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Par Kiara Jinn



Je ferai ce que j'ai à faire, Obi-Wan !!
Qui ne se souvient pas de cette réplique de Qui-Gon à Obi-Wan sur le balcon de la Tour du Temple Jedi de Coruscant !!

Têtu !!!



IV


Tournant le dos à la porte de la salle du Conseil, Qui-Gon avançait sans parler, le visage fermé. Obi-Wan le suivait, la tête basse. Le Chevalier Jedi s’engouffra dans le passage qui descendait à la salle des Holocartes, située sous la pièce circulaire qui abritait les séances du Conseil. Il passa la double porte vitrée et entra dans la pièce qui laissait paraître sur un fond sombre, la figuration holographique de la galaxie. Il s’avança près de la corbeille centrale, baissa la tête et ferma un instant les yeux. Obi-Wan s’arrêta près de lui. Qui-Gon, les yeux levés, regardait le ballet des mondes du Noyau autour du point lumineux qui représentait Coruscant. Les divers mondes scintillaient doucement autour de la "gemme de la galaxie". Il fixa un instant Chandrila puis ses yeux suivirent le tracé de la route correlienne. Il s’arrêta sur Naboo, située à la limite de la bordure extérieure et ses yeux remontèrent lentement jusqu’à l’espace Hutt. Il était silencieux. Ses doigts pianotaient doucement sur la rambarde de protection. Obi-Wan respectait son silence tout en se remémorant la séance du Conseil. Il sursauta au son irrité de la voix de son mentor.

-Non mais tu les as entendus ? Elle nous a sauvé la vie et nous la laissons tomber ? Je m’y refuse. Nous ne pouvons pas faire cela et je ne ferai pas.
Qui-Gon, les dents serrées, contenait sa colère. Obi-Wan ne bougea pas, regardant toujours le ballet des planètes.
-Comment vais-je lui expliquer maintenant que son enfant va rester sur le laboratoire à la merci de ses geoliers et que nous n’allons rien faire ! Nous, Chevaliers Jedi garants de la liberté et de la justice ! Il eut un rire amer et le jeune Jedi se tourna vers lui. Qui-Gon poursuivit.
-Et que va t-elle devenir, elle ? Tu te rends compte de ce qu’elle peut éprouver ? Et si son fils est tué en représailles ? Quelle culpabilité pour elle ! Je m’en sentirai également responsable. Et quelque part, je le serai !

Obi-Wan le regardait avec étonnement. Son Maître sortait rarement de sa réserve et ne s’emportait pratiquement jamais. Le Jedi surprit le regard de son élève. Il secoua la tête, soupira longuement et poursuivit d’une voix plus calme.
-Je ne peux pas, Obi-Wan. Je n’ai pas le droit de la laisser tomber. C’est inconcevable. Je dois faire quelque chose.
Le Chevalier Jedi, les deux mains posées sur la rambarde, regardait loin devant lui, les traits fermés. A chaque fois qu’il venait dans cet endroit, il ne manquait jamais d’admirer les holocartes. Cette fois, elles semblaient être inexistantes.

Le jeune Jedi se rapprocha de lui et lui répondit d’une voix très douce.
-Maître, vous avez entendu comme moi ce qu’a dit le Conseil. Ils acceptent tout juste que vous lui trouviez un abri mais rien de plus. Ils nous interdisent de faire quelque chose pour le gosse. Ils vous l’ont dit clairement.
Qui-Gon soupira fortement pendant que le jeune Jedi continuait.
-Pourquoi affrontez-vous encore le Conseil à ce sujet ? Pourquoi insistez-vous ? Ce n’est pas notre rôle. Notre combat concerne les Sith ou supposés tels. C’est à la République de s’occuper des prisonnières. Maitre Windu vous l’a dit.
Qui-Gon se redressa et se tourna vers lui.

-Je l’avais parfaitement compris, Obi-Wan. Il a été très clair. Mais, il plongea ses yeux dans ceux d’Obi-Wan. si je ne me trompe, ces jeunes femmes ont été capturées par des sombres et ild sont sur cette base non ?
La voix du Maître Jedi tremblait de colère contenue. Obi-Wan le regarda fixement. Il connaissait trop bien Qui-Gon pour ne pas deviner où il voulait en venir.
-Maître, vous savez aussi bien que moi que ce laboratoire est une de leurs bases. Mais le Conseil nous a interdit de les combattre sur leur propre terrain. De plus, c’est un vaisseau appartement à une compagnie industrielle soutenue par le ministère et l’Institut Médical Galactique.
Les doigts du Maître Jedi serraient encore plus fortement la rambarde. Obi-Wan fit mine de ne pas s’en apercevoir et continua.
-Que faites-vous des règles intergalactiques ? Le ministère a statué et le Sénat aussi. C’est une violation des lois qui régissent les rapports entre les planètes. Nous risquons de déclencher une crise et nous ne devons pas prendre parti sur un terrain politique. Ce gamin devient un enjeu majeur, vu sous cet angle.
Le jeune homme avait parlé d’une voix dure.
-J’en suis parfaitement conscient, dit Qui-Gon d’une voix sèche en regardant à nouveau les planètes. Mais c’est pour combattre les seigneurs sombres que nous y retournerons. La délivrance de l’enfant n’en sera que la suite logique. De plus, nous tenterons de libérer les autres prisonnières.
Le jeune Jedi sursauta.
-Vous n’y pensez pas ? Le Conseil l’a interdit… Il trouve que c’est trop risqué. Ils veulent organiser une autre opération après enquête. Vous avez entendu Maître Windu. Si vous faites ça, le Conseil ne vous suivra pas.
Le Maître Jedi se tourna vers son élève et le regarda fixement.
-Le Conseil nous a défendu de délivrer le garçonnet. Il ne nous a pas défendu de combattre les sombres ou supposés Sith. Nous devons même découvrir l’identité de celui qui m’a blessé. Tu te souviens ? Obi-Wan hocha doucement la tête pendant que Qui-Gon poursuivait.
-Tu saisis la nuance ?
-Bien sûr que oui mais je comprends surtout qu’une fois de plus, vous bafouez le Conseil.
-Attention, le coupa vertement Qui-Gon, mesure tes paroles, jeune padawan !

