Un peu plus d'un an avant la bataille de Naboo.
Qui-Gon et Obi-Wan sont revenus enquêter sur le laboratoire où Kiara est prisonnière. Suite à l'incident de la salle d'expérience et à l'accrochage dans la baie d'embarquement, elle s'est enfuie avec eux en laissant son fils. Qui-Gon décide alors d'avertir le Conseil Jedi de ce qu'il a découvert.
Les Maitres veulent entendre Kiara. Elle est conduite devant eux.
Qui-Gon Jinn : 58 ans.
Obi-Wan Kenobi : 24 ans.
Kiara Welles : 33 ans
Je sommeillais quand la porte de la petite pièce sombre s’ouvrit. Un adolescent roux au visage rond et poupin vêtu comme Obi-Wan entra dans la pièce et me demanda de le suivre. J’ignorais où j’allais. Je le lui demandais mais il ne me répondit pas. Posté près de la porte, il attendit quelques minutes que j’attache mes longs cheveux et lisse ma blouse un peu froissée puis sortit de la pièce. Je le suivis sans parler. Il me précédait dans le long couloir voûté et marchait vite, après s'être assuré que j'étais bien derrière lui. Au pied d’un relief qui semblait être une tour, nous prîmes un lift qui nous déposa au dernier étage. Nous étions dans un large couloir austère et circulaire et le jeune garçon me conduisit devant une grande porte à double battant surplombée d'une embrasure en forme d’ogive. Il s’y arrêta et je fis de même. L’adolescent regardait devant lui, le visage fermé. Il triturait des doigts, la pointe de sa longue tresse. C'est alors que je vis Obi-Wan.
Le jeune Jedi était là, assis et leva la tête. Je l’interrogeai du regard. Obi-Wan me regarda, comme pour me donner du courage puis baissa à nouveau la tête. . Il était...seul. Où était l'autre Jedi ? Je n'eus pas le temps de lui poser la question.
La porte s’ouvrit sans bruit et on me fit entrer dans une salle ronde aux immenses baies vitrées qui laissaient entrer le soleil à flots et dévoilaient l’activité aérienne intense de la planète, au-dessus des sommets des tours. La porte se referma derrière moi.
Une douzaine de personnes vêtues de bures sombres, humaines et non-humaines, étaient assises, en cercle. Leurs yeux étaient fixés sur moi. Elles étaient silencieuses. Je m'étais arrêtée, interdite et les regardais. Je les dévisagais plutot. Une atmosphère étrange baignait cette salle. Elle était lourde, oppressante. J'étais devant le Conseil Jedi, une des assemblées les plus secrètes et les plus respectées qui soient. J'étais là, moi, citoyenne parfaitement inconnue devant eux. Ils me faisaient peur, surtout leur statut tel qu'il était ressenti à l'extérieur, dans les milieux ordinaires de la galaxie.
J'étais comme dédoublée, me demandant ce que je faisais là. Ils me regardaient sans parler, sans bouger. Je me sentais totalement démunie, paralysée. Pourtant leurs yeux ne me semblaient pas hostiles, seulement emplis de curiosité. Je n'osais pas soutenir leur regard et baissais la tête. Je compris subitement que c'était ma propre peur que je ressentais ainsi.
On me fit signe d’avancer jusqu’au centre de la pièce et un homme de couleur, d’une quarantaine d’années mais peut-être plus, chauve, au visage serein, me regarda de la tête aux pieds et me dit, d’une voix très douce.
-Nous avons entendu parler en bien de vous, Madame. Vous avez aidé deux Chevaliers Jedi lors de leur mission et les avez sauvés d’une mort certaine. Soyez en remerciée. Nous aimerions cependant vous poser quelques questions. Etes-vous prête à y répondre ?
-Oui Monsieur, lui répondis-je en tremblant.
Il me regardait avec une certaine bienveillance.
-Vous pouvez parler sans crainte. Tout ce que vous nous direz restera confidentiel. Vous êtes devant le Grand Conseil des Jedi, l’instance supérieure de notre Ordre. Je m’appelle Mace Windu et je suis Maître Jedi. Nous allons commencer à vous interroger. Cela risque d’être long car il y a un point crucial que nous voulons éclaircir. Si vous souhaitez faire des pauses, n’hésitez pas à le signaler. Etes-vous prête ?
-Oui Monsieur. Je le suis.
