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Par Kiara Jinn



Chercheur biologiste, je suis prisonnière depuis 8 ans, sur un laboratoire itinérant qui oeuvre pour les Sith, sous une couverture des plus respectables.
Qui-Gon et Obi-Wan se rendent sur ce laboratoire, pour une enquête de routine, à la demande du Sénat.

Cela se situe environs 18 mois avant "La menace fantôme".
Qui-Gon : 57 ans
Obi-Wan : 24 ans
Kiara : 34 ans
Nadert (Directeur du Laboratoire : 35 ans.



I

Le Maître Jedi observa un moment la lourde porte blindée par laquelle le droïde était parti, avec une certaine presse, lui semblait-il. Attentif à tout ce qui se passait autour de lui, même à ce que le commun des mortels ne pouvait saisir, il ressentait une atmosphère pesante. Il regarda son élève. Son port était un peu raide, témoin de son anxiété sous jacente, ses yeux allaient et venaient, observant tout ce qui se passait autour de lui. Les deux hommes ne parlaient pas. Obi-Wan ressentait une impression bizarre, comme si une bouffée d’air froid s’était insinuée en lui. Il percevait également un déséquilibre dans la Force et regardait son Maître à la dérobée. Près de lui, le visage impassible, Qui Gon ne bougeait pas. Il était d’un calme qui, pour qui ne le connaissait pas, confinait à latonie. Pas un muscle de son visage ne bougeait. On eut dit une statue. Mais le jeune Jedi savait que tous les sens de son Maître étaient en alerte. Finalement, le jeune Jedi se tourna vers son mentor.
-Maître ! Je sens que vous les avez heurtés. Ils n’avaient pas du tout l’intention de nous recevoir et vous leur avez forcé la main.
Qui-Gon le regarda longuement.
-Ils ont peur dit-il d’une voix songeuse. Je le ressens. Ce droïde obséquieux essaie de gagner du temps.
-Pourquoi ?
-C’est la réponse qui me manque, Obi-Wan. Nous l’aurons en sortant d’ici. Je sens que quelque chose se passe ici et je veux savoir quoi.
-La sphère ? Vous n’allez pas prêter foi à ces…
Qui-Gon leva la main pour l'interrompre.
-Ils nous écoutent certainement. Pas de noms. Soyons prudents.

Le droïde ne bougeait pas. Devant lui, Roman Nadert s’était brusquement levé et arpentait son bureau de long en large. Ses yeux lançaient des éclairs. Sa voix tremblait de colère.
-Une séquentielle ? Ils veulent une séquentielle ! Mais quel culot ! Ils ne manquent vraiment pas d’air ceux-là ! Ils vont en avoir une et elle va valoir le déplacement. J'ai des ordres et je les appliquerai. Tant pis pour eux ! Il eut un léger sourire et toisa le droïde. Vas me chercher cette directrice de recherches. Et au trot !
J’étais en train de consigner des résultats d’examen sur la banque de données du complexe quand l’hologramme du Directeur se matérialisa devant moi. Sa voix était sèche et légèrement ironique.
-Docteur Welles. Nous avons des visiteurs. Ils veulent voir une séquentielle. Vous allez leur en présenter une. Une de celles dont vous avez le secret. Et avec art s’il vous plait !
Je ne levais pas le nez de mon clavier. Mes doigts couraient sur les touches sensitives. Ma voix était monocorde.
-Je ferai mon travail, Monsieur. Qui sont ces visiteurs ?
-Des sénateurs. Mais en quoi cela vous regarde t-il ?
-Pour adapter mes explications en fonction de mon auditoire, Monsieur lui fis-je d’un ton sec. Je n’aurai pas le même vocabulaire en face de scientifiques ou de profanes. C’est aussi simple que cela.
-Madame Welles ! La voix du Directeur tremblait de colère. Je me fous complètement de vos états d’âme et de votre phraséologie. Ils veulent voir vos virus alors faites votre job et montrez les leur. C’est tout ce que je vous demande. Mais attention à ce que vous allez leur raconter !
-Pourquoi ? Mon ton était des plus ironiques. Je n'avais que ce pauvre moyen de montrer mon opposition à cet homme fat et méprisable et je l'utilisais aussi souvent que possible.
-Nos travaux sont secrets et vous le savez. S’ils se doutent de quelque chose, je saurai d’où vient la faute. Vous ne voudriez pas faire un petit séjour au Claquoir, je suppose ? Ou autre réjouissance de ce style ?
Je frissonnais malgré moi. J’avais parfaitement compris l’allusion.
-Très bien Monsieur, fis-je en soupirant. Je prépare la séquentielle. Faites les accompagner au laboratoire.

-Bonjour Messieurs les Ambassadeurs. Je suis ravi de vous revoir.
Le Directeur de la Chemistral entra dans la salle de conférences, les mains tendues en avant. Son visage s’éclairait d’un large sourire. Sa voix était enjouée comme sil revoyait de vieux amis perdus de vue depuis longtemps. Que nous vaut l’honneur de votre visite ?
Peur ! L’esprit d’Obi-Wan était en alerte. Fausse assurance l’avertit Qui-Gon.
Les deux Jedi se levèrent et s’inclinèrent légèrement devant lui.
Roman Nadert avait peur. Son attitude faussement réjouie était éloquente.
-Mes respects Monsieur le Directeur fit le Maître Jedi. Lors de notre première venue, vous nous avez proposé une… Séquentielle. J’avoue que l’exposé que nous avait fait ce jeune chercheur nous avait vivement intéressés. Vous aviez alors eu la gentillesse de nous proposer d’assister à cette expérience. Je désirerai le faire. C’est le but de notre visite.
-Oui… je me souviens parfaitement fit le Directeur avec un large sourire. Tout à fait. Il vous faudra par contre attendre quelques minutes. Nous n’étions pas avertis de votre venue et il faut faire préparer la salle d’expérience et le matériel. Je vais faire prévenir le Docteur Welles. C’est elle qui vous la présentera. C’est son domaine. Elle est Maître de recherche en micriobiologie. Elle vous attendra au laboratoire. Un droïde va vous aider à vous préparer.
-Nous préparer ? fit Obi-Wan en le regardant.
-Bien entendu Monsieur l’Ambassadeur. Vous entrerez en laboratoire hautement protégé, de classe biologique IV. Vous devrez revêtir une combinaison spécifique. C'est la procédure.
-J’irai seul fit Qui-Gon en jetant un bref regard à Obi-Wan. Mon jeune associé m’attendra ici.
Obi-Wan le regarda, surpris. Puis il comprit. Il devrait veiller sur leurs sabres. Impossible de s’en séparer.
-En effet, je préfère vous attendre ici Monsieur fit le jeune homme d’un air léger. Ces laboratoires médicaux me fichent la chair de duckes.
-Parfait fit le Directeur avec un léger rire. Je vous laisse quelques minutes. Je vais donner des ordres pour faire préparer votre tenue. Il regarda le plus grand des deux hommes. Vous n’êtes pas claustrophobe au moins ?
-Non. Pourquoi ? fit Qui-Gon surpris.
-Vous allez revêtir une combinaison de protection biologique. Une sorte de scaphandre. Il le toisa brièvement de la tête aux pieds. Je pense que nous en avons une à votre taille. Je m’en occupe.
Qui-Gon hocha la tête et se retourna vers Obi-Wan et attendit que le Directeur sorte de la pièce. Il le suivit des yeux.
-Nos sabres, Obi-Wan !
-J’avais compris Maître. Je vais rester ici. Mais soyez prudent. Je ressens une mauvaise impression.
-Cesse de te polariser sur le négatif.
-J’ai un mauvais pressentiment Maître. Tout comme à notre première venue ici.
-Peut-être mais cette fois nous avons un avantage.
-Lequel ?
-La sphère. Nous savons qu’il se passe des choses louches ici. Mais le Directeur ne sait pas que nous suspectons quelque chose
-Soyez quand même prudent Maître.
Qui-Gon eut un léger rire !
-Je te le promets. Mais que veux-tu qu’il m’arrive ? Rien. Tiens, prends mon sabre. Je te le confie.
Qui-Gon détacha son sabre de sa ceinture utilitaire et le regarda longuement avant de le remettre à son élève. Obi-Wan avait remarqué la lenteur déférente du geste et la façon très douce dont son maitre avait caressé la garde de son sabre avant de le lui tendre. Le sabre laser était l’extension de son porteur, une partie de lui. Le jeune homme l’accrocha à sa ceinture, près du sien et referma son manteau par dessus. La porte s’ouvrit et un droïde protocolaire s’inclina devant eux.
-Monsieur le Sénateur ! Si vous voulez me suivre pour vous rendre au laboratoire !
Qui-Gon se tourna vers Obi-Wan et échangea un long regard avec lui. Puis il sortit derrière le droïde. Le Directeur les attendait dans la coursive.

