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Par Lusiana Windu



Le vaisseau venait de se poser. Les répulseurs avaient poussé leur dernier souffle. Et les moteurs s’étaient tus. L’écoutille s’ouvrait lentement.
Le premier à descendre était un petit garçon aux cheveux fraîchement coupé. Ainsi, c’était donc lui l’Elu de la Prophétie, celui qui devait ramener l’équilibre dans la Force, celui que Qui-Gon avait découvert, celui qu’il incomberait à mon fils de conduire aux épreuves. Obi-Wan le suivait de près. Tous les deux vinrent s’incliner devant moi.
« _Maître Nakeji, je vous présente Anakin Skywalker, mon Padawan. Anakin, voici Maître Nakeji. Elle fut aussi l’élève de Qui-Gon.
_C’était il y a bien longtemps, bien avant la naissance de ton maître, Jeune Anakin. Sois le bienvenu parmi nous.
_Je vous remercie, Maître Nakeji.
_Je te félicite, Obi-Wan pour ta nomination au rang de maître.
_Nous aurions aimé que ce fut en d’autres circonstance, Maître.
_Oui. Mais nous devons aller de l’avant. C’est ce qu’il a toujours fait.
_Nous avons tous les deux eu le bonheur de l’avoir pour maître. Vous n’avez eu de cesse de mettre en application les préceptes qu’il vous a inculqués. Vous me montrerez l’exemple pour que j’en fasse autant. »
Mace arrivait en compagnie d’une jeune femme dont les formes pourtant dissimulées sous son manteau marron ne laissait aucun doute sur son état. Je la reconnue sans le moindre doute, bien que je ne l’aie jamais vue. C’était Kiara. Qui-Gon m’avait parlé d’elle. Il m’en avait longuement parlé, un peu trop longuement à mon goût. Il m’avait raconté dans quelles circonstances Obi-Wan et lui l’avaient rencontrée. Et lorsqu’il me l’avait dépeinte, j’avais vu dans ses yeux si merveilleusement bleu un éclat que je ne lui avais plus vu depuis bien longtemps. Il n’avait pas eu besoin de tout me dire. Il avait sans doute voulu me ménager en taisant une partie de l’histoire. Mais je le connaissais trop bien. J’avais deviné derrière ses paroles les sentiments qu’il éprouvait pour elle.
Mais il m’avait caché qu’elle attendait un enfant de lui ! Je dissimulais très rapidement mon trouble. Mon visage se ferma, et malgré moi, mon regard devint dur. Je le sentais. Je sentais aussi que j’aurais du me montrer plus affable envers cette femme. Mais je ne pouvais pas. C’était plus fort que moi. Un sentiment de culpabilité s’empara de moi. Mais je n’arrivais pas à éprouver de la compassion pour elle. Son visage était triste. Elle avait besoin de soutien, d’être réconforter. Mais je ne pouvais m’empêcher de lui en vouloir. Pourquoi ? Je n’en savais rien à ce moment là. Tout était confus. Je ne pouvais m’empêcher de la voir dans les bras de celui que j’avais été la première à aimer. Elle était la dernière. Je sentais sa douleur, aussi forte que la mienne, de la même nature. Elle n’avait pas le droit d’éprouver la même chose que moi. C’était mon chagrin. Cette douleur m’appartenait. Je ne voulais pas la partager avec elle. Je ne voulais pas partager le souvenir de Qui-Gon avec cette étrangère.
Mace l’aidait à descendre la rampe jusque sur le tarmak Il était plein de prévenance pour elle. Je sentais que j'étais injuste. Elle était enceinte. Elle était fatiguée, et elle venait de perdre le père de son enfant. J’ignorais tout de la profondeur des sentiments qui l’avaient poussée vers Qui-Gon. Je savais juste qu’il avait du l’aimer au-delà de tout.

Kiara et Mace s’arrêtèrent devant moi. J’avais besoin de lui. Mais je ne pouvais me laisser aller à mes sentiments, pas devant elle. J’aurais voulu me retrouver dans le cercle douillet de ma famille. J’aurais voulu que nous restions entre nous pendant ces instants où nous nous retrouvions. Mace savait ce que j’éprouvais en cet instant. Il savait que j’avais besoin qu’il me prenne dans ses bras. Cela faisait très longtemps maintenant qu’il n’était plus jaloux des sentiments que je conservais pour Qui-Gon. Mais elle était là ! Elle était là ! si noble dans sa douleur. Son visage était pale, et ses yeux rougis par les larmes étaient cernés de noir. Elle était là, et elle me volait des instants précieux. Elle était là, et je ne pouvais me laisser aller à ma douleur dans les bras de mon mari. Elle était là, et elle avait tout gâché !

