Par Neve Solo

Chapitre 3 : Les cinq premières années.
1ere partie

Les couloirs sombres étaient silencieux, comme à chaque fois qu’il mettait les pieds ici. Cependant il lui semblait que quelque chose était différent. Il n’aurait su exactement définir cette sensation, peut être parce qu’il était encore trop jeune pour en saisir toute la gravité. Il s’arrêta devant une porte avec la sensation d’avoir perdu quelque chose de plus important que lui-même. Cette sensation ne le quittait plus depuis les deux derniers jours. Atodeinon l’avait fait revenir d’urgence pour une raison qu’il ignorait encore. Agé d’à peine 11 ans, Katan était ce qu’on pouvait déjà appeler d’apprentis Sith accompli. Son jeune corps musclé était couvert de nombreuses cicatrices que lui avait généreusement accordé son maître lors d’innombrable entraînement pendant lesquels il avait fait des erreurs…qu’il ne refrait plus. Il avait compris la leçon. Il fixait toujours cette porte avec intensité lorsqu’une voix familière s’adressa à lui à l’autre bout du couloir :
" -Qu’est-ce que tu fous là ? On t’attend ! "
Ténoren. Cette espèce de raté se permettait de jouer les patrons avec lui. Pff, quel idiot. Tout ça parce qu’il était un famillier d’Atodeinon. Seulement, le jour des épreuves et il l’attendait avec impatience, Ténoren serait à sa merci, sans avoir de Seigneur noir pour appuis et là…et bien là, il se ferait une immense joie de l’exécuter. Un léger sourire pervers se dessina sur les lèvres du jeune garçon lorsqu’il arriva à hauteur de son aîné qui le toisait d’un regard supérieur. Oui, un jour il perdrait cette supériorité et le supplierait de l’épargner. Mais en attendant, il se devant d’obéir à cet imbécile et, courbant l’échine, il murmura :
" -Je suis en retard, veuillez m’excuser. "
Au son des excuses, Ténoren se sentit grandir d’une dizaine de centimètre. Cette espèce de petite larve teigneuse lui obéissait au doigt et à l’œil et en plus elle s’excusait. Vraiment, il avait l’étoffe d’un Seigneur noir et ne comprenait pas pourquoi Atodeinon voulait que cette petite geignarde devienne son successeur. Quoi qu’il en soit, Katan était, on ne peut plus soumis à sa volonté. Il était certain que seule sa présence terrifiait le jeune garçon. Le poussant d’un geste brusque vers l’avant, il rétorqua avec arrogance :
" -Soit heureux que je ne t’égorge pas et avance ! Le Seigneur Atodeinon t’attend pour diner.
-Diner ? " Demanda Katan les yeux grands ouverts de surprise.
En effet, il était plutôt rare que le Seigneur lui partage une quelconque nourriture. Généralement il n’avait que les restes avariés et là encore, c’était jour de fête. Ténoren eut un sourire encore plus large qui écoeura profondément l’adolescent.

" -Oui, tu as bien entendu. Maintenant dépèche c’est certainement en train de refroidir ! "
Le reste du chemin se poursuivit dans le silence le plus complet. Seulement, Katan n’était pas rassuré. Depuis quelques temps, il avait cette sensation étrange et maintenant, le comportement de Ténoren qui était plus arrogant qu’à l’habitude et Atodeinon qui l’attendait pour diner. Non…quelque chose n’allait pas, pas du tout. Malgré cela, toutes ses tentatives pour sonder l’esprit de son aîné furent inutiles. Soit ce crétin avait vraiment la tête vide, soit il s’était réfugié dans un recoin de son esprit et se protégeait derrière. Cependant, il ne lui fit pas la remarque, comme s’il n’avait pas senti ses tentatives de sondage.
Arrivé devant la salle de repas bien trop grande pour eux trois, il sentit son cœur se serrer. Atodeinon était juste derrière et comme à chaque fois qu’il se trouvait en sa présence, il se sentait oppressé, torturé. Cet homme était vraiment un Seigneu de la Sith. Avant même de le voir, Katan sentait sa présence. Il avait fouillé son esprit aussi aisément que s’il n’y avait pas eu de barrière et lui accordait le droit d’entrer dans la salle. Lorsque le sas s’ouvrit, Katan s’avança vers le Seigneur noir et posa un genou à terre, tête baissée. La voix d’Atodeinon le fit frissonner et il n’osa pas lui poser les questions qui lui trottinaient dans la tête depuis tout à l’heure.
