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Par Neve Solo

Chapitre 5 : Préparation.


Le dîner fut pour moi un supplice. Je dus écouter le parasite, car tel était le nom que je donnais à Dakhan, pérorer sur sa propre non existence. Oui, car pour moi, il était déjà mort, étant entré dans un sanctuaire interdit, sur un territoire déjà pris, le mien ! Ce qui me révulsait davantage était la façon qu’il avait de s’approprier les regards et les commentaires d’Atodeinon. J’en étais arrivée à un point, que le repas ne m’intéressait plus. Je ne pensais qu’aux différentes façons de le tuer et surtout, de le faire souffrir. Ma main étreignait le couteau qui m’avait servi jusqu’à présent à couper les aliments dans mon assiette. Une seule envie perdurait dans tout mon corps : le lui planter dans l’œil jusqu’au cerveau avant d’extraire ce dernier par le même orifice.
La femme qui avait amené Dakhan avec elle ne pipait mot. Elle ne faisait que me fixer d’un regard perplexe dans lequel se mêlait parfois la crainte. Elle aussi méritait de mourir pour avoir introduit le parasite ici. Mais pour le moment, ma colère restait figée sur cet énergumène insolent et menteur. Soudain, Atodeinon s’adressa à moi, sans même me regarder, ce qui eut pour effet de m’agacer encore davantage.
« -Neva, calme toi. Si tu ne finis pas ton assiette dans la minute je te forcerai à tout avaler, même l’assiette. »
Cela aurait pu faire sourire n’importe lequel d’entre nous, cependant, il ne fallait pas le prendre au figuré. Il me l’aurait fait avaler d’une façon ou d’une autre. Sans un mot, je me plongeai dans ce repas sans saveur complotant contre le parasite.
Avaler les dernières bouchées fut véritablement un cauchemar. Dakhan avait visiblement passé la vitesse supérieure concernant ses exploits et ses capacités dans la Force. Bon nombre de fois, ma langue me brûla de lui répondre que face à moi ce n’était qu’un incapable, mais un léger regard de mon Maître m’en dissuada. J’ouvrais la bouche ne serait-ce qu’une fraction de seconde et il m’arriverait quelque chose de peu agréable. Je ne voulus même pas effleurer son esprit à l’aide de la Force pour savoir à quoi il songeait. Son regard seul me suffit amplement à ne pas tenter quoi que ce fut.
Lorsque enfin il ne resta plus une seule miette dans le fond cabossé de mon assiette, je me levai de ma chaise, saluai mon Maître et quittai la salle sans un regard pour les deux autres convives. Avant que le sas ne se referme, la voix d’Atodeinon résonna dans mon esprit :
« -Entraîne toi encore deux heures. Ton comportement à table fait honte à la Sith ! De plus, tu te chargeras d’apprendre nos règles à Dakhan. Je sais que ça te fera plaisir. »
Oh non pas du tout ! J’aurais encore préféré me faire battre à mort plutôt que de servir de guide à un parasite.
« -Ça peut s’arranger Neva si tel est ton souhait, mais tu feras tout de même ce que je t’ordonne ! »
Mes pensées m’avaient trahis. Je me focalisais sur mon Maître et répondis :
« -Pardon Maître. Mais je hais ce parasite.
-Je sais. Grand bien t’en fasse. Cependant, il va nous servir alors obéit. »
Je ne parlais pas davantage et partis dans les couloirs en trottinant. Généralement le soir, j’étudiais après une heure de course. Cependant, ce soir, j’avais une heure d’endurance en plus…ce qui me faisait une heure en moins pour lire les livres et les data blocs de Katan.


Je m’arrêtais et fis quelques étirements. J’avais le souffle court, les jambes lourdes et le tournis. A l’évidence je n’étais pas encore remise de ma dernière bastonnade et je commençais à me demander combien de temps encore j’allais subir ces espèces d’effets secondaires. En silence je rejoignais mes quartiers, lorsqu’un juron s’éleva non loin. Je fronçais les sourcils. Cela faisait plusieurs mois qu’il n’y avait pas eu un bruit venant de cette direction, simplement parce qu’il s’agissait des quartiers de Katan. Serait-il revenu ? Dubitative, je sondais le couloir à l’aide de la Force. Mon sang ne fit qu’un tour lorsque je notais la présence du parasite au milieu de la chambre de Katan. Serrant poings et dents, je me dirigeai là bas avec la ferme intention de l’expulser de cette pièce. Il venait de commettre une belle erreur.
J’arrivais devant le sas et l’ouvrit. Ma fureur ne fit que s’accroître. Toutes les affaires de Katan, vêtements, livres, bibelots et autres gadgets étaient entassés sans ordre devant le sas tel un tas d’ordure. Ne pouvant me contenir davantage je déclarai :
« -Qui t’as permis ?? »
Le parasite se tourna vers moi, un large sourire de fierté et d’arrogance sur le visage :
« -Mon Maître bien entendu.
-Cette femelle n’a rien à dire ici alors tu vas ranger tout ça à sa place et tu dégages !
-Non. » Répondit-il sur le même ton.
Je dégainai mon sabre laser et l’allumai. Je détestais me répéter et ce n’est pas ce parasite qui allait changer mes habitudes.
« -Je ne crois pas que Maître Atodeinon apprécierait ce comportement envers ma personne.
-Tu n’es rien ici, tu entends, rien ! A la limite tu serviras juste de jouet ou d’amuse gueule mais n’espère même pas prendre tes marques ici. Je t’enverrai d’abord en enfer.
