II
Le soleil commençait à redescendre et annonçait le début de l’après midi. Iano’macha s’avança à pas lents en direction de Kartel. Il était soucieux, se demandant pourquoi son maître n’allait pas lui-même affronter ce Jedi. Il n’avait qu’une crainte qui résonnait dans son esprit.
Je dois lui obéir.
Kana lui avait dit qu’il était prêt, qu’il avait fini sa formation. Il n’était plus un apprenti désormais, mais il n’était pas aussi fort que son maître.
Malgré sa réflexion, Iano’macha observait attentivement où il mettait les pieds, car la plupart des plaines de Rïnoya étaient recouvertes de plantes carnivores. Puis, il releva la tête. Il venait d’atteindre le pied de la cité.
Du haut de Kartel, les soldats faisaient leur ronde, bouclier dans une main, sabrolaser de l’autre. Ils observèrent Sirana, quand l’un d’eux cria.
- Lieutenant Maurice.
En bas de la muraille, un homme d’une quarantaine d’année sortit d’un baraquement. Il leva les yeux vers le haut de la paroi.
- Qui y a-t-il sergent Lodio ?
- Un indigène, lieutenant. Il est sorti de la cité.
Le vieil homme monta rapidement les escaliers qui amenaient directement au sommet de la muraille.
- Il s’approche, lieutenant. Que fait-on ?
- On ferme la grille. (Il se tourna vers le garde qui se trouvait près de l’entrée de la ville.) FERMEZ LA GRILLE.
Le garde se retourna vers le mur et abaissa un levier. A ce moment, plusieurs rangées de faisceaux laser verticaux descendirent du sommet de la voûte de l’entrée pour rejoindre le sol et d’autres rayons horizontaux traversèrent les autres verticaux perpendiculairement pour former un énorme quadrillage à l’entrée de la ville. L’indigène se rapprocha à pas lent et tous les gardes et soldats ne le quittaient pas du regard, jusqu’à ce qu’il soit arrivé au pied de la cité. Là, il releva sa tête, à moitié cachée par son capuchon.
- Hé, vous. Que venez-vous faire ici ? lança Maurice.
- Je suis venu délivrer un message au maître Jedi. Je veux qu’il vienne au milieu de la plaine. Je l’attendrai.
- Et s’il refuse ?
- Il ne refusera pas.
- Très bien. Je le lui dirai.
- Merci.
L’indigène se retourna et s’avança dans la plaine. Tous les soldats le regardèrent s’en aller, les yeux rivés sur sa silhouette.
- Vous croyez que c’est mauvais signe, lieutenant ?
- Je ne sais pas, mais c’est à maître Jason d’en juger. Et je dois l’informer de ce qui s’est produit.
- Lieutenant.
Maurice se tourna et regarda vers le bas.
- Oui, soldat, répondit-il.
- Nous venons de recevoir un message en provenance de Coruscant.
- J’arrive. (Il se tourna vers Lodio.) Surveillez ce gars et la cité. Prévenez-moi s’il y a du nouveau.
- Oui, lieutenant. A vos ordres.
Maurice descendit les marches de l’escalier et entra à nouveau à l’intérieur du baraquement en saluant le soldat qui se trouvait à l’entrée. Dans la petite salle du bâtiment, se trouvait un homme assis devant un poste de communication. Quand il entendit le vieil homme arriver dans la pièce, il se leva, se tourna vers lui et le salua.
- Bonjours lieutenant. Nous venons de recevoir ceci.
L’homme tendit un bout de papier en direction de Maurice et celui-ci le pris instinctivement en un geste lent, l’ouvrit et le lut.
- Il dédiait au maître Jedi Jason, lieutenant. Dois-je le lui remettre immédiatement ?
- Ce ne sera pas nécessaire. J’ai déjà quelque chose à lui annoncer. Je le lui apporterai en même temps.
- Bien, lieutenant.
Après ces mots, l’homme retourna s’assoir devant son poste et Maurice sortit de la pièce, le message à la main. Celui-ci trouvait que trop de choses bougeaient par ici. D’abord, cet indigène qui attendait le Jedi au milieu de la plaine, puis ceci. Apparemment, les choses avançaient, mais à savoir dans quel sens, seul l’avenir pourra le dire.
Une pierre flottait déjà sur l’étang du parc de Kartel, quant une autre fut lancée à son tour et s’arrêta sur l’eau comme la première. Rick trouvait cela amusant de faire flotter des pierres, mais pour son maître c’était un exercice difficile, car plus il y avait de pierres et plus il fallait que l’apprenti se concentre pour qu’elles ne coulent pas.