Le laboratoire PA-4 dirigé par le Docteur Welles était situé dans une zone de sécurité renforcée. Il répondait aux normes de confinement exigées par le code de santé galactique pour le stockage et la manipulation d’agents biologiques de pathogénique extrême. Il s’agissait d’une unité isolée des autres laboratoires, installée dans la partie inférieure du vaisseau. Ce niveau de confinement exigeait, outres les installations requises pour les secteurs biologiques d’un niveau moindre, un sas supplémentaire d’entrée et de sortie et d’enceintes de sécurité biologiques. En outre, le personnel y travaillant devait revêtir une combinaison pressurisée avec circulation d’air intégrée. C’est ce qu’avait expliqué le Directeur de la Chemistral au Maître Jedi avant de le laisser à l’entrée de la zone menant au laboratoire PA-4.
-Vous n’avez qu’à suivre les indications du droïde d’aide, Monsieur le Sénateur. Tout vous sera parfaitement expliqué et le Directeur de recherches vous attendra dans la zone préparatoire. Vous pouvez entrer. A tout à l’heure.
Le Directeur passa sa carte d’identification devant le témoin et après quelques secondes, la porte coulissante s’ouvrit.
-Monsieur Roman Nadert, Directeur. Autorisation accordée.
Quelques secondes après, Qui-Gon entendit la voix du droïde.
-Début du processus d’équipement. Entrez dans le vestiaire. Entrez. Attention ! Baissez la tête.
Il entra dans le vestiaire. La pièce était assez petite, sombre. Au mur des casiers d’acier. Un lavabo actionné par la voix, une tablette et un miroir scellés dans la paroi en complétaient l’aménagement sommaire.
-Déshabillez-vous ordonna le droïde qui surveillait le processus sur un écran de contrôle.
Près de lui, le Directeur de la société eut un sourire satisfait. Il vit l’homme lever la tête et se pencha vers le micro.
-Vous pouvez garder les sous-vêtements. Mettez vos effets dans le casier devant vous. Vous les retrouverez en sortant. Vous ne pouvez pas garder la chaîne. Rangez-là avec vos vêtements.
Qui-Gon ne répondit pas. Il était légèrement surpris pendant que la voix du droïde continuait.
-Suivez la procédure. Vous devez vous laver et vous sécher les mains avant de toucher les containers. Habillez-vous avec la tenue stérile de laboratoire qui est dans le casier devant vous. Puis vous devrez enfiler, dans l’autre sas, la combinaison biologique qui a été préparée à votre intention avant de passer dans la zone d’expérience. Les indications vous seront données en temps utile.
Il était un peu étonné. Tant de précautions l’intriguaient mais il avait consulté les archives à la bibliothèque du Temple et connaissait approximativement les procédés de protection biologiques en vigueur dans les laboratoires de niveau IV. Elles lui rappelaient celles prises dans les blocs opératoires et dans les unités stériles de soins.

Il se déshabilla, ne gardant que son caleçon sur lui et plia soigneusement ses effets qu’il déposa dans un casier. Il prit soin de glisser son médaillon holographique dans une poche de son pantalon. Il rangea ses bottes dans une boite placée sur le sol et, à la demande du droïde, posa le casier par-dessus. Il prit, dans un autre réceptacle, une tenue d’une couleur verdâtre qu’il enfila. Il serra les cordons du pantalon. La vareuse, assez courte, lui arrivait à peine à la taille. Le pantalon ne valait guère mieux. Toujours sur les indications du droïde qui le suivait sur son écran de contrôle, il dissimula ses longs cheveux sous un bonnet de chirurgien et s’examina dans le miroir. Il entrait dans un environnement stérile. C’était la raison de ce conditionnement spécifique.
La voix mécanique lui demanda, d’un ton monocorde, de se rendre à la porte du sas de sortie et d’attendre le signal d’ouverture. Il s’y appuya légèrement et s’en écarta aussitôt sur une remarque du droïde. Une lumière ultraviolette émettait ses rayons dans le sas et il suivit un instant un rai de lumière, se visualisant dans les particules lumineuses. Il se posa la question du pourquoi de cette ambiance lumineuse particulière et se promit d’en demander la raison à la personne qui devait superviser l’expérience. Tout était nouveau pour lui et pourtant il avait consulté la base de données du Temple. Puis il se souvint. Les rayons ultraviolets avaient un effet nocif sur les virus. De quelle manière ?

La porte s’ouvrit et Qui-Gon entra dans le sas suivant. Il sentit une différence de pression et un léger courant d’air chaud lui tomba sur les épaules. Cette sensation était étrange et nouvelle pour lui. Habituellement, ses longs cheveux ne permettaient pas une telle perception. La dépression d’air, elle-même, empêchait la diffusion éventuelle d’agents viraux à l’extérieur. Tous les sas du secteur biologique menant à la salle d’expériences étaient soumis à une pression inférieure à la normale. L’air entrait ainsi dans la zone à risques plutôt que d’en sortir, entraînant les éventuelles particules virales avec lui.
La voix métallique, monocorde du droïde lui donnait des ordres. Une voix sans chaleur, impersonnelle. Il sonda la Force en lui. Tout lui semblait normal. Il chercha l’esprit d’Obi-Wan qui l’attendait dans le bureau du Directeur. Peut-être suivrait-il l’expérience sur un écran moniteur ? Il n’en savait rien. Le jeune homme lui semblait calme. Tout paraissait normal.
-Levez les bras et tournez lentement sur vous-même. Suivez les indications des marques lumineuses devant vous.
Sur les remarques du droïde, le maitre Jedi s'exécuta, les yeux suivant le marquage bleu luminescent qui clignotait sur les parois de la cabine. Il se trouva enveloppé d’une sorte de vapeur sèche, plutôt une brumisation sortant des murs. Cette forme de gaz lui piquait les yeux. La lumière assez crue les lui fit fermer un moment. Il éternua à plusieurs reprises. Il sursauta. Et s’ils étaient découverts ? Il était seul dans cet endroit clos, loin de son padawan, sans aucun moyen de le contacter que le contact mental. Il était offert, vulnérable, n’ayant ni son comlink, ni son sabre.
-C’est une douche chimique. Le soluté désinfectant est un peu agressif pour les voies aériennes supérieures fit la seconde voix qu’il avait entendue. C’était celle de Roman Nadert. Agressif mais non toxique. N’ayez aucune crainte.
-Suivez le marquage bleu. Marquage bleu pour passage dans le sas sec. La voix monocorde du droïde.
Une porte coulissa devant lui et il se trouva dans une sorte d’espace cylindrique à peine assez grand pour une seule personne de taille moyenne. La voix du droïde annonça.
-Sas sec. Stage d’une minute avant entrée dans la zone d’équipement.
La pièce fut brusquement plongée dans l’obscurité pendant qu’il entendait une sorte de bourdonnement. Il eut subitement assez froid et d’un seul coup, une intense lumière bleue le fit cligner un instant des yeux.
Qui-Gon sortit du réduit pour se rendre dans une autre cabine mieux éclairée. Les parois en étaient lisses et légèrement brillantes. Il pouvait distinguer sa silhouette légèrement déformée. La voix du droïde lui demanda d’enfiler une paire de chaussettes qui se trouvait sur une étagère, à hauteur de sa poitrine. Il s’exécuta. L’atmosphère était étrange, pesante. Il ressentait une impression de vide. Aucune humanité, aucune chaleur. Tout était aseptisé. Puis le droïde lui demanda de se rendre dans une pièce contiguë qu’il lui indiqua d'un mot. Le logo clignotait sur la porte. Le Maître Jedi lut "zone d’équipement biologique - laboratoire PA-4".

