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Par Kiara Jinn



Je restais longtemps allongée, les yeux ouverts, fixant un point imaginaire au-dessus de ma tête. Le silence m’enveloppait. Le silence. Le silence de mort. La mort. Ce silence qui était devenu le mien. C’était mon univers, l’infini, ce monde d’éternité où je voulais me perdre à jamais.
Le visage de Lusiana s’imposa. Lusiana et Qui-Gon ! Je la voyais près de lui, spectatrice d’un amour qui n’était pas le mien. J’imaginais son regard bleu posé sur elle. Ce regard tendre que je surprenais quand il pensait que je ne le regardais pas. Les gestes tendres qu’il avait pour moi mais à son encontre. Je la voyais blottie dans ses bras. J’essayais de ne pas imaginer plus avant. Mais malgré moi, je le faisais. Et cela me faisait si mal. Plus rien ensuite. Le néant, le trou noir. L’absence horrible, douloureuse. Elle devait souffrir aussi. Elle l’avait perdu à deux reprises. Une fois à cause de la rigueur de l’ordre qui régissait leurs vies et la seconde fois, il y avait quelques jours. Je ne pouvais pas la haïr. Même si je le voulais, je ne le pouvais pas. Je comprenais sa douleur. L’amour que l’on avait éprouvé, même s’il suivait un autre chemin, ne mourrait jamais tout à fait. Elle avait également eu un choc de se trouver face à moi sans y être vraiment préparée. Elle avait, à mes yeux, de bonnes raisons d’être en colère après moi.
Tout se mélangeait dans ma tête. Elle avait eu Qui-Gon. Elle avait Mace Windu. L’évidence me sauta aux yeux dans le brouillard nébuleux qu’était devenu mon esprit depuis quelques jours. Elle avait violemment sursauté quand Mace Windu avait prononcé mon nom, celui de Qui-Gon que je portais depuis que Yoda nous avait unis. Elle était l’épouse de Mace Windu et elle portait son nom filial. Elle ne pouvait se prévaloir du patronyme de Mace dont elle était pourtant l’épouse. Elle me l’avait clairement fait comprendre il y a quelques heures.
Mais autre chose la blessait. Elle était la femme de Mace Windu et il était mon Maître. Maître, Padawan ! Homme ! Femme ! Homme et femme. Lusiana et Qui-Gon adolescents ! Cet amour qu’ils avaient éprouvé l’un pour l’autre alors qu’elle était sa padawan ! La vérité surgit brusquement. J’étais la padawan de Mace. Et j’étais une femme. J’étais la padawan de son époux.

Elle avait peur. Elle craignait que se produise à nouveau le schéma qu’elle avait vécu, elle, quand elle était élève. La relation amoureuse entre un élève et son Maître, entre Mace Windu et moi.
J’ouvris brusquement les yeux. Mace Windu et moi ! C’était inconcevable. J’aimais Qui-Gon de toutes mes forces, de toute mon âme. Un amour qui faisait mal, sublimé par la perte de l’être aimé. Un amour absolu que rien ne pouvait anéantir, même pas la mort.
Mace Windu ! Il était gentil quoique d’abord assez distant, austère. Mais c’était, je l’avais remarqué, un trait commun chez beaucoup de Jedi. Ils devaient maîtriser l’expression de leurs émotions et de leurs sentiments. Mace Windu m’avait vue avec son cœur, plutôt avec la compassion et l’abnégation que tout Jedi devait éprouver à l’égard d’une souffrance. Il était d’une grande droiture et d’une grande sagesse. Quelque part, il me rappelait Qui-Gon par sa gentillesse et sa compassion, son écoute mais la ressemblance s’arrêtait là. Il était mon maître. J’éprouvais un sentiment d’admiration et de reconnaissance pour cet homme qui m’avait acceptée comme élève alors que tous me rejetaient comme une chose sans importance, comme la poussière qui salit une surface nette. J’éprouvais surtout un immense respect.
Cela s’arrêterait là. Rien d’autre n’arriverait. Mace Windu était l’époux de Lusiana. Je me doutais même qu’il eut des enfants d’elle comme c’est souvent le cas des couples qui s’aiment. La jeune fille que j’avais vue ce matin lui ressemblait beaucoup. Elle était assez grande, d’un délicat ton ambré. Ses longs cheveux nattés étaient d’un noir profond. Je l’avais à peine regardée paralysée par la peur mais elle avait une allure hiératique. Ses yeux étaient bons. C’était la fille de Lusiana. En me concentrait sur ses traits, je trouvais beaucoup de ressemblance avec elle. Mais Ma-Lahossa avait la peau foncée comme Mace. Un détail me revenait à l’esprit. Le sourire de Mace Windu quand il les avait aperçues toutes les deux sur le tarmac. J’avais ressenti son émotion. Pendant une fraction de seconde, il avait souri. Un sourire chaleureux. Celui d’un homme qui aime, celui de l’homme pour son épouse et sa fille, debout devant lui ! Mace et Lusiana ! Un amour qui durait certainement depuis longtemps, en regard de l’âge de la jeune fille.

