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Par Emrys Harriet



IV

Du haut de la muraille, Rick, le lieutenant Maurice et tous les autres gardes et soldats regardèrent le combat. Les yeux pétrifiés par la lutte, ils ne bougèrent pas. Ils ne parlèrent pas. Seul le bruit du vent qui fouettait leur visage retentissait. Les lames n’arrêtèrent pas de bouger, s’affrontant entre-elle.
Rick était triste. Voilà pourquoi son maître lui avait dit que ses exercices n’étaient pas terminés. Jason ne voulait pas qu’il voit cette scène. Mais maintenant, c’était trop tard et l’idée de voir son maître se faire tuer le hantait. Il regarda le lieutenant. Il ne bougeait pas, comme s’il était en face de son général. Ses yeux restaient fixé sur les lames qui s’aplatissaient l’une contre l’autre. Des gouttes de sueur coulaient le long de son cou comme s’il se trouvait à la place du maître Jedi.
Rick revint aux combattants, au moment où une des lames avait disparu et dont l’autre avait l’allure du vainqueur.

A chaque attaque de Iano’macha, un sourire apparaissait sur les lèvres de Kana. Debout sur les remparts de Sirana, il regardait le combat d’un air satisfait. Son apprenti était très bon et ce maître Jedi ne pourrait pas résister encore longtemps. Il sentait la colère pénétrer à l’intérieur du Jedi qu’il avait formé. Il aimait les batailles et les grands combats, mais celui-ci était le plus impressionnant qu’il n’ait jamais vu. Cela faisait une vingtaine de minutes que l’affrontement avait commencé et la joie de voir mourir le maître Jedi le réjouissait plus que tout. Après ça, les Rïnoriens le respecteraient.
Il sentit que la fin du combat était proche. Puis l’une des deux armes de lumière qui transperçait le ciel, s’éteignit, laissant l’autre illuminer l’air de la plaine.

Des gouttes coulaient le long de son visage, comme s’il pleuvait à verse. Ce n’était pas de l’eau, mais de la sueur. Jason n’en pouvait plus. La fatigue le gagnait. Il reculait, mais il s’aperçut très vite que le lieu du combat était entouré de plantes carnivores. Celles-ci possédaient une petite tige rouge qui flottait dans l’air, mais ceci n’est que le nerf qui, une fois touché, annonce aux mâchoires de se replier sur la proie.
Iano’macha attaquait encore et toujours aussi férocement. L’énergie de Jason se perdait de plus en plus. Le maléfique indigène abattit son sabre sur son adversaire, mais celui-ci se tira de côté. La lame rouge se planta en partie dans la terre. Le maître Jedi en profita pour lancer une petite attaque, car il n’avait plus aucune force. L’indigène remarqua l’erreur qu’il avait commise, mais ce fut trop tard. La lame bleue arriva vers lui et lui coupa tout l’avant bras droit. Le laser rouge se rétracta à l’intérieur du sabre et tomba avec le membre tranché sur l’une des tiges rouges, d’une plante carnivore. A cet instant deux rangées de lianes sortirent du sol et se plaquèrent sur leur prise, aussi vite que l’éclair.
Iano’macha hurla de douleur. Jason garda son sabrolaser allumé et regarda l’avant-bras de l’indigène fondre lentement entre les tentacules de la plante.
Furieux, l’adversaire à peau verte tendit sa main valide en direction de son sabre. Il l’activa, grâce à la Force, découpant les lianes qui tentaient, en vain, de le dissoudre. Puis l’arme vola vers l’indigène, avant de s’éteindre dans la main de celui-ci. Sous la douleur, le vaincu se mit à presser sa blessure contre lui. Regardant par terre, Jason et Iano’macha découvrirent des ossements polis, laissé par les tentacules de la plante carnivore. Le maître Jedi éteignit à son tour son sabre.
- Tu as gagné ce combat, Jedi, déclara l’indigène. Mais tu ne gagneras pas le suivant.
- Alors tu t’avoues vaincu.
- Non. Mon maître m’a dit de revenir vers lui. (Il pointa son sabrolaser désactivé vers Jason.) Mais nous nous reverrons. Je te le promets.
Iano’macha se retourna et repartit en direction de Sirana. Jason ne voulais pas le tuer. Il n’était pas un assassin. Et même s’il le voulait, il n’aurait pas eu la force nécessaire, car il était essoufflé et à bout de forces. Il regarda une dernière fois son adversaire et marcha vers Kartel. Ce fut à peine s’il tennait sur ses jambes.

