Le réveil est dur ce matin. J’ai mal dormi à cause d’une côte cassée. J’avais l’impression qu’à chacun de mes mouvements elle transperçait mes poumons. Seulement, là, j’ai pas le temps de ruminer la douleur et j’ai intérêt à me lever et à faire mes exercices. Au fait, je m’appelle Neva. Je dois avoir dix ans, je crois. J’ai arrêté de compter depuis un moment. Depuis peu, j’ai ma chambre. Katan m’a dit qu’autrefois c’était celle de sa sœur Kaleb, mais je ne me souviens pas l’avoir vu. Cependant son prénom me dit quelque chose…c’est au fond de moi et je n’arrive pas à savoir ce que c’est. Enfin, pas le temps de penser à ça non plus. Je dois faire ma série d’abdominos, d’étirements et de pompes avant d’aller prendre mon petit déjeuner. A la surface, ce ne doit même pas être l’aube mais le vent doit déjà souffler très fort. Bon allez…première dizaine d’abdos.
Aïe. Cette côte à la con qui fait des siennes. Si seulement j’avais été plus attentive, j’aurais vu ce coup de poing avant qu’il ne m’atteigne de plein fouet. Mais je ne suis pas assez attentive. Pas étonnant que maître Atodeinon soit obligé de m’en coller une. J’suis une vraie merde.
Allez…deuxième série de dix. Pourtant j’ai fait des progrès. J’ai fini la construction de mon sabre laser et je n’ai plus besoin de son soutient mental pour utiliser la Force à grande échelle. Bon j’ai des sacrées migraines après mais au moins il ne me considère plus comme un bébé baveu qu’il faut langer.
Troisième dizaine.
Saloperie…si tu continues à me faire mal à se train là je vais t’extraire de mes propres mains. Ignorer la douleur. En combat j’y arrive plutôt bien dernièrement, mais comme dirait Atodeinon, ça réveil mon démon intérieur. A ce qu’il m’a expliqué ça me fait entrer dans une espèce de folie furieuse pendant laquelle je n’ai aucun contrôle sur moi-même.
Quatrième dizaine.
Il aimerait que je sois consciente de ce que je fais pendant ces moments là, ainsi ça éviterait, selon lui que je tue n’importe qui. Facile à dire. Depuis l’autre fois, où il m’a brisé le poignet gauche, je n’arrive plus à me contrôler dans ces moments là. Il m’a fallu presque un an pour recouvrire la mobilité totale de mon poignet et même encore maintenant il lui arrive de me faire atrocement mal. Heureusement je suis droitière, mais je peux dire adieux à l’ambidextrie.
Sixième série de dix.
Je vais pas réussir à aller jusqu’à 100 aujourd’hui, ma côte me fait vraiment trop mal. Pourquoi suis-je aussi faible hein ? Qu’est-ce que j’ai dans le ventre ? Je vaux pas mieux qu’une de ses larves de Jedi qui passent leur temps à se pavoiser.
Septieme série.
Je ralentie la cadence. Bon…inspire…expire…insp…aïe BORDEL. Non…je ne dois pas restée allongée, je dois continuer, sinon mon petit déj va encore sauter. Et j’en suis qu’au début…Abstraction, je dois faire abstraction…
Huitième série.
Allez, c’est la dernière ligne droite. Après les étirements et les pompes ce sera du gateau. Bon, je ne sens presque plus cette satanée côte. Seulement, je sais qu’elle fait des siennes quand j’entends ma respiration. Maître Atodeinon va encore être content, je suis certaine que je vais encore avoir droit à des corvées pour être aussi mollassone.
Dizième dizaine.
Bon, on peut pas dire que je sois très rythmée…c’est plutôt bordélique ce matin. Si seulement j’avais pas aussi mal dans la poitrine. Si seulement j’avais pu prévoir ce coup. Comment peut-il supporter une élève aussi stupide que moi ??
Bon allez, étirements.
Première série…
Il n'y a pas de paix, il y a la colère
Il n'y a pas de peur, il y a le pouvoir
Il n'y a pas de mort, il y a l'immortalité
Il n'y a pas de faiblesse, il y a le Côté Obscur.
Deuxième série…
Je suis le coeur de l'Obscurité
Je ne connais pas la peur
Mais je l'inflige à mes ennemis
Je suis le destructeur de monde
Troisième série…
Je connais le pouvoir du Côté Obscur
Je suis le feu de la haine
Tout l'Univers s'incline devant moi
Quatrième série…
Je m'engage dans l'Obscurité
Où j'ai découvert la vraie vie
Dans la mort de la lumière.
je suis un Sith, le fléau des jedis.
Aaahhh ça fait du bien de se rappeler les bons principes dès le matin. Ça nous donne envie d’exister. Bon encore les pompes et je pourrais aller manger.
1…2…3…
Je sais que Maître Atodeinon m’observe et qu’il veille à ce que je fasse bien mon entraînement, mais je n’ai jamais su comment il y parvenait. Il suffit que j’oublie une chose et il me fait tout recommencer. Enfin, il dit que ça modèle mon corps de guerrier et je le crois. Dernièrement il m’a demandé pourquoi je me coupais les cheveux aussi court que Katan. Je n’ai pas compris. Alors il m’a expliqué un truc étrange. Je suis une fille. Vous vous rendez compte, moi, une fille ?