-Essaie seulement. Mais avant, sache que c’est Atodeinon lui-même qui m’a ordonné de prendre mes quartiers ici. Tu tiens vraiment à contester sa décision ? »
J’avais envie de le découper, de le massacrer, de l’envoyer dans l’autre monde avec le plus de lenteur possible pour l’entendre me supplier de l’achever rapidement. Seulement, je sentais qu’il disait vrai. Atodeinon lui avait donné cette chambre. Comment ? Pourquoi ? Mes sentiments étaient chamboulés. Ce n’était pas le meilleur moment pour provoquer le parasite en duel. Je me savais plus forte que lui, mais la colère d’Atodeinon qui s’abattrait ensuite sur moi me serait fatale. J’étais trop épuisée pour soutenir le cinquième de la force de ses coups. J’éteignis le sabre et le replaçai à ma ceinture. Les dents serrées je rétorquai :
« -J’espère pour toi que tu dis la vérité. J’en parlerai à MON Maître demain. En attendant, lève toi avant l’aube et fait tes exercices. Si tu n’en as pas à faire, dommage, tu n’aurais rien à manger. Et ne t’avise pas à te servir de mes parts.
-Je ne l’envisage même pas. Je n’ai pas envie de te donner un prétexte pour me couper les doigts. Maintenant, je ne t’ai pas invitée à entrer, alors sort d’ici. »
Je conservais mon attitude hautaine et n’obéit pas. J’allais me servir dans les affaires qu’il avait jeté contre la porte du sas et en retirais une bure noire et tout ce qui pouvait me servir à la poursuite de mes études. Enervé, le parasite s’écria :
« -Qu’est-ce que tu fais encore ici ! Je t’ai dit de foutre le camp.
-Je m’en vais. Répondis-je en continuant à me servir. Un illettré comme toi ne sait pas ce qu’il perd en jetant tout cela. Tu n’en veux pas, moi si. »
A ces mots, je sortis. Il tenta de me suivre dans le couloir. Avant même qu’il ne s’approche de moi je me retournais, mes yeux prenant cette couleur significative lorsqu’on m’agaçait sérieusement : le jaune cerclé de rouge.
« -Arrête moi seulement et tu le regretteras. »
Il pila net et me fixa à l’évidence froissé dans son ego. Un sourire victorieux s’afficha sur mon visage et je me détournai de lui. Cependant, je gardais la Force autour de moi et dans le couloir. Je n’avais pas confiance en lui et je savais que tourner le dos à un ennemi était aussi suicidaire que de se jeter du haut d’une falaise. Seulement, j’avais pris le goût du risque et j’étais parvenue à la conclusion que j’étais vouée à mourir un jour ou l’autre. Alors autant le faire en ressentant quelque chose. Seul le danger éveillait en moi des soubresauts d’existence. Je regagnais ma chambre et bouclai le sas. Je posai toutes les affaires au sol et me saisis de la bure. Je plongeai mon nez dans les creux du tissu. Oui, c’était bien l’odeur de Katan. Je la pliai soigneusement et la plaçai sous mon lit avec la promesse de la mettre lorsque je deviendrai Chevalier. Après quoi, je triai les documents par catégorie, histoire, culture, planétologie etc. Il fallait que je les apprenne par cœur. Je ne devais pas devenir aussi stupide que ce parasite. Je repris mes cours d’écriture et de lecture et je m’obligeais à apprendre sur le bout des doigts un paragraphe de chaque catégorie tous les soirs. Ainsi je savais que je lui serais supérieure et en tout. Seulement, je n’avais pas calculé ma fatigue et lorsque j’ouvris les yeux le lendemain matin, j’étais allongée sur la description des principales routes commerciales de la République et sur un extrait de la guerre des Siths. J’avais une migraine naissante et me levais avec peine. J’étais gelée et courbaturée. De plus j’étais en avance. La température glaciale du sol avait du rapprocher l’heure de mon réveil et je m’étirais en grimaçant. Avec des courbatures de bon matin je n’allais pas être opérationnelle pour le reste de la journée. Surtout qu’aujourd’hui, j’avais l’étrange sensation que l’entraînement serait différent ! A qui la faute hein ? Si seulement ce parasite n’était jamais né. Je fis mes abdos, mes pompes et mes étirements après quoi je trottinais jusqu’à la salle des repas et mangeai tranquillement. J’avais presque fini lorsque le parasite entra, dégoulinant de sueur. Nous nous adressâmes mutuellement un regard assassin après quoi il vint s’installer à l’autre bout de la table. Sa respiration était vive, je l’entendais jusqu’ici. Je me demandai bien quel genre d’entraînement cet idiot suivait pour être à ce point épuisé avant même le lever du jour. Cependant, j’avais fini et sans même un regard pour lui je déclarai :
« -Tu es en retard. Je te conseille de laisser ton petit déjeuner et de me suivre. »
Mais il ne m’écouta pas. Je n’insistais pas et sortis avec un profond sentiment de victoire. S’il n’était pas là dans la minute, Atodeinon allait être en colère et pour une fois, je pourrais assister au spectacle de l’autre côté…
Un large sourire s’afficha sur mon visage.

Lorsque Dakhan entra dans la salle, l’atmosphère s’alourdit précipitamment et son poids fondit sur l’adolescent. Je restais muette, c’était la meilleure solution à adopter si je ne voulais pas que les foudres se retournent contre moi.
« -Je déteste les retards. » Déclara simplement Atodeinon.
Il était extrêmement désappointé pire même. La Force formait une aura meurtrière autour de lui comme j’en avais trop souvent fait l’expérience. Atodeinon était en colère mais ce qui était effrayant était qu’il pouvait l’être davantage. Cela ne sembla pas déstabiliser le parasite. Soit que celui-ci ne percevait rien, soit qu’il était totalement inconscient doublé d’un imbécile finit.