Jason lança deux autres pierres en même temps et Rick dut employer la Force pour stopper les pierres et les maintenir à la surface, tout en faisant attention à tenir les deux autres sur l’eau. Il réussit.
- Bien.
- Merci, maître.
- Tu as appris à arrêter sur l’eau les pierres. Tu viens d’apprendre à arrêter les pierres sur l’eau, tout en maintenant les autres. Maintenant, je veux que tu arrêtes les pierres sur l’eau, tout en maintenant celles qui y sont déjà et à en lancer d’autres. Ce qui veut dire : se concentrer sur trois choses à la fois.
- Bien, je devrais réussir.
- Non ! Soit, te réussis ! Soit, tu ne réussis pas ! C’est l’un ou l’autre. Il n’y a pas d’autre alternative. Laisse les spéculations de côté. Tu dois être certain de réussir, ou de rater.
- Bien.
Rick prit dans sa main une pierre, tout en se concentrant sur les quatre qui flottaient. Puis, il la lança.
- Maître Jason.
La voix qu’entendit Rick, le déconcentra et les pierres qui se trouvaient sur l’eau commencèrent à basculer. Celle qu’il avait lancée, continuaient sa trajectoire dans les airs. Rick serra les dents, tout en plissant les yeux. Les pierres se mobilisèrent à la surface, mais la dernière fonça droit sur l’eau. Rick corrigea l’angle de la pierre de façon que celle-ci puisse rebondir dur l’eau. Après plusieurs ricochets, elle s’immobilisa à côté des quatre autres qui flottaient déjà.
Il soupira et Jason applaudit.
- Bien ! Surtout ne te laisse pas distraire, par aucun mouvement et aucun bruit. (Jason se tourna.) Lieutenant Maurice ! Que se passe-t-il ?
- Je suis désolé d’avoir dérangé votre apprenti.
- Ce n’est rien. Cela lui a fait un bon exercice. Surtout garde les pierres à la surface, Rick. L’entraînement n’est pas terminé.
- Oui, maître.
Jason s’approcha du lieutenant.
- Y a-t-il un problème ?
- A vous d’en juger. (Il lui tendit le message.) On a envoyé ceci depuis Coruscant.
- ‘‘Maître Jason, il n’y aura aucun renfort pour le moment’’, lut le Jedi. C’est signé Simada.
-Je vois. Je pense qu’ils ne prennent pas cette histoire au sérieux.
- Il y a autre chose maître Jedi, déclara Maurice. Un indigène, venant de Sirana, vous a réclamé et il veut vous voir sur le champ dans la plaine.
- Un indigène ? Avait-il l’apparence d’un Jedi ?
- Navré, mais je n’ai pas vraiment fait attention à cela.
- Ce n’est pas grave, lieutenant. Je vais le voir. (Il se tourna ver Rick.) Je veux que tu continues tes exercices. Je reviendrai. N’oublie pas. Reste concentré. Ne pense à rien.
- Oui, maître.
Jason quitta son apprenti et Maurice l’accompagna à ses côtés. Rick prit une autre pierre pour la lancer.
- Il est là-bas, déclara le lieutenant Maurice, tout en montrant du doigt l’individu à travers la grille.
Jason observa attentivement l’indigène et projeta la Force dans sa direction. Il eut la confirmation de ce qu’il pensait. C’était bel et bien un Jedi, mais il y avait quelque chose de différent. De la haine et de la colère émanaient de lui, comme si un voile de Force Obscure enveloppait l’indigène. Une haine envers… Les Jedi ! Sa première impression lui revint à l’esprit.
C’est impossible.
Mais si ! C’était bien réel. Il comprenait que le conseil ne veuille pas le croire. Et avec ses antécédents, cela n’arrangerait pas sa position. Il avait une mauvaise réputation depuis quelques années, mais il avait toujours servi l’équilibre de la paix. Jason savait qu’il prenait un risque à rencontrer l’indigène, mais il devait en apprendre davantage.
- Bien. Refermez la grille après mon départ et surtout n’intervenez en aucun cas. Est-ce clair ?
- Très clair, maître Jason." Il se tourna vers le grade. " Ouvrez la grille.
- Oui, lieutenant.
Le garde prit dans la main, le levier d’activation de la grille et le releva. Les trais laser disparurent aussitôt et Jason s’avança au dehors de la cité. Une fois à l’extérieur, le garde abaissa à nouveau la grille dont les rayons crépitèrent. Après cela, le lieutenant Maurice monta sur la muraille, regardant le Jedi marcher en direction de l’indigène.
