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Par Aïgal Dingé Jinn




Chapitre 2 1ere Partie

Le temps passait, cela faisait quelques jours déjà que Quinlan était parti vers je ne sais où et moi, je campais avec Villie. Nous parlions beaucoup, il avait une tendance à être très volubile avec moi, malgré ses difficultés avec le Basic. Il s’arrangeait toujours pour me faire rire et surtout, pour que je me sente à l’aise. Je lui rendais des services de temps à autres, apportait des messages, réparait certains droïdes quand c’était dans mes capacités. Quand je n’étais pas avec Villie, je marchais un peu dans la ville, je réfléchissais aux paroles que nous avions échangées avec Quinlan. Je repensais au Code. C’était trop confus pour que je puisse en comprendre le sens profond, spirituel mais grâce à ma formation intellectuelle, je démantelais aisément les liens logiques et la signification première de ces mots. Loin de ma première réaction dédaigneuse, je m’émerveillais car, j’appréciais la simplicité avec laquelle l’essentiel avait su être exprimé. Néanmoins, j’avais toujours du mal à accepter d’être affublée d’un quelconque pouvoir. Ce rejet allait durer longtemps puisque même à mon arrivée sur le Legacy, je peinais encore à prendre confiance en moi. Mais, tout cela, vous le savez, Maître Kiara.
Je dois avouer que ne sachant pas de quoi mon avenir serait fait, la seule personne à qui je pouvais me raccrocher était Quinlan… Je pensais souvent à lui pour me rassurer, me dire que j’étais moins seule que je ne songeais. J’avais beau être jeune, dénuée d’expérience, je me doutais qu’il était pris dans une entreprise très délicate et celle-ci semblait avoir sur lui un grand impact. Comme j’aurai voulu pouvoir l’aider même je ne savais pas de quoi il retournait, même si cela avait l’air dangereux, même si cela signifiait admettre que la Force était en moi!
Je passais de longues heures à penser à tout ça… Les Jedi étaient donc formés? Peut-être le serai-je un jour? Mais, Quinlan m’avait dit que les enfants ainsi doués étaient accueillis très tôt, est-ce que l’on voudrait bien de moi? Et quelle était cette menace qui pesait sur moi? Pourquoi voudrait-on s’emparer de moi?
Je finis par m’ouvrir à Villie sur toutes ces interrogations. Il en vint ainsi à me raconter sa rencontre avec Quinlan. De situations catastrophiques en situations catastrophiques, les deux hommes avaient fini par se faire confiance. C’est ainsi que j’appris plus ou moins ce qu’était le Côté Obscur… A ce que m’avait dit Villie, Quinlan avait perdu la mémoire et avait dû retourné au Temple pour y recevoir le « ré entraînement ». Malgré le manque de détails que m’offrait le discours de Villie (il se souciait peu de savoir le fin mot de certaines choses), je commençais à pouvoir mettre des mots sur le mal-être diffus qui émanait de Quinlan. Beaucoup d’ éléments me restaient flous et je ne cessais de me poser des questions. Je m’angoissais vraiment pour celui qui, sans que je n’en ai vraiment conscience, m’avait sauvée des Sith… A ce que m’avait dit Villie, il effectuait une mission d’une importance capitale pour l’avenir de la Galaxie, pour le futur de la République… Tout cela était vertigineux pour moi! Troublée plus que jamais après cette discussion, je me repliai à nouveau sur moi-même. Je n’osai songer à mon avenir. Ma peur, ma lâcheté avaient quelque chose de trop ridicule, de trop infime pour que je m’y attarde! Je ne cessai de penser à lui, je rêvais de lui chaque nuit, l’appelant dans mon sommeil, me réveillant en sueur, incapable pour la plupart du temps de me souvenir de ce que j’avais bien pu rêver… C’était horriblement frustrant de ne pas me rappeler, de le savoir si proche et si lointain à la fois; de ne pas savoir si mes cauchemars détenaient une quelconque vérité sur ce qu’il se passait ou s’ils n’étaient que le fruit de mes craintes… Les rares rêves qui me restaient... Je n'étais pas en mesure de les exprimer à qui que ce soit et pourtant ils étaient d'une précision et d'un réalisme exacerbés...
Je virevoltais d’émois en émois, je ne savais plus quoi faire de moi… Il m’arrivait de discuter encore avec Villie mais il n’y avait plus le même entrain et lui aussi avait ses soucis… Je parlais de temps à autres avec les gens qui étaient de passage, jour après jour, je glanais des informations sur les batailles qui étaient menées… L’avenir se dépeignait de façon très sombre et plus des nouvelles de déconfiture de l’Armée Républicaine me parvenaient, plus la mission de Quinlan me semblait vouée à l’échec… Je n’étais pourtant pas capable d’envisager le pire. Il était pour moi inconcevable qu’il perde la vie, non parce que je le croyais invincible, mais je ne pouvais admettre que cela arrive, c’était tout bonnement impossible…
Avec le recul, je pense que ce fut l’une des premières preuves tangibles que j’étais amoureuse de lui, cette foi aveugle que je plaçais en sa survie… Et lorsque j’étais de bonne humeur, que ma nuit n’avait pas été par trop éprouvante, je me prenais à espérer qu’il réussisse, que son entreprise porte ses fruits, que les jours et les gens redeviennent lumineux, enjoués… Avec le temps, j’avais fini aussi par reléguer au passé la menace dont m’avait protégée Quinlan , je me promenais donc souvent loin du repère de Villie. Et je déambulais parfois dans les rues sinueuses de la planète, celles que je savais être les moins dangereuses, quand un jour, à la tombée de la nuit, j’entendis :
-Eh, ça va gamine?
Me retournant, je ne vis personne, j’avais pourtant reconnu la voix de Quinlan, enfin il me semblait…
-Je suis là… dit la voix de façon plus étouffée.
Parmi les ombres, je distinguais une silhouette…
-Quinlan? Mais qu’est-ce que tu fais ici? Enfin je veux dire pourquoi tu n’es pas chez Villie?
-Je ne peux pas y aller… Maintenant, aide-moi à me relever. Et essayons de trouver une chambre où je pourrais me reposer.
J’accourai vers l’ombre, stupéfaite de ne l’avoir fait plus tôt. Il était là, plus ou moins recroquevillé sur lui-même, et semblait assez mal en point. Je tentai un peu d’humour.
-T’as de la chance que je sois arrivée à l’heure au RDV quand même!
Il esquissa une sorte de grimace mais… C’était bien un sourire! Je l’aidais à se lever.
Nous nous arrêtâmes au premier motel miteux, de ceux où on ne pose jamais aucune question à ceux qui louent. Je l’aidais à se coucher et m’assis dans un recoin de la pièce, je ne pouvais dormir. Je le regardai, sa respiration était rapidement devenue régulière, je ne sais pourquoi mais je pensai que s’il s’accordait un sommeil aussi profond-et cela n’avait pas dû arriver depuis bien longtemps- c’était grâce à ma présence. Je restais là à le regarder, soudain libérée d’un poids incroyable, je pouvais être immensément petite dans cette galaxie, Quinlan était là et mes angoisses s’évanouissaient.