« -Je n’ai pas été prévenu, je m’excuse Maître. » Répondit-il en me lançant un regard accusateur.
La colère monta en moi et j’étais prête à bondir sur ce menteur doublé d’une arrogante vermine. Atodeinon tendit la main à mon encontre sans quitter Dakhan du regard :
« -Ah oui ? Aurais-tu l’audace de me prendre pour un imbécile ? Crois-tu que j’ignore tout de vos agissements respectifs ? C’est une façon de penser bien naïve. »
A ces mots il gifla le parasite avec une telle force que celui-ci tomba tête la première au sol, le visage en sang. La fureur de Dakhan à mon encontre ne fit que croître davantage lorsque ses yeux froids se plantèrent dans les miens. Mais Atodeinon se posta entre nous et saisissant le parasite par le col le remit debout sans ménagement :
« -Et ne t’avise plus de me mentir. »
J’étais à la fois heureuse que Dakhan se soit pris une claque monumentale, mais en même déçue qu’Atodeinon s’arrête en si bon chemin. Avec moi cela aurait duré encore un long moment avant que sa colère ne baisse de niveau et il ne se serait pas contenté d’une simple gifle pour punition. Cependant, je n’osais rien trahir de mes pensées et restait dans mon coin. Le Sith se tourna alors vers moi et sembla se détendre. Il s’approcha de moi et avant même que je m’en rende compte, j’avais moi aussi la joue brûlante et le goût du sang dans la gorge et le nez. Je ne m’expliquais pas ce comportement alors que je n’avais rien fait de contraire à ses règles. Mon regard interrogatif reçut pourtant une réponse :
« -Soit plus persuasive la prochaine fois et fait toi obéir. »
Je ravalais ma fierté et me jurais que la prochaine fois, je traînerai le parasite par la peau du cou si cela devait être nécessaire. J’essuyai mon visage du revers de la manche et je fus surprise de constater qu’il était couvert d’une multitude de taches semblables déjà sèches. Je n’eus guère l’occasion de pousser plus loin ma réflexion sur les taches de sang qui maculaient mon uniforme de combat car Atodeinon s’adressa à moi en ces termes :
« -Aujourd’hui, je veux tu t’accordes entièrement à la méditation. Je veux que ce soir la Force n’ait plus de secret pour toi dans la mesure de tes faibles capacités. »
J’étais vexée par la fin de sa phrase et le sourire du parasite ne m’en rendit pas moins belliqueuse à son encontre. Lorsque le Maître et moi étions seuls, cela m’importait peu qu’il me trouve en dessous de tout, seulement, face au gêneur, j’aurais préféré qu’il évite de me rabaisser. Cependant, je n’en fis pas la remarque, de peur de subir son courroux. Je m’assis donc dans le coin gauche, au fond de la salle, pris une position confortable et fermai les yeux pour m’unir à la Force. Je fis appel à elle avec une étrange facilité. Depuis quelques temps, je parvenais plus aisément à la faire affluer en moi et autour de moi. Cela me rendit fière et en même temps, les paroles d’Atodeinon refirent surface : « faibles capacités ». J’y arrivais mais je pouvais mieux faire. Beaucoup mieux. Je le devais. Je me concentrais davantage et continuais à faire appel à la Force jusqu’à m’en sentir entièrement irradiée. Après quoi je décomposais mentalement mon corps en une multitude de particules. Je me devais de connaître chacune d’elle et lui associer une certaine quantité d’énergie apportée par la Force. Ainsi je pris deux bonne heures à tout décortiquer jusqu’à la dernière fibre. Je notai que mon état général était largement moyen voir même déplorable. J’avais de nombreuses carences alimentaires que mon corps avait du mal à rétablir étant donné que mes muscles en particuliers en demandaient toujours plus. La plus part de mes os étaient fragilisés à force de recevoir des coups répétés et certains avaient été en passe de se briser. Tout se ressoudait lentement, trop lentement étant donné que je n’avais pas d’apports alimentaire suffisant pour une guérison rapide et complète. Quant à mes organes vitaux, si la majeure partie s’en étaient remis ils étaient encore faiblards. Je crois que c’est ce qui expliquait mes pertes de connaissance assez fréquentes lorsque j’en demandais de trop. A l’aide de la Force j’essayai de remédier à tout cela, mais elle ne pouvait m’apporter la nourriture nécessaire à un corps en pleine croissance.

Pendant ce temps, Atodeinon et le parasite s’entraînaient au sabre laser. Mon Maître lui avait prêté mon sabre le temps de l’entraînement et je dois avouer que l’intrus se débrouillait comme un pied. Il n’était pas depuis longtemps dans la Sith et malgré son fort penchant pour le côté obscur, il était loin d’avoir la formation nécessaire aux jeunes gens de son âge. Atodeinon était exigeant et il plaçait continuellement Dakhan dans des situations qui le surpassaient totalement. Cependant, l’adolescent n’en démordait pas. Il manqua de nombreuses fois la décapitation ou l’amputation de l’un de ses membres mais parvenait toujours à esquiver de justesse. Le Maître lui donnait des conseils tout en combattant contre lui et s’énervait lorsque Dakhan mettait du temps à comprendre ou à mettre en pratique ses cours.
