Les membres du Conseil Jedi ont entendu Kiara. Elle a été priée d'attendre dans une autre pièce. Maintenant, les conseillers vont déliberer de l'action à mener.
Qui-Gon et Obi-Wan sont toujours au centre de la pièce. Qui-Gon va, une nouvelle fois, montrer sa désapprobation.
Qui-Gon Jinn : 58 ans.
Obi-Wan Kenobi : 24 ans.
Kiara Welles : 33 ans
Qui-Gon Jinn et Obi-Wan Kenobi se tenaient maintenant seuls au centre de la salle du Conseil, l’élève légèrement en retrait derrière son Maître, selon l'usage en vigueur. Ils attendaient, les yeux fixés sur Mace Windu et Yoda qui avaient échangé un autre long regard.
-Messieurs, Mesdames, Maître dit Mace Windu doucement. La situation est grave. Si les dires de cette femme sont vrais…
-Nous sommes certains qu’ils le sont, l’interrompit Obi-Wan. Mon Maître….
Qui-Gon le regarda fixement, d’un air qui se voulait sévère. Mais ses yeux montraient une certaine bienveillance. Le jeune homme baissa la tête. Le Padawan, face au Conseil, devait rester muet en présence de son mentor, par respect pour lui et pour les autres Maîtres du Conseil. Obi-Wan transgressait cette règle devant les conseillers et en présence de son mentor. Ce dernier ne disait rien alors qu’il aurait dû le réprimander.
Au moins, le Maitre Jedi aurait du lui lancer un regard d'avertissement. Qui-Gon ne réagissait pas. Pour les autres, il approuvait tacitement l’attitude de son disciple.
Adi Gallia, le jeune Maître Jedi au fin visage couleur d’épice mis en valeur par sa coiffe capillaire Tylooth de couleur nacrée regarda Qui-Gon d’un œil dur. Elle lui reprochait muettement la conduite irrespectueuse de son élève mais également sa propre attitude vis à vis de la prisonnière.
Le Maître Jedi soutenait son regard. Finalement, la jeune femme baissa les yeux.
-En ce qui concerne les supposés-Sith et la situation des prisonnières, nous devons réagir, continua Mace Windu en les regardant fixement. Nous ne devons laisser faire cela. La résurgence de l’Ordre Noir, si elle est réellement prouvée, et son affection sans limite pour le Côté Obscur nous mettent tous en danger. Une autre raison est que la vie de celles qu’ils ont choisies comme sujets d’expérience et peut-être génitrices ne doit pas être sacrifiée. Il est inadmissible que cet avilissement existe encore de nos temps. L’esclavage est interdit depuis longtemps. La République devra faire quelque chose pour ces prisonniers. Nous allons y veiller.
Les conseillers se regardèrent pendant que Qui-Gon répondait.
-L'asservissement subsiste encore, sous quelque forme qu’il soit. Nous en avons la preuve. Nous ne pouvons laisser faire cela, vous l’avez dit vous-même, Maîtres.
-Les actes de la Chemistral Corporation, tels qu’ils ont été décrits sont troublants fit Mace Windu en regardant les deux hommes debout au centre de la pièce. La société a pourtant obtenu gain de cause lors d’un vote au Sénat. Ces recherches qui n’en sont pas vraiment nous inquiètent le plus. Nous devons savoir ce qu’ils font réellement et qui les manipule, s’ils le sont réellement.
-Nous occuper de la menace des Guerriers Noirs en priorité nous devrons, dit Yoda de sa petite voix rauque en remuant légèrement. Notre but cela devra être. Connaître leur identité. Notre principale inquiétude l’Ordre Sith est, si vraiment réapparu il est. A ce niveau, un très grand danger je redoute même si de menace je ne ressens pas encore. Le côté strictement politicien, le Conseil ne concerne pas.
Si d’une guerre bactériologique la possibilité est prouvée, le ministère concerné nous devrons alerter.
Les deux hommes, au centre de la pièce, avaient les yeux fixés sur lui.
