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Par Emrys Harriet



Chapitre X La détentrice de Peleo

Emrys trouva le premier signe sur un arbre en bordure de la vieille route. Il dut écarter quelques branches pour bien le voir.
- Voilà, dit-il. Direction Est-Nord-Est. Allons-y.
- J’ai juste une petite question avant de s’enfoncer dans cette jungle marécageuse.
- Pose-la, Bardolf.
- Est-ce l’on devra garder cette direction jusqu’au prochain symbole ?
- Je pense que oui, mais je suis sûr que Klaudei nous aidera jusqu’à ce que l’on trouve le sabre.
- Si tu le dis, déclara le loup-garou sur un ton pas particulièrement enthousiaste.
- Tu n’as pas l’air convaincu, remarqua Emrys.
- Ce n’est pas ça, mais je ne désire point rester coincé dans ces marais et puis comme guide, je dirais qu’il y a nettement mieux.
- Ne t’inquiète pas. Mens nous aidera également, si ça peut te rassurer.
- Je préfère effectivement compter sur cette pierre que sur ce vieux maoisien.
- Même s’il t’a aidé à sortir du sommeil.
- Tu n’étais pas avec moi. Tu ne peux pas juger s’il m’a vraiment aidé. Il m’a fait une peur bleue avec ses yeux et en plus j’ai bien cru que j’allais y rester.
- Moi aussi il m’a fait peur la première fois que je l’ai vu sur le rocher, avec ses yeux brillant et son aura blanche. Allez ! Viens ! Le principal, c’est que nous savons où trouver le sabrolaser.
- Ça, je n’en suis pas si sûr.
Ils s’enfoncèrent dans la direction indiquée. Ils ne risqueraient pas de rencontrer quelqu’un, car cette région des marais est redoutée des voyageurs. Après un moment, ils durent employer la force pour pouvoir continuer leur route. A coups de sabre, Bardolf leur fraya un chemin parmi la végétation danse de cette jungle. Des insectes de toutes sortes tournaient autour d’eux, des mouches cherchant leur sueur, aux moustiques suceurs de sang.
- Rappelle-moi de t’offrir un ceinturon, si nous sortons vivant de cet endroit, déclara Bardolf secouant les bras pour faire fuir les petites bêtes.
- Le plus difficile sera de trouver un lieu pour dormir.
- Plus au Nord, il doit y avoir moins d’arbres, mais plus de marécages. Peut-être y trouverons-nous un emplacement plus ou moins adapté.
- Espérons-le. Mais il ne faudra pas dévier de notre trajectoire, conclut Emrys.
Bardolf avait raison, car après avoir trouvé plusieurs autres symboles et pris, pour finir, la direction du nord, ils débouchèrent dans de vastes marécages. Ces grands lieux sont formés par la Tahir qui s’élargit dans cette région. Elle en ressort plus grande, chargée de plusieurs affluents, comme la Jöranie, la Finlay et le Ward. Puis elle plonge dans les gorges de Kamîl pour déboucher, en fin de compte, dans l’océan.
Ils avancèrent péniblement dans l’eau et la boue. Ils en avaient jusqu’au genoux et par endroit, même jusqu’aux hanches. De cette manière leur marche était ralentie. A un moment donné, il n’y avait plus rien que de l’eau devant eux, verte et sale, et des arbres isolés y émergeaient, montrant leurs grosses racines noueuses. A un endroit découvert, Bardolf aperçut des montagnes à l’Ouest, puis il s’arrêta.
- Que se passe-t-il ? Demanda Emrys.
- Il nous faut trouver un abri pour cette nuit. On ne peut pas continuer dans des conditions pareilles. J’aurai voulu grimper dans un arbre, mais avec mon bras, c’est impossible.
- Je suis d’accord avec toi. Mais où irions-nous, Bardolf ? Nous ne pouvons pas perdre la seule trace que nous possédons.
- Regarde là-bas. (Il montra les montagnes et Emrys regarda dans la direction indiquée.) Le sabre se trouve au bord d’une falaise, non ? C’est toi qui me l’as dit.