39…40…41…
Et oui, ça m’a fait tout bizarre quand il me l’a dit mais au fond de moi, j’avais enfin pris ma place. Et depuis Katan essaie de m’expliquer ce que font les filles et ce qu’elles ne font pas. Par exemple je ne dois pas cracher, ni jurer, je dois être moins brusque dans mes gestes et être plus féminine…c’est lourd son truc quoi. Pourquoi se compliquer la vie quand on peut faire simple. Enfin, j’ai pas trop le choix si je veux que père soit fier de moi. Alors je m’applique à être…une fille. C’est étrange, je n’en ai pas encore vu d’autre, ou peut-être la seule fois où je suis allée avec Maître Atondeinon à une réunion Sith, mais c’est loin et je ne m’en souviens plus très bien. Bon…
81…82…83…84…85…
Tiens, si j’essayais de réviser le cours d’hier. Pff pas facile. Alors…Coruscant, planète cité, dite la lumineuse, ville qui ne dort jamais. Centre nevralgique de la galaxie. Contient entre autre, le Sénat et le Temple de l’ordre Jedi. A la tête du Sénat : Palpatine. Au conseil Jedi : Yoda, Windu, Mundi…
99…100.
Bon c’est pas trop tôt, au lieu de me remplir la tête de ces noms de crétins, je ferais mieux de me remplir l’estomac.
Comme d’habitude j’ai la grande table pour moi toute seule. Une barre énergétique et un jus de fruit. Ça nourrit pas mais ça tient son homme debout. Euh…oui…je sais pas si on peut dire ça aussi dans le cas d’une fille. Mais pourquoi c’est si compliqué ? Oh oh…dépêchons nous de manger je sens la présence de père qui s’affirme. Il est déjà dans la salle de combat et il m’attend. Bon allez…on avale ça vite fait, on boit d’un trait par au-dessus et on fonce…
« -Bonjour maître.
-Neva, vient ici. »
Oui, il ne dit pas souvent bonjour. Généralement c’est mauvais signe quand il le dit. J’aime bien être prêt de lui. Sa présence me réconforte en quelque sorte. Enfin, comment dire. Disons que la Force qu’il dégage est tellement puissante que j’en ai envie. Beaucoup sont terrifiés par son aura de puissance, moi non, au contraire, j’en suis venue à un point que ne pas la sentir m’inquiète. Enfin, voilà. Dernièrement il est un peu plus violent avec moi. Je ne sais pas pourquoi, et je ne veux pas le savoir. Silencieusement je m’approche de lui et le fixe droit dans les yeux. Oui, il n’aime pas quand je baisse le regard, il dit que je dois être fière, seulement, je me sens indigne de lui.
« -Comment ce sont passés tes échauffements ce matin ?
-Bien maître.
-Et ta côte ?
-Douloureuse, mais la douleur me rend plus forte.
-Bien. Aujourd’hui ton travail est simple, je veux que tu fasses affluer la Force en toi avec toute la colère, la haine que tu peux générer en toi. Ferme les yeux et laisse la s’infiltrer en toi. Ne fait qu’un avec elle, sent comme elle te rend encore plus puissante. »
Alors qu’il continuait à me parler, j’obéissais. On faisait ce genre de travail régulièrement de façon à accroître mes perceptions et ma vitesse de contrôle. Au départ j’avais du mal…je ne comprenais pas comment faire affluer la Force, mais j’ai rapidement compris. Parce que de la colère j’en ai à revendre. Je hais cet univers parce qu’il est pourri de l’intérieur, je hais mes parents parce qu’ils m’ont abandonné et auraient voulu que je sois morte, je hais les Jedis parce que c’est à cause d’eux que nous sommes obligés de nous terrer ici, je hais mon corps d’être aussi petit et aussi faible, je hais tous ces êtres inférieurs qui vivent, je me hais parce que je suis moi et je hais mon maître parce qu’il me fait mal, je hais Katan parce qu’il est gentil avec moi. Je suis la haine.
Alors que je ferme les yeux, je ressens comme une violente secousse qui me pousse en avant…
Je vois une autre fille. Elle est plus âgée que moi de quelques années. Elle est brune aux yeux noisette et plutôt jolie. Elle se trouve dans une salle claire et elle sourit. Je n’aime pas ce sourire. Elle m’écoeure. C’est une Jedi. Ou du moins elle essaie de l’être. Elle s’appelle Calista…
Ma vision se brouille et je reviens à moi. Atodeinon me regarde avec un sourire carnassier, le genre de sourire qui signifie : « je sais, c’est grâce à moi ». Il se penche vers moi avec son visage livide aux traits tirés et ses yeux jaunes cerclés de rouges se posent dans les miens. Sa voix sombre et froide s’abat sur moi telle une tempête de glace.