Il se retourna et regarda fixement devant lui les points scintillants des planètes.
-Oui Maître, j’ai parlé trop vite et je m’excuse fit le jeune Jedi d’une voix plus douce.
Obi-Wan regarda longuement son mentor qui avait, de nouveau, les yeux fixés droit devant lui et poursuivit.
-Mais vous allez agir une nouvelle fois contre l’avis du Conseil. Je le sais. Je vous connais bien depuis le temps que je suis avec vous. Je sais que, cette fois encore, vous ne tiendrez pas compte des ordres donnés et que vous n’en ferez qu’à votre tête. Si je puis me permettre, si vous étiez un peu plus…. docile, vous siégeriez au Conseil avec les autres au lieu de…..
Qui-Gon lui lança un regard furibond et reprit brusquement sa position initiale. Le jeune Jedi inspira profondément et poursuivit.
-Maître ! Excusez-moi de vous déplaire mais je crois que le Conseil a raison et que vous devriez peut-être, cette fois, suivre son avis fit le jeune homme en le regardant.
Qui-Gon se tourna lentement vers lui. Son visage s'éclaira d'un léger sourire.
-Obi-Wan ! Tu sais bien que je fais uniquement ce que la Force me commande de faire. J’ai toujours fait ainsi.
-Oui Maître je le sais et quelquefois cela coïncide avec ce que le Conseil vous demande.
Le ton du jeune homme était légèrement ironique mais le Maître Jedi ne réagit pas.
-Quelquefois oui fit ce dernier en hochant la tête. Alors, dans ce cas, j’obéis au Conseil. Mais cette fois ci, je les désapprouve. Et je ferai ce que j’ai décidé de faire, quoi qu’ils en pensent.

Le ton sec de sa voix n’étonna pas le jeune homme. Il baissa la tête et soupira légèrement. Son Maître ne bougeait pas. Ils restèrent quelques minutes sans parler puis Obi-Wan se tourna vers son mentor.
-Pourquoi tenez-vous tant à aider cette femme ? Nous ne la connaissons pas. Que représente t-elle pour vous, Maître ?
Qui-Gon se retourna et s’adossa contre la barrre métallique. Il croisa les bras et enfouit ses mains dans les manches de son manteau en se redressant de toute sa hauteur. Un éclair de surprise était passé dans ses yeux perçants.
-Quelle question ? Je te l’ai dit tout à l’heure. Elle nous a sauvé la vie en laissant son fils derrière elle alors qu’elle ne nous connaissait pas. Te rends-tu compte de ce que cela signifie pour elle ? Son enfant risque d’être tué en représailles à son geste. Pour moi, c’est une raison plus que suffisante. C’est une dette morale que j’ai, que nous avons tous les deux, envers elle. C’est une dette d’honneur. Et l’honneur est une de nos qualités majeures, d’après notre Code. Tu n’es pas d’accord avec moi ?
-Je comprends vos raisons mais vous en faites votre prétexte pour désobéir au Conseil.
Le Maître Jedi se raidit.
-Bien sûr que non. C’est ta propre vison des choses. J’interprète seulement les ordres du Conseil à ma manière. Nous retournerons sur la base pour découvrir l’identité de notre attaquant. Entre temps, nous délivrerons le gamin. J’ai pris ma décision. Je ferai ce que j’ai à faire, ce que je juge bon, Obi-Wan lui dit-il sèchement en se redressant de toute sa hauteur et en regardant son Padawan d’un air dur. Il se rendit compte du timbre de sa voix et de l’expression choquée du visage du jeune homme et se radoucit légèrement.
-Si tu ne veux pas me suivre, j’irai seul. Je ne te force pas.
-Mais oui ! Dans l’état où vous êtes, vous vous ferez tuer au premier couloir.
-Dis-moi que je suis diminué, que je suis bon pour la retraite et faire la bonne d’enfants ici, c’est cela ? Je sais que je vieillis, que je suis un peu plus lent que toi mais je suis encore capable de me battre. Je ne suis pas fini, loin de là. Si tu me trouves trop vieux, cherche-toi un autre Maître. La voix de Qui-Gon était cinglante. Il foudroya son élève du regard. Obi-Wan se raidit, ses doigts serrant la rambarde de fer.