" -Assied toi Katan et mange. "
Obéissant, il se glissa silencieusement vers la chaise située à gauche du Sith et s’assit. Dans une écuelle ébréchée il trouva une bouillie énergétique jaunâtre à l’odeur répugnante qui se noyait dans le jus provenant d’une viande saignante. Une viande ? Son regard se porta immédiatement sur le seigneur noir. Ce dernier ne remuait pas le moindre membre. Son écuelle était vide mais il y restait encore quelques miettes de bouillie. Ténoren quant à lui gloussa en voyant la mine surprise de son comparse et déclara d’un ton provocant :
" -Si tu ne te dépêches pas de bouffer, je te prends ta part. "
En effet, il dévorait son repas à grandes cuillerés et d’ici quelques minutes il ne resterait plus rien. Katan ne se laissa pas prier une seconde fois et mangea. La bouillie était vraiment atroce, mais la viande, pour une fois qu’il y en avait, n’était pas mauvaise, excepté qu’elle lui semblait un peu plus sucrée que les maigres morceaux qu’on lui avait déjà donnés. Peut-être était-ce parce que la chair était plus fraîche. Quoi qu’il en soit, il n’en laissa pas une miette et repus, il s’affala sur sa chaise. C’est alors que sa crainte revint à la charge. Le regard du Sith se posa sur lui et sa voix caverneuse s’éleva dans la salle, rude et menaçante :
" -Tu devais surveiller les couveuses. "
Katan se redressa subitement et rétorqua, nerveux :
" -J’ai demandé à Kaleb de me relever lorsque Darth…
-Silence. " Coupa Ténoren d’un ton sec.
Katan toisa l’apprenti d’Atodéinon. Ses yeux crachaient des éclaires et s’il avait pu lui sauter à la gorge, il l’aurait fait avec joie.
" -J’ai déjà entendu la version de ta sœur. Mais je ne tolérerai plus une seule négligence de ta part. Si tu échoues à ta prochaine mission, tu iras rejoindre ta sœur. "
Katan déglutit. Son étrange sensation était revenue au galop. Pourquoi le Sith avait-il tant insisté sur la fin de sa phrase, pourquoi Ténoren souriait-il de toutes ses dents sales. Pourquoi…pourquoi avait-il soudain la sensation que…
" -Elle était bonne la viande, n’est-ce pas ? " Demanda Ténoren.
Katan manqua de tomber de sa chaise. D’un geste brusque, il envoya l’assiette voler à l’autre bout de la table et se leva aussitôt. Non, il ne pouvait pas croire que…non…il le faisait marcher, cet idiot de Ténoren faisait cela pour l’ennuyer…mais alors, pourquoi avait-il la sensation que…que…
Une violente nausée le saisit alors qu’il se dirigeait vers le sas. Il devait sortir, s’éloigner à tout pris de cet endroit. La porte mis des heures à s’ouvrir et à peine fut-il dehors qu’il rendit tout ce qu’il avait avalé jusqu’à épuisement. Tombant à genou sur le sol, l’âme déchirée, les larmes aux bords des yeux il sentait que la punition d’Atodeinon pour avoir laissé les couveuses sans surveillance était bien pire que tous les coups qu’il avait déjà reçus depuis toutes ces années. Il ne parvenait plus à se relever et le regard vague il saisit à peine la voix d’Atodeinon qui passait à côté de lui :
" -Gâcher une si bonne nourriture. Tu mangeras avec nous ta part tous les soirs jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’elle et gare à toi si tu t’avises encore à vomir. "

Pendant près d’un mois, tous les soirs, il du se nourrir de sa sœur. Les premiers jours, il avait du faire tout son possible pour ne pas rendre la nourriture mais à présent, l’habitude l’avait emporté sur le dégoût. La bouillie était devenue un mets de choix et dès que la viande serait à nouveau rare, il s’était jurer de ne plus jamais en avaler. Atodeinon et Ténoren semblaient se régaler chaque soir de cette chair humaine et c’était cela qui l’écoeurait plus encore. Le Sith ne lui avait encore confié aucune nouvelle mission comme s’il patientait. Il attendait de voir si le jeune garçon défaillerait pour mieux l’achever. Mais Katan tenait bon. Il ne se laisserait pas détruire et il vengerait sa sœur. Il tuerait Ténoren le jour des épreuves de Chevalier et lorsqu’il lui faudrait devenir Seigneur Sith, il détruirait Atodeinon, oui, avec sa haine et sa rancune, il y parviendrait sans problème.