Les autres me regardaient sans mot dire. Je sentais leurs yeux posés sur moi.
Mace Windu, après m’avoir demandé de décliner mon identité, commença à m’interroger, d’une voix douce. Je tremblais de peur et regardais le sol, fixant le motif ésotérique sous mes pieds. J’entendis une voix me demander de lever la tête et de parler plus distinctement, ce que je fis. Au fur et à mesure de l’interrogatoire, je leur racontais, par bribes, mon enlèvement, ma captivité, les expériences médicales, le clonage, cette partie secrète des recherches dont je soupçonnais l’existence.
Je surpris les échanges de longs regards qu’ils avaient entre eux. Une femme assez jeune assise en face d'un humanoïde vert nommé Yoda m’apostropha.
-Pourquoi pensez-vous qu’ils vous ont enlevée, selon vous ?
Mace Windu me fixait du regard pendant que je me tournais vers elle. Elle était très belle et portait une sorte de coiffure nacrée, mettant en valeur sa peau ambrée et ses yeux d'un bleu foncé tirant sur le violet.
-J’ai une formation en microbiologie, immunologie moléculaire et génétique. Je suis médecin et je faisais des recherches pour la Chemistral.
- Cette formation scientifique est indispensable pour ce type de recherches, Maitre Gallia dit une jeune femme assise non loin d'elle. Elle s'appelait Depa Billaba. Ce qui est condamnable, d'après ce que nous a dit le Docteur Welles, est l'attitude de leurs instances dirigeantes et la destination de leurs travaux.
-Je ne vois pas ce qu’il y a de répréhensible vis à vis de la finalité de la société pharmaceutique fit la première femme d'un ton sec en la fixant des yeux. Cette dame est employée en fonction de ses compétences. Elle nous dit être médecin chercheur. C’est un laboratoire médical. Ils créent des vaccins. Ils ont eu l’aval du Sénat et du ministère de tutelle. Où est le problème ?
-Les conditions mêmes de la réalisation de ces recherches, leur finalité réelle et les moyens utilisés répondit son interlocutrice d'une voix posée. Continuez Madame.
-Effectivement. Surtout leur finalité dis-je d'une voix plus forte. Ils se sont bien gardés de dévoiler leur but devant le Sénat.
-Expliquez-vous, je vous prie.
La voix de la première femme était très sèche.
-Nous faisions des recherches sur un vaccin universel ainsi que la Chemistral l'a annoncé devant le Sénat mais elles peuvent également servir à créer une arme biologique dis-je en me tournant vers elle. C’est en fait leur but. Je travaillais sur un projet secret qu’ils avaient appelé Simus.
-Simus ? fit l’homme chauve à la petite barbiche blanche et au crâne démesuré. C’est le nom d’un Sith ancêtre de Marka Ragnos.
-Je ne sais pas qui était cet homme dont vous parlez mais c’est un projet effroyable s’il aboutit.
-Nous expliquer tout ceci à nouveau vous allez mais l’entendre Maître Qui-Gon et son padawan doivent me dit l’humanoïde de petite taille, au visage verdâtre avec de grandes oreilles pointues, que les autres appelaient Yoda. Sa voix était rauque et légèrement aigûe.
Quelques minutes après, les deux hommes entraient et se placèrent près de moi, au centre de la pièce. Qui-Gon me regarda furtivement avec un léger sourire. Ceci n’échappa pas à la jeune femme assise en face de Yoda qui le regarda d’un air dur.
-Docteur, de ce projet Simus nous parler maintenant vous allez.
Je m’éclaircis la voix et les regardais tous une nouvelle fois. J’avais toujours aussi peur. Je sentais le regard du Maître Jedi posé sur moi. Il m’encourageait.
-Le projet Simus est en fait la finalité du programme de recherches bactériologiques et virologiques déposé par la société pharmaceutique devant le Sénat. Les dirigeants de la Chemistral l’ont présenté comme un programme de recherches biologiques tout à fait anodin dans sa destination. La société a ainsi obtenu des fonds publics considérables.
Ce programme, placé sous ma responsabilité pour la partie biologie moléculaire, devait se dérouler selon deux phases. L’une officielle, ce projet de vaccin universel pour lequel le Sénat a voté une subvention et l’autre, secret, qui est en fait la création d’une arme biologique imparable, résistante à tous traitements sauf à un seul, spécifique, fabriqué en même temps qu’elle. Cette protection ne serait, bien entendu, réservée qu’à une élite. Celle des détenteurs de cette arme.