J’entendais, par le haut-parleur, la voix du droïde qui indiquait la marche à suivre à la personne qui devait assister à la séquentielle. Je suivais ainsi sa progression. Dans la zone d’équipement, je vérifiais une nouvelle fois la tenue que le visiteur devait enfiler et rabattis la housse de protection par-dessus. Le Directeur l’avait faite préparer mais je préférais la contrôler moi-même. Je n'avais aucune confiance en Nadert. Certes, c'était un industriel, patron d'une société pharmaceutique. Cet homme ne connaissait pratiquement rien aux règles en vigueur dans le monde médical, surtout les normes de sécurité biologique. Tout était possible dans un tel cas de figure. Je me surpris à me demander si je nétais pas devenue paranoïaque. Je vivais dans un climat de peur et d'insécurité, de luttes intestines incessantes. Je voyais certainement des complots où il ny avait rien à redouter. Le Directeur avait tout intérêt à ce que le bien-fondé des travaux de la société soit reconnu. Il ferait tout pour obtenir sa subvention. Notre avenir en découlait. Nos vies également. Mais ce fonctionnaire servile ne m'inspirait aucune confiance, sans m'inspirer toutefois de peur latente. Les seuls que je craignais vraiment, pour en avoir subi les sévices, étaient les Sith ou autres Jedi sombres qui vivaient sur le laboratoire.
Le visiteur était encore dans le vestiaire d’entrée. Je devais faire vite afin d’être prête. Un visiteur devait impérativement entrer dans la zone chaude en compagnie d’un membre du laboratoire qui, lui, était équipé. Je pris une paire de gants de latex dans le présentoir mural et les enfilais en prenant garde de ne pas les toucher. Ensuite, je coupais un certain nombre de bandes de pansement autofix que j’enroulais autour de mes poignets et de mes chevilles, afin de plaquer ma combinaison et de ne permettre ainsi aucun passage vers l’extérieur. Puis je passais les deux autres paires réglementaires.

Je décrochais ma combinaison biologique. Mon nom était inscrit sur la plaque de poitrine. Elle était pressurisée, faite d’un matériau résistant, conforme à toutes les normes ministérielles exigées pour un travail en milieu humide saturé d’agents hautement pathogènes. Juste vêtue de mes sous-vêtements et dun léger caraco dénudant les bras, jenfilais ma combinaison pendant que le droïde faisait entrer le visiteur dans la zone suivante. Je glissais mes bras dans les manches en faisant attention que mes doigts recouverts de latex se placent correctement dans les gants incorporés. Ces derniers étaient fixés aux manches par des joints d’étanchéité qui se bloquaient dès que la combinaison était sous pression. Ceci assurait une nouvelle protection entre les mains et les agents manipulés. Je rabattis sur ma tête également couverte du bonnet chirurgical, le casque de plastique doux et flexible et sortis de la pièce. J’avais ramené mes cheveux en chignon natté derrière ma tête.
Mon passage verrouilla le sas derrière moi et j’attendis quelques minutes que l’homme ait accompli la même procédure. Puis la lumière située au-dessus de la porte se mit au vert et la porte s’ouvrit.

Dans la zone d’équipement que je venais de quitter, Qui-Gon retrouva le droïde de protocole qui lui présenta une tenue biologique qu’il venait de sortir de son étui argenté. C’était une combinaison d’un bleu assez pâle confectionnée dans un plastique assez résistant. Une plaque pectorale portant différents senseurs attira son attention. Un casque la complétait. Il enfila la combinaison avec l’aide du droïde qui lui expliquait avec force détails les mesures de précautions prises lors de l’habillement. Il prit soin de placer une bande d’autofix autour de sa taille. Il ressentait en lui une impulsion de le faire. Il était en proie à une impression étrange. La combinaison, tout juste à sa taille, le recouvrait comme une seconde peau et il était mal à l’aise. Il examina la patte de col qui lui semblait trop petite. Il fixa les capteurs visuels du droïde.
-C’est impressionnant fit le Maître Jedi.
-En effet. C’est toujours ainsi la première fois. Après on s’habitue.
-Je ne pense pas avoir besoin de le faire fit Qui-Gon avec un léger sourire.
Le droïde l’aida à enfiler une paire de bottines de laboratoire et ajusta soigneusement le bas des jambes de la combinaison sous la tige des bottines. Puis il lui fit enfiler trois paires de gants chirurgicaux, en fermant la jonction avec le poignet à chaque épaisseur par une bande d’autofix. Enfin, il lui fit passer les bras dans les manches de la combinaison et adapta soigneusement la fermeture dorsale, qu’il recouvrit également d’une bande d’autofix. Qui Gon ne pouvait voir ce qu’il faisait mais sentait ses gestes. Il les percevait à l’aide de la Force, visualisait le droïde derrière lui, par les déplacements dair causés par ses gestes. Ce dernier vérifia que ses cheveux étaient bien enfermés dans le filet et posa le casque sur sa tête. C’était une protection carrée de plastique souple avec une large visière. Il lui saisit le bras et inséra une datacard dans le bracelet que le maître Jedi portait au poignet de la combinaison.
-C’est votre code d’entrée dans le sas chaud. Le directeur d’expériences vous attend de l’autre côté. C’est elle qui va s’occuper de tout.