Ce soir là le seigneur noir avait amené quelque chose…plutôt quelqu’un. Katan fut surpris de voir son maître donner le biberon à un nourrisson. C’était plutôt…hors du commun. Le lait dont le bébé se nourrissait avait une étrange couleur rougeâtre mais il avalait le tout à grande goulée. Percevant l’étonnement du jeune garçon, Atodeinon déclara :
" -A partir de demain, c’est toi qui t’en occuperas. "
Puis, tendant l’enfant, il le déposa dans les bras de Katan. Ce dernier n’avait aucune idée de ce qu’il devait faire. Comment s’occupe t’on d’un bébé ? Et depuis quand le Sith s’accaparait-il d’une chose aussi…encombrante et inutile ? Qu’est-ce qui se passait à la fin ?
Jamais une seule de ces questions ne trouva de réponse.

Avec patience, Katan supporta pleurs et cris du nourrisson. Aussi souvent que nécessaire, il lui donna à boire, la changea et bientôt lui apprit à marcher. Elle fut à peine sur ses deux jambes, bredouillant quelques mots qu’Atodeinon repris sa garde, ne la laissant à Katan que le soir. L’adolescent s’était habitué à la présence de la petite Neva et il lui était déjà arrivé de rire avec ses espiègleries de petite fille. C’était peut-être une faiblesse, mais elle lui faisait le plus grand bien, le soulageant d’un poids trop lourd pour son être. Cependant, cela ne dura pas. A peine un an après l’arrivée de la fillette, Atodeinon décida de la garder jours et nuits et pendant plusieurs mois on ne les vit ni elle, ni lui.
Mois qui se transformèrent bien vites en années…

La première génération Sith avait fait son apparition. Ténoren se chargeait, avec d’autres Siths de les élever dans l’une des zones de la base souterraine. Katan, quant à lui se chargeait de surveiller la nouvelle génération qui grandissait sous couveuse. Cela faisait au total une centaine de guerriers Siths qui poursuivraient une croissance accélérée jusqu’à l’adolescence avant d’être éduqué par des apprentis Siths comme Ténoren. De la chaire à canon pour une future guerre qui opposerait Sidious et Atodéinon dans un duel de force. Ces deux vieux ennemis pourraient enfin se battre au grand jour, ayant la galaxie pour trophée.
Alors qu’il veillait ce soir là, assis sur une chaise glaciale, seul au milieu de machines brûlantes, il entendit un léger bruit. Se redressant, il regarda autour de lui mais ne vit rien. Curieux, il fit rapidement le tour de la pièce, sondant le moindre espace de vide à l’aide de la Force. Mais aucun échos ne lui parvint et il alla se r’asseoir, intrigué. Il avait l’habitude des longues soirées silencieuses bercées par le ronronnement des couveuses et ce petit souffle l’avait sorti de ses songes. Il resta encore quelques minutes, attentif à ce qui l’entourait avant de reprendre le cours de ses méditations. Il préparait, point par point, sa vengeance envers Ténoren et Atodéinon, veillant à étudier la moindre possibilité de duel. Il ne voulait rien laisser au hasard et le moment venu, il s’adapterait au fur et à mesure. A nouveau ce petit bruit. C’était léger, presque imperceptible. Une oreille inattentive n’aurait rien remarqué mais Katan ne laissait rien filtrer. Il ne voulait pas laisser à Ténoren l’occasion de le battre et à Atodeinon l'opportunité de le découper en morceau pour faire de lui un copieux repas. A cette idée, il eut un relent d’amertume et serra les poings. Comment avait-il osé ? Comment s’était-il permis ? Tout ça pour cette gosse, cette espèce de vermisseau geignard qu’il avait du supporté pendant presque un an à toute heure. Car à présent, il savait. Ténoren s’était fait une joie de lui dire comment Atodeinon avait puisé en sa sœur la source de la vie pour la transmettre à l’intérieur du nourrisson qui était tombé du lit. C’était à cause d’elle que Kaleb était morte, à cause d’elle qu’il avait du s’en nourrir pendant des mois, à cause d’elle qu’il souffrait de ne plus la voir, de ne plus l’entendre…
" -Kaleb…souffla t’il. "
Elle avait toujours veillé à son bien être et c’était pour cette raison qu’ils avaient rejoint la Sith. Les coups, les injures et toutes ces tortures subies pour qu’elle puisse faire venir son petit frère, pour qu’ils puissent vivre au chaud ici le temps qu’ils deviennent forts. Tous ces sacrifices réduits à néant par cette immonde bâtarde protégée par Atodeinon.
