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Par Lusiana Windu



Je n’entendis pas Mace entrer dans la chambre. J’étais trop murée dans ma douleur. Je ne le sentis même pas. Je ne réalisais qu’il était là que lorsqu’il me serra contre lui.
« _J’ai parlé aux autres. Je leur ai expliqué…Ils comprennent parfaitement.
_Merci, c’est gentil.
_Je comprends ce que tu ressens.
_Non. Tu ne peux pas comprendre, parce que tu n’es pas moi.
_Iana, je peux comprendre. Crois-moi. Il me suffit d’imaginer qu’il pourrait t’arriver la même chose. Cela se produit à chaque fois que tu pars en mission.
_Il y a une grande différence entre imaginer quelque chose peut se produire, et réaliser que cette chose s’est réellement produite.
_Je sais.
_Quand tu pars, moi aussi j’ai peur que tu ne reviennes pas. Mais l’espoir est là, et la confiance aussi. C’est ce qui me fait surmonter ma peur de te perdre. J’ai confiance en ta sagesse, et en ta maîtrise de la Force. Mais pour Qui-Gon… » Je ne pus en prononcer d’avantage. Les larmes se remirent à couler. Je me blottis dans les bras de Mace. Et je me laissais enfin aller à mes sanglots.
Je vidais toutes les larmes de mon corps sur l’épaule de Mace pendant de très longues minutes. Il me laissa m’épancher tout mon saoul. J’en avais besoin. J’avais besoin non seulement de pleurer, mais surtout de pleurer dans les bras de la seule personne qui ne me jugerait pas, et qui me comprendrait. Je sentais aussi qu’en pleurant, moi, je n’étais pas la seule à pleurer. Je lui permettais de le faire. Je sentais qu’à travers mes sanglots coulaient aussi ceux que son cœur renfermait. Je mesurais tout le vide que la disparition de Qui-Gon engendrait. J’avais perdu mon maître, et mon premier amour. Obi-Wan avait perdu son mentor et son père. Mace avait perdu son meilleur ami. A notre manière, nous l’aimions tous aussi fort les uns que les autres. Il nous aimait tous autant les uns que les autres. Nous venions de perdre un membre de notre famille. Nous venions d’être meurtris au plus profond de nous même. Et la blessure allait être très longue à cicatriser.
Lorsque mes sanglots commencèrent à se calmer, Mace essuya mon visage, délicatement, en me souriant. Je me relevais pour aller me rafraîchir un peu, et me reprendre. Je savais aussi ce qui m’attendait. Je ne doutais pas que Mace finirait par me parler de mon attitude au spatioport. J’avais honte de mon attitude face à Kiara. Mais son arrivée parmi nous, au Temple, posait bien des problèmes. Elle portait le nom de Qui-Gon. Elle était Padawan à trente-huit ans, et de mon mari, en plus. Et elle était enceinte. Le fait qu’elle fut enceinte ne posait pas de problème vraiment grave vis à vis du Conseil. Je l’avais moi-même été par trois fois. En fait, cela m’en posait à moi. Mais ce qui me faisait enrager le plus, c’était qu’elle ait pris le nom de Qui-Gon.

« _Tu sais… il ne faut pas en vouloir à Kiara. » Me dit Mace, embarrassé.
« _Lui en vouloir ? Mais de quoi ? » Lui demandais-je acerbe.
« _Iana… il va bien falloir qu’on en parle. Elle ne doit pas poser de problème entre nous.
_De problème entre nous ? Mais qu’est ce que tu vas imaginer. Pourquoi veux-tu qu’elle provoque des problèmes entre nous ?
_Iana, ça suffit. Je ne te reconnais plus. Qu’est ce qu’il se passe ? Pourquoi est ce que tu réagis comme ça ? Ce n’est tout de même pas elle qui est responsable de la mort de Qui-Gon ! Les seuls mots que tu lui as décrochés, c’était comme pour marquer ton territoire ! on aurait dis que tu avais…
_Peur ? Tu crois vraiment qu’elle me fait peur ?
_Tu n’as pas confiance en moi ?
_Ce n’est pas en toi que je n’ai pas confiance, c’est en elle ! Non mais pour qui elle se prend ? Elle débarque ici, enceinte jusqu’aux yeux, en portant le nom de Qui-Gon ! De quel droit ?
_Du droit que Yoda a prononcé un mariage posthume.
_Un mariage posthume ? Elle est bien bonne celle là ! Alors parce que c’est un mariage posthume, elle a le droit de porter son nom ? Et moi alors ? Cela fait presque quinze ans que nous sommes mariés, et je porte toujours le nom de Nakeji. Je t’ai donné deux filles. Tout le monde sait que je suis leur mère ! Et tout le monde fait comme si personne ne savait ! Qu’est ce que cela veut dire ? C’est quoi cette hypocrisie ? J’en ai mare ! Je m’aperçois que depuis notre mariage, nous en sommes toujours au même point. Il faut garder le secret, sauver les apparences ! Et elle arrive en affichant son mariage avec Qui-Gon ! J’ai toujours bien servi l’Ordre. Depuis que nous sommes mariés, je n’ai jamais manqué à mes devoirs de Jedi ! Et tout ce que j’ai le droit c’est de la fermer ? Et bien non ! Ça ne se passera pas comme ça, cette fois ! Cette fois, je vais mettre les pieds dans le plat ! Ma-Lahossa et Tai-Lana sont mes filles autant que les tiennes. Et je suis ta femme ! et ça, va falloir que tout le monde l’accepte, et arrête de se voiler la face.
