Je dormais d’un sommeil agité, peuplé de rêves effrayants. Des ombres immenses fondaient sur moi. Des mains géantes m’empêchaient de rejoindre mon fils qui m’appelait. Il s’éloignait de plus en plus alors que je tentais désespérément de le rejoindre et de lui prendre la main. Il me semblait être emportée par une marée noire et gluante. Je me tournais et retournais sans cesse. D’un seul coup, je sentis une présence auprès de moi et me réveillais en sursaut. Le plus vieux des deux Jedi était penché au-dessus de moi et me regardait. Son visage était grave et soucieux. Je me dressais d’un seul coup sur mon séant en me frottant les yeux et lui demandai
-Qu’ont-ils décidé ? Que vais-je devenir ? Et mon enfant ? Est-ce que vous allez faire quelque chose pour mon fils ? Puis-je partir avec vous ? Je n’ai nulle part où aller… Je…
Il leva légèrement la main en signe d’apaisement et s’assit sur le bord du lit en se tournant vers moi.
-Attendez Madame. Laissez moi parler, s’il vous plaît. Je ne vais pas vous laisser tomber. Je vous aiderai à récupérer votre fils. Je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre mais je vous promets de faire quelque chose.
-Vous… Vous feriez cela ?
il me regarda en hochant la tête.
-Oui. Je vous l’avais laissé entendre en arrivant ici. Vous avez pris des risques énormes pour nous aider et vous avez été forcée de fuir avec nous en laissant votre enfant. C’est mon devoir de Jedi de vous aider et je le ferai.
L’autre Jedi qui était près de la porte, le regardait durement. Je le fixais un instant et regardais à nouveau son maître.
-Je… je vous remercie, Monsieur. Mais quand allons nous…..
Le Chevalier Jedi eut un léger sourire.
-Levez-vous Madame. Ce n’est pas si facile que cela. Je vais vous expliquer la situation mais nous allons d’abord sortir d’ici, me répondit-il. Nous allons nous installer à l’extérieur et en parler tranquillement.
Le plus grand des deux hommes se leva, s’avança vers la sortie et apostropha son compagnon, resté près de la porte. Je me levais, un peu étourdie.
-Allons-y, Obi-Wan. Prends une couverture. Nous pourrions en avoir besoin. Il fait froid dans l’espace et je suppose que Madame n’a rien de chaud. Il est temps de partir. Je ne veux pas traîner ici plus longtemps.
Le jeune homme fit ce que son Maître lui demandait et me regarda à la dérobée, le visage fermé. Je m’aperçus que l’oreiller était mouillé de larmes. Je suivis les deux hommes sans dire un mot. Le jeune Jedi fermait la marche derrière moi, la couverture pliée sous le bras. Je sentais son regard fixé sur ma nuque.

Obi-Wan secouait lentement la tête en pensant que son Maître récupérait encore une brebis égarée et qu’il allait une nouvelle fois se mettre dans une mauvaise situation. Il n’était pas d’accord avec lui pour que Qui-Gon assure la sécurité de l’ex-prisonnière. Il eut, à un moment, envie de le dire à son Maître mais il ne le fit pas. En bon élève qu’il était, il devait obéir, sans récriminer. De toute façon, il ne dirait rien. Après tout, c’était le problème de Qui-Gon. A lui de l’assumer. Obi-Wan ne le contredirait pas sur ce fait. Si son Maître voulait se charger de cette femme, qu’il le fasse. Obi-Wan s’en lavait les mains. De plus, les quelques échanges verbaux qu’il avait eus avec elle étaient plutôt secs.
Elle ne lui plaisait pas. Elle lui répondait au pied levé sur un ton qui n’était pas des plus aimables. Il serait tout juste obligeant mais décent avec elle quand il n’aurait pas d’autre choix car il lui paraissait évident que le Maître Jedi avait décidé de l’emmener avec eux et qu’il ne voulait pas lui déplaire. Mais en dehors de la présence de son Maître, il ne se gênerait pas pour la renvoyer dans ses buts s’il le fallait. Il ne s’en priverait pas non plus. Obi-Wan serait tout juste correct avec elle. Mais qu’on ne lui en demande pas plus. Il éviterait soigneusement la jeune femme. Elle leur attirerait des ennuis, il en était certain. Qui-Gon se débrouillerait avec elle. S’il voulait l’assumer, qu’il le fasse. C’était son problème. A lui de le gérer. Obi-Wan ne s’en occuperait pas.

Nous ne parlions pas. Malgré sa blessure, Qui-Gon marchait assez vite et nous nous dirigeâmes vers un petit parc situé non loin du Temple Jedi. Il avisa un banc situé face à une magnifique fontaine figurant une cascade et me fit signe de m’asseoir. Je tremblais légèrement de froid. Qui-Gon s’en aperçut et me donna la couverture que je mis sur mes épaules. Je me redressais légèrement en m’emmitouflant à l’intérieur. Sans dire un mot, Obi-Wan s’installa près de son maître. Son visage était fermé. Je fixais l'eau, attendant que le Jedi m'explique la situation.