« -C’est ta sœur. Tu vois comme elle est heureuse sans toi ? Tu vois comment elle t’a abandonné. Tu n’es rien pour elle, tu ne vaux rien, tu n’existes même pas. Je t’ai recueillis, j’ai fait de toi ce que tu es et ce que tu seras. Jamais elle n’égalera ta puissance et un jour, tu pourras jouir de son sang entre tes doigts. Un jour tu lui montreras que le rebus de l’humanité que tu es peut être aussi forte qu’elle. N’est-ce pas ? »
Mes doigts étaient crispés et mon regard perdu dans le vague. Il avait raison, il avait toujours raison. Elle était heureuse et moi j’étais dans ce trou à ras à me faire tabasser. Soudain, une giffle s’abattit sur mon visage me brûlant la joue et faisant couler du sang. Mes lèvres. Levant un regard foudroyant vers lui, il murmura d’un ton menaçant :
« -Répond-moi mon enfant.
-Je la hais, je vous hais tous. Elle n’est rien, comme tous ces minables qui se font appeler Jedi. Ils ne connaissent rien de la véritable puissance de la colère. »
Et sur ses mots, je prononçais un juron et crachais. Le sourire du Sith se fit encore plus large.
« -Tu me hais, mais sache une chose. Sans moi tu ne vaux pas mieux qu’elle. Je suis ton Maître et n’oublie jamais ceci. Je peux te réduire en miette d’un simple claquement de doigt. »
Je ne répondis rien, mais je ne pu m’empêcher de sourire. Oui, c’était le cas pour le moment. Mais un jour, moi aussi je pourrais le tuer d’un claquement de doigt.
« -Oui, mais tu ne le feras pas. » Répondit-il en se tournant vers moi.
Je n’étais pas surprise. J’avais voulu qu’il m’entende par la Force.
« -On reprend notre petit jeu ? » Demanda t’il du ton de l’amusement.
J’acquiesçais. Oui, j’aimais bien ce jeu. Il consistait simplement à ce que je l’attaque. De tous les moyens en ma possession je me devais de l’attaquer. Plus ma force augmentait et plus les coups que je recevais en retour étaient violents. Il était puissant, bien plus que je ne le serais jamais, cependant, j’aspirais à cette ambition, devenir comme lui, être lui.
Je savais que bientôt il m’enverrait faire des missions sur d’autres mondes, mais d’ici là, je devais être parfaite. Il me fixait d’un regard amusé, moi d’un regard de prédateur. J’étais son jouet, mais j’étais son préféré. J’étais sa créature et il m’avait façonné à sa façon, sous les coups, les menaces, les privations, les exercices astreignants et les paroles. J’étais invulnérable et je ne craignais plus la douleur, ni la mort.
D’un bond, je me jetai sur lui tout en utilisant la Force pour projeter des objet contre lui pendant mon déplacement. Ainsi, alors qu’il s’occupait d’une chaise qui lui arrivait par derrière, je me déplaçai sur la droite et envoyai un jet de Force. L’instant d’après je revenais sur la gauche créant une source de chaleur dans la paume de ma main. Puis j’envoyai mes petits éclairs sur lui tout en concentrant la Force sur son esprit. Je ne lui faisais pas peur, je l’amusais seulement. Il trouvait que mon niveau avait sérieusement progressé mais que je réfrénais mes capacités par crainte d’éveiller mon démon intérieur. A cette idée, je tressaillis…non…il voulait…
Au même instant ses éclairs à lui m’atteignir. Je retins un cri et me retrouvai propulsée contre le mur le plus proche, le corps douloureux, les nerfs à vifs sans aucun contrôle.
« -Allez Neva…éveille toi. Je veux voir celle qui a tué Ténoren, je veux voir l’être qui ne fait que survivre. »
Et alors qu’il pérorait, il appuyait son discours d’éclairs plus intenses encore. J’avais mal, j’aurais voulu lui obéir mais mon esprit s’y refusait. Mon corps cessa de remuer en tout sens et je tombais au sol. La douleur de ma côte cassée battait sourdement dans ma poitrine alors que mes membres convulsaient encore sous les décharges. Le regard braqué sur Atodeinon et sa puissance machiavelique, je tentais de me relever. A peine étais-je sur une main qu’un éclair s’abattait sur moi pour me remettre à terre.
Je ne sais pas combien de temps je me forçais à me lever pour lui tenir tête, ni combien de fois je fus ramenée à terre par la violence de ses éclairs de Force. Seulement, il arriva un moment où mon esprit se tint au bord du gouffre. Entre le monde conscient et inconscient, il passait de l’un à l’autre au fil des secondes. Ma volonté se limitait à rester consciente et lorsque les bottes noires d’Atodeinon se posèrent devant mon visage, un léger sourire ironique se dessina sur mon visage. J’allais passer un sale quart d’heure. En effet, ce jour n’était pas un bon jour. La violence de ses coups de pieds ne fut pas feinte. A chaque coup j’avais l’impression que j’allais vômir mes intestins et ma côte cassée s’enfonça cette fois vraiment dans l’un de mes poumons. Mon visage non plus ne fut pas épargné cette fois là et j’entends encore la moitié de mes os craquer dans un bruit sourd. Je sens la lourdeur de la botte s’abattre dans mon estomac alors que mon dos, collé au mur, encaissait les chocs contre la pierre froide. C’était de ces jours où le Maître avait besoin de se défouler. J’aurais du le sentir, mais comme toujours je tends à croire qu’il fait ça pour mon bien et que je n’ai d’autre choix que d’obéir aveuglément ou de subir pire.
