n’est pas parce que l’on possède quelque chose, que l’on en est forcément le maître.
Apparemment, Emrys n’était pas le bienvenu. Y avait-il un autre Harriet, plus sage et plus fort que lui ? Le gardien ne le laissera pas passer, mais le pire c’est que celui-ci se rua sur le jeune homme. Emrys n’eut pas le choix que d’engager lui aussi le combat. Son adversaire poussa un épouvantable cri de guerre, avant d’abattre son épée sur le magicien qui, d’un coup vif, la contra. Son kurep-junoyai tomba sur le sol, tandis que des bruits de bataille résonnaient dans la salle. L’épée entière du gardien brillait, tel le feu céleste, alors que la lame violette d’Emrys était terne et sans éclat, comme si la vie de l’arme avait disparu.

- Pro Hortus.
Bardolf et Alessina entendirent le long hurlement qui sortit de la grotte. Ils n’hésitèrent pas un seul instant. Sortant leurs armes, ils coururent à toute allure vers l'endroit où se trouvait Emrys. Le loup-garou était en tête et la maoisienne juste un peu en retrait. Soudain, une grosse dalle en pierre descendit d’un coup, devant l’entrée de la salle. Bardolf ne réagit point. Alessina l’empoigna par ses vêtements et le tira violemment en arrière, avant qu’il ne se fasse écraser. Ils s’arrêtèrent de justesse. Les pieds du loup-garou frôlaient à peine la dalle. Il lança la lame bleue de son sabre contre la dalle, mais celle-ci rebondit. Il l’envoya alors par terre et le bruit résonna dans le couloir.
- Pourquoi tu as fait ça, gronda-t-il.
- Pourquoi ? Tu allais te faire écraser ! Voilà pourquoi !
- J’aurai pu passer.
- Tu allais y passer, corrigea la maoisienne.
- D’accord ! Mais que fait-on maintenant ?
- On attend.
- Rien que ça ! T’en as, un sens de l’humour.
- C’est toi qui pose des questions idiotes. (Elle regarda la dalle de pierre.) A mon avis, c’est un combat qu’il doit mener seul.

Le gardien avait senti l’approche des amis d’Emrys. Il avait tendu sa main gauche, faisant ainsi tomber une large dalle devant l’entrée de la salle. Le jeune homme était pris au piège. De toute manière, Emrys n’aurait pas reculé. Une promesse était une promesse, un point c’est tout, gardien ou pas. Mais le magicien avait tout de même de la peine à contre-attaquer son adversaire. Il n’était pas un guerrier. Une chose qu’il savait. Il ne pourra pas vaincre par la force. L’épée du gardien passait de droite à gauche et vis-versa, sans temps d’arrêt. Emrys ne pouvait rien faire, pour l’instant. Le jeune homme, à un moment donné, esquiva à sa droite, au lieu de barrer le fer. On aurait pu croire qu’Emrys essayait d’éviter la confrontation, mais ce n’était pas du tout le cas. Une fois à l’écart, le magicien lança de sa main libre, une boule de feu en direction du gardien. Malgré ces beaux talents et ses pouvoirs, cela n’eut aucun effet. La flamme s’écrasa sur la paume de la main de l’adversaire, puis elle s’éteignit. Il n’eut aucune blessure. Après cela, le combat reprit. La vitesse des coups était fulgurante. Les lames passèrent de gauche à droite, en bas, en haut et en plein centre. Toutes les attaques étaient déviées, autant par Emrys que son ennemi. Après quelques minutes, le gardien leva son arme afin de l’abattre sur le jeune homme. Heureusement, le magicien fut plus rapide. Il transpersa d’un coup vif le torse de son adversaire, puis il retira son arme. Le gardien arrêta tout mouvement, pendant un court instant. Emrys abaissa sa garde, s’attendant à voir l’ennemi tomber à la renverse. A sa grande surprise, celui-ci fit redescendre violemment son épée sur le jeune magicien. Emrys avait juste eu le temps de reculer, afin d’éviter la lame mortelle du gardien. Par malheur, son geste lui fit marcher sur son kurep-junoyai qui le déstabilisa. Le bâton roula en avant et le jeune homme tomba sur le dos. Le gardien s’avança, posant la pointe de son épée sur la poitrine d’Emrys.