-Maître Qui-Gon ! La voix de Mace Windu était forte et claire. Si les dires de cette femme sont confirmés par une enquête officielle et si le ministère et le Sénat nous approuvent, nous dépêcherons une expédition sur ce laboratoire. Cette opération devra être parfaitement coordonnée afin de sauver les chercheurs et les prisonniers présents sur cette base. Il est hors de question d’intenter une action isolée qui aurait des conséquences néfastes pour ces personnes.
En aucun cas, nous ne pouvons prendre part à un règlement de comptes politico-économique. Ce n’est pas le rôle des Jedi.
-Ce n’était pas mon intention fit Qui-Gon d'un ton sec. Je connais parfaitement notre finalité. Nous protégeons la vie et la justice.
Il comprenait les réticences de Mace Windu. Il les approuvait même si son cœur refusait le délai que cette opération risquait d'imposer. Il était parfaitement conscient du danger encouru par les prisonniers et surtout du déchirement que ressentait la jeune femme médecin d'avoir laissé son fils à la merci des Sith. Mais il n'en dit rien. Il écouta attentivement les Maîtres qui discouraient.
-Assurer la protection des personnes menacées, leur liberté et leur dignité, notre unique souci est poursuivit Yoda. A votre niveau, ton padawan et toi, vous occuper de ce guerrier noir vous devrez. Des recherches de notre côté nous allons faire aussi. Son identité réelle découvrir vous devrez.
-C’est un des chaînons manquants qui nous dévoilera le mystère des combattants de l'ombre fit Mace Windu. C’est votre mission pour l’instant. D’autres instructions concernant ce laboratoire vous seront données en temps utile.
-La Fédération du Commerce surveiller aussi il faudra dit pensivement Yoda en triturant sa canne.
-Ils ne servent que de prête-nom fit le Zabrak. Ils ne se contentent que de louer leurs vaisseaux. Les opérations qui s'y déroulent, légales ou non, ne les intéressent certainement pas. Leur seule loi est celle du profit.
-C'est donc l'affaire du Sénat et non la nôtre fit Adi Gallia. Le Chancelier Valorum est déjà alerté.
-Bien. Ainsi cela sera fit Yoda. Une opération sur cette base plus tard nous organiserons. De ses modalités le Conseil va délibérer. Que la Force soit avec vous !
Yoda s’enfonça dans son siège et ferma les yeux. L’entretien était terminé. Après avoir salué les membres du Conseil, Obi-Wan se retourna et se dirigea vers la porte, sa longue cape de bure battant ses chevilles. Il aurait du, normalement, sortir derrière son Maître. Il s’arrêta près de la porte pour l’attendre. Debout, les traits tirés, Qui-Gon n’avait toujours pas bougé. Mace Windu le regarda fixement. Yoda remua sur son siège et posa ses yeux sur lui.
-Maître Qui-Gon, autre chose à nous dire tu as ? fit Yoda.
-Oui Maître. Que devient la jeune femme qui nous a aidés ? Si le ministère ne bouge pas, que ferons-nous pour celles qui sont prisonnières de ces Sith ?
Obi-Wan, qui n’avait pas bougé, se retourna vers son Maître et le dévisagea, surpris. Tous les conseillers avaient les yeux fixés sur Qui-Gon.
-Des Sith nous ne sommes pas du tout certains qu’ils sont même si grande est ta présomption fit le vieux Maître en regardant Qui-Gon à travers ses yeux mi-clos. Pour moi des mercenaires ils sont. De preuves nous n’avons pas. Sur des suppositions nous baser nous ne pouvons pas.
-C’est ce que vous nous avez demandé de trouver. Des preuves ! lui répondit Qui-Gon d’un ton sec. Ma conviction est suffisante. Mercenaire, Sith ou Jedi sombre, nous chercherons qui est cet homme mais nous ne pouvons abandonner ces jeunes femmes à leur sort. C’est tout simplement inadmissible. Nous ne pouvons laisser tomber ainsi celle qui nous a sauvé la vie. Je m’y refuse.
-Je comprends dit Mace Windu après avoir échangé un long regard avec Yoda. A t-elle un endroit où aller pour être en sécurité ?
-Je ne le pense pas. Comme elle nous a aidés, elle a signé son arrêt de mort vis à vis de la Chemistral et surtout de ces supposés-Sith.
