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Par Emrys Harriet



III

Simada montait, une à une, les marches des escaliers d’un des plus grands immeubles de Coruscant. Il progressait d’étage en étage et il se trouvait au 20ème. Le Jedi comprit pour quelle raison le bâtiment possédait un hangar d’atterrissage chaque 5 étages. Les habitants et visiteurs devaient être fatigué de circuler sur 40 étages.
Les équipes de chercheurs sur Corellia, qui travaillent à l’heure actuelle sur les hyperpropulsions, tentaient d’inventer un élévateur. A base de cristaux, comme ceux que l’on retrouve dans les armes, et avec des cellules d’énergie de grande dimension, l’appareil devrait pouvoir transporter des personnes, sur une distance verticale, sans le moindre effort de la part des utilisateurs. Malheureusement, le temps que tous les bâtiments puissent s’équiper, il faudra attendre encore des lustres.
Aidé de la Force, Simada se fatiguait moins rapidement, mais il fut tout de même heureux d’arriver enfin au 22ème étage. S’il avait su à quelle étage, il devait se rendre, il n’aurait pas eu besoin d’aller voir l’emplacement tout au fond, à l’entrée de l’immeuble.
Il s’arrêta devant une porte d’appartement, sonna et attendit. Puis la porte s’ouvrit, révélant une jeune et belle femme, aux cheveux longs et noirs. Simada ne s’attarda que rapidement sur les vêtements de la nouvelle venue, qui, à son habitude, mettait bien en valeur les courbes de son corps. Elle portait un juste-au-corps en maille noire, laissant une semi-transparance, garnie de délicats morceaux de soie bleue.
- Simada, fit-elle Quelle bonne surprise ! Je t’en prie, entre.
Le Jedi inclina la tête.
- Merci. (Il entra et la jeune femme referma la porte.) Alors ? Comment va-tu ?
- Ça va. Jason n’est pas arrivé, n’est-ce pas ?
- Non. Je suis désolé Anna.
- Tu n’as pas à l’être. Ce n’est pas ta faute. (Elle marqua une pause.) Veux-tu du café, ou quelque chose d’autre ?
- Volontiers un café. Merci.
Anna passa dans une autre pièce, à côté. Simada, quant à lui, regardait la pièce. C’était la première fois qu’il venait ici, depuis son amie avait déménagé. Il remarqua des nouveaux meubles en bois sculpté qui ornaient toute la salle.
- D’où vient tout ce mobilier ?
- Le bois provient de Dantooine, mais ils ont été travaillés par un artisan Corellien.
- Ils sont splendides !
- Vraiment ! Je trouve pourtant qu’ils ne vont pas avec ma garde robe.
Simada sourit, tout en s’asseyant dans un canapé. Anna revint dans le salon avec deux tasses.
- Sais-tu où se trouve Jason en ce moment ? Demanda-t-elle.
- Sur Rïnoya.
- Quoi ? Mais… Mais qu’il fiche-t-il dans ce coin perdu de la galaxie ? Depuis la disparition de votre collège, il n’arrête pas de sillonner tout l’espace, pour le retrouver, même après que les recherches aient été terminées. Qu’a-t-il trouvé de si important, là-bas ? Il avait dit qu’il resterait avec moi. En fait, il ne le dit chaque fois qu’il revient sur Coruscant, mais il repart toujours. Il m’a oubliée. J’en suis sûre.
- Non. Je ne pense pas, répondit Simada en buvant une gorgée de café. Il pense juste à l’avenir de la galaxie.
- Oui. A l’avenir de la galaxie et à son travail de Jedi. Tout passe avant moi, même ses collèges.
- Ne dit pas ça. Si ce qu’il dit est vrai, il n’y aura plus de futur. Plus dans la paix, en tout cas.
- Attends ! J’ai dû louper un épisode. Qu’est-ce qu’il a dit ? Qu’est-ce qu’il a découvert ?
- On ne le croit pas vraiment. Après ce qu’il lui ait arrivé, la plus part d’entre nous pense qu’il a perdu la tête. Mais si ce qu’il affirme est vrai, si nous ne faisons rien, la galaxie cour à sa perte.
- Simada. S’il te plait. Dis-moi ce qu’il se passe et arrête de tourner autour du pot.
Le maître Jedi prit sa tasse et la finit d’une traite, puis soupira.