-Que voulez vous dire par arme ?
-Je vais vous l’expliquer en partant du cahier des charges de la société déposé au ministère. Afin d’obtenir les fonds publics, la Chemistral a envisagé d’élaborer un vaccin universel qui est des plus prometteurs. Il permettrait d’apporter un antidote unique à toutes les formes de pathogénie microbienne et virale existantes et ceci pour toutes ethnies confondues.
-Intéressant cela est fit Yoda. Judicieuse est cette idée.
-Oui sauf que ces recherches ne nécessitent pas les fonds considérables dont ils ont obtenu la subvention. Ce vaccin a déjà été élaboré pour un grand nombre d'affections. Il est relativement facile, par translocation génique, d’en faire la synthèse et de revenir à la cellule souche. C’est valable pour toutes les souches de pathogénique minimale ou moyenne.
-C’est ce dont vous m’avez parlé lors de l’expérience séquentielle me fit Qui-Gon. Vous m’avez expliqué ce phénomène de translocation.
-En effet, Monsieur. C’est ce que je devais vous démontrer sur les coupes virales que vous avez vues, juste avant cet incident.
-Vous faites donc des manipulations génétiques me fit celui qui se nommait Ki-Adi Mundi.
-Oui Monsieur. Mais à l’échelle du virus afin d’en changer le programme et d’en faire plutôt un agent stérile ou capable d’annihiler son propre programme.
Un Jedi au cou interminable me regardait. Il hochait doucement la tête, suivi des yeux par Yoda.
-C’est le principe de tout vaccin, génique ou non fit Qui-Gon d’une voix forte. Et je dois insister sur le fait que ce procédé, de manipulation relativement aisée et présenté comme prétexte devant le Sénat pour obtenir des fonds considérables, peut fort bien être produit à moindres frais. Cette demande cache donc autre chose.
-La Chemistral a pourtant reçu l’aval du ministère et du Sénat fit Adi Gallia d’un ton sec. Les fonds ont même été débloqués.
-Le Sénat ! fit Qui-Gon d’un ton qui en disait long sur ce qu’il pensait des parlementaires et des instances politiques. Tout ceci n’est que de la poudre aux yeux pour endormir notre méfiance.
-A ce projet Simus revenons fit Yoda avec un bref geste de la main. Du Sénat plus tard nous débattrons. Ce vaccin relativement aisé de fabriquer il est, selon vous.
-Oui Monsieur. Tout-à-fait. Mais ce n’est pas le but réel de la société. L’aspect non officiel de cette partie du projet Simus comporte en fait deux phases. Création d’une synthèse combinant toutes les souches de pathogénique extrême, dites de niveau IV et élaboration d’un antidote spécifique. Cette souche pourrait être utilisée comme une arme.
-Qu’appelez-vous niveau IV ? me demanda Mace Windu.
-Il regroupe tous les virus mortels à I00%. La souche virale que j’ai présentée à Monsieur Jinn était un abolaeviridium à A.D.N. mortel transmissible par voie aérienne et sanguine. Quelques particules virales dans l’air respiré suffisent à contaminer un quartier entier. La mort survient en général au bout de 7 jours après la contamination et il n’y a pas de vaccin.
-C’est bien ce que vous êtes censée découvrir ? Un vaccin ! me fit Adi Gallia en croisant ses longues jambes bottées de cuir.
-En fait non. Je devais mettre au point un antidote spécifique, alors que le virus était utilisé comme arme bactériologique de niveau IV.
-Et cet antidote protégerait les créateurs fit Qui-Gon en me regardant à nouveau. Une arme absolue sans aucune parade.
-Je devais en outre faire en sorte que les souches virales soient résistantes au bacta. Il n’y avait donc aucun traitement autant préventif que curatif en cas d’épidémie. Elle serait donc mortelle et en très peu de temps.
-Une arme absolue qui devient un moyen de pression et de chantage sur les populations visées et également la promesse de les protéger de ce péril moyennant finance. C’est un moyen d’obtenir une allégeance absolue et sans conditions fit Qui-Gon d’une voix forte.
Pendant qu'il parlait, ses yeux faisaient le tour de la salle, pour appuyer ses dires. Les autres avaient le regard fixé sur lui.
