Elle s’assoupit quelques minutes. Pendant quelques minutes, elle laissa son esprit se vider et tenta de dormir…mais elle fut brutalement sortie de cette paix précaire par l’ouverture du sas et à nouveau cette violente lumière qui lui brûla la rétine. Deux hommes entrèrent suivit d’un Torsk. Ces affreuses créatures qu’elle ne connaissait que trop bien et qui la répugnaient ! Il se plaça juste à côté du sas, un plateau entre les mains alors que les deux hommes s’avancèrent vers elle. Ils étaient humains, mais elle n’aurait sur dire de quel monde ils venaient, non seulement parce que les humains standards étaient partout et pour les seuls qui avaient quelques caractéristiques, elle n’aurait pas été capable de les reconnaître, ni même d’associer leur caractéristique à une planète quelconque…
Ils s’avancèrent près d’elle et l’observèrent brièvement. Ils n’échangèrent pas un seul mot. Lorsque le premier fixait ses pupilles, l’autre observait sa blessure. Elle avait la sensation d’être un sujet d’étude, un cobaye au milieu d’un laboratoire. Le premier secoua la tête négativement, alors que le second, lui, semblait affirmatif sur le sujet…jamais d’accord les scientifiques…
Ils l’observèrent ainsi sous toutes les coutures, pendant une bonne heure. A la fin, elle crut devenir complètement folle. Elle ne parvenait pas à remuer le moindre membre d’elle même comme si le fait que Dakhan lui soigne sa toux et sa fièvre avait eu un prix pour le reste de son organisme. Elle ne supportait pas le fait d’être consciente et de ne pouvoir être maître de ses actions. Un légume…rien de très glorieux…

Lorsqu’ils finirent leur inspection, ils se levèrent et quittèrent la pièce. Le Torsk en profita alors pour avancer et déposer un plateau à côté de son lit…puis, faisant demi tour, il sortit à son tour. La lumière s’éteignit…
« -Ah bravo!” Murmura Neve.
C’était vraiment le comble de la stupidité. Mais elle prit son mal en patience et attendit que ses yeux s’habituent à nouveau à l’obscurité totale qui l’environnait. Elle eut du mal à voir le plateau et ce qui était posé dessus, mais elle parvint à distinguer quelques vagues formes. Voilà pour la première étape. La seconde, allait être moins facile. Elle tenta soulever son bras gauche, espérant ainsi saisir le verre d’eau qu’elle croyait voir sur le devant du plateau, non loin d’elle. Mais même après une bonne douzaine de tentatives, elle ne parvint pas à éloigner son bras. Et la soif n’avait pas baissé d’intensité. Patience…elle se devait de rester patiente. Elle se concentra encore une fois et parvint enfin à soulever son bras. C’était une prouesse psychologique plus que physique. Elle serrait les dents et ne pensait plus qu’à saisir le verre. Son bras avançait lentement vers le plateau et elle avait la sensation qu’il pesait une tonne. Il continua sa progression jusqu’à ce que son doigt frôle enfin quelque chose. Elle avait gagné, une demi victoire…mais c’était déjà plus qu’elle n’avait pu l’imaginer. Elle saisit le verre avec lenteur et précaution et ramena son bras à elle. La concentration qu’elle apportait à ce simple geste était si intense qu’elle puisait toute son énergie et elle n’en avait pas beaucoup. Neve serrait le verre aussi fortement qu’elle le pouvait, tout en rapprochant son bras, seconde après seconde. Le coude était déjà presque totalement replié. Elle allait enfin pouvoir tremper ses lèvres dans le liquide précieux. Elle tenta alors de redresser la tête pour pouvoir boire, mais ce fut le geste de trop. Elle perdit tout contrôle sur son bras et elle ne parvint qu’à tremper le bout de ses lèvres avant que les doigts ne lâchent le verre qui roula en sol, répandant l’eau…

Neve se laisse retomber dans le fond du lit, dépitée, écoeurée. Elle laissa son bras choir en dehors du lit et des larmes recommencèrent à perler sur son visage. Elle ne tiendrait pas longtemps comme ça, de cette manière…
Elle ne voulait pas s’apitoyer sur son sort, non, elle devait se battre, mais là c’était trop, trop… beaucoup trop. Elle sanglotait…seule…et en silence.
Elle ne savait pas où elle devait puiser la force mentale de se reprendre, elle était enfermée dans le noir, blessée, devant absolument protéger l’enfant qu’elle portait, déshydratée et affamée. A ce rythme, elle ne survivrait pas, et si elle y parvenait malgré tout, elle finirait complètement folle.
Elle laissa son esprit divaguer, espérant alors le réfugier dans un endroit que personne ne pourrait atteindre. Mais à chaque fois, elle se retrouvait dans cette pièce sombre. Et elle finit par croire que c’était encore un plan pervers de Dakhan pour la faire ployer. Il voulait d’abord la détruire entièrement avant de recoller les morceaux dans l’ordre qui lui plaisait. Tout semblait perdu d’avance…mais une part d’elle même refusait encore et toujours de se soumettre.
« -Non, tu n’y arriveras pas…tu n’y arriveras pas… »
Elle essayait de se convaincre entièrement de sa force…mais au fond, ce n’était qu’un immense cri de désespoir le plus complet. Elle entendit alors un immense vacarme au dehors…
Neve écouta alors attentivement…cette vibration…c’était celle d’un…