Le Chevalier Jedi regarda longuement ses mains. Son visage était grave. Il se tourna enfin vers moi, s’éclaircit la voix et se mit à parler.
-Il m’était difficile de vous expliquer dans l’enceinte du Temple Jedi, ce que nous a dit le Conseil. Pour eux, la situation est claire. Nous devons éliminer, entre autres missions, les Seigneurs sombres et rien d’autre. Nous n’avons pas l’autorisation de vous aider à récupérer votre fils. Ils ont même proposé de vous trouver un emploi médical sur Coruscant et de vous donner les moyens de réorganiser votre vie.
Je le regardai, interloquée et choqué. Les larmes que je tentais de refouler me brûlaient les yeux. Ma voix tremblait.
-Jamais je le ferai sans mon fils. Je ne veux pas rester à Coruscant. Je ne connais personne ici et je n’ai rien à y faire. Vous m’aviez promis de m’aider à récupérer mon enfant et j’irai avec vous, si vous acceptez toujours de m’aider et… je reniflais et essuyais mes yeux, vous… vous voulez bien de moi.
Le plus vieux des deux Chevaliers hocha la tête. Le plus jeune regardait un point devant lui et soupira légèrement en haussant les épaules. Il marmonna quelque chose que je ne compris pas en me regardant furtivement puis reprit sa position initiale. Qui-Gon posa son regard sur lui puis se tourna à nouveau vers moi. Je regardais le jeune Jedi qui s’était raidi puis son Maître et continuais sur ma lancée, d’une voix dure.
-Si j’ai bien compris la situation, ils ne veulent rien faire pour mon enfant ? C’est ça ? Et maintenant, malgré ce que vous m’avez dit, vous allez laisser faire ? Vous allez les écouter et laisser mon petit crever comme un chien, car c’est ce qui l’attend, je le sais.
Je sanglotais en finissant ma phrase et poursuivais violemment.
-C’était bien la peine de me faire cette promesse…
Le Jedi ouvrit la bouche mais je continuais sans lui laisser la possibilité de parler.
Vous ne valez pas mieux que les Sith, vous êtes même pire. Vous êtes soit-disant au service du Bien… Tu parles ! En apparence oui ! Foutaises que tout cela ! De la poudre aux yeux ! Des mensonges…. Du bluff…..
Qui-Gon posa sa main sur mon bras et la retira aussitôt. Sa voix était douce et apaisante.
-Calmez-vous. Je vous répète seulement ce que m’a dit le Conseil. Votre fils n’est pas une priorité pour eux. Cela ne veut pas dire que je refuse de vous aider. Je n’ai pas dit ça.
Obi-Wan regardait son Maître à la dérobée, soupira fortement et baissa la tête.

Je fixais le Chevalier Jedi droit dans les yeux. Mon regard était dur.
-Je ne vous demande rien lui rétorquais-je brutalement. Je ne veux pas de votre pitié. C’est humiliant. Vous pouvez la garder. J’ai toujours refusé celle des Sith, quand il leur arrivait d’en avoir. Je ne veux surtout pas de la vôtre. Il est hors de question que vous preniez des risques pour moi. Laissez donc mon fils crever. Vous aurez sa mort sur la conscience si vous….
-Laissez-moi parler et écoutez-moi attentivement, m’interrompit Qui-Gon d’une voix plus ferme. J’ai une dette envers vous et je compte bien m’en acquitter. De toute façon, je vous aurais aidée. C’est ce que j’ai dit au Conseil Jedi.
Il se pencha légèrement vers moi et me regarda dans les yeux.
-Quoiqu’il dise et qu’il pense, j’irai chercher votre fils, je vous l’ai promis et je ne me déroberai pas. Je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre mais je vous fais la promesse que vous reverrez votre enfant un jour. Je ne peux pas vous dire quand car je n’ai pas, moralement, le droit de vous donner un délai, ni de faux espoirs mais je m’y engage et je le ferai. Faites-moi seulement confiance si vous le pouvez.
Il se redressa et regarda loin devant lui. Près de lui, Obi-Wan ne bougeait pas. Il regardait lui aussi un point imaginaire. La tension était palpable.

Je me sentis soudain très mal à l’aise. Pourquoi m’étais-je emportée ainsi sans savoir ! Je devais lui faire confiance. Il m’avait fait une promesse. Je devais essayer de ne pas douter. Finalement, je regardais le Jedi.
-Je…. Je vous prie de m’excuser de m’être emportée. Je ne … je comprends parfaitement la situation et je vous remercie de ce que vous allez faire pour moi. Je… Je suis tellement mal. Je ne voulais pas….
Il se tourna vers moi avec un léger sourire.
-Je comprends parfaitement ce que vous pouvez ressentir. N’en parlons plus. Maintenant, vous allez m’attendre chez un ami avec Obi-Wan. Ensuite nous repartirons. Obi-Wan ! Il se tourna vers lui. Vous allez m’attendre chez Didi comme je te l’ai dit tout à l’heure. Je dois rendre visite à Maître Nakeji et il est préférable que j’y aille seul.
-Oui, je comprends Maître fit le jeune homme avec un léger sourire. Vous en avez pour longtemps ?
-Une heure, je pense. Peut-être deux. Bon. Je vous retrouve au restaurant. A tout à l’heure.
Il se leva et ramena son manteau autour de lui. Obi-Wan se leva à son tour. Après un léger sourire, Qui-Gon retourna vers le Temple Jedi, nous laissant tous les deux dans le parc.