- C’est fini, déclara celui-ci. Tu as échoué. Je t’avais prévenu qu’une seule personne pourrait prendre les pierres, mais ce n’est pas toi, Emrys Bachar.
- Mon nom est Harriet, cria le magicien.
Emrys prit toute la force qui lui restait en lui et il repoussa de son sabre, la lame de son adversaire. L’arme du jeune homme se mit à briller d’une violet surprenant. Le choc fit jaillir une multitude d’étincelles éblouissantes. Un bruit strident résonna dans toute la pièce. D’un seul coup, tout s’arrêta. Un morceau de lame fendue tomba sur le sol dans un bruit métallique. Emrys se leva brandissant son arme contre le gardien désarmé. Le magicien poussa un long hurlement. Son adversaire regarda le reste de son épée, inutilisable. Cette fois, Emrys était prêt à lui couper la tête, son arme brillante comme la lumière des nuits célestes.

Alessina était assise par terre et regardait Bardolf qui marchait de long en large dans l’étroit couloir. La maoisienne voulut lui dire de se calmer, mais cela n’aurait servi à rien. Tout comme elle, il était soucieux, même s’il paraissait en colère. Ce qu’il voulait, c’était protéger Emrys et rien d’autre. Il n’y avait aucun bruit mis à part celui des pas du loup-garou. La dalle d’entrée de la salle était complètement isolante. A un moment donné, Bardolf s’arrêta, entendant un petit grondement. Ikhlas avait passé sa tête dans le tunnel et regardait ses deux amis.
- Ne t’inquiète pas pour nous, déclara le loup-garou. Monte la garde à l’extérieur.
L’animal ressortit sans rien dire. Bardolf ne savait pas s’il l’avait compris, mais peu importe. Il était déjà assez préoccupé. Il ne pouvait rien faire, mis à part espérer que son ami survive.

Emrys allait abattre son sabrolaser sur le gardien, quand celui-ci laissa tomber son arme fendue et tendit la main gauche en direction du magicien.
- Satis, cria l’homme de blanc.
Après ces mots, Emrys n’arrivait pas à bouger pour tuer une fois pour toutes son ennemi. Il lutta pour reprendre le contrôle de son arme, mais en vain. Il la lâcha et à sa grande surprise, celle-ci resta comme figée en l’air. Emrys ne comprenait plus rien.
- Pourquoi ? Demanda-t-il. Pourquoi ne pas avoir fait ça depuis le début ? Nu’halvor ?
Le gardien abaissa son bras et le sabre d’Emrys tomba sur le sol. Le jeune homme le remarqua, mais ne bougea pas. Il attendait une réponse et même s’il la reprenait pour le menacer, il serait stoppé à nouveau.
- L’ange gardien Halvor n’est pas encore ici, déclara le gardien. Moi, tu me connais très bien.
Il abaissa son capuchon blanc, dévoilant ainsi son visage au jeune homme. Surprise et stupéfaction, furent les expressions que l’on pouvait lire dans le regard d’Emrys. En effet, l’homme qui se trouvait devant lui, n’était rien d’autre que lui-même, son propre reflet. Son double lui lança un petit sourire.
- Je suis Emrys Bachar, continua l’homme en blanc. Et tu m’as vaincu, fils d’Harriet.
- Je ne comprends pas.
- Ce n’est pas à moi de t’expliquer. Nu’halvor la fera. Je dois m’en aller, maintenant. Emrys Bachar est mort pour toujours.
L’homme se transforma en flot de lumière blanche avant de disparaître. L’instant d’après une grande porte de pierre s’ouvrit lentement. Emrys resta sur le coup de la surprise. Il regarda l’ouverture, mais il pensait toujours au combat qu’il avait mené jusqu’à maintenant, contre lui-même ? Il en avait peine à croire. Il eut un bruit sourd, lorsque la porte s’arrêta de monter. Alors, quelqu’un apparut par celle-là. Il portait une longue tunique blanche aux reflets dorés et tout comme le gardien, un capuchon recouvrait sa tête. Deux longues ailes brillantes comme le soleil, dépassaient de son dos. Emrys ne pouvait voir son visage, caché sous la capuche. Le magicien le reconnut. C’était Nu’halvor. Celui-ci s’approcha de lui et s’arrêta à sa hauteur.