A cette idée, il laissa exploser sa colère et se redressant, il saisit sa chaise et l’envoya voler à l’autre bout de la pièce.
Cependant le fracas qu’il espérait entendre ne se produisit pas. A sa grande surprise, la chaise resta en l’air au beau milieu de la pièce. Il resta interdit quelques secondes, observant l’objet métallique suspendu dans le vide avant de se diriger vers la source de son maintient. La Force était perceptible dans toute la pièce et il suffisait d’en trouver l’origine pour débusquer l’intrus. Il y parvint sans mal, mais sa surprise fut telle, qu’il recula de quelques pas. Entre deux couveuses, une gamine de trois ans, habillée tissu troué, aux cheveux hirsute et aux ongles de sorcière, jouait avec le cadavre d’un rat. Cela n’avait rien d’exceptionnel si ce n’est qu’elle avait le dos tourné à la chaise qui, si elle avait poursuivis sa course, se serait immédiatement abattue sur l’enfant.
" -Qu’est-ce que tu fous là ? "
La fillette ne sembla pas se préoccuper de sa présence et encore moins de sa question. Elle continuait de torturer le pauvre animal mort, lui tirant queue et pattes avec un sourire satisfait.
Katan s’énerva et la soulevant brutalement du sol :
" -Dis ! Je t’ai posé une question. "
Les yeux cristallins de la fillette se posèrent sur lui avec dédain et il ressentit au même moment une violente douleur dans le dos. Il grimaça de douleur mais la tint fermement. Elle avait certainement espéré le déstabiliser, mais ce n’était pas avec une simple chaise envoyée avec violence qu’elle y parviendrait. Le regard enragé, il serra fortement la taille de l’enfant avec ses mains mais elle ne s’en soucia guère. Au contraire, elle le fixa avec intensité et arrogance ce qui eut pour effet de le mettre encore plus en colère. La gamine ne broncha pas plus lorsqu’il resserra davantage son étau contre sa taille fébrile. Un silence de mort s’était établi autour d’eux et Katan ne s’en rendit même pas compte. La fillette eut un léger sourire en coin et déclara d’une voix qui ressemblait plus à celle d’une adolescente qu’à une enfant de son âge :
" -Lâche-moi Katan. "
Ses yeux s’écarquillèrent. Cette voix. Comment ? C’était celle de Kaleb, il l’aurait reconnu entre mille. Cependant la gamine n’avait même pas remué les lèvres. Il frémit. Son hésitation encouragea la gamine dans son ignoble jeu :
" -C’est moi. Pose-moi par terre. "
Tremblant comme une feuille, le jeune garçon ne savait plus que faire. Il ne s’était pas attendu à ce genre de surprise. La voix de sa sœur résonnait dans son esprit encore et encore avec ces mêmes paroles et son ton presque doux. Lentement, il commença à descendre l’enfant, desserrant inconsciemment son étau. Celle-ci jubilait. Son visage souriait présomptueusement. Lorsqu’elle se sentit assez proche du sol, elle se dégagea avec une étonnante facilité et quitta la salle en trottinant. Avant que le sas ne se referme, elle déclara d’une voix fluette :
" -T’es aussi bête qu’le rat ! "
Sortant de sa torpeur, Katan perçut à nouveau le ronronnement des couveuses et le sifflement de la porte. Un léger mal de crâne venait de naître dans un coin de sa tête et il soupira. Une violente douleur lui taquinait le dos et il remarqua la chaise à ses pieds. D’un geste lent il la redressa et s’affala dessus…
Il leva le nez vers une petite horloge et haussa un sourcil. Il lui semblait pourtant avoir regardé l’heure dix minutes auparavant or…cela faisait déjà une demi-heure et il ne se souvenait pas d’avoir renversé la chaise.