Le témoin lumineux clignota. La porte du sas d’accès s’ouvrit dans un léger chuintement Je vis entrer un homme d’après sa démarche, un homme de très grande taille qui s’inclina devant moi en disant quelque chose. Je vis qu’il parlait mais n’entendis pas sa voix. C’était tout à fait normal. Nous ne pouvions communiquer tant que les combinaisons n’étaient pas hermétiquement fermées. Or, sa combinaison aurait dû l’être avant son entrée dans ce sas. J’allais le faire de suite, avant tout autre chose. Je lui fis un signe d’attente de la main et vérifiais son casque. Il était correctement placé sur ses épaules. Dans la pénombre du sas, je devinais à peine ses traits. J’accrochais une batterie portable d’air à la ceinture de sa combinaison et vérifiais rapidement sa connexion.
Puis, d’une pression du doigt sur la plaque pectorale de sa combinaison, j’actionnais la fermeture hermétique. La fermeture à glissière huilée émit un clic pratiquement inaudible. A la seconde où la combinaison fut hermétiquement close, sa visière commença à s’embuer. J’aperçus les yeux de l’homme. Il me semblait y voir de la peur.
-Pas de panique, Monsieur. Je suis le Docteur Kiara Welles, Maître de recherches et directrice de ce laboratoire de biologie moléculaire.
Je savais qu’il pouvait entendre ma voix mais non me répondre pour l’instant. Il me sembla qu'il hochait la tête.
-Je vois que ce stupide droïde ne vous a rien expliqué. N’ayez aucune crainte. Tout ceci est parfaitement normal. Je ferme votre combinaison. Il y a une dépression première puis le relais se fait par la pression d’air assurée par votre batterie portable. Tout va rentrer dans l’ordre dans quelques secondes.
J’appuyais sur un nouveau senseur qui mit sous tension la batterie d’air dont était équipée la combinaison. L’air sec la gonfla et nettoya la visière des gouttelettes de condensation qui s’y étaient formées. Je distinguais alors ses yeux. Il avait des yeux d’un bleu étonnant, un regard perçant. Je le fixais pour m’assurer que tout allait bien. L’éclair de panique que j’avais décelé dans ses yeux avait disparu. Sa réaction était normale. Tous les chercheurs savaient que l’on risquait de paniquer dans une combinaison biologique, surtout quand on ne la revêtait pas souvent. Je me souvenais moi-même de ma première expérience. A l’instant où le casque se rabattait sur le visage, on ressentait une impression de peur, on étouffait, on transpirait. On essayait de déchirer la combinaison pour laisser entrer l’air. Une sensation de claustrophobie s’emparait de soi. Puis tout redevenait normal en quelques secondes.
-Je vous souhaite la bienvenue dans ce laboratoire, Monsieur. Je suis chargée de vous présenter l’expérience de séquençage.
Il s’inclina une nouvelle fois devant moi et me dit quelque chose. Mais rien ne sortait. Je m’aperçus que son vocodeur n’était pas actionné et m’empressais de le faire. Aussitôt, j’entendis sa voix.
-Je m'appelle Qui-Gon Jinn et je suis mandaté par le Sénat auprès de ce laboratoire. Ravi de vous connaître Madame.
Sa voix était d’un timbre normal. Ni trop grave, ni trop claire, pouvant témoigner d’un défaut de pressurisation de sa combinaison. Pourtant elle me surprit. Légèrement grave, très douce, chaude, posée. Mais surtout, les mots qu’il avait employés m’avaient stupéfaite. Mandaté par le Sénat. Il me semblait avoir déjà aperçu cette silhouette. Mais tout était confus. Par contre, le mot Sénat m’alertait. Mais j’avais une tâche à accomplir. Je chercherai plus tard.
-Je vous prie d’excuser le désagrément. Le droïde d’aide aurait du fermer votre combinaison et s’assurer de sa ventilation avant l’entrée dans ce secteur. Mais il n’y aura aucune conséquence pour vous.
-Je vous en prie. Vous navez pas à vous excuser. Ce n’est rien. Je comprends parfaitement.
-Vous allez assister à une séquentielle. C’est une opération de séparation de particules virales hautement pathogènes suivie de greffage ou clonage sur cellules souches. C’est une opération assez délicate. Avant d’entrer dans la zone chaude, c’est ainsi que nous nommons la partie purement laboratoire, je vous informe que l’expérience elle-même, hors préparatifs, durera une quinzaine de minutes. C’est le temps minimum d’autonomie de ces batteries. Leur maximum est de deux heures. L’air que vous respirez est injecté dans la combinaison à partir de ce condensateur et recyclé, afin d’éviter tout risque de contamination en cas de fuite. La pression interne est supérieure à celle de la pièce pour éviter toute dépression d’air. Je vais vérifier votre combinaison avant d’entrer dans le laboratoire chaud.
Il hochait la tête pendant mes explications, ses yeux fixés sur mon visage.

Je vérifiais rapidement les différents points d’appel. Ses mains étaient bien couvertes par la triple épaisseur de latex. Je sentais les superpositions de bandes fixantes à travers la manche de la combinaison. Sa batterie fonctionnait et le système de communication était opérationnel. Je lui expliquais brièvement le déroulement de l’expérience. J’allais inoculer à des cellules souches humaines, des particules hautement virulentes, voire létales. Il me regarda.
-C’est la raison d’être de la combinaison de protection. Elle est antivirale, anti-bactérienne et anti-radiations. Son matériau contient un filtre spécifique adapté aux germes que nous isolons ici. Je vous propose, si vous le souhaitez, de vous montrer les différentes souches pathogènes avant de commencer l’expérience et de faire une brève étude comparative avec les cellules normales.
Il hocha la tête.
-Oui. Cela me convient parfaitement.
-Avez-vous déjà vu des souches létales ?
-Oui me fit-il. Sur une de vos banques de données. Je suis déjà venu ici avec une émissaire du Sénat et mon assistant.
Je hochais la tête. Une émissaire du Sénat ? Un assistant ? Mon impression première se confirmait. Il me semblait bien avoir déjà vu cet homme. Du moins, j’avais vaguement reconnu son allure.

D’un seul coup, je me souvins. C’était un des membres de la commission sénatoriale, qui était venue sur le laboratoire peu après le vote. L’homme qui avait tourné la tête au moment où j’étais assommée par les droïdes. C’était lui ! La sphère ! Je pensais brusquement à la sphère. Il en avait pris connaissance et il venait nous délivrer. Il n’y avait aucun doute à ce sujet. Il avait pris ce prétexte pour revenir. Je regardais brièvement en l’air dans la direction de la caméra de surveillance et fis entrer le visiteur dans la salle d’expérience. Je le suivis dans le sas de pression inversée et bloquais le mécanisme de décompte de passage.
Je savais que les sas de désinfection n’étaient pas surveillés. Sinon toutes les salles du laboratoire étaient équipées de caméras et de micros. Aucun geste, aucun son ne passait inaperçu.
Mon cœur battait à tout rompre. Nous avions quelques minutes de répit avant que la sécurité interne du sas ne ré enclenche le mécanisme de progression. Je devais avoir le cœur net sur l’identité réelle et les motivations de cet homme mais je ne savais comment m’y prendre.
J’allais droit au but.
-Monsieur ! Pourquoi êtes vous revenu ici ?
Il me regarda surpris.
-Pour assister à une séquentielle. C’est ce que le Directeur du laboratoire nous a proposé lors de notre première venue.
J’avais peur de lui poser la question qui me brûlait les lèvres. Et si je me trompais ? J’avais un doute subitement. S’il était réellement un politicien ? Je me souvenais de la tenue vestimentaire de deux hommes lors de leur première venue. Ils me semblaient être des Jedi. Je ne savais pas pourquoi mais je les avais ressenti comme tels, nen ayant jamais vu. Actuellement, je n’avais plus aucune certitude de son identité. Si je me dévoilais trop, je risquais de mettre en danger ma vie et celle de mes compagnons.
-Oui, je comprends. Il y a beaucoup de choses inhabituelles à observer dans ces laboratoires d’apparence anodine fis-je d’un air léger.
-Et à découvrir surtout me dit-il. Et souvent par un hasard qui n’en est pas vraiment un.
Une légère sonnerie retentit. Le processus d’entrée en zone chaude était enclenché. J’insérais ma datacard dans le lecteur. Une voix synthétique énonça d’un ton neutre.
-Docteur Kiara Welles. Maître de recherches. Entrée dans la zone PA-4. Sécurité biologique optimale. Autorisation accordée.
J’en fis de même avec la sienne.
-Invité Directeur. Entrée dans la zone PA-4. Sécurité biologique optimale. Accompagnateur Docteur Kiara Welles. Autorisation accordée.
La porte de la zone chaude s’ouvrit devant nous. La lumière était très vive. L’homme cligna des yeux. Je le vis à travers la visière de son casque. Je distinguais mieux ses traits. Je n’avais pas l’impression qu’il fut très jeune mais le reflet pouvait être trompeur. Il me semblait qu’il avait des cheveux longs sous le bonnet de protection mais je n’osais le fixer plus. J’avais également l’impression qu’il portait une moustache. Il était debout près de moi. Il était très grand. Je ne lui arrivais même pas à l’épaule.