- Félicitation, Emrys Harriet, déclara-t-il. Je suis heureux de t’accueillir ici, afin que tu accomplisses le destin qui t’était dû.
- Je suis très honoré, Nu’halvor. Malheureusement, je n’ai très pas bien compris ce qui s’est passé. Cet homme ? C’était moi ?
- C’était l’homme dont tu étais depuis vingt-deux ans, Emrys, mais c’est moi qui l’ai incarné.
- Pour quelle raison ?
- Le jour de ton anniversaire, tu as subi un grand choc. Lorsque Gereon, que tu croyais être ton père, t’a révélé la vérité. Une vérité dont tu n’as pas vraiment voulu accepter. Tout ce que tu as fait jusqu’à maintenant, tu l’as fait pour Gereon, car c’est lui qui t’a confié cette quête, même si elle venait de ton vrai père. C’est Emrys Bachar qui est parti de chez lui, qui a tout quitté, et qui a traversé durant tous ces jours, les périples de Silaurs, non, Emrys Harriet. Tu désirais accomplir ta mission et revenir en Sophus quand tout serait fini. Tu n’as pas voulu accepter ton véritable nom. C’est pour cela que j’ai fait ce combat contre toi. Seule la conviction que tu étais un Harriet, avait le pouvoir de faire revivre le sabre de ta famille. Tu devais oublier Emrys Bachar et tu l’as fait. Maintenant, tu es un autre homme qui commence une nouvelle vie.
- Je dois oublier tout ce que j’ai fait et connu en vingt-deux ans ?
- Non, Emrys. Tu dois oublier que tu étais un fermier, sujet d’un roi, labourant la terre pour vivre. Tu es un roi et en tant que roi, tu as des devoirs envers ton peuple et Silaurs. C’est de cela que je voulais que tu prennes conscience, Emrys. Maintenant, tu l’as fait. Tu as tué Emrys Bachar de ta mémoire pour toujours. Je suis sûr que tu retrouveras les pierres de Verum et je n’ai plus aucune raison d’intervenir. Tu as le cœur pur. Les obstacles seront nombreux, mais tu les affronteras.
- Je réussirai ?
- Tu es le seul espoir de Silaurs, Emrys. Je veillerai sur toi, car je suis un ange gardien, mais la route, tu devras la faire seul avec tes amis. Rien n'est écrit à l’avance. Chacun prend la plume de son destin. Mais si tu as besoin d’aide, ce sera dans les traces du passé que tu trouveras des réponses…
- Car c’est en prenant compte des erreurs passées que l’on peut arranger le futur.
- Exactement. Tu sais tout ce que tu devais savoir. Je vais m’en aller. La pierre de l’équilibre se trouve au fond de ce couloir. Empare-toi d’elle. Tes amis t’attendent derrière l’entrée de la salle. La dalle s’ouvrira lorsque tu sortiras du couloir de la pierre.
- Juste une dernière question ! Si je suis le seul à pouvoir prendre les pierres de Verum, comment se fait-il que Gereon l’ait pu ?
- Il voulait une pierre pour te faire prendre la route. Je l’ai laissé faire sans intervenir. Au revoir Emrys Harriet.
La seconde d’après, Nu’halvor devint une grande lumière blanche qui disparut vers le ciel. Tout ce qu’il avait dit à Emrys était vrai. Le jeune homme était heureux de l’avoir rencontré. Il emprunta le couloir et vit enfin Temperiato. Celle-ci tournait lentement sur elle-même, à environ cinq centimètre au dessus d’un piédestal octogonal en pierre grise. Elle était belle et brillait d’un violet intense. La petite colonne sur laquelle elle reposait, était gravé de symboles étranges. Emrys ne comprenait pas les mots écrits, mais il remarqua que le signe gravé sur le coté du socle, face à lui, qui ressemblait à un T, brillait de la même couleur que Temperiato, ainsi que les inscriptions au-dessous.
Sur la partie plate du piédestal étaient gravés huit symbole et sous ceux-ci, il y avait également des inscriptions. Emrys les regarda de plus près.