Personne ne s’arrêta pour la pause de midi. Dakhan était en sueur et respirait comme un troupeau de Banthas ayant fait la course de la Bounta. Atodeinon arborait une forme physique parfaite, sans le moindre signe d’épuisement. Je pense plutôt qu’il commençait à s’ennuyer même. Quant à moi, j’étais en partie absorbée par la restauration de mon corps qui se poursuivait lentement mais aussi par la manipulation de la Force. Je la projetai autour de moi, l’expulsait en douceur, plus violement puis je la rappelai à moi et la laisser fuser autour et en moi. Après une demi heure de ce type d’exercice, je me servis de la Force pour laisser mon esprit s’évader vers le passé, le présent ou l’avenir au gré des flux. Ainsi je voyageais en dehors du repaire sous terrain de mon Maître et j’observais la surface de Korriban qui contenait des puissances étranges et violentes ou alors je suivais le parcours de ma sœur sur Coruscant, dans le Temple Jedi pendant quelques minutes, avant que, écoeurée, je ne me détache moi-même de ces visions purulentes qui déchiraient mon âme de part en part.

Un cri me sortit de ma transe méditative et mon regard se fixa tout naturellement sur Dakhan. Il était à genou devant Atodeinon et celui-ci lui avait écorché l’avant bras de la pointe de son sabre laser en une longue cicatrice immédiatement cautérisée. Mon Maître déclara d’un ton amusé :
« -A chaque fois que tu te tromperas, je graverai ton erreur dans la chair de tes bras. Ainsi tu t’en rappelleras ! »
Je déglutis. Je n’avais encore jamais subis la douleur d’une lame laser sur la peau et à entendre le cri du parasite, cela n’avait pas l’air d’être quelque chose de réjouissant. Je me connectai quelques secondes à son esprit à l’aide de la Force pour le sonder et je me retirai rapidement avec une certitude. Il ne savait pas manipuler la Force. Il ne savait pas faire appel à elle. Sa haine, sa colère, sa rancune était profonde. Il était sensible à la Force mais ne savait pas du tout s’en servir. Cependant pour manipuler le sabre c’était une compétence nécessaire et obligatoire. J’étais surprise que Maître Atodeinon se soit attardé sur cette créature totalement inutile et en même temps cela m’effrayait, car cela signifiait qu’il comptait lui apprendre en quelques temps tout ce qui m’avait valu des années d’entraînements. Je sentis que la présence d’Atodeinon se tournait vers moi et je replongeai instantanément dans ma méditation.

Les heures continuèrent à s’écouler en silence pour moi, toujours à la recherche de la manipulation rapide et efficace de la Force Obscure. Je l’alimentais avec ma colère pour ma sœur, pour le parasite, pour Atodeinon et pour moi-même. Soudain, une voix pénétra mes barrières et s’éleva dans ma tête :
« -Viens. »
Je sortis immédiatement de ma transe, me levai aussitôt et rejoignis mon Maître.
« -Oui, Maître. » Dis-je lorsque je fus à ses côtés.
Il m’indiqua mon sabre d’un regard. Je l’arrachai des mains du parasite que ne fut que trop heureux que je prenne la relève. Cependant, même si tout son corps n’aspirait plus qu’à s’effondrer, sa volonté fut plus forte et, impassible, il se posta dans un coin libre de tout appuis. Il était épuisé. Je pris sa place en face de mon Maître. Sans plus de somation, celui-ci attaqua avec nettement plus de force que précédemment. Ayant passé ma journée à manipuler la Force pour la méditation, je n’eus pas vraiment de mal à parer le coup et à en placer un autre. Ainsi, nous échangeâmes pendant une dizaine de minutes des coups en tout genre. Parades, attaques, estocades, suite d’esquives, katas…
Atodeinon en sembla lui-même surpris et je dois avouer que moi-même je ne m’attendais pas à un tel résultat. Je percevais ses coups plusieurs secondes à l’avance et savait détecter son point faible quelques secondes avant qu’il disparaisse. Nous menâmes un combat où ni lui ni moi ne parvenions à mener, jusqu’à ce qu’il décide, lui aussi, d’employer la Force et à plus vaste échelle. Je fus submergée par ses attaques mentales et physiques et bientôt je ne parvins plus qu’à parer ou à fuir si vous préférez. C’était cela ou je me faisais pulvériser. Je le repoussais à l’aide de la Force et il s’arrêta. Il éteignit la lame rouge de son sabre et s’épongea le font de sa manche.
« -Tu m’as donné du fil à retordre Neva. »
Il afficha un sourire. Je ne savais pas si je devais prendre cela pour un compliment ou si je devais m’en méfier, quoi qu’il en soit, je tremblais de crainte sous mon uniforme d’entraînement et ma sueur m’avait entièrement trempée de la tête aux pieds. Je n’avais jamais vu une telle force de combat et encore moins des coups d’une telle violence. Atodeinon était un Maître et s’il m’était arrivée d’en douter une seconde, je ne pouvais vraisemblablement plus me le permettre. Il se tourna vers Dakhan et déclara :
« -C’est comme ça que je veux que tu te battes et mieux encore.
-Je ne vous décevrez pas Maître. » Répondit-il en s’inclinant respectueusement.
Atodeinon nous fixa tour à tour, une lueur malsaine dans ses yeux de guerrier de l’ombre. Après quoi, il déclara :
« -C’est finis pour aujourd’hui. Faites quelques étirements, mangez et ensuite je veux vous voir tous les deux ici. Vous avez une demi heure. »
Il quitta la salle d’entraînement. J’éteignis mon sabre et le fixait à ma ceinture, soulagée. Le parasite ne décocha pas un mot et fit quelques étirements dans son coin. Personnellement, j’avais plutôt envie d’une bonne douche et c’est en chemin que je pratiquais mes étirements.