- Oui, c’est vrai, mais il se pourrait que…
- Demande à Mens, l’interrompit le loup-garou.
- Je ne comprends pas tous ses pouvoirs, Bardolf.
- Laisse-la te guider. Je suis sûr que ça va marcher.
Alors Emrys se concentra. Il ferma les yeux et baisa la tête. Bardolf ignorait ce qui se passait et le magicien également. Mais une chose était sûre, c’était qu’une force étrange les attirait vers ces montagnes. Emrys ne comprenait rien, mais cette chose qui les attirait, n’était pas en rapport avec Mens.
- Allons-y, finit par dire le jeune homme. Je n’aime pas cet endroit.
Ils changèrent donc de direction, prenant le chemin de l’Ouest. Le marécage fut gigantesque et ils ne réussirent pas à en sortir avant le coucher du soleil, mais ils ne se reposèrent qu’un court instant, car dans cette étendue de boue, il n’y avait guère d’endroit où dormir.
La nuit devint vite noire. Ils ne voulurent pas allumer la moindre torche, mais après la chute de Bardolf dans les eaux du marais, ils se risquèrent à faire du feu. Ils coupèrent chacun une branche et Emrys les alluma de ses mains. Ils marchèrent encore longtemps avant de retrouver un sol sec, mais une fois qu’ils sortirent du marécage, ils furent tous deux d’accord pour dormir.
Leurs vêtements étaient sales, surtout ceux de Bardolf, mais qu’importe, ils durent faire avec. Pour l’instant, ils n’avaient aucun moyen de les laver de toute manière. Ils dormirent ainsi, après avoir éteint les torches. Ils ne firent pas de feu. Cela n’aurait servi à rien, car ils n’auraient pas trouvé de bois secs dans les parages. Bardolf était mort de fatigue et il s’endormit très vite, mais Emrys eut un sommeil agité. Il avait l’impression qu’on l’observait, même déjà avant, quand ils se trouvaient dans les eaux du marécage. Il n’aimait guère l’idée d’être suivie, mais après tout, Nigel les pourchassait toujours et il devait avoir des espions un peu partout dans la région.
Le lendemain matin, ce fut Emrys qui réveilla Bardolf, peut-être pour la première fois jusqu’à maintenant. Il ne dit rien à son ami sur son impression d’être épié. La journée se passa mieux que la précédente, quelques insectes toutefois, mais plus de boue et ni d’eau. Par contre, la végétation fut plus danse que celle du marécage. Durant tout le trajet, Emrys se retourna plusieurs fois, regardant les arbres, mais à chaque fois il n’aperçut rien que des feuilles et des branches, qui bougeaient dans le vent. Ils marchèrent toute la journée, faisant quelques pauses intermittentes. Le soir, ils firent un feu, mais ne se couchèrent pas avant un bon moment. Ils regardèrent leur provision et le reste de leurs affaires.
- Tu crois qu’on aura pour combien de temps ? Demanda Emrys
- Jusqu’aux montagnes ? Un à deux meah maximums, répondit Bardolf. Pourquoi ?
- J’ai juste hâte de sortir de ce marais. Je trouve aussi bizarre que l’on n'ait pas rencontré de drocknites en deux jours.
- C’est normal. Personne n’ose s’aventurer dans cette partie de Peleo, même pas les animaux.
- Je trouve cela étrange. Quelque chose les effraie ?
- Peut-être ? De vieilles légendes ?
- Sûrement des arachtophones, déclara Emrys, se souvenant de son rêve sur le sabrolaser de Joost.
- Ces monstres qui ressemblent à des araignées. Il n’y en a plus depuis des siècles.
- Tu as sans doute raison, Bardolf.
- S’il y en avait encore une, on l’aurait déjà croisé. On raconte qu’elles sentent une onde dans l’eau à des ceazii. En plus, nous n’avons vu aucune toile en travers de notre chemin. (Il se coucha.) Dormons maintenant. Il nous faudra nous lever tôt. Demain nous sortirons de Peleo, pour entrer dans les monts d’Hario. Là-bas les drocknite serons plus nombreux. Il faudra être prudent.