-Il y a également autre chose dont je soupçonnais l'existence fis-je en regardant les sages. Une chose effroyable pour laquelle j'avais commencé à réunir des preuves.
-Laquelle ? me demanda Yoda.
-Ils envisageaient, dans une autre phase de ce même projet Simus, de créer un soldat idéal obtenu par mutation entre différences espèces. Il posséderait une puissance et une résistance maximales.
Ils se regardèrent tous.
-Par quel moyen créeraient-ils ce soldat invulnérable ? me fit l’homme à la longue barbe blanche, assis en face de Mace Windu. Cet homme était curieux. Son visage disparaissait sous une sorte de fourrure qui laissait à peine voir ses yeux. Il se nommait Oppo Rancisis.
-Par clonage entre humain et différentes espèces qu’ils avaient sélectionnées. Ils voulaient parvenir également par potentialisaton, à en faire un être porteur de la synthèse de toutes les qualités offensives qu’ils voulaient le voir posséder.
-Une sorte de mutant ? me fit Mace Windu, sa main caressant son menton.
-Oui mais un mutant porteur également du gène le rendant résistant à tous ces virus que j’étudiais, donc à cette affection mortelle dont ils avaient créé l’agent causal lui répondis-je en fixant ses yeux.
J’entendis des murmures étouffés dans la salle.
-Mais une arme qui pourrait fort bien se retourner contre eux fit Depa Billaba d'une voix douce. Une arme qui devrait être soumise et docile afin de ne pas les surpasser.
-Oui. Il est fort possible par mutation, de faire d'un monstre de muscles, un serviteur obéissant et zélé en lui retirant toute capacité d'initiative fit Qui-Gon. Qu'en pensez-vous Madame ?
-Oui en effet. Je n'ai pas travaillé sur ce projet mais on peut parfaitement agir, de manière chimique ou génétique, sur le cerveau reptilien de ces sujets et leur enlever toute capacité de réflexion. Soit agir en libérant leurs instincts primaires, soit, au contraire, les annihiler tous et en faire des sortes de larves obéissantes. J'avais commencé à réunir des preuves concernant cet aspect du projet.
-Effroyable cela est fit Yoda.
-Effectivement lui répondit Mace Windu. C’est donc pourquoi cette dame avait fait passer un message par l’intermédiaire de l’émissaire du Sénat. Maitre Qui-Gon vient de me le remettre. Nous allons l’entendre.
Mace Windu se leva, sortit la boule de sa poche et la plaça sur le détecteur qui sortit du sol devant le fauteuil de Yoda. Les stores se baissèrent automatiquement et la pièce fut plongée dans une semi-obsurité. Je me vis épeller mon message.
"Aidez nous Messieurs les Sénateurs, vous êtes notre seul espoir".
A la demande de Yoda, le message fut réécouté. Puis les stores se relevèrent. Un long moment de silence s'ensuivit pendant lesquels les sages se regardèrent longuement. Certains regardaient le Maître Jedi debout au centre de la pièce, d'un air circonspect. Puis la très belle jeune femme brune, assise près d’un Jedi dont le crâne s’ornait de cornes, m’apostropha.
-Vous vous occupiez donc de ces recherches ?
-Oui. J’étais chargée du programme d’étude des virus au sein du laboratoire de biologie de classe IV avec deux autres collègues qui sont également prisonniers, les Docteurs Jod Willak et Emari Sen. D’autres secteurs du laboratoire de la société Chemistral s’occupent des autres aspects du programme Simus. Mais tout est bien délimité. Chaque programme de recherche est secret par rapport aux autres.
-Très bien. Concernant votre secteur d'activité, en quoi ces recherches nécessitent t’elles l’emploi de prisonniers ? Vous nous avez dit qu’il y avait une centaine de personnes retenues sur ce laboratoire ? me fit le Jedi cornu d'une voix rauque.
Je me tournais vers lui. Il me mettait mal à l’aise. C’était un Zabrak. J’avais, dans mon esprit, tendance à faire le rapprochement avec le Seigneur Sith vivant sur la base, le père de mon fils. Le tatouage sur son visage était discret, tout juste ébauché, évoquant une dépigmentation dermique ou une affection cutanée. Je fixais ses yeux mais ils me semblaient emplis de compassion.
-Les prisonnières sont utilisées comme sujets d’expériences.