- Jason croit qu’il y a un mauvais Jedi sur Rïnoya. (Anna se leva d’un coup. Simada la regarda toujours.) Il a demandé des renforts auprès de la République, mais elle n’a rien voulu savoir. Dans un jour, je dois me rendre, ainsi que deux autres Jedi, au conseil. J’espère que nous pourrons convaincre le sénat d’intervenir, mais j’ai peur que Jason devra régler le problème seul.
Le silence régna. Anna en resta bouche bée.
- Comment un Jedi peut-il être mauvais ? dit-elle enfin.
- Je ne sais pas. C’est pour ça que nous pensons qu’il devient fou.
La jeune femme ne sut que dire. Elle regarda sa tasse qu’elle avait maladroitement renversée en se levant brusquement.
- Je veux qu’il revienne, sanglota-t-elle.
- Moi aussi, mais il faut voir les choses en face. (Il se leva à son tour et prit Anna dans ses bras.) Il reviendra quand tout sera fini. Ils restèrent un moment l’un contre l’autre. A partir du moment où Anna commençait à retenir ses larmes, Simada, en regardant la tasse renversée, reprit la parole.
- Tu veux que je t’aide à nettoyer ?
- Merci, mais ça ira.
- Tu en es sûr ? (Elle acquiesça de la tête.) Très bien. Je crois que je vais m’en aller.
- Simada. Crois-tu qu’il soit en danger ?
- Je pense qu’il sait qu’il sait quoi faire. Il attendra les renforts avant d’être pris dans une bataille. Ne t’inquiète pas. Je suis sûr qu’il n’est pas en danger. Le Jedi marcha vers la sortie et ouvrit la porte.
- Simada.
- Oui, Anna ?
- Merci d’être venu.
Il lui fit un sourire, puis sortit en fermant la porte. Anna prit la tasse renversée. Elle fit une grimace, tout en serrant très fort, le petit récipient entre ses doigts. Elle avait peur, ne savant plus quoi penser. Tout ce qu’elle voulait, c’était que Jason revienne et qu’ils puissent enfin se marier.
S’il le faut, je deviendrai une Jedi, pensa-t-elle.

- Je les ai invités, déclara Tona. Trois d’entre eux viendront demain matin à 10 heures.
- Comment avez-vous pu faire ça ?
- Ils me l’on demandé, monsieur Yakanaki, répondit le chancelier. Il attendait une réponse immédiate, et je ne pouvais pas me permettre de le refuser.
Le bureaucrate se tut, regardant Tona, avant de déclarer.
- S’ils veulent régler le problème. Ils n’ont cas le régler eux-mêmes. Ils nous ont dit qu’ils ne s’intéressaient pas à la politique, alors pourquoi veulent-ils venir ?
- Ils s’intéressent à l’avenir de la galaxie.
- Baliverne. Ils veulent démanteler la République. Ils ont inventé cette histoire de mauvais Jedi pour créer une guerre entre le peuple Rïnorien et la République. (Le chancelier marcha de long en large, derrière le canapé de son appartement.) Ensuite les planètes indépendantes vont s’allier pour anéantir la République.
Tona agrippa brusquement des deux mains le dos du canapé.
- Non, monsieur Yakanaki. Les Jedi font le bien…
- Alors comment expliquez-vous que l’un d’entre eux s’est tourné vers le mal ?
Le chancelier, furieux, tapa du poing sur le somment du canapé et commença à hurler.
- Je n’en sais rien. Et c’est pour ça qu’ils viennent, que ça vous plaise ou non. La République existe pour que tout le monde puisse donner son opinion. (Le bureaucrate voulut dire quelque chose, mais il fut coupé par la rage de Tona.) Si l’on oublie ces règles, à quoi sert-il de mettre en route un gouvernement qui n’obéit même pas à ses propres lois ?
- D…
- Que Rïnoya soit indépendante, je m’en fiche, continua le chancelier. S’ils ont senti un danger, c’est qu’il y en a un, et il m’a l’air très important (Il se calma, regarda à l’extérieur, les véhicules de Coruscant qui défilaient entre les immeubles, avant de revenir sur Yakanaki.) Le sénat devra les écouter.
Le bureaucrate n’osa rien dire, mais il s’exécuta.
- Bien. Je ferai le nécessaire pour informer tout le monde.
- Je l’espère bien. S’il n’y a personne quand les Jedi devront arriver. Ils se sentiront trahis et ne croiront plus à la République. Alors ils partiront et le gouvernement s’écroulera petit à petit.
- Je vous assure qu’il n’y aura aucune personne manquante. J’y veillerai personnellement.
- Vous avez intérêt. Si vous tenez à votre carrière politique.
- J’y vais de ce pas.