« -Petite saloperie, espèce de sous merde. Bâtarde, fille de chien. Je te broierai tu entends connasse, je te pulvériserai… »
Chacun de ses mots résonnent encore dans ma tête. Lorsqu’il frappe, il devient un autre. Je l’ai rapidement compris lorsque l’entraînement devint sérieux. Il gère son démon et ne fait que le contenir lorsqu’il est d’apparence calme. Mais c’est un feu qui couve tranquillement. Et il veut que je fasse pareil. Seulement, je n’y arrive pas. Alors il frappe, encore et encore jusqu’à ce que je vomisse du sang, que je tombe inconsciente et alors je reste alitée plusieurs semaines.
Après cette bastonnade, je dus rester un mois et demi allongée. Toutes mes côtes avait fini par y passer, mon bras droit été cassé et la moitié de mes organes internes en charpie. J’avais fait plusieurs hémorragies et comme d’habitude dans ce cas là, c’est Katan qui me soigne avec les moyens du bord. Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé pendant tout ce temps où je suis restée inconsciente, tout ce que je sais, c’est qu’à mon réveil, j’avais encore mal et le visage de Katan était braqué sur moi. Presque adulte maintenant, il était devenu grand et athlétique. Atodeinon s’occupait de le former encore de temps en temps, mais s’en servait surtout comme d’une boniche. Il était plutôt mignon si son visage n’était pas couvert de cicatrice et de déformation du à différente fracture qui s’était mal resoudées. J’entendis sa voix au loin comme s’il s’était trouvé à des kilomètres :
« -Et bien, cette fois, tu l’as vraiment échappée belle.
-Ah ? Parvins-je à articuler en sentant mes lèvres tiraillées dans tous les sens.
-Tu sors du coma à l’instant et je me demande même comment tu t’y es prise.
-J’sais pas. Soufflais-je en grimaçant un léger sourire.
-Arrête tes conneries Neva. Tu étais à moitié morte quand je t’ai récupéré dans la salle d’entraînement. Tu baignais dans ton sang. Tu l’as de nouveau mis en colère comme c’est pas permi c’est ça ? »
Je secouais la tête négativement. Puis, avalant la salive que je n’avais pas, tant ma bouche et ma gorge étaient sèches, je repris lentement :
« -J’ai…rien. J’ai rien fait.
-Me dis pas qu’il t’a frappé pour le plaisir ? »
Je mumurais un maigre oui et le visage de Katan se voila d’horreur. Il ne pipa mot pendant un moment qui me parut une éternité. Je fis rapidement un état des lieux. J’avais mal quand je respirais, parlais, avalais, bougeais. Mon bras droit refusait tous mouvements et le gauche me lançait. Mes jambes n’avaient pas trop souffert, seulement quelques égratignures à en juger par les petites brûlures qu’elles me procuraient. Mon dos était intact mais j’avais mal à l’intérieur comme si on s’était amusé à découper en morceau le moindre bout d’organe avant de les laisser à vif. Ma tête était lourde et tout tournait autour de moi, mes lèvres devaient être en piteux état étant donné la douleur qu’elles m’occasionaient quand j’ouvrais la bouche. Et pour couronner le tout ma respiration était rauque quand j’inspirai et sifflante quand j’expirai. Oui, j’étais bonne pour la casse.
« -Tu vas voir ça va s’arranger. » Murmura Katan en esquissant un léger sourire.
Je le regardais, en silence et tenta de sourire aussi. Il était mon frère, mon ami, mon médecin…
« -Il…il est venu ? Demandai-je après cinq bonnes minutes de concentration.
-Oui. Il y a quatre semaines environs. En fait deux jours après qu’il t’ai amoché. Il voulait savoir si tu tiendrais le coup. Mais depuis c’est comme si tu n’existais plus.
-Je…je lui fais…honte.
-Ne dis pas de conneries. Tu as à peine dix ans et il te frappe comme si tu étais une adulte. Il est malade.
-C’est faux…il…il est mon…maître.
-Ben il t’a presque tué ton maître.
-Je…je veux aller…le voir.
-Alors là pas question que tu bouges. J’ai pas envie que tu réveilles toutes tes hémorragies parce que tu veux jouer les invincibles.
-Je…je le suis.
-A ta place je n’en serais pas si sûre Neva.
-J’ai survécu…au…dernier test.
-Parce que tu appel ça un test ? J’appelle ça de l’acharnement. Maintenant tu vas rester tranquillement allongée là jusqu’à ce que je te donne l’ordre de te lever.
-Non. »
Et alors que je disais cela, je tentais de me lever. Katan me maintint sur le lit en grommelant quelques jurons bien obscènes et déclara, les dents serrées :
« -Tu ne bouges ne serais-ce que le petit doigt hors de ce lit et je te jure que je t’y cloue. C’est pas une gamine qui va encore jouer les chefs ici.
-Alors va…va le chercher.
-Seulement si tu me promets de rester allongée et de ne rien tenter.
-Si tu…veux.
-Neva !
-Je te le…jure…c’est bon ?