_Et qu’est ce que cela va changer ?
_Bien des choses ! Tout d’abord d’être reconnue pour ce que je suis, entièrement. Je ne suis pas que Maître Nakeji, je suis aussi madame Windu. Et ça, je tenais à le lui dire dès le départ.
_Tu voulais surtout lui dire : OK, Qui-Gon vous aimait. Mais pour Mace, pas touche. Sinon, je sors les griffes.
_N’importe quoi !
_Sois honnête avec toi-même. Tu étais l’élève de Qui-Gon. Tu l’as aimé. Vous vous êtes séparés. Mais tu l’as aimé jusqu’à la fin. Elle aimait Qui-Gon. Et quelque part, tu as l’impression qu’elle te l’a volé. Maintenant qu’elle est ma Padawan, tu as peur qu’il puisse se reproduire avec moi, ce qu’il s’est passé entre Qui-Gon et toi. Mais je ne suis pas Qui-Gon, Iana. Je t’aime. Tu le sais tout de même.
_Oui, je le sais. Mais elle aurait pu trouver un autre maître.
_Si j’ai accepté d’être son maître, c’est justement parce que tu es ma femme. Je pense que tu pourras la comprendre, l’aider. Je pense que nous devons nous investir tous les deux dans sa formation. Nous sommes complémentaires. Elle a besoin de toi, autant que de moi. C’est notre complicité à tous les deux qui m’a fait accepter. Notre vie est un peu spéciale, par rapport à celle des autres maîtres. Et elle est aussi une élève spéciale. Sa formation ne peut être conventionnelle. Et j’ai besoin de toi.
_Non. Désolée. Je ne peux pas. Tu as accepté d’être son maître. Alors, prends tes responsabilités de maître. Fais ce que tu as à faire, mais laisse-moi en dehors de ça.
_Attends de la connaître. Ne prends pas de décision hâtive. Prends le temps de la rencontrer vraiment. Va lui parler. Je t’assure que tu te trompes sur elle.
_Je n’ai aucune envie de la connaître. » Répondis-je toujours aussi butée.
« _Je n’arrive pas à comprendre pourquoi tu lui en veux autant. Qu’est ce qu’elle t’a fait ? Tu l’as à peine vue que tu te permets de la repousser, et de la juger. Elle ne t’a pas volé Qui-Gon. Vous vous êtes séparés. Et c’était il y a vingt-six ans ! Iana, sois raisonnable, enfin ! Tu te comportes comme une gamine jalouse. Tu te comportes comme si elle était une rivale qui t’aurait évincée. Iana, ton histoire avec Qui-Gon remonte à vingt-six ans ! et nous sommes ensemble depuis dix sept ans ! Qu’est ce que tu voudrais que je pense de ton attitude ?
_Je ne suis pas jalouse d’elle. Ce que je n’admets pas c’est que ta Padawan puisse porter le nom de Qui-Gon.
_Pourquoi ? Parce que tu n’en as pas eu le droit ? Parce qu’on vous a obligés à vous séparer ? Tu regrettes encore ce qu’il s’est passé ? Vingt-six ans après ? Et qu’est ce que tu fais de nous ? » Me demanda-t-il méchamment.
« _Qui-Gon avait le droit de refaire sa vie. Et il a aimé une autre femme. Tu oublies Ellya. Tu oublies leur petite fille.
_Ellya était loin de toi. Vous ne vous êtes jamais rencontrées. Elle n’était qu’une idée abstraite. Elle n’était même pas une image, pour toi. Par contre, Kiara est ici, au Temple. Tu peux la voir, l’entendre. Tant que Qui-Gon vivait un amour lointain auquel tu n’étais pas confrontée, cela ne te faisait rien. Mais de voir une femme qui a pu partager les mêmes instants de bonheur que toi dans les bras de celui que tu as aimé, voilà la raison de ta colère. Elle est concrète. Elle est bien réelle. Et tu ne peux t’empêcher de la voir, elle, avec lui. Tu étais la première femme dans sa vie. Elle est la dernière. Et cela non plus tu ne le supportes pas. Tu ne supportes pas qu’il y ai pu avoir d’autres femmes après toi. Et tu ne supportes pas l’idée qu’il n’y en aura plus après elle. Tu voulais être l’unique femme dans la vie de Qui-Gon. Tu réagis comme une égoïste.
_Garde ta psychologie de Cantina pour toi.