Je me tournais vers lui.
-Nous sommes maintenant dans la zone chaude. Je vous recommande de ne rien toucher, de vérifier votre combinaison, la mienne. Je le ferai également pour vous. Si vous voyez quelque chose d’anormal, n’hésitez pas à me le dire. Je vais vous montrer les souches. Une dernière chose fis-je en m’approchant d’une console. Je vous remettrai, avant votre départ, l’enregistrement vidéo et un dossier concernant cette expérience.
D’un geste qui semblait débonnaire, je lui montrais une boite emplie de sphères, identiques à celle que, si mes espoirs étaient fondés, il devait avoir en sa possession.
Il hocha la tête en me regardant fixement et leva ensuite furtivement les yeux vers la caméra de surveillance qui tournait lentement dans la pièce.

J’initialisais le support d’expérience et sortis d’un container divers cylindres contenant les souches. Avec d’infinies précautions, j’ouvris le premier cylindre de couleur rouge et en sortis une paillette que je posais sur le détecteur. Une image floue apparut et se précisa dans une sphère qui flottait devant ses yeux. Je fis défiler les images, l’une après l’autre. Je lui montrais les différentes souches pathogènes.
-Je travaille exclusivement sur les virus dit de classe IV et sur leur code phasique. C’est un laboratoire spécifique spécialisé dans cette seule étude. D’autres chercheurs explorent d’autres domaines.
-Lesquels ?
-Celui de la synthèse multi-cellulaire et de la transmutation inter-espèces globale.
Mon vocabulaire était soigneusement choisi. Je sentais que sous son apparence de profane, cet homme en comprenait beaucoup plus qu’il ne voulait le montrer.
-Je comprends parfaitement. Vos recherches font elles aussi partie de ce programme dont vous me parlez ?
-Mes travaux doivent s’inclure dans un projet ambitieux, mais non encore abouti, de transmutation immunologique à l’échelle pluricellulaire organisée. Des espèces d’arborescence supérieure.
Il hochait la tête en m’écoutant parler. J’espérais que mon jargon pseudo-scientifique lui ferait poser les questions quant à la finalité de nos recherches mais n’alerterait pas le Directeur qui, j’en étais certaine, ne perdait pas un seul de nos gestes ou de nos paroles. Même si la culture scientifique de Nadert laissait à désirer, sa fonction au sein du laboratoire le familiarisait avec notre jargon. Je devais rester prudente.
-En fait, tout est coordonné me fit-il doucement. Une organisation parfaite de partage et de réunification des tâches dans le but de créer un être nouveau.
Je hochais la tête et m’aperçus que la caméra était juste au-dessus de ma tête. Je m’éclaircis la voix et poursuivis d’une voix claire.
-Ce sont des paillettes de démonstration. Les souches véritables sont enfermées dans des tubes opaques, afin de les préserver de la lumière. Bien qu’elles soient létales pour la quasi-totalité d'entre elles, elles sont fragiles et surtout sensibles à la lumière. Nous pratiquons nos expériences sous immunofluorescence.

Comme l’avait fait Jod Willak, je lui présentais les différents agents, lui expliquais les affections causées aux différentes espèces. Je lui parlais des traitements souvent inefficaces, de nos espoirs quant à des découvertes d’une thérapie universelle. Il m’écoutait avec la plus grande attention, ses yeux bleus fixés sur moi. Bien que quelque chose en moi m’alertât, je doutais pourtant, par son attitude, que cet homme fut un Jedi. Il ne me semblait pas curieux outre mesure. Il me posait des questions d’ordre technique auxquelles je répondais. Il me demanda comment les coupes de cultures étaient préparées.

Il me posa ensuite des questions sur la préparation des cellules malades. Je lui expliquais que certaines cellules infestées ou réimplantées étaient saisies, après centrifugation dans des blocs d’inclusion et ensuite préparées en boutons afin d’être examinées au microscope à holo-balayage. Ceci permettait de vérifier l'amorçage du processus de mutation et les diverses phases de déroulement. Je lui proposais de lui montrer un bloc témoin infesté et le processus de préparation. Il accepta et s’installa près de moi.

Je pris avec une minuscule pince un bouton d’inclusion et le posais sur la lame porte-objet du microtome. Ensuite, je lui montrais le dialaser, dont je dirigeais l’extrémité vers le bouton. L’appareil se mit à ronronner pendant que les coupes faites se séparaient. J’invitais l’émissaire du Sénat à regarder dans l’oculaire du microscope dont l’appareil était muni. Il y voyait l’inclusion et son mouvement circulaire. Les tranches de coupe tombaient une à une sur une goutte d’eau. Je les repêchais à l’aide d’une minuscule grille. Les coupes se logeaient dans les alvéoles et je posais le tout sur le porte échantillon du microscope à ultra-balayage. Au moment où j’actionnais, vocalement, la commande de mise sous tension, la lumière baissa d’intensité dans la pièce, qui se trouva plongée dans une obscurité presque totale. Seuls luisaient les cadrans de commande du microscope.
-On dirait un vaisseau spatial fis-je en souriant.
-Tout à fait me répondit-il. Une invitation au voyage dans des contrées dangereuses.
Je le regardais brièvement. Il avait les yeux fixés sur l’écran du microscope dont la lumière verte se reflétait sur la visière de son casque. Il fixait l’image sans parler. Il distinguait des formes qui ressemblaient à des fleuves enchevêtrés, des filaments dont l’extrémité se retournait en boucles incomplètes.
-Cela ressemble à une jungle me dit-il d’une voix songeuse.
-Je vais vous en montrer les détails fis-je en sortant le porte-lame et en y insérant une nouvelle préparation d’une particule virale. C’est la coupe d’une cellule infestée par le virus A-639. A côté, vous avez en comparatif, la même cellule souche, mais saine.
J’affinais l’image sur l’écran et il se pencha légèrement en avant pendant que je commentais ce que nous pouvions distinguer dans l’oculaire de l’appareil. La cellule malade ressemblait à un sac de briques. La basale était pratiquement inexistante. Le corps cellulaire, d’ordinaire floconneux, avait un aspect pavimenteux, légèrement cristallisé. On y voyait également des granules et des taches. Les cristaux, sur lesquels la lumière se reflétait, étaient des blocs de virus purs. Ces briques avaient commencé à migrer vers la surface de la cellule. Quelques-unes d’entre elles avaient atteint leur point d’éclosion et libéraient de minuscules fils viraux, prêts à envahir une autre cellule. Par rapport à la cellule normale, la cellule malade était boursouflée. On appelait ceci le phénomène de réplication. Un simple milieu aqueux était suffisant pour la multiplication cellulaire.