Emrys se coucha également et dormit, comme son ami. Habité ou pas, quelque chose les avait bien suivis en Peleo, et cette créature quelconque était toujours là. Le jeune magicien sentait qu’elle les observait, qu’elle attendait, mais quoi ? Il ne le savait pas, mais agir contre elle maintenant, ne servirait à rien. Mieux valait attendre.
Bardolf réveilla Emrys tôt, car il faisait encore noir. Ils se chargèrent de leurs affaires et recouvrirent le foyer avant de partir. Ils marchèrent environ deux heures, avant que le soleil ne pointe à l’horizon et durant le reste de la matinée, ils ne virent que des arbres et de l’herbe. Ils passèrent à côté de quelques gouilles et mares isolées. En début d’après-midi, après un bon repas, Bardolf s’arrêta net et se courba à terre. Il mit les mains dans l’herbe et les ramena vers son nez afin de les sentir.
- Quelque chose ne va pas ? Demanda Emrys.
- Du sang ! Répondit Bardolf. Il y a dû avoir… Tu as entendu ?
- Quoi ?
- Ecoute !
Emrys se tut et il entendit, après un court instant, des branches craquer, puis plus rien. Ils tournèrent lentement la tête en direction du bruit. Ils ne remarquèrent rien tout de suite, mais en levant un peu le regard, ils aperçurent une grande silhouette. Ils ne se posèrent pas la moindre question. C’était un drocknite qui les observait à travers les buissons.
- Cours ! Cria Bardolf.
Ils filèrent à toutes jambes l’un à côté de l’autre. Derrière eux, l’énorme bête brisa sa cachette, en un grand fracas de branches. Puis il s’élança à la poursuite de ses deux proies. Etant très vigoureux, il rattrapa très vite Emrys et Bardolf. Après deux minutes de course folle, le loup-garou eut de la peine à tenir la cadence et il fallut peut de temps au drocknite pour le rattraper. Entendant les hurlements de l’animal, Emrys se retourna. Il aperçut alors, la bête devant un arbre et son ami de l’autre côté qui essayait de l’éviter. Le jeune homme fut fâché devant cette vision.
- Hé ! Cria-t-il à l’animal. Hé ! (Le drocknite tourna la tête.) Oui, c’est à toi que je parle. Mesure-toi à quelqu’un de ta taille.
La bête laissa Bardolf et poursuivit Emrys. Le jeune homme ne courut pas longtemps, car de toute manière, il ne pourrait pas battre ce monstre à la course. Il s’arrêta donc et se retourna, le temps qu’il puisse bien voir son adversaire. Puis, il ferma un instant les yeux.
Allez Mens. Montre-moi tes grands pouvoirs.
Bardolf avait peur de ce qui se passait. Pour lui, Emrys était sans défense, face à un énorme danger. Celui-ci cria le nom de son ami, mais sans succès. Le magicien ne bougea pas d’un centimètre. L’animal était de plus en plus proche, quand par surprise, la pierre de l’esprit se mit à scintiller. Des rayons lumineux en sortirent tournoyant autour du kurep-junoyai, puis d’Emrys. Ensuite, le jeune homme rouvrit les yeux. Ils étaient blancs et ils brillaient. Le loup-garou détourna le regard, car son ami lui rappela la première apparition de Klaudei, lorsqu’il s’était retrouvé dans le coma.
Le jeune magicien fixa le regard du drocknite et d’un seul coup, deux trais blanc frappèrent les yeux de la bête sauvage et celle-ci s’arrêta. Bardolf observa à nouveau la scène et ne sut que dire. Après quelques instants, une multitude de rayons blancs tournèrent autour du drocknite et d’Emrys. Le jeune homme avait les cheveux qui flottaient dans un vent inexistant. Puis, tenant fortement son bâton dans la main gauche, il déclara quelque chose dans une langue incompréhensible.