Je laissai l’eau froide couler le long de mon corps et de mon visage. C’était dans ces instants que j’avais l’impression d’être comme tout le monde. Dans un univers où j’avais une famille et de l’amour. Mon corps encore entier semblait être balayé de sa saleté, de sa répugnance et de sa colère. Pourtant, il me suffisait de penser à ce que je n’avais pas pour la rappeler à moi et frapper le mur en face de moi. Je les détestais tous pour ce qu’ils étaient !!! Et je me détestais moi parce que je pleurais. Parce que cette larme qui ne devrait pas être là avait décidé de mouiller mon visage tuméfié. Parce que j’étais faible de désirer une telle chose…
Je soupirais. Je n’arriverai jamais à rien, j’étais mauvaise, Atodeinon avait eu raison de vouloir me remplacer par le parasite, car j’étais vraiment une piètre élève. Mais je ne me laisserai pas faire de cette façon et je me promis d’être prête à tout pour prouver que je pouvais être la plus forte…quoi qu’il m’en coûte.


Atodeinon ne nous avait pas rejoints pour le dîner et je dus supporter la respiration de Dakhan, à l’autre bout de la table qui en plus d’être bruyant naturellement, était aussi laid dans le paysage ! Ça m’en coupait l’appétit. Je me hâtais de finir et me rendis à la salle d’entraînement, talonnée cette fois par le parasite. Il avait compris la leçon semblait-il. Lorsque nous arrivâmes, la salle était plongée dans la pénombre et je voulus allumer la lumière.
« -Neva, laisse et approche. »
Je n’avais pas le choix. Je me guidais instinctivement dans la pièce, prenant garde de ne pas toucher quoi que ce soit, ni de percuter le matériel. A ma grande surprise, Dakhan en fit de même. Après tout, il avait l’air d’utiliser la Force mais sans s’en rendre compte et au minimum de ses capacités. Je m’assis en tailleur en face de mon Maître et attendis. Il s’écoula quelques minutes avant que celui-ci ne reprenne la parole. Même dans la nuit, je sentais le poids de son regard se poser alternativement sur moi et sur le parasite.
« -Mes apprentis, dans trois semaines, vous effectuerez votre première mission sur Corellia. D’ici là, le programme d’entraînement va changer. Tous les matins à partir de demain, vous vous lèverez une heure plus tôt pour vous rendre à la surface et courir pendant deux heures. Après quoi vous reprendrez vos entraînements quotidiens et viendrez me rejoindre ici. Neva, je vais t’apprendre la magie de la Sith, c’est tout autre que la manipulation de la Force, mais les deux ensembles te fourniront un grand pouvoir. Quant à toi Dakhan, nous nous entraînerons au sabre. D’ici trois semaines, je veux que tu aies atteint un niveau supérieur à celui de Neva. »
Le silence retomba dans la pièce. J’avais plusieurs questions à poser, mais je me retins. Je n’avais pas envie de paraître ridicule face au parasite qui devait déjà devenir meilleur que moi au sabre. Je n’allais pas non plus lui faire part de mes craintes. Cependant, lui, cela ne le gêna pas de questionner Atodeinon :
« -Bien Maître…Y’a-t-il autre chose pour vous servir ? »
Atodeinon secoua la tête négativement. Nous ne le vîmes pas mais le perçûmes. Maintenant que le parasite avait brisé le silence, je me permis d’intervenir :
« -Maître, ne trouvez-vous pas que Corellia se trouve trop près du Noyau ? Nous risquerions d’attirer l’attention de Sidious. De plus, courir à la surface…pourrons-nous utiliser des armes quelconques pour nous protéger ? »
J’entendis le rire du parasite et il rétorqua d’un ton moqueur :
« -Si tu as peur, reste ici, moi je fais ce qu’on m’ordonne. »
Atodeinon coupa court à la discussion et répondit, comme si Dakhan n’avait rien dit :
« -En effet Neva, tu as raison. Sur les deux points. Concernant Corellia, votre action sera planifiée de telle sorte que Sidious n’en sera jamais informé, si bien entendu vous vous conformez à mes ordres. Concernant la surface, non, aucune arme. Il faut que tu t’habitues à une atmosphère polluée. Ici tu respires de l’air en boite et l’air vif renforcera ton organisme. Quant à Dakhan cela lui permettra d’éveiller la Force en lui. Si un quelconque esprit vous attaque, il devra se débrouiller pour le vaincre tout comme toi.
-Bien Maître. » Répondis-je, soulagée.
J’étais heureuse de voir que ma parole avait de l’importance et que mes questions n’avaient pas suscité sa colère. Nous restâmes encore un moment assis en tailleur dans le silence et l’obscurité. Ensuite, Atodeinon me donna congé en m’ordonnant d’étudier Corellia ce soir pour en avoir une idée concrète. Le parasite resta avec lui pendant quelques heures encore à étudier l’art des techniques au sabre. J’étais jalouse, car j’aurais aimé moi aussi apprendre à me perfectionner, mais en même temps j’étais fière de cette nouvelle indépendance et de la confiance que m’accordait Atodeinon.