Qui-Gon s’étonna du fait que cette préparation, des plus dangereuses, était faite par des êtres vivants et non par des droïdes. Je lui expliquais que ces derniers agissaient selon leur programme et n’avaient pas l’esprit d’initiative et de découverte, ni la curiosité d’un chercheur. Par contre, ils assuraient les tâches routinières. Je lui dis en souriant que j’avais voulu lui montrer le déroulé intégral d’une opération, ce qui serait plus intéressant pour lui et il m’en remercia. Il regarda à nouveau les blocs que je remettais sur le support pour les emporter dans l’autre partie du laboratoire. Il se redressa et me regarda.
-C’est la mort que vous avez entre vos mains.
-Je ne le sais que trop lui fis-je. Veuillez venir avec moi. Je vais vous montrer autre chose.
Nous retournâmes dans le laboratoire principal. Cet homme m’intriguait. Il se disait émissaire du Sénat et, hormis quelques métaphores, ne me laissait aucun point d’espoir sur le message qui était sorti lors de sa précédente venue. Pourtant, j’étais certaine qu’il avait pris connaissance de mon appel. Il m’était impossible d’exprimer ce que je ressentais mais j’en étais intimement persuadée. Je devais impérativement savoir si l’espoir m’était permis. Je me souvins de la façon dont Jod m’avait dit avoir fait passer mon message. Je pris une bille entre mes doigts et la lui montrais.
-En fin d’expérience, je vous remettrai un enregistrement sur un support identique à celui-ci. Ces petites sphères sont de véritables banques de données ! Vous aurez ainsi un souvenir en partant d’ici.
Il me regarda pendant que je lâchais, comme par inadvertance, la sphère qui roula près de son pied. Il se baissa, la ramassa, l’observa brièvement et me la rendit.
-Ces objets ont la fâcheuse habitude de rouler n’importe où fis-je d’un air léger. Heureusement que votre pied l’a arrêté. On en perd si facilement !
Je tentais maladroitement d’attirer son attention mais je ne devais pas trop en faire. Je ne devais pas oublier que nous étions filmés.
Il sourit légèrement et chercha mon regard.
-En effet. Cette mésaventure est arrivée à ma collègue du sénat ici même lors de sa précédente venue.
-Et elle l’a retrouvée ? fis-je d’une voix que je voulais assurée.
-Oui. Le médecin qui nous avait fait un topo sur les recherches avait mis le pied dessus. Elle l’a retrouvé ainsi. Sinon, elle aurait perdu un document de travail de la plus haute importance, un de ceux que l’on ne peut reproduire aisément. Les informations qu’il contenait étaient des plus intéressantes et appelaient à un examen plus poussé de la situation fit-il d’un air détaché en me regardant fixement.

Je sentis mon cœur bondir de joie dans ma poitrine. Ma sphère ! Ma sphère avait été transmise ! Mon appel avait été entendu. Il était là pour nous délivrer. C’était bien l’homme que j’avais aperçu très vite dans la salle de réunion. Celui qui avait tourné la tête vers moi alors que j’étais entraînée par les droïdes.
-Parfait. Alors tout va bien.
J’avais du mal à masquer le ton enjoué de ma voix. Il me regarda longuement. Je vis au plissement de ses paupières, à travers la visière, qu’il comprenait ma joie. Je le sentais également, comme sil cherchait à la manifester autrement que par des gestes. Nous étions libres ! J’avais envie de crier ma jubilation mais je me retins. Tous nos gestes étaient filmés, nos conversations enregistrées. Je ne devais pas montrer ce que je ressentais en ce moment précis.
J’avais du mal à me concentrer sur ma tâche. J’étais dans un état d’euphorie indescriptible. Si Nadert nous surveillait, ce dont j’étais certaine, mon agitation risquait d’attirer son attention. Nul ne savait ce quil pouvait imaginer. Je préférais l’éviter. C’était un homme fourbe qui usait de manœuvres basses pour asseoir sa supériorité ou son pouvoir. Il était capable de tout. Il usait de la menace déguisée ou la pression morale pour nous faire peur et nous maintenir sous son joug. La terreur et la corruption sont le pouvoir des faibles. Nadert en usait et abusait sans aucune limite.

Je réussis enfin à maîtriser ma joie. L’homme me montra un clavier de computer et posa discrètement un doigt à hauteur de ses lèvres. Il voulait communiquer. Je vérifiais d’un coup d’œil que nous n’étions pas sous la caméra. Je m’installais au computer et lui fis signe de s’asseoir près de moi devant un clavier. Des mots s’inscrivirent rapidement sur mon terminal.
Je suis venu enquêter sur un holodocument trouvé ici. Une sorte de message. Pouvez-vous m’aider ? Parlez-moi à haute voix de vos virus.
Sans réagir outre mesure, je tapais.
C’est moi qui l’ai enregistré. Nous sommes une centaine de personnes retenues ici. Cette base est une façade. Nous avons été enlevées.
-Vous avez pu voir un virus sur la sphère de contrôle. Voici sa séquence protéinique. Et voici, à coté, la souche sur laquelle je travaille actuellement.
Pourquoi ?
Préparer une guerre bactériologique et envisager la création de clones humains immunisés. Peut-être même un projet de mutation génétique plus élaborée encore
.
Il suspendit son geste et me regarda. Je m’empressais de dire à haute et intelligible voix.
-Comme vous pouvez le voir sur ces courbes comparatives, ce tye de germe présente un degré de pathogénique extrême. Voilà pourquoi nous séparons les phases pour en sortir le code basique.
Qui sont les commanditaires ?
-Les Sith.

Il sursauta légèrement et inscrivit le mot impossible à l’aide de son clavier.
Pourquoi ?
-En cas dinfection, le risque létal à 100 %. Prouvé dans la majorité des études que nous avons faites.
Aucune preuve.
Je suis la preuve tapais-je rageusement.
Il était là et ne me croyait pas. Pourquoi était-il revenu ici ? Je me surpris à lui lancer un regard des plus meurtriers, faisant mine de lui montrer un point sur l’écran pendant qu’il écrivait.
Je vous crois mais il me faut une preuve tangible pour agir.
Preuve tangible ? J’allais lui en donner des preuves établies s’il en voulait. En dehors des caméras et des micros, il allait en avoir.
J’ai une tutelle et je ne puis agir seul.
-Il n'y a aucune prévention actuellement. Les traitements standard sont inefficaces. C’est le but de nos recherches quant à un vaccin universel.
Tutelle ! Sénat ?
Non. Jedi.
J’avais bien raison dès le début. Je le regardais et il me sourit. Je le vis à ses yeux. J’éteignis rapidement les computers afin de désactiver la mémoire cachée et lui dis.
-Vous avez vu les souches les plus agressives. Je vais maintenant vous montrer la séquentielle. Elle concerne un agent à ADN, plus facile à manipuler que son homologue à ARN, beaucoup moins stable. Etes vous prêt ? Avez-vous d’autres questions concernant le typage et le déphasage des virus ?
-Aucune question pour l’instant. J’ai parfaitement mémorisé tous ces virus que vous m’avez présentés. J'ai bien compris aussi cette différenciation suivant leur codage génétique et protéinique. Tout est très clair dans mon esprit maintenant. Je vous suis Docteur.
Il maniait la métaphore avec esprit. Je lui souris, ce qu’il ne sembla pas voir derrière sa visière. Je me levais et l’entraînais vers la paillasse où j’avais préparé mes tubes à essais et les différents galets réceptacles.