Après ces phrases, le drocknite se coucha dans l’herbe et les rayons lumineux disparurent comme des particules de poussières blanches. Les yeux d’Emrys redevinrent normaux et il les cligna quelques instants. Bardolf s’approcha lentement de son ami. Il avait le sabre à la main, mais sa lame traînait par terre. Il se plaça à gauche du magicien.
- Que s’est-il passé ? Demanda-t-il. Qu’est-ce que tu lui as dit ? Je n’ai rien compris.
- Ce n’est pas moi qui ai parlé, Bardolf, mais Mens. Je l’ai comprise.
- Tu comprends ce langage, Emrys ?
- Je comprends ce que me transmet Mens. Comment ? Je ne le sais pas, mais nous sommes liés.
- Je ne vois pas ce que tu veux dire, mais ce n’est pas grave. On s’en est sorti, c’est le principal. Que fait-on maintenant ? On ne peut pas laisser cet animal ici. Il nous retrouvera.
- Mens lui a dit que nous ne lui voulions aucun mal et qu’il n’avait rien à craindre de nous.
- Cela ne changera pas son instinct sauvage.
- C’est vrai. Tu as sûrement raison, Bardolf. (Il réfléchit un moment, ayant l’air de rêver.) Donne-moi ton sabre.
- Tu ne veux quand même pas le tuer.
- Fais ce que je te dis, s’il te plaît. (Son ami s’exécuta et lui tendit son arme. Emrys la prit par le manche, puis la leva vers le ciel et regarda les arbres devant lui.) Montre-toi, espion. Descend à terre, si tu l’oses.
Ils ne virent rien pendant un moment et Bardolf ne comprit pas la réaction du jeune homme. Il n’avait pourtant rien remarqué de suspect, lui, un loup-garou. Puis des bruits de feuilles et de branches se firent entendre. L’instant d’après, une maoisienne apparut devant eux. Elle était jeune, les cheveux longs, noirs, attachés, passant sur son devant. Elle portait un pantalon bleu-marine et une blouse brune dont les manches avaient été coupées. Son pelage était brun foncé La jeune maoisienne s’avança, mais resta très distante. Elle tenait deux lames d’un vert brillant dans chaque mains et ses bras étaient tendus, se préparant à attaquer.
- Tu peux dire à Nigel qu’aucune de ses machinations nous fera reculer, continua Emrys.
- Je ne connais personne ayant un nom aussi ridicule que celui-ci, étranger, répondit la maoisienne d’un ton menaçant. Quoi que te veuille cet homme, ce n’est pas pour cette raison que je vous ai suivis.
- Alors, peut-on savoir laquelle ? Demanda sèchement Bardolf, n’aimant guère le ton que prenait la nouvelle venue.
- Vous avez pénétré dans les marécages de Peleo et il se trouve que cette partie du marais, jusqu’aux monts d’Hario est en ma possession.
- En votre possession ! S’exclama le loup-garou. Mais les forêts, les marais et les montagnes ne sont à personne.
- Quoi que vous en pensiez, la plus grande partie du marais est à moi, continua l’étrangère. Et j’ai droit de vie ou de mort sur tous ceux qui y pénètrent sans mon autorisation.
- Nous ignorions que ce marais vous appartenait, madame, déclara Emrys, en faisant, de la main, signe à Bardolf de se taire. Nous ne cherchions pas à vous offenser. Nous voulions atteindre Hario le plus rapidement possible.
- Cela m’est égal, répondit la maoisienne. Je ne désirai que vous suivre, mais vous m’avez contré à venir vers vous. Il faudra en subir les conséquences.
- Que comptez-vous faire ? Demanda Bardolf sur un ton d’impatience, car il trouvait que cela leur faisait perdre du temps. Vous allez nous tuer ?
- Non. Je ne suis pas une barbare, mais pour pouvoir rester en vie, il vous faudra passer une épreuve.