Le chancelier acquiesça tout en fermant les yeux. Yakanaki se leva et partit d’un pas précipité. Tona marcha jusqu’à la porte et parla au serviteur de l’étage.
- Apportez-moi un cocktail corellien, s’il vous plait.
- Bien monsieur.
- Merci.
Le chancelier rentra et s’assit sur le canapé et contempla le mur, devant lui.
Que dois-je faire ? Des Jedi exigeants d’un côté et des sénateurs têtus de l’autre. Je crois que je vais devenir fou.
- Monsieur, interpella le garçon d’étage, tenant un verre gracieusement décoré, rempli d’un liquide rougeâtre.
- Oui, fit Tona, surpris. Amenez-le-moi, je vous prie. (Il prit le verre que le garçon venait de lui remettre et le but d’une traite.) Apportez-m'en un autre, s’il vous plait.
- Quelque chose ne va pas, monsieur, demanda le jeune homme, étonné.
- Que ferais-tu, si tu avais l’avenir du gouvernement sur les épaules ?
- Je ne sais pas, monsieur. Ce n’est pas mon métier. Je ne suis pas préparé à ce genre de chose.
- Je ne sais pas si je le suis aussi.
Le garçon n’osa rien dire. Il reprit le plateau et partit chercher un autre verre, tandis que le chancelier resta le regard perdu dans les profondeurs de la salle.

Mirano se trouvait sur le balcon de son appartement. Il s’approcha du bord, mit la main contre la balustrade et regarda en bas. Le fond du bâtiment se noyait dans les profondeurs obscures de la ville-planète. Le Jedi ne voyait rien. C’était le noir total. Mais grâce à la Force, il distinguait des êtres, vivant dans le noir des entrailles de la capitale.
Arrivant derrière lui, Ardon s’avança lentement, regardant le soleil se coucher à l’horizon. Mirano le sentit s’approcher et se releva, le regardant.
- Maître Ardon. Que me vaut votre visite ?
- Il faudra être prêt, répondit-il en s’avançant vers le bord. Demain, c’est le grand jour.
- Oui, certes.
Ardon se pencha en avant.
- Qu’est-ce que vous regardiez, là en bas ?
- Le noir, maître.
- Le noir ?
- Oui. Regardez ! A l’œil nu, l’on ne voit rien. Personne ne croirait que des gens vivent là au fond. Ils ne savent pas que quelque chose se passe. Mais nous grâce à la Force, nous pouvons le sentir.
- Comme Rïnoya, n’est-ce pas ?
- Oui. Personne ne se doute de quelque chose et pourtant il s’en passe. (Mirano soupira.) J’ai utilisé la Force, et je… (Il ferma les yeux et baissa la voix.) Je crois que si la République ne réagit pas, la galaxie coure à sa perte.
Le silence régna sur le balcon. Ardon ne voulait pas croire une chose pareille. Il refusait d’avoir de telles pensées.
- Il a raison, Ardon.
Les deux Jedi se retournèrent et virent Simada. Il se tenait derrière eux. En s’avançant, sa cape flottait, poussée par le vent.
- J’ai vu Jason. Il était en train de combattre sur la planète, continua-t-il. Un combat en duel.
- As-tu rendu visite à Anna ? Demanda Ardon.
- Oui.
- Et… ?
- Elle m’a demandé s’il était en danger. J’ai dû lui mentir et je m’en veux de l’avoir fait. Mais elle était déjà si inquiète. Je ne voulais pas la terroriser pour rien, car je suis sûr qu’il va s’en sortir, mais ce duel n’est que le premier. Je le sens.
- Moi, aussi. Je sens la même chose, Ardon, répliqua Mirano. Simada et moi sommes prêt pour demain, parce que nous savons ce qui risque d’advenir si la République n’agit pas. Maintenant, c’est à toi d’être prêt.
Ardon ferma les yeux et se concentra. Dans son esprit, il vit le soleil de Rïnoya briller d’un grand éclat. Il entendit des cris, voyant des gens terrorisés. Des archers tiraient au dehors de la ville, pendant que de soldats, au sabre rouge, pénétraient à l’intérieur, décapitant et transperçant les résistants. L’odeur du sang gisant sur les pavés de la cité lui montait à la tête, quand brusquement, il ouvrit les yeux.
- Qu’est-ce que tu as vu ? Demanda Simada.
Ardon soupira et le regarda dans les yeux.
- La plus grande bataille sanglante, jamais vu, depuis les guerres civiles, il y a 54 000 ans.