Il était debout près de moi et observait attentivement ce que je faisais. J’inspirais profondément afin d’être très calme et surtout que mes mains ne tremblent pas. Lors de la manipulation d’un agent biologique chaud, un seul moment d’inattention pouvait signifier la mort.
-Nous allons pouvoir commencer la séparation et la séquentielle. Etes-vous prêt ?
Il hocha la tête.
Je disposais le tube contenant la souche virale qu’il avait sélectionnée sur le porte-tube. C’était une souche particulièrement virulente, un abolaeviridium. Je l’interrogeais du regard et il eut un léger sourire.
-Allez-y !
Cet homme flirte avec le danger me surpris-je à penser. Il aime le risque. Je vis qu’il me regardait et il eut un léger sourire.
-J’aime les défis me fit-il. Cette souche est particulièrement virulente, d’après ce que j’ai vu. Que se passerait-il pour moi si je respirais une de ces charmantes petites bêtes ?
-Oh rien de très grave ! fis-je sur le même ton désinvolte. Il vous resterait, dans le meilleur des cas, à peine une semaine à vivre. Assez pour faire le bilan de vos erreurs et vous préparer à la mort !
Il me regarda attentivement.
-C’est une souche mortelle à 100 %. Elle cause une fièvre hémorragique massive avec coagulation intra-vasculaire disséminée, désintégration généralisée du tissu de soutien et mort cérébrale. Le tout dans un état de conscience terminale. Mais il n’y a aucun risque de contamination. J’ai pris toutes les précautions. En aucun cas, vous ne serez en danger.
-J’en suis certain me fit-il en soutenant mon regard posé sur lui.
Il se pencha légèrement et observa ce que je faisais pendant que je lui expliquais mes actes. D’un geste de la tête, je lui désignais l’écran holographique en forme de cercle flottant devant nous. Le Directeur avait fait installer ce dispositif afin de grossir le champ d’expériences. Cela nous permettait d’avoir une visualisation de nos gestes, ce qui les rendait plus sûrs. Par contre, la caméra ne perdait rien de ce qui s’affichait à l’écran.
Qui-Gon était debout près de moi et regardait par-dessus mon épaule.
-Mes mains vous empêchent de voir le déroulement de l’expérience. Vous avez l’écran devant vous.
-Je la vois beaucoup mieux que vous ne pouvez l’imaginer.
Je lui jetais un bref regard et me concentrais à nouveau sur ma tâche. Il me posa un certain nombre de questions sur les effets induits par une contamination de classe IV et par la maladie.
-La mort mais dans des conditions qu’il est préférable de ne pas connaître. Quelques jours après l’exposition aux agents chauds, vous présentez des céphalées puis des douleurs diffuses, surtout articulaires ainsi qu’une intense fatigue. Puis surviennent les hémorragies multiples et incontrôlables par déficit de facteur de coagulation et transformation de la crase sanguine.
Il avait fermé les yeux en m’écoutant.
-C’est effroyable me dit-il.
-Oui. Et la mort survient généralement 7 à 10 jours au maximum après la contamination par hémorragies massives, liquéfaction organique plus ou moins localisée, infarctus myocardique, mésentérique ou attaque cérébrale.
-Charmant ! me dit-il. Et quel est le mode de contamination ?
-Par les fluides corporels, sang, salive, larmes, sperme. On suspecte cette souche d’être également transmissible par voie aérienne. Nous effectuons actuellement des tests pour le vérifier et ils semblent malheureusement positifs.
Il se raidit légèrement et me regarda attentivement.
-Vous voulez dire que si je touche ou je respire cette chose sans protection, je suis contaminé ?
-Oui. C’est pourquoi nous prenons toutes ces précautions.
Il ne répondit pas et me regarda longuement. Puis, il me dit très doucement.
-Existe t-il une prévention contre ces agents ?
-Non. Aucune.
-Le bacta ?
-Totalement inefficace dans tous les sens du terme.
-Une autre thérapeutique ?
-Il n’y en a pas actuellement.
-Je comprends mieux la portée des recherches que vous effectuez et surtout la demande d’une telle subvention auprès du Sénat.
-Oui. Nous devons impérativement trouver une prophylaxie. Mais en raison du nombre d’agents à effet létal, le but de la société est, dans un premier temps, de trouver un vaccin universel. Et pour se faire, nous testons les différentes souches séparément ainsi que les prophylaxies, quand elles existent. Nous effectuons un marquage test au niveau des phases pour suivre les opérations de typage cellulaire. Nous en arrivons à effectuer une comparaison des cartes génétiques afin de trouver des points communs sur les différents acides aminés et les protéines. Ceci est différent suivant le typage de lagent, sil est à ADN ou à ARN. Pour la plupart, nous testons également l’ARN messager et les relais transmetteurs, ces sortes de ponts que vous voyez ici, sur lhélice désoxyribonucléique. Puis nous potentialisons et tentons de revenir au composant de base. Nous répétons lopération autant de fois quil est nécessaire. Nous utilisons le clonage cellulaire. Nous voulons obtenir un échantillon de synthèse-témoin unique, base de nos travaux ultérieurs.
-Et vous cherchez, à partir de ces différentes opérations, à obtenir le vaccin universel.
-Oui.
-Mais ces recherches pourraient également conduire à l’effet inverse ! A la fabrication d’une arme de destruction massive sans aucune parade ?
Il avait parlé pratiquement à voix basse. Je le regardais sans répondre, en hochant imperceptiblement la tête.