Je ne savais que dire. Je ne voulais pas parler la première. Je ne pouvais pas.
« _Lusiana, je suis désolé… » Commença Mace. Je levais la main pour l’interrompre. Pas maintenant. Ce n’était pas le moment. Je ne voulais pas parler de Qui-Gon devant elle. Je ne voulais rien révéler, au risque de me trahir. Je ne savais pas ce que Qui-Gon avait pu lui dire de moi. Mais je ne voulais surtout pas qu’elle puisse me voir affectée. Je ne voulais pas qu’elle puisse me voir faible. « Je te présente Kiara…Jinn. » Jinn ? Comment osait-elle ? Comment osait-elle porter son nom ? Pourquoi elle ? De quel droit se permettait-elle d’afficher ainsi sa liaison, alors que j'étais mariée depuis presque quinze ans avec Mace et qu’on me refusait encore le droit de prendre le nom de Windu, et de reconnaître officiellement mes enfants ? De quel droit ? Je sentis une vague de colère monter en moi. J’inspirais profondément pour la repousser. « Elle est maintenant ma Padawan. Kiara, voici Maître Lusiana Nakeji.
Elle s’inclina, visiblement embarrassée. Elle devait sentir la tension entre nous. Elle était sensible à la Force. Je le savais. Qui-Gon me l’avait dit, et je le sentais également. Je hochais la tête pour toute réponse. La Padawan de Mace ! Il ne manquait plus que cela.
« _Puisque vous allez désormais vivre parmi nous, au Temple, et puisque vous êtes l’élève de Mace, autant mettre les choses au clair tout de suite. Je suis Maître Nakeji, mais je suis aussi madame Windu. Soyez la bienvenue. » Lui dis-je sèchement.
Je tournais le dos et me dirigeais vers le taxi qui devait nous ramener au Temple. Je marchais d’un pas rapide et ferme, suivie de Ma-Lahossa. Avant qu’elle n’ai pu dire quoi que ce fut, je lui lançais un regard impérieux. Elle baissa les yeux, et se contenta de marcher derrière moi. Je montais rapidement dans le taxi, et pris place derrière le conducteur, gardant le regard rivé droit devant moi. Je me sentis soudain très lasse. Des larmes commençaient à me piquer les yeux. Mais je les refoulais bien vite. Ce n’était pas encore le moment de pleurer. Et je ne voulais pas qu’elle me vit ainsi. Obi-Wan et le jeune Anakin s’installèrent sur la troisième banquette, complètement à l’arrière. Et Mace aida Kiara à s’asseoir derrière moi. Je vis le regard réprobateur que Mace me lança. Je le vis du coin de l’œil. Mais je fis comme si de rien n’était. J’avais maintenant envie d’être seule. Puisque Mace avait décidé de s’occuper d’elle, alors que moi, sa femmes avait tellement besoin de lui, alors qu’il s’en occupe. Mais cette fois, il allait comprendre. Tout le monde allait comprendre ! Cette fois, c’en était trop !
La colère montait en moi. Et j’avais de plus en plus de mal à la refouler. Mes sentiments prenaient le dessus, malgré moi. J’avais trop mal pour avoir les idées claires. J’avais surtout trop mal pour entendre la petite voix intérieure qui me disait que je me trompais, que les choses n’étaient pas telles que je les voyais. Je sentis l’esprit de Ma-Lahossa toucher le mien, cherchant à m’apaiser avec tout l’amour et la compassion d’une fille pour sa mère. Je sentis aussi l’esprit de Mace qui cherchait à toucher le mien. Mais je le repoussais.
Hagarde et perdue dans la confusion de mes pensées, je ne vis qu’à peine que nous étions arrivés devant le Temple Jedi. Je traversais le hall sans rien voir autour de moi. J’arrivais dans nos appartements. Je m’enfermais alors dans ma chambre.
« _Maître ? » Ma-Lahossa frappait à la porte. « Maître ? Je crois… que nous devrions nous rendre dans la salle du Conseil pour faire notre rapport…
_S’il te plaît… laisse-moi seule un moment.
_Mais…
_J’ai besoin d’être seule. Le Conseil attendra. » Lui répondis-je fermement.

Je m’étais assise à même le sol. Je fermais les yeux à la recherche d’un peu de calme. Je tentais de vider mon esprit de toutes mes pensées. Mais je n’y arrivais pas. Je revoyais Alderaan. Je revoyais le ciel bleu au dessus de la prairie. Je revoyais les fleurs qui ouvraient leurs délicates corolles aux doux rayons du soleil. Je revoyais Qui-Gon mordre à pleines dents un morceau de fruit. Je revoyais le fruit mur gicler au moment où il le mordait, et lui éclabousser les moustaches et la barbe. Je le revoyais rire, les yeux pétillant de malice. Je vis ma main s’approcher de son menton, et lui enlever un morceau de pulpe. Je le vis tourner la tête délicatement vers ma main, et je vis ses lèvres effleurer mes doigts. Je revis son regard, profond, intense, lumineux, qui me regardait avec une douceur que j’avais toujours refusé de voir avant. Ce regard… ce sourire…c’était il y avait plus de vingt-six ans. Et pourtant c’était hier.
Le temps avait passé. Nous nous étions séparés. Mais nous n’avions jamais cessé de nous aimer. Je n’arrivais pas à croire qu’il nous avait quittés. Je n’arrivais pas à croire qu’il ne reviendrait pas, cette fois.
Les larmes avaient commencé à couler sur mes joues. Cela faisait trois jours que je les retenais. Elles coulaient doucement, sans cri, en silence. J’avais mal. J’avais mal à en mourir.
Le cœur n’est qu’un organe. C’est pourtant lui qui vous fait mal lorsqu’on souffre d’une telle douleur. Là, au creux de mes entrailles, je sentais le vide qui m’envahissait, qui cherchait à m’étouffer. On me volait une partie essentielle de moi. On était en train de me mutiler. On ne me laissait que les souvenirs d’un lointain bonheur.