Rick fut soulagé de voir que son maître avait battu l’indigène, mais il se demandait pourquoi il ne l’avait pas achevé. Il voyait l’indigène de replier et Jason revenait en titubant. L’apprenti dévala les escaliers et lança la Force afin d’ouvrir la grille. Puis il partit à la rencontre de son maître.
- Maître, dit-il en arrivant à ses côtés pour l’aider à se tenir debous. Est-ce que tout va bien ?
- Oui, répondit Jason, tout essoufflé. Je crois. (Il marqua une pause et reprit sa respiration, comme s’il était resté trop longtemps sous l’eau.) Il est vraiment fort.
- Pourquoi ne l’avez-vous pas tué ?
- Je n’en avait plus la force. C’est étrange. C’est la première fois que je suis aussi épuisé lors d’un combat.
- Maître, je… Je suis désolé d’avoir abandonné mes exercices.
- Ne le soit pas. Tu n’es pas être dépourvu de sentiment, Rick. Et c’est une bonne chose. Mais fais attention qu’ils ne prennent pas le dessus. Tu dois agir selon ta conscience et non tes sentiments. Tu as compris ?
- Oui, maître.
Ils arrivèrent dans la ville et Jason s’assit sur une pierre qui se trouvait vers l’entrée.
- Je ne t’apprendra plus rien aujourd’hui. Va te détendre.
- Mais ? Et vous maître ?
- Je vais bien. Je reprends mes forces. Ne t’inquiète pas. Allez ! Va !
Rick partit dans la grande ville. Puis il se perdit dans la foule. Jason, quant à lui, se concentra sur les choses à venir. Ils sont deux et je n’ai pas affronté le maître, pensa-t-il. Son élève est puissant. Je n’ose pas imaginer la force que doit posséder son maître.
Rick a bientôt fini sa formation, mais si la République n’envoit pas d’aide, la situation peut tourner à la catastrophe. En admettant, que des renforts partent dès maintenant, il leur faudra plusieurs semaines avant d’arriver sur Rïnoya. Plus de temps qu’il n’en faut pour que ces deux Jedi sombres lancent une attaque décisive.

Des morceaux de pierre tombèrent comme de la poussière. Furieux, Kana avait envoyé son poing sur le mur, mais la violence du choc fut tellement grande que sa main s’était enfoncée une dizaine de centimètres dans les remparts, laissant derrière elle de la poussière de roche. Il avait vu perdre son premier chevalier, le sien, celui qu’il avait formé.
Il sauta en bas de la muraille. Après avoir fait une chute de plus de quinze mètres, il retomba sur ses jambes, comme un animal, en pliant les genoux. Iano’macha arriva vers lui.
- Je veux sa mort, cria l’indigène en montrant sa plaie cautérisée.
- Je sais, mais tu dois rester ici pour m’aider.
- Oui, mais quant pourrai-je repartir ?
Kana regarda avant-bras de son ancien élève.
- En tout cas, après que tu te soit soigné, répondit-il. Pars à l’infirmerie.
Sans rien ajouter, Iano’macha marcha et disparut dans un bâtiment, au coin de la rue. Kana, lui, pensa à ce qu’il allait faire, maintenant.
Tu veux jouer au plus malin, Jedi. Mais c’est fini. Il est grand temps que je forme ma propre armée.