_Si tu crois que je vais me taire pour te faire plaisir, c’est que tu me connais vraiment mal. Tu te complais dans ta douleur. Et tu es injuste envers une femme qui souffre autant que toi. Qui-Gon était devenu ton meilleur ami. Il était même bien plus que cela. Je n’ai jamais cherché à me comparer à lui dans ton cœur parce que je sais que les sentiments que tu éprouves pour moi sont tout aussi intenses que ceux que tu as conservés pour lui. Tu ne pourras jamais me donner ce que tu lui as donné. Mais il n’a jamais pu avoir ce que tu me donnes tous les jours. J’ai eu une attitude stupide, au début. Tu te souviens ? Tu me l’as reprochée. Et aujourd’hui, tu te comportes de la même façon que moi il y a quinze ans. »
Mace se tut un long moment. Je le regardais, éberluée. J’avais l’impression d’être à nouveau une adolescente immature, qui recevait un sermon.
Je me laissais tomber sur le lit. Mace vint s’asseoir à coté de moi.
« _Ne sois pas trop sévère envers toi-même. Mais ne le sois pas non plus envers Kiara. Elle n’y est pour rien. Qui-Gon est mort en faisant son devoir. Il l’aimait. Mais il t’aimait, toi aussi, aussi fort qu’elle, mais d’une autre manière. Il l’aimait de la même manière que tu m’aimes, moi, dans le présent. Et il t’aimait de la même façon que tu l’aimais, comme on ne cesse jamais d’aimer son premier amour. Kiara aimait Qui-Gon de la même façon que tu m’aimes. Alors ne la rejette pas. Elle a besoin de nous. Elle a besoin de toi, parce que tu es la seule qui puisse la comprendre vraiment, parce que vous seules avez pu l’aimer aussi fort, parce que vous seules avez su vous faire aimer de lui. Vous seule pouvez comprendre la douleur de chacune. Aussi fort que je puisse t’aimer, je ne pourrais jamais comprendre tout à fait ce qu’il représentait pour toi. Nous n’avons aucun secret l’un pour l’autre. Mais je ne suis pas toi. Kiara est la seule à pouvoir te comprendre dans ton chagrin. Et tu es la seule à pouvoir faire cela pour elle. »
Je savais qu’il avait raison. Je le savais au plus profond de moi. Mais je me refusais encore à l’admettre.
« _Par contre, je suis d’accord avec toi sur un point. Ce n’est pas juste que tu ne puisses pas porter le même nom que nos filles, sous prétexte qu’il faut sauver les apparences.
_Jusqu’à présent, je ne m’étais pas rendue compte de ce que cela pouvait représenter pour moi. Enfin, si. Mais je m’étais accommodée de la situation du mieux que je pouvais, même si j’en souffrais un peu. Et quand tu me l’as présentée, cette douleur est remontée à la surface. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’avais déjà beaucoup de mal à dominer la douleur de la perte de Qui-Gon.
_Je comprends. Mais tu n’as pas à en vouloir à Kiara pour cela. Elle n’en est pas responsable. N’est ce pas plus important que tout que nous puissions être ensemble alors que le Code est sensé nous l’interdire ? N’est ce pas plus important que tout que nous soyons les parents de Ma-Lahossa et de Tai-Lana, et qu’elles le sachent ? Nous sommes une famille. Peu conventionnelle, d’accord. Mais cette famille existe bel et bien. Et elle est unie.
_Je sais. » Je poussais un profond soupir. « Je te demande pardon, pour mon attitude. » Lui dis-je confuse.
« _Iana, c’est à Kiara qu’il faut que tu présentes tes excuses. Tu sais très bien que je ne peux pas t’en vouloir pour ça. Va la voir, et parle-lui.
_Pas maintenant, Mace. Je ne suis pas prête. Pas aujourd’hui.
_Iana…
_Je t’en prie. Pas aujourd’hui. Laisse-moi un peu de temps. »
Il hocha la tête, gravement, un peu tristement aussi, comme s’il se résignait.
« _Promets-moi alors d’aller la voir rapidement. Il ne faut pas que la situation en reste là.
_Je te le promets. J’irais la voir. Mais pas maintenant.
_D’accord. Mais ne tarde pas trop. »

Mace me laissa seule. Je retournais dans notre salle de bain. L’image que le miroir me renvoya ne me plut pas. Elle m’effraya, même. Je vis un visage pale, les yeux rougis et ternes, sans vie. Je vis un visage meurtri, fatigué, marqué par la douleur et la colère. Je vis un visage qui n’était pas le mien. Je ne pouvais me présenter ainsi devant le Conseil pour faire mon rapport de fin de mission. Mace m’avait dit que les autres membres du Conseil comprenaient la situation et que je pourrais faire mon rapport plus tard. J’allais mettre à profit ce délais pour retrouver une apparence présentable. Je devais surtout me reprendre, et retrouver un peu de paix intérieur. Je savais que les maîtres ne manqueraient pas de sentir mon état d’esprit. Mais je devais leur montrer que je pouvais maîtriser mes émotions, et que je pourrais, avec du temps surmonter ma douleur.