Et moi qui arrivais au milieu de tout cela ! J’étais la padawan de Mace Windu. Je n’avais pas ma place. Je risquais de perturber l’équilibre de ce couple vivant face à l’interdit du code. Lusiana devait avoir peur, une peur légitime à ses yeux, de me voir entrer dans leur vie, de me voir prendre une place trop importante. Elle craignait certainement que j’entre aussi dans le cœur de Mace. C’était hors de question pour moi. Mais pour elle ? Elle ne le savait pas. Elle ne me connaissait pas. Elle n’avait pas cherché à le faire d’ailleurs. Je ne souhaitais pas être son ennemie. Elle n’avait rien à craindre de moi. Si elle voulait que je m’efface de l’horizon de Mace Windu, je le ferai. C’était sa vie, son couple. Je comprenais sa crainte. Elle avait peur que je fasse un transfert sur Mace, que je m’accroche à lui comme je l’avais fait avec Qui-Gon, au début de notre relation.
C’était vrai que Maître Windu était un point de repère dans le chaos qu’était devenu ma vie. Il y avait pourtant une différence de taille. Qui-Gon était libre ! Il n’y avait aucune autre femme dans sa vie, seulement ses souvenirs. Mace Windu était marié. Il était paradoxal que je sois la padawan de Mace Windu en étant l’épouse de Qui-Gon qui lui, était le premier amour de Lusiana, elle-même femme de Mace Windu. Mais c’était ainsi.

L’évidence s’imposait. Je me sentais mal, lasse. Ma place n’était pas au sein de l’Ordre Jedi. Une autre évolution pouvait être envisagée. Mais pas auprès de Mace Windu et de Lusiana. Je devais partir. Mais avant de le faire, je voulais que Lusiana sache que je compatissais très sincèrement à sa peine. Je devais le lui dire. Je ne voulais pas qu’il y ait de malentendu entre nous, même si je ne devais jamais la connaître plus avant.
J’initialisais la console. Je devais enregistrer un message pour elle. Je devais le faire tant que j’en avais le courage, tant que les mots que j’avais dans mon cœur auraient la force d’atteindre mes lèvres. Peut-être que dans quelques heures, quelques minutes même, je ne le pourrai plus. Je me plaçais face à l’écran, face au visage de Qui-Gon qui flottait près de moi. Je sentais les larmes me monter aux yeux. J’avais en ce moment précis, à accomplir l’un les actes les plus difficiles de ma vie. Mais je le ferai. Je le devais. Je le leur devais à tous les deux.

« Madame Windu, Maître,

Il m’est difficile de vous écrire ce message. Peut-être trouverez-vous ma démarche malvenue et quelque peu odieuse mais j’avais besoin de vous écrire....

Ma voix était tremblante, mes paroles entrecoupées de sanglots brefs. Je ne voulais pas pleurer. Malgré moi, mes larmes coulaient. Je me rendais compte maintenant, en voyant les réactions des gens autour de moi, que Qui-Gon était vraiment parti. J’avais pourtant déjà ressenti cette impression de manque quand il partait en mission. Il revenait vers moi à chaque fois qu’il le pouvait, même pour quelques heures. Nos moments étaient intenses, même s’ils étaient peu nombreux. Sa vie au service de l’Ordre lui imposait ce sacrifice. Mais cette fois, il n’était pas revenu de mission. Il ne reviendrait plus. Pourtant je l’attendais, les yeux rivés sur la porte de l’appartement. Je guettais son pas, le bruissement de son manteau quand il marchait, le moindre signe témoignant de sa présence. Mais il ne reviendrait pas. Je ne pouvais imaginer que cette porte resterait fermée à jamais, que sa vie avait pris fin sur la lame bourdonnante de ce Sith. Je ne voulais pas le croire. Jamais je ne pourrai supporter le fardeau de la solitude. Je savais que la vie ne serait qu’une longue bataille pour ne pas couler. Mais je n’avais pas envie de la mener. Tout était brisé en moi. Il avait tout emporté avec lui. Tout était fini. J’étais morte aussi. J’étais morte au moment précis où le Sith avait mis fin à sa vie.

Je m’étais à nouveau allongée. Je n’avais pu trouver le sommeil ou peut-être avais-je réussi à le faire ? J’avais du mal à me situer par rapport à l’espace, au temps surtout. J’avais sombré dans un puits sans fond comme l’était celui du générateur de Theed, ce puits auprès duquel il était tombé, celui-là même où son ennemi avait trouvé la mort. Je me voyais debout près de cet endroit sombre, je me voyais m’avancer lentement jusqu’au bord, je me voyais….