Pendant trois longues semaines, l’entraînement doubla d’intensité. Je me levais avant l’aube pour me coucher largement après le crépuscule. Tout commençait par de l’endurance le matin. Nous montions à la surface, alors que le ciel était encore maculé d’étoiles et nous entamions une course plutôt rapide, qui nous entraînait loin sur les terres arides de Korriban. Au moindre pas, à la moindre foulée, j’avais l’impression que la planète entière m’observait, me haïssait et projetait de me tuer. Je ne saurais expliquer réellement, quelle était cette sensation plutôt étrange, seulement, j’avais le sentiment que la planète elle-même vouait une haine à la vie, sous n’importe quelle forme. Une haine si ancienne, maintenue depuis tant de millénaire qu’elle s’insinuait dans chacun de mes pores et me frigorifiait sur place. Les esprits rebelles qui existaient sur ce monde semblaient entretenir cette haine, en particulier pour les créatures douées d’intelligence et les Siths. Comme si un sorte de pacte avait été établis entre la planète, les esprits de la Sith et les Siths vivants. Chacun se supportait plus ou moins tout en se défiant les uns les autres pour former un univers de haine et de combat perpétuel. Et lorsqu’un esprit quittait le temple dans lequel il s’était établis pour venir nous mettre des bâtons dans les roues, il nous fallait être attentif et doublement vigilants. Dakhan eut énormément de mal à s’habituer aux attaques spirituelles, dès le matin. Seulement, il était doué pour monter des murailles autour de son esprit et même s’il ne parvenait pas à repousser le spectre, ce dernier avait du fil à retordre pour entrer dans sa tête. Moi, ils semblaient plus perplexe. J’avais un physique plutôt chétif, mais tout à long de ma course, la Force était avec moi. Tel un bouclier ou une lance, elle m’entourait de toute part et me protégeait ou attaquait en conséquence. Ce qui nous permettait de survivre à ces nombreuses agressions était la faiblesse des esprits. En effet, seuls les plus téméraires et chétifs d’entre eux, s’aventuraient loin des temples et des mausolées pour nous ennuyer. Les plus forts et les plus grands d’entre eux, restaient bien ancrés dans leur royaume et nous observait de loin. C’étaient eux qu’il fallait redouter.
Pendant la première semaine, nous fûmes tous deux, victimes de nombreuses agressions mais cela se calma rapidement, nous permettant de courir toujours plus loin. Comme Atodeinon me l’avait fait remarqué, mes poumons n’étaient pas habitués à l’air ambiant d’une atmosphère et les premiers jours furent proche d’un supplice. Ma gorge était irritée, mes poumons brûlaient et mon organisme était attaqué par différentes formes infectieuses qui me faisait éternuer ou pire encore. Le parasite semblait s’en réjouir et bon nombre de fois il vint me faire des réflexions sur ma faiblesse physique. Si je n’avais pas été régulièrement en proie à des nausées ou même des quintes de toux, je l’aurais réduis en bouilli.
Quoi qu’il en soit, les malaises s’estompèrent d’eux-mêmes et mon organisme pris rapidement du poil de la bête. La dernière semaine, j’étais parvenue à courir aussi vite, aussi loin et aussi longtemps que le parasite.
Lorsque nous revenions de notre séance d’endurance, nous pratiquions des étirements pour soulager nos muscles alors que la plate forme nous ramenait dans les sous-sol. Arrivés en bas, nous nous installions dans un coin et effectuions notre gymnastique habituelle puis nous foncions sans plus attendre vers la salle d’entraînement où nous attendait le Maître. Là il passait la matinée à m’enseigner des pratiques de la Sith à proprement parlé et non plus du côté obscur alors que le parasite s’évertuait à combattre des sphères d’entraînement. L’après-midi après nous avoir autorisé à manger un morceau, il s’occupait de Dakhan et de son entraînement au sabre. Je dois avouer que je ne prenais plus de coups depuis un moment, par contre, le parasite ne cessait d’en recevoir. J’avais l’impression d’avoir atteint un niveau supérieur, de ne plus être considérée comme une faible créature et cela m’enorgueillit. Pendant que Dakhan se faisait découper les avants bras, moi j’apprenais à contrôler les pouvoirs de la Sith tout en les alliant au côté obscur. C’était une tâche ardue, voire même parfois submergeante, mais je redoublais d’effort parce que je désirais être au-dessus de tout. La Sith avait été la meilleure chose qui m’était arrivée dans la vie et, combiné avec les pouvoirs du côté obscur de la Force, je deviendrais invincible…

La première semaine fut la plus éreintante, physiquement et psychologiquement. J’étais malade, le parasite qui se moquait de moi, Atodeinon qui m’initiait à la Sith, l’entraînement physique et aussi l’étude des différents data bloc et livres concernant Corellia et les mondes l’entourant…
Après quoi, j’avais pris le rythme et je ne pense pas m’être arrêtée depuis…
Concernant le parasite, c’était plus dur. Je remerciais tous les jours intérieurement, Maître Atodeinon de m’avoir pris sous son aile dès ma naissance. Dakhan souffrait. Et je me rendis rapidement compte de la façon dont devait m’observer parfois Katan lorsque je m’étais retrouvée être la cible du Sith. J’étais déjà dans mes quartiers depuis un moment, que Dakhan continuait son entraînement au sabre. Je crois me douter qu’il ne devait pas avoir plus de une ou deux heures de sommeil par nuit. De plus, il se faisait taillader les avant bras entre dix à trente fois par jour quand j’étais présente. Au départ, cela me rendit heureuse, très. Quelqu’un d’autre souffrait, plus moi. Et ce quelqu’un d’autre, c’était un parasite qui avait cru pouvoir prendre ma place en toute impunité, qui s’était moqué de moi et avait prétendu m’apprendre quelque chose. Je jouissais intérieurement de sa faiblesse et de ma force. Mais, rapidement, cela fit naître de l’indifférence. Je ne le voyais même plus se faire battre et je ne suivais même plus son évolution au sabre. Il était passé dans la catégorie : des déchets.