Tout à coup une lueur d’espoir l’envahit et il lui sembla que les forces lui revenaient…on venait la chercher…ses amis ne l’avaient pas abandonnée…
Mais sa joie ne fut que de courte durée. Elle entendit une voix forte tonner :
« -Espèce de fiente de Hutt ! Va brûler en enfer ! »
Toute cette haine déployée en ces mots lui firent perdre totalement espoir. Le sas s’ouvrit alors et la lame pourpre du sabre laser de Dakhan s’éteignit dans un souffle…
La lumière qui s’alluma alors fut plus douce, quasiment imperceptible, mais pourtant bien présente. Il entra d’un pas rapide et ramassa le verre. Il fixa Neve d’un regard qui exprimait… de la tristesse ?????? En quelque sorte…
Il passa sa main sur le visage de la jeune femme et déclara d’un ton froid :
« -On ne peut être correctement servis que par soi-même !! »
Il sortit, le verre en main…
Il revint quelques minutes plus tard, le verre rempli d’eau. Il s’assit au bord du lit et aida Neve à se redresser, puis, la fit boire à petites gorgées.
« -Tu dois reprendre des forces. Je ne veux pas que ma compagne soit une loque ! Tant que tu ne parviendras pas à te nourrir toi même, je viendrai t’aider.
-M’aider ? » Souffla t’elle, surprise.
Il la toisa du regard, comme si elle avait prononcé le mot qu’elle aurait mieux fait d’oublier. Il entreprit alors de lui faire manger le maigre repas que le Torsk avait préparé. C’était froid, mais c’était mieux que rien…
« -Tu te souviens…souffla t’il, sur Coruscant…lorsque nous étions adolescents…
Quand nous avions volé une navette ? Oui, je m’en souviens…répondit Neve en avalant de petites bouchées.
-Le Maître avait été furieux lorsque nous sommes rentrés… »
Neve acquiesça en silence…oui, elle s’en souvenait…sa fureur s’était ressentie dès qu’ils étaient arrivés en orbite de la planète…et lorsqu’ils étaient arrivés dans les souterrains, ils avaient été conduits immédiatement devant lui. Elle se souvenait encore de la brûlante gifle qui s’était abattue sur son visage…
« -Tu es intervenu, en disant que c’était toi qui m’avait entraînée dans cette aventure…
-Il t’avait frappé. Tu avais les larmes aux yeux et la lèvres en sang. Je ne voulais pas qu’il… »
Il s’arrêta. Mais Neve reprit :
« -Tu as été torturé toute la nuit et moi j’ai été enfermée dans la cellule juste à côté. Je me souviens que tu ne criais pas. Pourtant je sentais oh combien ça te faisait souffrir… »
Il ne répondit rien et continua à lui donner à manger. Mais elle ne pouvait plus rien avaler et il la reposa doucement dans le lit. Son visage était inexpressif et lorsqu’il la fixa, elle avait la sensation que cette conversation, n’avait pas éveillé en lui le moindre souffle de paix ou de sentiments… Il saisit le plateau et se dirigea vers le sas de sortie. Avant de quitter la pièce, il déclara:
« -J’étais resté enfermé cinq jours en cellule sans manger et sans boire. Tu es venue, matin et soir pour soigner mes plaies et pour outrepasser les ordres. Je te dois bien cela… »

Le sas se referma. Neve ferma les yeux…elle ne pouvait y croire. Elle n’avait que douze ans lorsque cette mésaventure leur était arrivée et Dakhan avait considéré son acte comme une dette de vie. Alors qu’en réalité, elle l’avait seulement aidé parce qu’il s’était sacrifié pour elle…elle avait même trouvé qu’elle n’en avait pas fait assez…c’était si loin maintenant, ils avaient tous les deux tellement changé. Et surtout Dakhan ne savait pas non plus que leur Maître avait découvert son manège et l’avait punie en conséquence : après avoir été battue jusqu’à en perdre conscience, il lui avait entaillé le dos de la nuque jusqu’à la taille…un sourire triste s’afficha sur son visage à ce souvenir. Ça ne l’avait pas arrêtée…alors pourquoi la situation actuelle l’arrêterait ?
« -Merci Dakhan… » Souffla t’elle en s’endormant.