- Je suis d’accord d’affronter tes épreuves, maîtresse de Peleo, répondit Emrys. Mais épargnez-les à mon serviteur. Il a combattu bravement pour me sauver d’une attaque et maintenant son bras mérite repos.
- Soit étranger, déclara la maoisienne. Tu tiens entre tes mains, ta vie et celle de ton serviteur. Si tu échoues, il te suivra dans l’autre monde.
- Bien. Qu’attends-tu de moi, femme.
- Approche étranger, demanda l’autre, toujours menaçante avec ses armes. Vers la gauche, maintenant.
Emrys lui obéit jusqu’au moment où elle lui ordonna de s’arrêter.
- Maintenant la règle est simple, continua la maoisenne. Je vais lancer sur toi ces deux poignards, en même temps. A l’aide de ton sabre uniquement, tu devras les éviter. Interdiction de bouger le corps, seulement les bras. Tu es toujours d’accord, étranger ?
Bardolf voulu protester, mais, voyant le regard que son ami lui lançait, il se ravisa.
- J’accepte tes conditions, répondit le jeune homme.
- Très bien. L’épreuve sera réussite, si tu évites les deux coups. Si tu te blesse, tu auras perdu. Et si tu meurs, la question sera réglée d’elle-même et ton serviteur te suivra dans l’autre monde.
Bardolf foudroya la femme du regard. Le drocknite, toujours couché, tourna la tête et grogna sur l’étrangère. Emrys le fit taire d’un mouvement de bras. L’animal se tut, puis plaça sa tête entre ses pattes avant.
- Es-tu prêt ? Demanda la maoisienne.
- Oui, déclara le jeune homme tenant l’épée de son ami, devant lui.
La jeune femme ne lança pas tout de suite ses deux armes. Elle regarda d’abord son adversaire. Celui-ci paraissait coupé en deux parties égales, par la lame bleue du sabre qu’il avait en main. Emrys resta droit, regardant la maoisienne dans les yeux.
Je ne sais pas comment tu as fait pour repousser ce drocknite, étranger, pensa-t-elle. Mais je suis curieuse de voir comment tu éviteras mes attaques.
La grande bête se remit à grogner de plus belle. Bardolf comprit que l’animal voulait protéger Emrys. Pour quelle raison ? Cela, le loup-garou l’ignorait mais il s’approcha de lui et commença à le caresser avec son bras valide.
- Doucement, souffla-t-il au drocknite. Il va réussir, tu verras.
Bardolf comprit que ses paroles n’avait eu aucun effet. L’animal continua ses grognements et se dressa même sur ses pattes avants. Emrys le regarda et il arrêta tout bruit, tout en restant dans la position où il était. La maoisienne profita de ce moment d’inattention pour lancer ses deux armes.
Entendant le sifflement qu’elles émirent sur leur trajectoire, le jeune homme tourna son regard sur les projectiles. Les lames arrivèrent sur lui à une allure fracassante. Il se concentra de toutes ses forces et alors arriva une chose dont il ne s’y attendait pas. En une fraction de seconde, il entre-vit un être, le même que celui qu’il avait vu lors de son rêve de Temperatio quelques jours auparavant. Puis il entendit une voix inconnue :
- Affronte ton destin, élu de Silaurs. Viens jusqu’à moi.
Alors la vision disparut. En face de lui, les armes de la maoisienne s’avançaient toujours, mais lentement, comme si le temps allait être suspendu. Il pouvait remarquer tous les détails de l’attaque. Des détails qu’il n’aurait jamais pu distinguer en temps normal. Il y avait un léger décalage des lames. L’une avait été lancée avant l’autre. Il plaça son sabre de façon à atteindre la première lame qui lui arrivait au niveau de la taille. Une fois qu’il y eut l’impact et que l’arme dévia de sa trajectoire, il leva le sabre pour intercepter l’autre qui arrivait vers son visage. Quand ce fut fait, le temps se remit à la seconde. Les lames de l’étrangère reprirent leur vitesse et s’écrasèrent au sol. La maoisienne avait l’air estomaqué de cet exploit.