-J’y vais. »
Il revint, une dizaine de minutes plus tard en compagnie d’Atodeinon. Silencieusement, il se glissa vers le fond obscur de la pièce, gardant tout de même un œil sur son maîte. Celui-ci s’approcha de moi, impassible. Cela eut pour effet de m’attrister et de m’angoisser. Que pensait-il de moi ? Allait-il m’abandonner lui aussi ? Je n’osais lui adresser la parole et attendis de voir ce qu’il me dirait. Je sentis la Force émaner de lui et me transpercer comme des lames de glaces.
« -Quand tu me frappes, fait-le dans le but de me tuer. »
Puis, faisant demi-tour, il quitta la pièce. Je restais donc, allongée, les yeux dans le vague, avec la sensation de l’avoir déçu à un tel point que j’en étais devenue impardonable. Alors que Katan revenait à mes côtés, je murmurais :
« -Je suis bonne à rien…il aurait mieux…fallu que je…meurs.
-Tais toi idiote. Et ne redit jamais ça, tu dois tenir en la vie, tu dois lui accorder un prix au-delà de tout.
-A quoi bon…
-Parce que si tu décides de mourir, je vais perdre encore une sœur et je ne sais pas si cette fois je le supporterais. »
Je ne fis que le regarder et il me sembla voir un léger sourir. Il passa sa main sur mon visage et reprit :
« -Maintenant repose toi et dors, je veille sur toi. »
Ce second sommeil fut le plus long que l’on m’autorisa à avoir. Je crois que jamais de ma vie je n’ai dormis aussi longtemps que ce jour là. Et lorsque je repris connaissance, Katan m’informa que j’avais dormi 96 heures sans sourciller. Quoi qu’il en soit, je commençais à me sentir mieux, mais selon lui j’étais encore trop faible. Il me nourrissait à la petite cuiller comme si j’étais un bébé et je dois avouer que mon orgueil en était malade. Plusieurs fois je l’avais insulté, voir même envoyé promener. Cependant il était toujours à mes côtés et s’occupait de moi avec douceur et silence. Il ne relevait aucune de mes injures et je finis par m’en lasser. Plus vite j’étais sur pied, plus vite il arrêterait de me donner la béquet. Il nous arrivait parfois de rire de mon stupide entêtement ou bien simplement parce que ça nous faisait du bien, mais il nous fallait être prudent. Atodeinon ne voulait pas de ce genre de manifestation.
Ce soir là, Katan me remit sur mes deux jambes et je fis quelques pas, hésitants. Mes muscles s’étaient ramolis et ma tête tournait. Il me tenait fermement par la taille et m’accompagnait pas par pas. Alors que nous avancions je murmurais :
« -Tu sens bon. »
Il stoppa net et me regarda, surpris avant de devenir entièrement rouge. Il balbutia un espèce de remerciement qui me fit rire aux éclats et le rendit encore plus cramoisis. Puis agacé, il déclara :
« -Ça t’amuse hein de te moquer de moi. »
Je me collais contre lui, me sentant protégée de tout et murmurai :
« -Je me moque pas. C’est vrai, tu sens bon. Et je veux rester comme ça, là, avec toi. »
Il me tenait la taille et j’avais la tête contre son corps tiède. J’avais la sensation d’avoir cherché cet instant de proximité pendant toute mon enfance. Savoir que quelqu’un de plus grand et de plus fort veillait sur moi et pouvait me protéger, entouré de ses bras. Saisir son odeur, sa chaleur, entendre les battements sourds de son cœur et sentir le soulèvement de sa respiration calme. Lentement, je sentis ses bras resserrer leur étreinte et il me sembla que toute sa chaleur s’emparait de mon être. Il faisait chaud, doux et j’étais bien. A cet instant rien ne pouvait m’arriver, rien du tout. Pourquoi n’avais-je pas plus souvent ce genre d’instant étrange qui calmait le feu qui couvait en moi ? Pourquoi Katan semblait-il si surpris et en même temps si heureux.
« -On devrait pas…souffla t’il.
-Je sais, mais…
-Ne dis rien, j’ai compris. »
Il me serra encore une fois dans ses bras avant de poser un genou au sol pour se mettre approximativement à ma taille et me fixa droit dans les yeux :
« -Tu n’es pas quelqu’un de méchant au fond de toi, je le sais, tout comme moi. Nous sommes ici par erreur mais nous n’avons d’autres choix que de suivre les règles et un jour, toi et moi, d’une façon ou d’une autre, nous serons libres.
-Promis ?
-Promis ch’tite sœur. »
Cette fois il ne retint pas son sourire et je le serrais aussi fort dans mes petits bras que mon corps me le permettait.
Ce fut la dernière fois que je vis Katan de toute mon existance. Il fut envoyé en mission, le jour même, par Atodeinon. Je pense à croire que Katan en aura profité pour s’enfuir et vivre libre, guettant du coin de l’œil mon évolution. Mais au fond de moi, je crois que ce soir là, une part de mon être est morte, emportant avec elle tout espoir de le revoir un jour. Je n’oublierai jamais la chaleur et la force de ses bras, ni même la forme de son visage. Il était mon frère, mon meilleur ami. C’est à lui que je dois mes premiers pas, mes premiers fous rire, mes premières fautes d’orthographes, mes premiers jurons et ma première peine. On ne remarque l’importance d’un être cher, que lorsqu’il est déjà loin. Il m’arrive encore de percevoir son odeur sur l’un de ses vieux vêtements ou d’entendre sa voix ou ses pas, résonner dans les couloirs. Et quand je me sens seule, le soir, au fond de mon lit glacé, je pense à ce grand frère, aux soins qu’il m’a apporté et à l’œil attentif qu’il a toujours gardé sur l’enfant égoïste que j’étais. Katan. Enfant Sith, adolescent orphelin, homme protecteur. Mon frère, tu me manques. Je t’aime.