Il restait une semaine avant que la mission ne débute et ce soir là, j’avais fini d’étudier Corellia et ses alentours plus tôt que je ne l’avais prévu. Je n’étais pas encore fatiguée étant habituée à dormir seulement plus tard dans la nuit. Je profitais donc du temps libre qui m’était accordée, pour une fois, à flâner dans la base. Le calme qui y régnait m’apaisait et la fraîcheur des couloirs s’imprégnait dans chacun de mes membres. Au fil des ans, j’étais devenue le maître de ces lieux de ténèbre et de fraîcheur. Alors que je m’apprêter à rejoindre la salle d’entraînement pour y suivre une petite heure de méditation avant de me coucher, un bruit sourd, suivis d’une sensation étrange et douloureuse me figèrent sur place. Je me collais instinctivement contre le mur et attendis, sens en éveils.
Je lançai la Force autour de moi et lorsque je perçus ce qui m’effrayait tant, je restais collée contre mon mur et ne remuais plus le moindre membre. Je fermais mon esprit et fit disparaître ma présence du couloir. Je ne devais pas exister, pas être là. Si j’avais pu me fondre avec le mur, je l’aurais fait sans hésiter. Je n’avais qu’un souhait, que cette sensation disparaisse, vite. Dans ma tête, des images de pieds s’abattant sur mon ventre, mes bras, mon visage, la douleur qui accompagnait chacun de ces coups, tout cela noyait mon cerveau.
Sans m’en rendre compte, je glissais le long du mur et me recroquevillais sur moi même en tremblant. Douleur, coups, douleur…sang…craquement, douleur, coups…encore coups… et le sourire et la satisfaction d’Atodeinon qui irradiait dans toute la base.
Il ne s’arrêterait donc jamais ???
Je restais ici, dans cette position silencieuse pendant un temps qui me parut une éternité. Je fuyais. Mon esprit partait loin terriblement loin de cet endroit. C’est alors qu’une voix me remit les pieds sur terre en un soubresaut. Je me redressais brutalement, tremblante de la tête au pied, en sueur.
« -Et tâche de ne pas oublier que JE suis ton maître ! »
Atodeinon passa devant moi sans même me voir. Ses mains étaient couverte de sang, ses bottes aussi. Il sentait la mort et le sang et son odeur resta collée dans mes narines longtemps après qu’il soit passé, sans même prendre garde à ma présence si petite fut-elle dans la Force. Son pas vif s’éloigna de même que cette sensation de satisfaction qui semblait transparaître de tout son être. Je restais encore un long moment à ne pas bouger. J’avais l’impression que cette partie de mur me protégeait et que le moindre mouvement me ferait repérer pour le faire revenir et me faire du mal. Je sentais encore le goût du sang dans ma bouche, la sensation d’être broyée de l’intérieur. Les douleurs lancinantes qui n’en finissaient pas, cette sensation d’avoir été entièrement brisée…
J’eus beaucoup de mal à reprendre mes esprits, tant cette sensation m’avait bousculé. Je n’avais pas songé pouvoir être aussi faible face à une situation qui avait été la mienne il y a peu encore.
Je fis tout d’abord un pas, puis un autre et je les enchaînais ainsi, lentement…
Lorsque je fus sûre qu’Atodeinon ne reviendrait plus, je me glissais dans la salle d’entraînement. Toute lumière était éteinte. Je tremblais intérieurement, mais en même temps, je me rassurais. Il n’était plus là et il ne semblait pas vouloir revenir pour me battre à mon tour. J’entrai prudemment et tendait l’oreille. Pas un son. Un forte odeur vint cependant taquiner mes narines. Une odeur de sang encore chaud. Je crus devenir dingue. La peur suscitée par Atodeinon et l’odeur de sang qui faisait naître en moi un feu brûlant de destruction. Deux sensations opposées menant un seul combat dans mon être tout entier. Je dus faire preuve d’une force que je ne pensais plus avoir pour faire la part des choses. Non je ne me jetterai pas sur ce sang et je vais arrêter de craindre mon Maître. Je laissais fuser la Force dans la pièce et découvrit une présence. Celle du parasite. Je me dirigeai doucement vers lui et rapidement je me retrouvais les pieds imprégnés de sang chaud et collant. Je restais un instant sans bouger. Puis lentement je m’approchais jusqu’à avoir la sensation d’être tout à côté de lui et je me baissai. Je ne sais pas exactement à quel endroit mes doigts le frôlèrent mais il n’y avait plus de forme, tout n’était que chair à feu et à sang. Je crois avoir touché une joue du bout du doigt mais ce n’était qu’un amas de chair déchiqueté et imprégné de sang. Je remontais un peu et trouvais les cheveux. Ils étaient collant de sueur et de sang, totalement hirsutes. Je me décidais à prendre le pouls lorsqu’un murmure désarticulé parvint jusqu’à mes oreilles :
« -Pitié…j’ai…compris…Maître… »
Le fait qu’il m’appel Maître aurait du me gonfler d’orgueil, mais, au lieu de cela, je soupirais et baissais les yeux. Je palpais ses cervicales et constatais qu’elle n’était pas touchées. Ces gestes je les avais appris dans les blocs que Katan avait laissé et pour une fois, je me surpris de constater qu’ils étaient vraiment très utiles. Je soulevais alors lentement sa tête hors de la marre de sang pour l’aider à respirer et je répondis :
« -Ne va pas croire que je fais ça pour toi. »
Je ne sais pas s’il rétorqua quelque chose et je ne lui en laissais pas le temps :
« -Essaie de te lever, je vais t’aider. »
Il remua lentement d’abord, je l’entendis soupirer et marmonner, mais je fis de mon mieux pour l’aider à se redresser. Je n’aurais de toute façon pas pu le soulever toute seule. Je savais qu’il souffrait et que chacun de ses mouvements le déchirait davantage. Mais sa fierté surpassa ses douleurs et avant même que je lui propose mon aide il se tenait debout tout seul, d’une façon plutôt bancale j’en conviens, mais il refusait que je le touche.