- Je n’ai jamais vu quelqu’un agir aussi vite, déclara-t-elle.
Bardolf était tout aussi étonné. Apparemment, pour eux la scène a dû prendre deux secondes, mais pour Emrys cela avait duré une minute au moins. Le loup-garou reprit très vite un air normal. Il venait de découvrir la supercherie dans laquelle la maoisienne les avait mis. Le marais m’appartenait à personne et Bardolf en avait été persuadé dès le départ. Pour lui, la maîtresse de ces lieux, n’était rien d’autre qu’une bannie, voulant jouirent d’un avoir fictif sur quelque chose, car elle ne possédait plus rien. Emrys avait aussi compris, mais il était pris de pitié pour cette jeune maoisienne qui ne devait pas dépasser l’age de son ami. Pour le jeune homme, elle ne devait pas savoir quoi faire, mise à part errer sans cesse dans cette nature hostile.
Il se rappela son enfance. Emrys avait quinze ans à l’époque. Il était tombé amoureux de Lee, une elfe, qui était demeuré une année en Sophus. Il l’aimait, mais elle n’en voulait rien savoir et elle repartit en Laux sans lui dire au revoir. Emrys n’a jamais su pourquoi et ne le saura sans doute jamais. Ce jour-là, alors qu’il avait fondu en larmes, Gereon lui avait dit :
- Chaque être vivant a droit à une chance, Emrys. Mais malgré que l’on dise que les elfes sont les être les plus sages, elle, elle n’a pas compris cela.
Entendant à nouveau ces paroles résonner dans sa tête, il se dit qu’il était obligé de faire quelque chose pour cette maoisienne, de lui donner une chance, quoiqu’elle ait pu faire dans le passé. Il regarda alors son ami.
- Venez votre majesté, déclara Bardolf après avoir compris le regard d’Emrys. La route est encore longue pour parvenir jusqu’au sabre de votre ancêtre.
La maoisienne laissa échapper des yeux interrogateurs.
- Tu as raison Bardolf, répondit Emrys en insistant sur les mots car l’étrangère hésitait encore. Nous devons nous presser, si je veux avoir une chance de repousser les foscioums de mon royaume. (Il se tourna vers la maoisienne.) Au revoir, détentrice de Peleo.
A ces derniers mots, celle-ci craqua. Elle se mit à terre et se prosterna devant Emrys.
- Pardonnez-moi, mon seigneur, dit-elle d’une voix tremblante, comme si elle avait peur de perdre tout ce qu’elle possédait pour avoir provoqué un roi en duel.
- De quoi étrangère ? Demanda le jeune homme. Tu défends tes biens et je ne peux te le reprocher.
- Je ne possède rien, seigneur. Pour me pardonner, je vous suivrai, si vous m’en donnez l’ordre.
- Je n’ai aucun ordre à te donner. Tu peux faire ce que bon te semblera.
- Vous me laissez décider ?
- Bien sûr, intervint Bardolf. Mais il faut nous hâter.
- Relève-toi, fit Emrys à la maoisienne qui obéit. Et maintenant prends le chemin que tu crois être bon pour toi.
- Je vous suis, seigneur, déclara-t-elle remisant, d’un geste vit, ses lames à sa ceinture. Je vous aiderai dans votre voyage. Ici, je ne serre à rien.
- Très bien allons-y.
- Attends Emrys, fit Bardolf. Tu oublies le drocknite. Qu’est-ce qu’on va en faire ?
Le jeune n’avait plus pensé à l’animal depuis le défi de tout à l’heure. La bête n’avait pas bougé et se reposait dans l’herbe, mais quand elle vit que les trois personnes s’agitaient, elle commença à paniquer et à se remuer, tournant la tête en tous sens.
- Je vais lui parler, dit Emrys à son ami, en lui rendant son sabrolaser.
Le magicien s’approcha du drocknite et lui chuchota à l’oreille. Bardolf n’était pas très rassuré de voir cela et la maoisenne les regarda d’un air curieux. Après un moment, l’animal se coucha à terre et le jeune homme monta sur son dos, toujours bâton en main.