Le Maître Jedi baissa légèrement la tête. Sa lassitude se lisait sur son visage aux traits tirés. Obi-Wan lui jeta un bref regard puis posa à nouveau ses yeux sur Mace Windu.
-Elle est médecin, d’après ce qu’elle nous a dit fit ce dernier. Elle pourrait rester à Coruscant et trouver un emploi dans un hôpital. Je vais en référer aux autorités républicaines afin qu’elles fassent quelque chose pour elle dans les délais les plus brefs.
Qui-Gon ouvrit la bouche mais n’eut pas le temps de répondre.
-Vous n’avez pas à vous mêler du sort de cette femme, Maître Jinn. Nous ne pouvons rien faire de plus pour elle. Ce n’est pas notre rôle, ni le vôtre d’ailleurs.
Ki-Adi Mundi, seul Chevalier Jedi au sein du Conseil, l’apostrophait d’une voix sèche. Qui-Gon se tourna vers lui et répondit doucement, faisant l’impasse sur sa remarque, répondant en fait à Mace Windu.
-Elle a été prisonnière de ces guerriers de l'ombre et coupée du monde pendant un bon nombre d’années. Je ne sais pas si elle le pourra, surtout qu’elle a laissé son enfant pour nous aider à fuir. Il est en grand danger. Il risque d’être tué. C’est cela qui est le plus grave à mes yeux et qui motive ma demande.
Le Maître Jedi jeta un regard en coin à Ki-Adi Mundi.
-Que suggères-tu, Qui-Gon ? lui demanda Mace Windu d’un air interrogateur.
-Aider cette femme, tu veux, Maître Qui-Gon ? Fort est ton désir de le faire, hummm ?
Yoda s’enfonça dans son siège et observa Qui-Gon d’un air songeur, en hochant la tête. Le Jedi les regarda tous les deux et poursuivit d’une voix posée, croisant les bras et cachant ses mains dans les larges manches de son manteau de bure.
-Oui. Je souhaite l’aider. Obi-Wan et moi le lui devons. Elle nous a sauvé la vie.
Puis il continua d’une voix plus forte, en regardant Mace Windu dans les yeux.
-Je demande au Conseil l’autorisation de retourner sur le laboratoire afin de délivrer son fils. Ensuite, nous pourrions leur trouver un endroit sûr sur une planète hors de portée de la Chemistral tout en assurant notre mission.
Obi-Wan sursauta, et tourna les yeux vers son Maître, l’air surpris. Son visage se ferma. Son regard posé sur son mentor était dur, ses lèvres serrées. Le Maître Jedi lui lança un bref regard puis regarda à nouveau Yoda. Mace Windu le dévisagea longuement, en hochant légèrement la tête.
Yoda et lui échangèrent un autre long regard qui en disait beaucoup sur ce qu’ils pensaient de l’attitude de Qui-Gon Jinn et sur la réaction de son élève.
Mace Windu se redressa légèrement et poursuivit en fixant les yeux de Qui-Gon :
-Qui-Gon. Tu n’y penses pas. Si ce que tu nous as dit est vrai, vous serez attendus sur ce laboratoire. Le risque est trop grand pour prendre une telle initiative. Cet enfant et sa mère ne le justifient pas.
Le Maître Jedi se raidit légèrement. Mace Windu l’observa un moment et poursuivit.
-Pour le moment, vous ne devez pas affronter seuls ces Sith ou supposés tels, si ce sont vraiment eux, sur leur terrain. N’oubliez pas que c’est un laboratoire officiel abrité sur un navire de la Fédération du Commerce. Nous devons les laisser agir en premier. Nous ne pouvons intervenir dans ce cas précis. Ce serait un acte d’ingérence, grave et injustifié, pouvant déclencher une guerre.
Nous devons les observer et les démasquer pour le moment. Nous allons mandater une enquête officielle. Un autre acte est irraisonné actuellement. Nous y réfléchirons dans le cadre éventuel d’une opération de plus grande envergure. Nous t’avons dit que nous allions en délibérer.
-Maître Windu lui dit Qui-Gon d’une voix plus forte, Obi-Wan et moi-même avons une dette de vie envers cette jeune femme et je lui ai promis de l’aider. Une centaine d’hommes et de femmes sont prisonniers sur ce laboratoire, à la merci des dirigeants de la Chemistral. Personne ne sait où ils sont. Personne n’a tenté de les délivrer.