Un long silence gêné s’installa. Tous les regards étaient fixés sur moi. Je sentais les yeux de Qui-Gon posés sur moi.
-Expliquez-vous ! Vous avez à peine abordé ce sujet tout à l’heure me dit la femme qui se nommait Adi Gallia.
-Nous pratiquons des inoculations de souches virales sur les prisonnières fis-je très bas.
-Parlez plus disctinctement, Madame me fit-elle. Inactivées ?
-Non. Actives et extrêmement virulentes.
-Mais c’est contraire à votre éthique médicale me dit la jeune femme dont le front s’ornait d’un bijou nacré et d'une autre perle dorée.
-Oui, tout à fait. J'en suis parfaitement consciente.
J'avais murmuré ma réponse.
-Vous avez prêté serment de protéger la vie me dit Evan Piell. C’est antagoniste. Un médecin fait bien ce serment. Et vous agissez à son encontre.
J'avais baissé la tête. Je me sentais horriblement gênée et surtout coupable d'avoir participé, même malgré moi, à ces horreurs que je leur énumérais. J'avais honte de mon attitude et de mes actes.
-Je … Je n’avais pas le choix lui dis-je. J’y ai été forcée.
-Forcée ? Vous pouviez fort bien leur inoculer des placebo.
La voix d’Adi Gallia était très sèche.
-Bien sûr que je pouvais le faire lui répondis-je en la regardant dans les yeux. Mais croyez-vous qu’on me demandait mon avis ? Tout était soigneusement préparé et vérifié. Aucune possibilité de transgression. J’étais battue si je n’obéissais pas. Nous étions surveillés et contrôlés sans cesse. Comment agiriez-vous dans de telles conditions ?
-Madame Welles m’a dit qu’elle aidait ses compagnes aussi souvent qu’elle le pouvait fit Qui-Gon doucement en les regardant l’un après l’autre. N’oubliez pas les sévices corporels dont elle nous a parlés. La situation était loin d’être facile pour elle.
Je me retournais vers lui. Il avait baissé la tête et cherchait mes yeux. J’y vis une lueur d’encouragement.
-Là n’est pas le débat fit Yoda. Effroyable est ce projet s’il aboutit. Contre ce laboratoire agir nous allons. Mais des preuves, il nous faut. Des suppositions suffisant il n’est pas.
-Quelles preuves vous faut-il de plus ? Les dires du Docteur Welles et la tentative de m’éliminer sont suffisants à mes yeux fit Qui-Gon d’un ton sec. J’avais ressenti une perturbation dans la Force, une sensation d’oppression. Obi-Wan a également perçu quelque chose.
-C’est vrai fit le jeune homme qui n’avait rien dit jusqu’à présent. J’en ai même fait part à mon Maître. Je lui ai dit avoir la sensation d’une menace latente.
Yoda posa ses yeux sur lui puis échangea un long regard avec Mace Windu assis à côté de lui. Puis le maitre Jedi à la peau sombre se tourna à nouveau vers moi.
-Vous avez soulevé un autre problème tout aussi important. Vous avez eu un enfant sur cette base ?
-Oui Monsieur. Et de manière forcée.
Je leur parlais brièvement des circonstances de la naissance de mon fils. L’homme assis en face de moi échangea un long regard avec Qui-Gon et posa à nouveau ses yeux sur moi.
Yoda se redressa sur son fauteuil.
-Vous dites qu’un fils vous avez et que son père un Seigneur Noir est ?
-Oui Monsieur murmurais-je en me tournant légèrement vers lui.
-Seigneur Noir ? En êtes vous certaine ? me fit Adi Gallia en me dévisageant.
- Oui. Je les ai assez souvent entendu prononcer ce nom. Seigneur Noir.
Yoda se cala dans son fauteuil, et m’observa un long moment à travers ses yeux mi-clos.
-Hummm ! Ennuyeux cela est. Mais étrange cela est aussi. Si l’Ordre Noir réapparu vraiment est, la Force du Côté Obscur maîtrise avec lui.
Yoda s’était ensuite tourné vers Mace Windu, assis à son côté. Le Maître Jedi à la peau sombre hochait lentement la tête en me dévisageant, le menton posé sur ses longs doigts.