Il regarda à nouveau devant lui, le visage fermé. Le jeune Jedi se tut. Il ne voulait pas entrer dans la polémique. Il savait parfaitement que Qui-Gon avait décidé de retourner sur la base rechercher l’enfant. Il l’avait promis à sa mère et il ne faillirait pas. Comme souvent, depuis qu’il le connaissait, son Maître n’en faisait qu’à sa tête. Pourquoi en serait-il autrement cette fois ? Obi-Wan pensa que si Qui-Gon était plus discipliné, il siégerait parmi les Sages du Conseil et n’irait plus, à son âge, faire le coup de sabre dans la galaxie. Il méritait amplement cet honneur. Obi-Wan se surprit à pense aux nombreuses séances du Conseil où son maître était parti en claquant la porte, frustré de leur décision.

Qui-Gon, d’un seul coup, le tirant de ses pensées, lui dit :
-Obi-Wan, je pense très sincèrement que tu es prêt, sur bien des points, à passer les épreuves finales. Si le Conseil me cause des ennuis quant j’aurai délivré ce gamin, je leur rendrai mon sabre et tu deviendras alors Chevalier Jedi.
Obi-Wan le regardait interloqué.
Qui-Gon l’observa, les yeux mi-clos et continua sur sa lancée.
-Je ne veux pas qu’un dilemme se pose à toi, que tu sois forcé de choisir entre la perception de ton devoir et l’affection que tu me portes. Tu sais que je te considère comme l’enfant que je n’ai pas su…. pardon, Qui-Gon s’éclaircit la voix, pas vraiment eu et n’aurai plus car maintenant je suis un peu trop vieux pour ce genre de chose et de toute façon, notre Code l’interdit.
Obi-Wan avait remarqué les mots, le changement de ton et l’hésitation de son Maître mais il se garda bien de réponde. Qui-Gon avait profondément souffert de ne pouvoir assumer pleinement son rôle de père et le faisait d’une autre manière. De son côté, Qui-Gon que son fils n'avait jamais appelé autrement que Maître, attendait qu'Obi-Wan vienne enfin vers lui en tant que fils.
-Si tu dois aller contre toi-même pour me suivre et que c’est inacceptable à tes yeux, je voudrai que tu me le dises. Réfléchis bien. Quelle que soit ta décision, je la respecterai et ceci ne modifiera en rien l’immense l’affection que j’ai pour toi. Quand tu seras sûr de ta réponse, dis-le-moi.
Obi-Wan le dévisagea attentivement.

Qui-Gon avait le regard fixe, comme s’il était sur un monde lointain où lui seul pouvait se rendre. Obi-Wan, bien qu’il s’en doutât, se demandait quelle souffrance affectait ainsi son Maître et le minait. Voyant que Qui-Gon ne disait rien, il ne lui posa aucune question, malgré qu’elle lui brûlât les lèvres. Ils restèrent ainsi pendant quelques minutes puis Qui-Gon posa enfin ses yeux sur lui et lui dit.
-Je pense qu’il est temps de partir, Padawan. Nous allons aller chercher cette jeune femme et repartir sur Cirrus, à moins qu’elle ne veuille rester ici, ce dont je doute.
-Nous allons l’emmener avec nous ?
-Bien sûr, Obi-Wan ! Je vais honorer ma dette envers elle et ensuite, elle fera ce qu’elle veut. Cela m’étonnerait qu’elle décide de rester ici à nous attendre. Elle va certainement vouloir nous suivre. De plus, quelques jours de repos ne nous feront pas de mal à tous. Peut-être trouverons-nous une réponse aux questions que nous nous posons et une solution pour elle ?
Il le regarda d'un air songeur.
-Maintenant, je dois aller lui expliquer le refus du Conseil. C’est à moi de le faire. J’espère qu’elle comprendra. Mais avant que nous repartions, j’ai à faire ici. Cela me prendra une heure ou deux. Vous irez m’attendre tous les deux chez Didi.
-Maître, je peux…enfin nous pouvons vous attendre ici.
-Non Obi-Wan. Il est préférable qu’elle ne reste pas au Temple. Va chez Didi. Tu en profiteras pour goûter ses dernières trouvailles. Je vous y retrouverai. Ensuite, nous repartirons.
-Oui Maître.
Qui-Gon se redressa avec une légère grimace et ferma son manteau de bure en regardant son élève.
-Obi-Wan, réfléchis bien à ce que tu souhaites faire. Je vais lui proposer d’aller récupérer son fils contre l’avis du Conseil. Ensuite, elle fera ce qu’elle veut et organisera sa vie avec son gamin. Ma décision est prise et je ne changerai pas d’avis. Allons-y.

Qui-Gon sortit d’un pas vif de la salle des Holocartes et s’engouffra dans le turbo-lift, Obi-Wan derrière lui.

A suivre ...