Dehors, la fillette tendit la main et reçut une petite bille énergétique qu’elle s’empressa d’engloutir. La silhouette sombre s’éloigna et elle la suivit silencieusement en trottinant. Lorsqu’ils furent assez loin de la salle des couveuses, une voix familière résonna dans son esprit :
" -C’est bien Neva.
-Papa… " Souffla t’elle.
Une violente douleur s’abattit sur la joue de la fillette qui perdit l’équilibre et tomba sur le sol sale du couloir. La voix se fit plus menaçante encore dans son esprit :
" -Je t’interdis de m’appeler comme ça ! "
La gamine sentit les larmes monter à ses yeux mais n’osa pas pleurer. Elle se souvenait encore trop bien de ce qui lui était arrivé la dernière fois qu’elle avait versée de grosses larmes. Il lui avait collé les paupières, l’empêchant ainsi de les fermer et ses yeux s’étaient rapidement desséchés. Elle n’avait vu que du noir pendant plusieurs jours et ne voulait pas réitérer l’expérience.
Il continua son chemin, la laissant sur le sol glacial. Elle devait se dépêcher et retourner à ses côtés. Ça aussi elle l’avait compris à ses dépends. La dernière fois qu’elle ne s’était pas relevée suffisamment vite, il l’avait enfermé toute une journée dans la pièce dans laquelle elle était tombée. Seule et dans le noir, sans rien à boire et à manger, elle s’était assise près de la porte et avait longuement pleuré. Lorsque ses yeux n’avaient plus voulu verser une seule larme, elle s’était endormie, tremblotante sur le sol gelé. Le silence ne lui avait jamais aussi peur et son imagination d’enfant avait rapidement créée des monstres et autres créatures affreuses qui venaient pour la dévorer. Lorsqu’il était venu la chercher, elle avait la sensation d’avoir passé des jours et des jours dans cette pièce et s’était jetée dans les bras du Sith. Sans aucun ménagement, il l’avait envoyé contre le mur le plus proche avec un simple jet de Force lui intimant l’ordre de ne plus jamais le ralentir et encore moins de se comporter comme une enfant puéril. Elle n’avait pas tout saisi, mais son petit cerveau avait rapidement compris qu’elle ne devait plus tomber et ne plus l’approcher.
Se redressant rapidement, manquant de tomber une seconde fois, elle le rejoignit au pas de course, trébuchant, encore tout tournis de la claque brûlante qui chauffait son visage.
Il ne posa pas un seul regard sur elle et ne se préoccupa plus de sa présence.
Pour elle, cette situation était normale, c’était sa manière à lui de lui montrer son amour. Elle ferait tout pour lui obéir pour qu’il soit fier d’elle et lui donne des récompenses. Il lui avait dit qu’il ne la battait pas pour le plaisir, mais pour qu’elle apprenne, pour qu’elle devienne forte, pour qu’elle soit la meilleure. Alors elle ne disait rien et subissait en silence, avec l’espoir de faire plaisir au seul être qu’elle côtoyait quotidiennement. Il était son univers. Elle se levait il était là, il la nourrissait, lui donnait à boire, lui apprenait beaucoup de chose, la frappait avec affection et sans retenu et faisait d’elle quelqu’un d’important.
Arrivés dans la seule pièce qu’elle considérait comme sa " chambre " et qui était celle d’Atodeinon, elle se dirigea immédiatement vers le petit coin sombre qui lui avait été aménagé. Elle s’assit sur le petit matelas troué et ne remua plus le moindre membre. Le maître n’aimait pas qu’elle court, qu’elle joue ou qu’elle fasse du bruit en sa présence. Parfois, elle devait rester des heures, assise dans cette position sans bouger. Elle avait souvent très mal et lorsqu’il lui autorisait de bouger, elle ne parvenait même plus à se lever sans grimacer. Aujourd’hui ce fut différent. Il alla prendre une chaise dans un autre coin de la pièce et la plaça devant le matelas. Pour la première fois depuis longtemps, il lui parla de sa propre voix et pas dans sa tête. Elle ne su s’il fallait avoir peur ou bien si c’était une bonne chose.
" - Neva, le temps est venu de te montrer aux autres.
-Autres ? Répéta t’elle de sa petite voix.