-Maître Yoda, nous avions eu des doutes concernant la résurgence des Sith lui fit Mace Windu en le regardant. Mais je ne pense pas que ces hommes soient vraiment des Sith. Ce sont certainement des mercenaires à la solde de la Fédération du Commerce ou de je ne sais quelle organisation criminelle. A la rigueur, des Jedi sombres, mais j’en doute. Quoi qu’il en soit, nous devrons nous en inquiéter.
Le petit Maître aux oreilles pointues, assis dans son fauteuil, écoutant gravement en hochant la tête.
-Ceci la signature des Seigneurs de l’ombre serait ? Impossible de savoir il est. Le côté obscur trouble tout. La menace Sith je ne ressens pas encore. Depuis longtemps, les Sith éliminés par les Jedi ont été. Des pertes énormes l’Ordre a subi fit Yoda l’air songeur en posant son regard sur moi.
Je les fixais l’un et l’autre. Je m’étais légèrement avancée vers eux.
-Ce que je dis est vrai. Vous devez me croire. Ce sont vraiment des Sith. Je n’avais aucune idée de leur existence, à part dans les archives mais j’ai entendu ce nom à plusieurs reprises dans les endroits où j’étais prisonnière. Sith ou pas Sith, ils nous enlèvent et nous forcent à avoir des enfants mâles afin d’en faire des Seigneurs Noirs et c’est ce qui va arriver à mon fils si je ne fais rien pour l’en sortir. Et je ne peux rien faire !
Je me mis à trembler. Pourquoi ne me croyaient-ils pas ? Pouvais-je inventer cette histoire sordide ? Je retenais mes larmes.
-De la peur, de la colère et beaucoup de haine en vous, il y a, Madame. Voir en vous nous pouvons.
Je le regardais fixement.
-La peur est le chemin du Côté obscur. La peur mène à la colère, la colère conduit à la haine. La haine c’est la souffrance me dit Yoda très doucement, en me fixant du regard.
-Comment voulez-vous qu’il en soit autrement ? me mis-je à crier. C'est impossible. On m’a enlevée, emprisonnée, battue. On m'a forcé à faire des expériences médicales horribles que je réprouve totalement. Et pourtant, je les ai accomplies, par peur d'être tuée moi-même. Je n’avais rien demandé moi ! J'ai eu un enfant à la suite d'un viol. Mon fils est encore avec eux. Comment voulez-vous que je ressente autre chose que la honte, la haine et la colère dans de telles circonstances ? Que feriez-vous à ma place ? Dites-le-moi ! Même si son père n’est pas un Sith pour vous, c’est quand même une pourriture. C’est mon enfant.
Je l’ai abandonné. Je l’ai laissé là-bas. Ils vont le tuer. J’en suis certaine. Et ce sera de MA faute !
Tremblante, je tentais de retenir mes larmes. Elles commençaient à couler sur mes joues.
Je sentais les regards des Conseillers fixés sur moi. Je séchais mes yeux et les regardais, l’un après l’autre et surpris une certaine douceur dans les yeux de la très belle jeune femme brune au visage mat et aux longs cheveux brillants tirés en arrière. Elle était assise pratiquement en face de Yoda. Je luttais pour ne pas pleurer à nouveau et fixais mon regard sur son visage. Elle était vêtue d’une robe de lin passée sous sa toge de Jedi et avait deux perles nacrées enchâssées dans le front, entre ses yeux.
Elle était très belle, d’une beauté hiératique et mystérieuse. Je regardais Qui-Gon à la dérobée. Il avait les yeux fixés sur moi. Mace Windu se leva, s’approcha de moi et posa sa main sur mon épaule. Je me raidis et baissais la tête.
-Détendez-vous, Madame. Nous en savons assez. L’interrogatoire est terminé. Vous êtes épuisée. Vous allez vous reposer quelques heures et vous restaurer. Nous allons délibérer. Les choses ne doivent pas rester ainsi. Nous allons faire quelque chose pour vous. Vous devrez encore attendre un peu. Nous reviendrons vous chercher.
Il me reconduisit à la porte de la salle du Conseil et demanda à un élève qui passait dans le couloir de me raccompagner au salon d’attente. Je passais à nouveau devant le siège qu'avait occupé Obi-Wan quelques dizaines de minutes plus tôt. Suivant la jeune fille que le Conseil avait chargée de me raccompagner, je retournai dans ma salle de repos et me laissai tomber sur le lit de fer. Il ne me restait plus qu'à attendre...
A suivre ...