« -Ne m’approche pas ! » Articula t’il en crachant à mes pieds.
Ses membres tremblaient et il devait se battre contre lui même pour ne pas perdre connaissance. J’allais faire demi tour et quitter la pièce. De toute façon, il pouvait très bien se débrouiller tout seul, lorsqu’un bruit sourd venant de son côté me fit changer d’avis. Je m’approchais de lui dans l’obscurité et le soulevais.
« -Prend appuis sur moi imbécile. »
Il ne se fit pas prier une seconde fois et il passa lentement son bras sanguinolent autour de mes épaules. De mon côté, je le soutins à la taille et nous fîmes un pas en avant, puis un autre avant qu’il ne s’affale. Serrant les dents, je soulevais sa taille en maintenant son bras le long de ma nuque.
« -Allez fait un effort ! »
Il se reprit lentement, chassant les nuées de son esprit et se redressa en gémissant et grondant. Je vis son poing se serrer lamentablement et il fit un pas. Nous mîmes un temps faramineux pour quitter la salle d’entraînement et le triple pour arriver jusqu’à sa chambre. Il était lourd, je n’aurais jamais cru qu’un corps puisse peser aussi lourd et il tombait souvent. Il naviguait entre le conscient et l’inconscient et lorsqu’il perdait connaissance ses jambes filait sous lui et nous nous retrouvions tous deux au sol. Je pestais et l’insultais mais je ne pouvais m’empêcher de lui venir en aide. De son côté, il jouait le fier, me renvoyait mes insultes à la figure mais n’osait pas me dire franchement de le laisser là, sur place, même si j’en fus souvent très tentée. Lorsque nous arrivâmes à ses quartiers, nous étions tous deux totalement épuisés et je du redoubler d’effort pour l’allonger sur le lit. Il avait perdu connaissance pour de bon. Je l’installais sur le lit en pestant. Je me retrouvais être contre ma volonté la nounou de ce parasite. Enfin, contre ma volonté…j’étais allée le chercher…et rien que pour ça, je m’agaçais. Qu’est-ce qui m’avait pris ? Pff.
Lorsqu’il fut correctement allongé je l’observais. Son corps tout entier était couvert de sang. Son visage était entièrement tuméfié et couvert d’écorchure qui commençaient lentement à se refermer, stoppant l’hémorragie d’un croûte sombre. Ses lèvres était déchiquetés, ses bras… est-ce qu’on pouvait encore appeler ça des bras ? étaient ouverts sur des longueurs impressionnantes. La lame laser avait creusés de profonds sillons dans ses chairs brûlées. Rien sur son corps ne pouvait être touché sans provoquer une douleur et je dus me convaincre un long moment que je ne pouvais pas le laisser dans cet état…
J’entrepris de lui retirer son débardeur de combat après quoi je m’occupais de nettoyer ses plaies avec de l’eau froide et un vieux morceau de tissu que j’avais arraché d’un vêtement qui m’était trop petit. Je passais ainsi un long moment à tout nettoyer après quoi je retournais à ma chambre et saisissait une pommade cicatrisante que j’appliquais sur chacune de ses coupures. J’y passais la quasi totalité de ma nuit et je ne remarquai même pas que je m’endormis à ses côtés…

Au réveil, je constatais avec horreur que j’étais encore dans la chambre du parasite. Il dormait toujours. C’était l’occasion de partir avant qu’il ne reprenne connaissance et commence à me traiter de faible…
Je me levais et quitter la pièce en faisant le moins de bruit possible. Le sas s’ouvrit lorsque la voix de Dakhan s’éleva derrière moi :
« -Si tu crois que j’ai une dette envers toi, tu rêves.
-Va te faire foutre, connard. »
Et je quittais la pièce. Cet imbécile, cet idiot, ce crétin n’avait pas du tout compris pourquoi j’avais fait ça !! Et il se permettait encore de se la jouer gros bras. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de venir à son secours ? C’était bien la dernière fois que je m’apitoyais sur ce petit imbécile arrogant. Ecoeurée et en colère, je me rendis à la surface pour faire mes exercices. J’y déployais d’autant plus d’énergie que je me sentais bête, idiote et totalement faible. Comment avais-je pu aider ce parasite ? Alors que je ne souhaitais que son départ depuis le jour où il avait posé les pieds sur mon territoire ! Comment pouvais-je être aussi stupide ! Je m’acharnais tellement sur mon entraînement ce matin là que j’arrivais exténuée et écorchée sur la moitié du visage devant Atodeinon. Il haussa un sourcil en me voyant et s’approcha de moi. Je n’osais pas bouger. La vision de Dakhan totalement écorché encore trop présente dans mon esprit. Il leva la main et je crispais le moindre de mes muscles dans l’attente d’une correction.
Il saisit mon visage sans douceur entre des doigts et fixa mes joues :
« -Tu devrais faire attention Neva. Je ne veux pas qu’un si joli visage soit abîmé ! Maintenant reprenons nos exercices. »
Il me relâcha et je respirais intérieurement.
« -Oui, Maître. » Répondis-je.

Le parasite ne se montra pas de la journée. Il vint seulement le soir pour son entraînement, à ma grande surprise et aussi à celle d’Atodeinon qui fut, quant à elle, nettement plus cachée. Il n’y eu pas d’autre incident pendant les jours qui suivirent, ceux-ci nous rapprochant de plus en plus de notre première mission en tant que Sith dans la galaxie…
Je m’en réjouissais déjà d’avance et avait hâte d’y être…je voulais mettre mes nouveaux talents à l’épreuve et prouver à Atodeinon et au parasite que je pouvais être la meilleure…