Ils sont oubliés, comme s’ils étaient déjà morts. Ce fait est interdit par les lois républicaines. Pourtant cela existe à l’insu de tous. Nous ne pouvons l’ignorer.
Qui-Gon ferma un instant les yeux et poursuivit.
-Quant à cette jeune femme, je suis certain que le principal geste qu’elle attende actuellement de nous, est de sauver son fils. Je me suis promis de ne pas la laisser tomber et je tiendrai ma promesse. Vous devez comprendre qu’elle est une mère et qu’un parent ne peut être séparé de son enfant…
-Qu’en sais-tu ? Nos jeunes élèves Jedi sont retirés à leur famille dès l’âge de un an, deux tout au plus, si ce n’est pas plus tôt l’interrompit Mace Windu.
-Oui, je le sais parfaitement mais ce petit garçon a quatre ou cinq ans, d’après ce que j’ai compris. Il est certainement très attaché à sa mère surtout dans le milieu où il a grandi.
-Que savez-vous de l’attachement d’un enfant à ses parents ? Que pouvez-vous savoir du réel amour filial et de ses manifestations ?
La voix d’Adi Gallia était très sèche, son regard dur. Obi-Wan, qui observait la jeune femme, baissa les yeux.
Les minutes s’étiraient lentement. Je m’étais allongée et voulais dormir. Au moins, cela m’évitait de penser. Je ne savais pas ce que les membres du Conseil allaient décider. Les minutes précédentes me revenaient à l'esprit. Je revoyais les visages compatissants ou accusateurs.
Je revoyais le doux visage de la jeune femme qui portait deux perles sur le front. Je voyais également les yeux durs de celle qui portait une coiffe capillaire. Je ne voulais pas ressasser ces minutes. Seul mon fils, son devenir m'importait.
Je me tournais et me retournais sur le lit de fer sans parvenir à trouver le sommeil. Finalement, je me levais et sortis de la pièce. Je me dirigeais vers l'extrémité du couloir. Tout était calme. Pas un bruit ne filtrait des différentes portes closes. Par la fenêtre, au loin, on distinguait le sommet des tours de verre du centre ville.
J’avais froid, peur. Le regard bleu de mon fils me hantait. J’avais honte de moi, de mon attitude. Et si les Sith s’en étaient pris à lui, en représailles à ma fuite ? J'avais agi de manière irresponsable. Je regrettais amèrement ce que j’avais fait. Je me mis à pleurer de peur et de honte.
Puis, je pensais à la promesse du plus âgé des deux Jedi dans le taxi. Je redressai la tête et séchais rageusement mes larmes d’un revers de manche. Il m’avait dit qu’il ne me laisserait pas tomber. Il m’avait parlé d’une dette de vie, d’un code d’honneur.
De toute façon, d’après ce que je savais des Jedi, leur statut leur commandait de m’aider. J’allais donc lui demander de le faire. Je leur avais sauvé la vie à son compagnon et à lui. Ils avaient, tous les deux, une dette envers moi. Je me surprenais moi-même. Je n’étais pas partisane de cette politique d’un prêté pour un rendu.
Mais il s’agissait de la vie de mon fils. Je ferai tout pour le sortir des griffes de son père. J’espérais que les deux Jedi m’aideraient. Ils me devaient bien cela !
Pourtant, je ne savais pas trop si je pouvais compter sur eux. Le plus vieux des deux Jedi me semblait digne de confiance. Il était profondément charismatique et me semblait sécurisant. Son regard me paraissait bon, franc et il dégageait une impression de calme et de sérénité, peut-être par sa très grande taille par rapport à moi et par sa carrure imposante.
Par contre, son compagnon me semblait distant, plus dur, surtout quand il me regardait à la dérobée. Il avait été acerbe avec moi et j’avais tendance à m’en méfier. Je m'adresserai donc au plus âgé des deux et allais réitérer ma demande quand ils sortiraient de leur entretien.
Ils n'étaient toujours pas sorti de cette salle. J'attendrai donc le temps nécessaire. Je revins lentement sur mes pas et m'allongeais à nouveau sur le lit de fer.
A suivre ...