« -Dis !! Tu m’écoutes quand je te parle.
-Oui maître.
-Alors qu’est-ce que tu regardes, comme ça, dans le vide ?
-Où est Katan ?
-Parti en mission.
-Depuis si longtemps ?
-SILENCE. Concentre toi, pour la dernière fois ! »
Huit semaines que je suis sans nouvelle de Katan. Il est parti, sans même me laisser un mot. Je suis obligée de faire mes leçons moi-même le soir et il y a beaucoup de chose que je ne comprends pas toute seule. De plus, j’étais à peine remise sur mes jambes que mon entraînement avait repris. Je dois même dire qu’il est doublement plus dur. J’ai encore mal. Parfois il m’arrive de sombrer inconsciente en plein effort. Le signe avant coureur est un trouble de la vision. Je chancèle alors et je m’écroule. J’aurais aussi aimer voir Katan pour cela et lui demander ce que je devais faire. Mais il n’était plus là et j’étais seule avec Atodeinon. Mon esprit est vide, entièrement, de toute émotion. J’ai l’impression que depuis qu’il m’a battu et laissé pour morte, une part de mon âme a fui mon corps. Je ne suis rien d’autre qu’une machine à laquelle on entre des données, des données de mort, de destruction et de haine. Cela semble convenir à Atodeinon qui parle de plus en plus souvent de me faire gouter au meurtre et au sang. Et moi je suis d’accord. Qu’il fasse ce qu’il veule, il m’a tout pris, tout. Il m’a pris le seul être qui comptait pour moi et l’a éloigné, si loin, qu’il ne peut peut-être plus faire marche arrière. Je fais ce qu’il me dit sans me poser de question. Je ne ressens plus la douleur, je ne fais que tomber dans les pommes quand j’en demande de trop. Je sais qu’elle est là, quelque part, au fond de moi, mais je l’ignore. Dernièrement, mon régime alimentaire est devenu plus que médiocre. Je me contente d’un repas par jour et encore, je ne fais que picorer. Qui suis-je ? Je commence à l’oublier. Que suis-je ? Une arme. Un jouet. Où vais-je ? Là où l’on m’ordonne de frapper et de donner la mort. Quel est mon but ? Mourir. Mourir pour la Sith. C’est peut être mon seul salut.
Je suis encore tombée dans les vappes. C’est la troisième fois cette semaine. C’est peut être parce que je n’ai encore rien mangé aujourd’hui et que mon entraînement était trop lourds, trop astreignant. Il fallait que je resiste au feu et au froid. Ma main gauche était brûlée au deuxième degré et la droite avait presque atteinte la couleur nuit. Elle avait repris des couleurs plus rougeâtre et me brûlait alors que j’essayais de la dégourdir. Enfin. Pour ce que ça change. Mal, toujours avoir mal. Etre blasée à dix ans, blasée par la souffrance, par la douleur, blasée par tout, l’existance même. Selon Atodeinon, il était temps de m’offrir mon premier combat réel.
Je n’eus pas à attendre bien longtemps. Deux jours plus tard, il m’annonçait que je devais me battre contre Shawn, l’apprenti Sith d’un de ses « collègues » comme il les appelait ironiquement. Shawn avait 23 ans et il était taillé dans le muscle. Humain à première vue il arborait une longue cicatrice encore jeune sous l’œil droit qui descendait le long de sa machoir et venait rejoindre ses lèvres. Lorsqu’il me vit arriver avec mon regard vide, il éclata de rire et demanda à son maître si c’était une blague. Cependant, lorsque ce dernier lui affirma que non, son regard changea et j’eus l’impression qu’il était outré. Il devait croire qu’un apprenti de son envergure n’avait strictement rien à faire avec une gamine famélique de 10 ans. Atodeinon se posta derrière moi et murmura :
« -Si tu ne le tues pas. Lui le fera. Et crois-moi, il est encore moins tendre que moi. »
A cette idée je frissonnais. Mais cela ne se perçut même pas. J’avais peur d’Atodeinon pas de Shawn. Mais même cette peur était lobotomisée par mon sentiment de lassitude et de perdition. Sans en attendre davantage, il se jeta sur moi à main nue. Il considérait certainement qu’une attaque au sabre aurait offert à mon impertinance une mort trop agréable. Quoi qu’il en soit je reçus son poings dans l’estomac avec une violence inouïe, mais je restais impassible. Certes je fis un agréable vol plané, mais pas un son ne traversa la paroi scellée de mes lèvres.Qu’il frappe tant qu’il veuille je n’en aurais cure. Une douleur naquit dans mon ventre, mais je l’ignorais et me redresser. Avoir fait des abdos pendant cinq ans avait au moins servis à quelque chose. J’encaissais quand même un peu. Je me redressais calmement et dépoussiérai mon uniforme avec lenteur. La voix de Shawn résonna autour de moi comme le cri rauque d’un animal en fureur :
« -Avorton ! »
Puis il revint à la charge. Je le fixais et plongeais mon esprit dans le sien. Alors qu’il s’aprêtait à me frapper à nouveau, je déclarai, d’un ton neutre :
« -Tu as tué ton frère. »
Il me fixa, ébetté et il tendit la Force vers moi. Il ne rencontra qu’un bouclier. Non, lui, ne pénètrerait pas dans ma tête, jamais.