C’est sûrement la langue maternelle de Nu’halvor, pensa-t-il.
Le jeune homme remarqua que l’un des huit signes était le même que celui gravé dans Mens et un autre, face à lui et scintillant d’une teinte violet se trouvait être identique à celui qui est inscrit dans Temperiato.
Le magicien prit alors la pierre qui flottait toujours et la fixa à sa chaînette, autour de son cou. Puis, il fit marche-arrière. Arrivé à nouveau dans la salle, la porte se referma derrière lui. Il reprit son sabre et son kurep-junoyai. Mens scintillait de toutes ses forces au sommet du bâton, ainsi que Tempetiato, comme si elles discutaient ensemble, une sorte de retrouvailles surnaturelles après vingt-deux ans de séparation.
Quand la porte de la pierre fut entièrement fermée, celle de la sortie s’ouvrit lentement. Les pierres cessèrent leur scintillement. Emrys remarqua que Nu’halvor avait oublié son épée, en partant. Il s’empara des deux morceaux, puis il s’avança vers la sortie où la dalle continuait à monter.

Bardolf marchait toujours de long en large lorsque la porte s’ouvrit. Il prit en main son sabrolaser et se tint prêt à combattre. Alessina se leva brusquement, ses deux lames en main.
- Tiens-toi prête, chuchota le loup-garou à son amie.
La maoisienne acquiesça de la tête. L’ouverture était maintenant assez grande pour les laisser passer. Ils commencèrent à s’élancer, lorsque Emrys sortit. Ils baissèrent leurs armes, soulagés de voir leur ami en vie.
- Est-ce que ça va ? Demanda Bardolf pour être totalement rassuré.
- Oui Bardolf, répondit Emrys, lui montrant la pierre violette. Tout va bien.
- Que s’est-il passé ? S’interrogea Alessina.
- J’ai fait connaissance avec Nu’halvor. Je crois que je vais devoir lui rendre son épée en arrivant en Laux.
- Oui, mais on n’y est pas encore, intervient le loup-garou.
- Mais rien ne presse, Bardolf. (Il resta silencieux un instant.) Je crois que nous n’avons plus rien à faire ici. Allons ! En avant !
Bardolf sourit à l’idée de revoir son pays et Alessina avait l’air excité de découvrir un autre royaume. Ils sortirent de la grotte où Ikhlas les attendait. Au dehors, la pluie avait cessé, laissant la place au soleil radieux du printemps.

Un jour plus tard, 45ème jour de printemps ils arrivèrent au sommet des gorges de la Tahir. Devant eux, en contre-bas s’étendait le "Le Désert des Hauts Monts", longue plaine de sables dorés. Au fond des gorges, les voyageurs pouvaient distinguer des arbres pleins de vie, s’abreuvant de l’eau du fleuve. Ils s’arrêtèrent, regardant la vue qui s’offrait à eux.
- Kamîl, déclara joyeusement Bardolf. Pays du verre et des déserts arides. Nous allons prendre la route à l’intérieur des gorges. Ce sera plus sûr que le désert.
Emrys se retourna, regarda le drocknite auquel il s’était attaché durant son voyage.
- Merci pour ton aide Ikhlas, déclara-t-il à l’animal. Malheureusement, tu ne pourras pas nous suivre. Tu comprends. (La bête grogna.) Les gens se poseront des questions sur nous, et ta vie est ici. Va maintenant, mon brave.
Le drocknite étouffa tristement quelques bruits, mais il se détourna et repartit vers les monts d’Hario. Une larme coula sur la joue du jeune homme, mais c’était mieux comme ça.
- Ça va ? Demanda Alessina, voyant la triste mine de son ami.
- Oui, répondit le magicien. J’ai juste l’impression que je ne le reverrai jamais.
- Peut-être le retrouveras-tu ?
- Je l’espère, Alessina. (Il regarda l’animal jusqu’à ce qu’il disparut de sa vue.) Bardolf ! Montre-nous le chemin.
- Très bien suivez-moi.
Les trois amis descendirent le long des gorges. Ils étaient tous heureux à l’idée de revoir la civilisation. Leur quête avait bien débuté, mais il leur restait encore un long chemin à parcourir. Un chemin qu’ils feront ensemble jusqu’au bout.