- Il ne veut pas repartir, continua Emrys. Il a décidé de nous aider. Il ne courera pas, mais cela nous permettra de nous reposer.
Bardolf grimpa derrière son ami, mais la maoisienne les regarda, sceptique, tout en s’approchant.
- Je préfère marcher à vos côtés, déclara-t-elle.
- Très bien…, commença Emrys.
- Alessina, seigneur Emrys.
- Ne me surnomme plus, seigneur, Alessina. Tu as décidé de nous suivre. Il y aura quelques règles à respecter. Je te les expliquerai en cours de route.
Le drocknite se leva sur ses quatre pattes. Puis ils prirent la direction des montagnes. Emrys comprenait la décision de leur nouvelle compagne de voyage. Elle avait dû se battre contre de nombreuses bêtes féroces depuis qu’elle était bannie. Ils avancèrent lentement, mais sans problème, car les autres animaux n’osèrent pas s’approcher de leur monture. Durant le trajet, le jeune magicien, expliqua différentes choses à Alessina, sur son nom et leur mission. La journée passa très rapidement. Ils s’arrêtèrent le soir, dans une grande clairière que la maoisienne leur avait indiquée. Ils y firent un feu en plein milieu et préparèrent leurs affaires pour la nuit. Le drocknite alla se coucher au pied d’un arbre. Les trois compagnons se trouvèrent auprès du foyer. Bardolf examina si ses bandages étaient bien serrés. Emrys rangea son kurep-junoyai et plaça Mens autour de son cou. Alessina avait pris une branche d’arbre très droite et commença à la tailler.
- Quel est ton nom ? Demanda Emrys.
- Je te l’ai déjà dit, répondit la maoisienne.
- Je veux dire ton nom de famille.
Alessina baissa la tête. Une larme coula le long de sa joue. Puis elle releva la tête, essuyant ses yeux avec ses mains.
- Je n’ai pas de nom de famille, déclara-t-elle. Je devrais plutôt dire que je n’en ai plus depuis que j’ai été bannie.
- Pourtant le vieux Klaudei l’a toujours ? S’interrogea le jeune homme.
- Ce n’est pas la même chose, répondit Alessina. La sentence n’a pas été la même. Elle fut plus sévère pour moi.
- Qu’as-tu fait ?
- Je grimpais aux arbres.
Bardolf, qui n’avait écouté la discussion que d’une oreille, releva la tête, tellement il était surpris de la réponse qu’il venait d’entendre.
- C’est interdit en Maoise, continua Alessina. Pour le gouvernement, grimper aux arbres, c’est régresser dans l’évolution de notre race. C’est une chose stupide et je n’ai pas voulu en tenir compte. Malheureusement à l’age adulte, ce qui veut dire à quinze ans, ils m’ont bannie. Ça fait six ans que je suis ici, dans ce marais pourri. (Elle prit son autre lame et la fixa à la branche avec une fine corde.) Je suis désolé pour l’accueil que je vous ai fait tout à l’heure, mais j’ai appris à haïr la civilisation.
- Ce n’est rien, fit Emrys. Je comprends ta réaction.
- Ce n’est pas pour paraître désagréable, déclara Bardolf qui était apparemment énervé de ne pas pouvoir utiliser son bras. Mais je crois qu’il serait temps de nous coucher. Il se fait tard. Si vous ne voulez pas dormir, ne faites pas de bruits. Je suis épuisé.
Il se coucha, tournant le dos à ses amis, et il ne dit plus rien. La maoisienne finit sa lance.
- C’est un grand soldat, lui expliqua Emrys, après un moment. Il ne supporte pas de ne pas pouvoir se défendre seul et défendre les autres.
Après ces mots, ils s’endormirent à leur tour, alors que le feu ne donnait plus aucune flamme. Lorsqu’il n’y eut plus aucun bruit. Alessina se leva et partit en direction de la forêt avec toutes ses affaires, ce qui voulait dire, ses armes.