« -Tu l’as massacré parce que tu voulais être plus fort que lui. Alors pour cela tu as utilisé ton sabre laser et tu l’as attaqué de dos, comme un lâche et un traître.
-Et alors ? N’en avais-je pas le droit.
-Si. Mais tu vas payer.
-Pff. » Ricanna t’il.
Et, sans plus de discours, il abattit son poings sur moi. Seulement, cette fois, je n’allais pas le laisser m’atteindre. J’eus assez de temps pour me décaller et voir la main passer à quelques milimètres de mon visage. Cela eut pour effet de le rendre dingue. Mais la Force était avec moi et l’entraînement brutal et intensif d’Atodeinon portait ses fruits. J’avais l’impression que Shawn était un escargot. Il anticipait certaines de mes réactions, mais pas toutes. J’avais alors largement le temps de m’insinuer dans sa tête et de lui donner de fausses indications. Plus le temps passait et plus Shawn devenait enragé. Je le menais pas le bout du nez et cela lui donnait plus de colère qu’il n’en utilisait pour la Force. Il était d’un niveau inférieur au mien, il était faible, il devait donc mourir. Je jouais encore un peu avec lui, comme le chat le ferait avec une souris, le laissant me toucher ou bien s’approcher suffisament pour que je puisse lire toute sa haine dans ses yeux. Mais, lorsque je fus lasse, et cela ne tarda guère, j’entrepris une manœuvre délicate. Alors qu’il fonçait une fois de plus sur moi, je fis appel à la Force. Je la fis circuler dans le moindre de mes membres, m’en laissant irradier. Lorsque ce fut fait, j’en concentrais une partie dans mes jambes et me propulsais grâce à elle en un saut assez haut pour passer au-dessus de mon adversaire. Mais il avait anticipé et bondit à son tour pour me saisir et me plaquer au sol. La chute fut rude et le poids d’un homme adulte est pour le moins déconcertant. Je fus presque assomée mais je tins bon. Je sentais son haleine et sa sueur. Il m’écoeurait. Il ricanna, disant qu’il était temps pour moi de mourir et alors qu’il discourait avec arrogance sur la façon dont il allait me découper avec son sabre, il me laissa largement le temps de faire appel au mien par la Force, presque imperceptiblement. Alors que lui se redressait pour saisir le sien, à sa taille je lui coupais la main droite. Son regard s’emplis de fureur alors que sur mes lèvres s’inscrivait un sourire vainqueur.
« -Trop lent. » Ricannai-je.
Contrairement à moi cette brute était ambidextre, contrairement à lui, j’avais déjà mon sabre à la main. Avant qu’il ne parvienne à s’en saisir pour sa seconde tentative, je lui coupais aussi la main gauche. A l’autre bout de la salle, Atodeinon déclara :
« -Neva. Achève-le. »
Je me dégageais de l’emprise de Shawn avec l’agilité d’un jeune serpent et toutes les tentatives qu’il opéra pour me conserver sous l’étau de ses cuisses furent vaines et sans appel. Pour la première fois de ma vie, j’avais un être d’apparence plus forte, plus puissante que moi à ma merci. J’étais la plus forte et il allait mourir de ma main. Il était là, sans autre moyen pour se défendre que de me repousser à l’aide de la Force. Mais j’étais patiente. Il finirait par se lasser s’il entreprenait se genre de défense. Cependant, il se redressa sur ses deux jambes, les yeux injectés de sang et de fureur et, dans un cri de rage il fonça sur moi. Je haussais un sourcil, me demandant comment on pouvait être aussi stupide. Je courus à sa rencontre, le sabre allumé. Et alors qu’il se préparait à recevoir le coup de grâce, je plongeais entre ses jambes et sectionnait la droite à hauteur de la rotule. Il poussa un grognement incompréhensible et me redressant, je revins sur mes pas.
« -Alors…tu ne te relèves plus ? » Demandai-je d’un ton désinvolte.
Il marmonna un juron et se contortionna sur le sol pour m’apercevoir.
« -Tu voulais un ennemi à ta taille, je vais satisfaire ce souhait… »
D’un geste large je coupais la jambe gauche à hauteur de la rotule et envoyai le membre scindé voler plus loin d’un coup de pied. Je le jaugeai du regard et souriante, répris :
« -Voilà, tu es à ma taille maintenant. »
Il m’insulta de tous les noms qui pouvaient lui traverser l’esprit, remuant comme il le pouvait, tentant vainement de se redresser sur des mains qu’il n’avait plus. Je soupirai :
« -Tu es fatigant…n’es-tu donc jamais content ? »
A ce moment, le maître de Shawn s’approcha de moi et déclara :
« -Qu’attends tu pour le tuer ? Achève le qu’on n’en parle plus !