Le maitre Jedi pensa avec effroi à ce qui se produirait si ces agents chauds hautement pathogènes étaient à l’origine d’une épidémie. Ils étaient transmissibles par l’air. Quelques particules suffiraient à contaminer l’air recyclé d’un immeuble de la capitale galactique.
-Une seule de ces pastilles dans le système d’air recyclé du Sénat et….
Je baissais la tête.
Qui-Gon ne répondit pas et me regarda l’air songeur. Cette fille anticipe mes pensées se disait-il. Il avait un peu de mal à la cerner. Elle avait une barrière mentale très forte. Il ressentait non pas une certaine méfiance vis à vis de lui mais autre chose. Elle était habituée à vivre dans la peur. Elle craignait pour sa propre vie, il en était parfaitement conscient. Elle se préservait. Il hésitait à utiliser une technique de sondage de l’esprit qu’il avait apprise mais le fait était certain qu’elle, par contre, passait sa propre barrière mentale. Mais faisait-il quelque chose pour l’en empêcher ? Il se rendit compte qu’elle lisait dans ses pensées sans effort et qu’il la laissait faire. Il suspecta une sensibilité à la Force mais ne la sonda pas. En cas de positivité, sa réaction pourrait être imprévisible et il était préférable déviter une telle manipulation dans ce contexte.
-J’ai réussi à isoler une souche et à neutraliser ses effets. J’ai démonté le processus de synthèse moléculaire au niveau de la translocation génique et de l’ARN transmetteur. Il faut maintenant que j’applique cette découverte à toutes les souches pathogènes connues et en faire la synthèse. C’est là qu’intervient le marquage génétique dont je vous ai parlé. Je veux faire en sorte qu’un lymphocyte rendu sensible à l’un de ces agents et combiné soit associé à une cellule infestée pour produire un anticorps.
-Cest de l'immunothérapie génique ?
-Oui.
-Sur quel support travaillez-vous ?
-Nous avons des sujets porteurs.
Il me regarda.
-Humains ?
-Oui.
-Sur un mode de culture cellulaire ?
-Non. Sujets témoins. Des êtres.
-Vous-même ?
-Non.
-Je ne comprends pas me fit-il en me regardant fixement.
-Ce n’est pas très difficile à comprendre. La Chemistral rémunère fort bien ses volontaires. Elle leur offre le gîte et le couvert pour une durée indéterminée.
Je savais que mes mots étaient enregistrés par la caméra. Je devais être prudente dans leur choix. Je devais l’informer de ce qui se passait ici tout en préservant ma sécurité et celles de mes compagnons.
-Nos volontaires suivent le laboratoire dans ses déplacements continuais-je en le regardant fixement.
-Volontaires ? Je n’ai jamais entendu parler d’une chose pareille.
-Les recruteurs de la société ont une argumentation très convaincante si la décision est difficile à prendre pour le postulant. Et quand la négociation se fait devant un blaster, les choses deviennent très claires.
-Je vois me fit-il. Et vous êtes volontaire depuis longtemps ?
-Bientôt 8 ans.
Je le vis sursauter de surprise puis il hocha légèrement la tête.
-Le travail est intéressant même si le but est sujet à polémique poursuivis-je en ouvrant la trappe du séparateur. J’avançais prestement ma main gantée vers la boite d’expérimentation qui était à l’intérieur.
-Puis-je le saisir ?
-Je n’ai pas le droit de vous laisser toucher un matériau d’expérience de niveau IV.
-Avec cet équipement, je ne risque rien me dit-il en avançant sa main vers la boite de Pétri.
-Non. Je le prends et vous le remets ensuite.
-Comme vous voulez me fit-il en souriant, ce que je vis à ses yeux.
J’attrapais la boite et la lui tendis. Au moment où sa large main se refermait autour de la boite qu’il avait ouverte dans le même geste, un frisson glacé me parcourut l’échine. Il me semblait avoir vu une déchirure sur sa main droite.
-Arrêtez ! Tendez vos mains en avant.
Il reposa brusquement la boite et me regarda. Il me tendit ses mains. Je lui montrais son gant après l’avoir vaporisé d’un soluté réactif. On voyait un point un peu iridescent au niveau d’un des doigts de sa main droite.
-Trou. Il faut sortir.
Il eut un sursaut et me fixa. Je posais mes instruments, refermais la boite et lui fis signe de me suivre en lui désignant la direction de la sortie du laboratoire.

Nous n’avions pas de temps à perdre dans la procédure. Je lui indiquais brièvement la sortie et entrais derrière lui dans le sas de décontamination. J’actionnais vocalement la commande de douche. Je ne voulais pas montrer que j’avais peur. Il fallait quil garde son calme et moi aussi. Mais il avait été en contact avec les agents chauds. Il fallait faire vite. Un tel accident était prévisible. Déjà, la combinaison était bien trop petite pour un homme de si grande taille et malgré les précautions prises, l’accident était arrivé. J’aurais du en plus vaporiser ses mains avec le soluté de Soluderm avant qu’il ne saisisse la boite et non après ! C’était la procédure d’usage et je le savais ! Et pourtant, je ne l’avais pas respectée, par excès de confiance dans mon matériel, en moi aussi.
Je me maudissais intérieurement. Et s’il était contaminé ? Je m’en sentais responsable. J’aurais du prévoir toutes les éventualités. Il me semblait pourtant que le matériel que j’avais sélectionné ne posait aucun problème. Je l’avais soigneusement vérifié. C’était un accident, comme il en arrivait quelquefois lors des expériences. Mais c’était un accident qui n’aurait jamais du se produire si j’avais été prévoyante et surtout vigilante.
-Ne touchez à rien. Il faut attendre. Vous devez faire le cycle de décontamination.
Je me débattis avec mes bottes de laboratoire dont je me dégageais d’un coup de pied et j’aidais mon compagnon à retirer les siennes. Je ne voulais pas qu’il touche un point de son équipement avant de sortir de la décontamination. Il ne disait rien mais il me semblait qu’il avait peur. Je ressentais une crainte autre que la mienne. Enfin, je l’analysais comme telle.

Enfin la procédure de décontamination se mit en route. Dans la panique que je refoulais, il me sembla que le déclenchement avait tardé. Mais tout était certainement suggestif. L’opération durait quatre minutes, pendant lesquelles les portes étaient hermétiquement closes et la lumière baissée au maximum. La cabine était plongée dans une lueur ultra-violette qui détruisait les virus. L’opération commençait par des jets d’eau qui lavaient toute trace sur la combinaison, suivis de pulvérisation d’un agent hautement désinfectant. La combinaison biologique allait être décontaminée mais si l’agent avait réussi à passer à l’intérieur, la douche ne l’atteindrait pas.
Le sas n’était pratiquement pas éclairé, hormis le bain lumineux anti-viral. Je comptais les minutes pendant que l’eau ruisselait sur ma visière.

Je regardais mon compagnon. Il avait la tête baissée et il me semblait que ses yeux étaient fermés. Je me tançais une nouvelle fois. Et s’il était contaminé ? Il ne pourrait même pas sortir de la base pour repartir d’où il venait. Il serait acheminé vers les chambres de sécurité biologique, une sorte d’infirmerie où les patients, contaminés volontairement ou non attendaient la mort. Cet endroit était confiné dans un secteur isolé du vaisseau, derrière de lourdes portes blindées. Dans notre jargon médical, nous avions surnommé cet endroit le claquoir. La majorité des patients admis n’en ressortaient pas. Le Jedi y serait conduit sur-le-champ et pris en charge par le personnel infirmier en tenue spatiale assisté par des droïdes.
C’était une sorte de bunker complètement isolé, d’une trentaine de lits, dont les portes étaient constamment fermées. Les patients y subissaient un fort choc émotionnel. Ils flanchaient rapidement. Ils montraient tous les signes cliniques de la dépression. Ils refusaient de communiquer, de s’alimenter. Ils devenaient passifs ou, au contraire, très agités. Ils tentaient de s’échapper, frappaient les murs, tentaient de briser les vitres de surveillance ou saccageaient les équipements médicaux. Ils attendaient que la maladie fasse son œuvre de destruction. Et mourir de fièvre hémorragique n’était pas la meilleure façon de le faire. La grande majorité d’entre eux ne survivait pas. S’ils s’en sortaient, ils restaient marqués à vie. Ils étaient souvent paranoïaques. Ils ressortaient désorientés, complètement brisés.
-Merde et merde me dis-je. Quelle idiote ! Moi qui suis si respectueuse des conditions de sécurité. J’ai commis une faute de débutante. Pauvre type ! Ils vont le mettre au Claquoir ! Et c’est de ma faute. Je m’en occuperai alors. Si cet homme déclare l’abolaevirus, il ne lui restera pas beaucoup de temps à vivre. Et j’en suis responsable. C’est mon erreur. Mais comment cela a t’il pu arriver ?
Je vis qu’il me regardait avec un léger sourire crispé comme sil lisait en moi. Je tentais de masquer mes peurs. La douche s’arrêta.