Il avait mal au ventre, se demandant s’il avait mal déjeuné ou si la peur lui contractait l’estomac. Mais il le savait bien. Le maître Jedi avait gardé son arme sur lui, pour aller à la rencontre du visiteur.
Une précaution ? Une confrontation ? Il allait le découvrir tout de suite.
Jason était arrivé auprès de l’indigène, quand soudain, deux lames laser se heurtèrent. Les gardes s’excitèrent et firent mine d’agir.
- PERSONNE NE BOUGE ! Cria Maurice. ON NE FAIT RIEN !
Les gardes l’écoutèrent. Ils ne bougèrent plus, tel des statues de marbre, impuissants, regardant la scène. Les sabres pivotèrent et se heurtèrent à nouveau. Le lieutenant serra les dents.
Surtout, n’intervenez en aucun cas.
Il se rappela les paroles de maître Strike et pria le ciel, tout en se retenant de ne pas donner l’alerte générale.
Douze pierres flottaient sur l’eau de l’étang. Rick maintenait toujours sa concentration et ne laissa rien le distraire. Rien. Sauf…
D’un seul coup, les pierres coulèrent toutes en même temps. Il prit son sabrolaser dans les mains et l’activa. Il courut comme s’il avait des démons aux trousses. Les personnes qui se trouvaient dans la rue, le regardaient d’un air étonné et surpris. Mais Rick n’y fit pas attention. S’il visait juste, il se devait de venir le plus rapidement possible. Il fonça droit vers l’entrée de la ville et s’arrêta net. Il avait raison. Son maître était bien en train de se battre.
De sa main gauche il leva la grille. Les lasers disparurent. Il s’apprêtait à sortir, quand le crépitement de la grille retentit. Rick regarda le levier. Il était redescendu. Il allait le relever.
Reste là ! Ne viens pas.
Cette voix ! Il la reconnaîtrait partout.
- MAITRE ! Cria-t-il.
Le levier n’était pas redescendu. C’était Jason qui l’avait abaissé pour qu’il ne lui vienne pas en aide. Malgré la volonté de son maître, Rick ne pouvait pas rester là, sans rien faire. Mais un apprenti devait être obéissant. Déçu de ne pas pouvoir intervenir, il monta les escaliers qui menaient au sommet de la muraille, se mettant à côté du lieutenant Maurice. Il ne dit rien.
La lame rouge attaqua la lame bleue. Iano’macha serrait les dents. Jason se pinçait les lèvres. Les lames se défièrent les unes, les autres. C’était la première fois que Jason combattait un Jedi, mais l’autre, ayant attaqué, il n’eut pas d’autre choix. Les Jedi doivent servir le bien. Il ne comprenait pas pourquoi cet indigène avait autant de haine. C’est pour cette raison qu’il ne voulait pas que le lieutenant ou son apprenti interviennent. Il devait en savoir plus.
- Pourquoi voulez-vous me tuer ? Demanda-t-il.
- C’est mon maître qui me l’a ordonné.
- Votre maître ?
Jason n’en crut pas ses oreilles. Ils étaient donc deux, voir plus. La situation était plus compliquée qu’il ne le pensait en départ.
Iano’macha lança son sabre de côté, mais Jason l’arrêta à temps.
- Oui, mon maître, répondit l’indigène tout en abaissant, en vain, son sabre sur Jason. Il dit que vous voulez qu’il vienne aider un gouvernement. (Il fit trois attaques successives, mais aucun coup ne toucha Jason.) Ce gouvernement veut toutes les planètes et quand il les aura, il les détruira de l’intérieur, en les soumettant à sa politique.
- C’est faux. Il laisse parler chaque peuple. Il leur laisse donner leurs opinions.
- Faribole.
Les lames s’entrechoquèrent, et Jason arrêta de parler. A l’évidence, il n’arriverait pas à dissuader l’indigène que ce qu’il croyait était faux. Il se concentra pour déjouer les coups de l’autre, qui devenaient de plus en plus nombreux et de plus en plus violents. Des gouttes de sueur descendaient de son front jusqu’à son nez ou son menton. Jamais il n'avait du combattre aussi difficilement. L’indigène maîtrisait parfaitement la Force, mais il l’utilisait mal. Ce qui faisait tout le danger. Si la République n’apporte aucun soutien, ce Jedi et son maître survivront et répandront le mal dans toute la galaxie, jusqu’à détruire la République. Jason devait empêcher cela à tout prix, mais pour le moment la seule chose qui le préoccupait était la puissance obscure qui envahissait le lieu du combat.