-Avec tous le respect que je vous dois, maître, il est à moi et j’en fais ce que je veux. »
Mon ton avait été calme et je n’avais pas baissé le regard sous le poids de celui de ce Sith. Pour avoir un apprenti aussi faible, il devait l’être tout autant. Shawn marmona quelque chose et avant qu’il ai fini quoi que ce soit, je plantai mon sabre dans sa nuque, sectionnant les cervicales. Je me tournai vers son maître et reprit :
« -Vous êtes content ? De toute façon j’avais même plus envie de jouer. »
Puis, fixant mon sabre à ma ceinture je retournai auprès d’Atodeinon. Arrivé à sa hauteur, il demanda :
« -Alors ?
-Un faible. J’ai pris une vie, ce n’est que le commencement.
-Tu en veux plus ?
-Oui. Plus de mort, plus de sang, plus de sensations.
-Alors je ferais en sorte que ton vœu soit entendu. »
Pendant tout le temps qu’avait duré le combat j’avais eu la sensation d’être morte. Je m’étais seulement accordé un sursit. La haine bouillonait en moi tout comme la douleur des coups qui avait réussi à m’atteindre, mais l’un comme l’autre était profondément masqué par la lassitude qui me gagnait. Cependant, au moment de le tuer, il m’avait semblé les entendre, en même temps qu’une sensation de plaisir. J’avais oublié ce que cela faisait de tuer un homme de ses propres mains. Lorsque qu’Atodeinon tourna le dos pour rentrer, il ne vit pas le large sourire satisfait qui irradiait mon visage. J’en voulais plus, toujours plus. Donner la mort me faisait vivre…
Alors que nous marchions dans les couloirs de la base et que je me préparais à retourner à ma chambre pour la méditation du soir, Atodeinon déclara :
« -Vient diner ce soir. »
J’enregistrai son ordre et partai à ma chambre.
Ma méditation fut fructueuse. Pour la première fois depuis plus de deux mois j’avais l’impression de revivre quelque part en moi. Alors que je me plongeai dans le côté obscur, que je le laissai envahir chacune de mes veines, je laissai les images du combat revenir en moi. Oui à lui aussi j’aurais voulu lui arracher les yeux et les offrir en présents à mon maître. Il avait une proie et j’avais été un prédateur. La Force était avec moi et elle était mon arme. Avec elle j’étais invincible et plus je grandirais plus ma puissance progresserait avec moi. J’allais devenir la meilleure, la Sith la plus importante que l’univers n’est jamais porté. Et partout sur mon passage il n’y aurait qu’omoncules de cadavres et de chair calcinées.
Lorsque j’arrivais pour le diner, on aurait pu croire que l’ombre elle-même faisait partie de mon être. J’avais absorbé l’obscurité et elle m’avait fait sienne. J’entrai dans la salle, mais n’y trouvai personne. Probablement étais-je en avance. Je lançais la Force autour de moi pour imprénier mon cerveau des images de cette pièce, des images que m’offraient les perceptions de la Force. C’est alors que le sas s’ouvrit et qu’un adolescent entra. Il était assez grand pour son âge, je ne lui aurais d’ailleurs donné que treize ou quatorze ans. Ses yeux verts s’abattirent sur moi en un regard glacé. Je soutins son arrogance et continuais de le dévisager. Ses cheveux étaient châtains foncés, mi-longs, tombant sur ses épaules en fines baguettes dégradées. Il s’approcha de moi, toujours en me fixant, un léger sourire aux lèvres. Malgré son jeune âge, je pus rapidement remarquer qu’il commençait à avoir une musculature bien forgée. Ses entraînements devaient être encore pire que les miens. D’un ton froid, il me demanda :
« -Qu’est-ce que tu fous là ?
-Ce serait plutôt à moi de te poser la question étranger. Répondis-je sur le même ton, en insistant sur le dernier mot de ma phrase.
-J’ai été invité ici par maître Atodeinon. »
Son arrogance était irritante. Mais le fait qu’il prononce le nom de mon maître avec tant de fierté me fit craindre le pire. Et si Atodeinon avait décidé de me remplacer ? Non…jamais. Je tuerais ce minable plutôt que de le laisser prendre ma place !
« -Ah oui ? Je n’ai pas été averti.
-Parce que tu devrais l’être, femelle ?
-Bien sûr je suis son apprentie, minable. »
A cette phrase je le vis reculer d’un pas, mais son insolence ne baissa pas d’un pouce. Il commençait à m’amuser ce jeune coq. Je n’attendais qu’une fausse note de sa part pour me jeter sur lui et l’évicérer. Seulement, le sas s’ouvrit à nouveau et cette fois, c’est la présence d’Atodeinon qui remplit la pièce en une fraction de seconde. Je restais figée sur place. Il était accompagné d’une femme. Elle me rappelait vaguement quelque chose mais je n’eus pas le temps de faire les présentations. Mon maître se tournait déjà vers moi en disant :
« -Alors Neva, on a déjà fait connaissance avec Dakhan ? »