-Oui. D’autres, comme moi. Ils sont impatients de faire ta connaissance et tu as bien travaillé aujourd’hui. Il est temps qu’on sache qui tu es.
-C’est bien ? Demanda t’elle.
-Oh oui. "
Il semblait satisfait. Elle sourit. Il se leva et s’éloigna en déclarant :
" -C’est même parfait. Je vais pouvoir asseoir mon pouvoir sur Korriban et bientôt sur le reste de la galaxie grâce à toi, c’est mieux que tout ce que tu peux imaginer Neva ! "
Elle n’avait absolument pas compris ce qu’il voulait dire, mais il était ravi…alors elle l’était aussi. Cependant, ce n’était pas le moment de laisser éclater sa joie. Elle réfréna son sourire et se retint d’exprimer son contentement. Il se tourna à nouveau vers elle et elle sentit son regard la sonder.

Il observait l’enfant. Elle était sale et les chiffons qu’elle utilisait pour vêtement n’étaient pas vraiment ce qu’on aurait pu appeler convenable. Ses cheveux blonds hirsutes étaient crasseux et ses ongles d’une longueur incroyable. Il avait besoin d’un bain et de vêtement. S’il présentait cette sauvageonne au conseil de Korriban, personne ne le prendrait au sérieux et il avait besoin de tous les seigneurs noirs présents pour monter son complot contre Sidious. Il était l’un des plus puissants seigneurs de la Sith encore sur Korriban et il comptait bien jouer là dessus pour obtenir ce qu’il désirait : Le pouvoir, encore plus de pouvoir. La règle du maître et de l’apprenti était depuis longtemps dépassé dans son esprit. A deux seulement, ils n’avanceraient pas, mais toute une armée commandée par l’apprenti, voilà le plan génial qu’il avait monté dans son esprit depuis des années. Ténoren était voué à mourir le jour des épreuves, Katan était en sursit et Neva devenait donc l’apprenti officiel. A cela, le conseil n’aurait rien à redire. Il suffisait maintenant de la rendre présentable.
" -Appel Katan ! Ordonna t’il à la fillette.
-Katan ? Demanda t’elle de sa petite voix.
-Le garçon de tout à l’heure. "
Elle ferma les yeux et se concentra. Il sentit parfaitement la Force affluer en elle. Malgré sa petite taille, elle était douée. Elle avait besoin d’énormément d’énergie et de concentration pour parvenir à utiliser la Force, mais à la vitesse à laquelle elle évoluait dans le dark side, bientôt ce serait pour elle aussi facile que de respirer. La fierté le gagna. Cette enfant deviendrait le parfait tueur, l’arme la plus efficace que la Sith n’aura jamais éduqué et il en serait le créateur.

Katan arriva quelques minutes plus tard devant la chambre. Il avait reçu un appel plutôt étrange et sa surprise redoubla lorsqu’il vit la porte s’ouvrir devant une enfant, mal habillée et plutôt sale. Neva. C’était elle qu’Atodeinon gardait précieusement à ses côtés depuis un long moment. C’était elle qui…il avait l’étrange sensation de l’avoir déjà aperçu. Il tenta de se remémorer quand et où mais ses vertiges et son mal de crâne revinrent rapidement à la charge. La dernière fois qu’il l’avait vu, elle apprenait à peine à marcher. Il se résigna à cette réponse que lui donnait son cerveau douloureux et entra dans la salle. La fillette s’était dissimulée dans un coin et il n’y fit guère plus attention. Il alla s’agenouiller devant Atodeinon.
" -Oui, maître.
-Je veux que tu t’occupes de Neva. Elle a besoin d’un bain et d’un coup de brosse.
-…
-Je vais la présenter au conseil demain matin, elle sera mon apprentie.
-Mais Ténoren n’a… "
Il s’interrompit. Il n’avait aucun droit de juger la décision de son maître et acquiesça d’un signe de tête avant de se relever et de se diriger dans la direction vers laquelle il avait vu la gamine s’enfuir. Il la saisit dans ses bras et quitta la salle. Lorsqu’il fut dehors, il sourit de toutes ses dents. Si Ténoren apprenait ça, il allait être fou de rage. Depuis tout ce temps où il espérait devenir l’apprenti officiel d’Atodeinon, il se faisait doubler par cette gamine famélique. Oh ça promettait une belle dispute…