Je m’éveillais subitement et me levais. Le jour se levait à peine. Il me semblait m'être à peine assoupie. La nuit avait passé très vite. La nuit que je fuyais. Obi-Wan revenait. Il entra et m’embrassa sur la joue. Il me regarda longuement.
-Tu as dormi un peu ?
Je secouais légèrement la tête, les yeux baissés. Il soupira.
-Je suppose que tu n’as rien mangé !
-Non.
La tasse de thé et le bouillon étaient intacts. Il eut une moue réprobatrice et me dévisagea.
-Kiara ! Ce n’est pas sérieux. Il faut que tu t’alimentes. Tu es enceinte. Tu devrais faire plus attention à toi…
-Je le sais Obi-Wan.
Il se dirigea vers la kitchenette et prépara du thé. Il vit que je le regardais et suspendit son geste.
Je triturais l'holodiskette au fond de la poche de mon manteau. Je ne voyais que lui pour remettre mon message à Lusiana. Je n’avais pas la force ni le courage de le faire moi-même. J’avais peur surtout. Obi-Wan me regardait toujours.
-Obi-Wan ! J’ai un service à te demander.
-Lequel ?
-J’ai préparé un message pour Maître Nakeji. Pourrais-tu le lui remettre ?
-A ma mère ? fit-il d’un air étonné en posant le plateau sur la table.
-Oui. Il y a un malaise que je ressens entre elle et moi et je voudrais le dissiper. Je sais qu’elle me déteste et elle a, à ses yeux, des raisons de le faire. Elle a mal elle aussi.
Le jeune homme hocha la tête et inspira longuement.
-Obi-Wan ! Je comprends sa douleur et son attitude à mon égard. Je voulais qu’elle le sache. Je n’ose pas aller la voir pour le lui dire.
Il ne répondit pas et prit la diskette qu’il enfouit au fond de sa poche.
-Je le ferai. De toute façon, je devais passer la voir ce matin. J’ai besoin de lui parler de mon père.
-Je te comprends Obi-Wan.
Il eut un léger sourire triste.
La mort de Qui-Gon nous avait rapprochés. D’une froideur calculée quand il ne m’était pas hostile, il était passé à une relative chaleur et à une certaine sympathie. J’étais devenue un lien qui le rattachait à Qui-Gon. Il avait vu notre amour naître sous ses yeux réprobateurs. Il m’avait d'abord rejetée lui aussi puis, petit à petit, il m’avait acceptée auprès d’eux. La fin tragique de son père avait soudé de solides liens d’amitié entre nous. Obi-Wan était tout à fait paradoxal. Il pouvait, d’un moment à l’autre, passer de la froideur cynique à la gentillesse la plus manifeste tout en dissimulant ses émotions derrière un masque de distance apparente. Mais depuis quelque temps, il avait laissé tomber ce masque et je le voyais tel qu’il était.
Il s’approcha de moi et m’embrassa sur la joue.
-Prends soin de toi. Je vais voir ma mère et je te verrai plus tard. A tout à l’heure.
Je regardais sans la voir vraiment la tasse de thé que le jeune Jedi m’avait préparé et me forçais à la boire. Mais je ne pus la finir. Je n’avais rien pris depuis mon départ de Theed, un peu plus de dix jours auparavant. Je ne pouvais rien avaler, tout juste quelques gorgées de thé qu’Obi-Wan me forçait à boire. Il insistait également pour que je prenne un peu de potage mais c’était impossible. Mes enfants ne bougeaient pas. J’eus terriblement peur. Et si je les perdais eux aussi ? Il ne me resterait vraiment rien.
Quelques minutes après, le détecteur de présence retentit à nouveau. C’était Mace Windu. Je m’inclinais devant lui et il me salua d’un signe de tête. Je m’effaçais pour le laisser passer.
-Bonjour Kiara me dit-il gentiment. J'allais chez Maître Yoda. Je venais prendre de vos nouvelles avant. Comment allez-vous ?
-Bien Maître.
-Non me fit-il en me regardant fixement. Vous n’allez pas bien. Vous avez pleuré. Je le vois dans vos yeux.
Je ne répondis pas et baissai la tête. Il avait remarqué la tasse de thé pratiquement pleine et le bouillon préparés par Obi-Wan. Il me regarda longuement.
-Il faut vous alimenter. Vous êtes enceinte Kiara. Il faut vous battre.
-Je n’en ai pas la force murmurais-je.
Son regard posé sur moi était réprobateur. Il se pencha, ramassa la tasse et se dirigea vers la kitchenette. Je le suivais des yeux. Il prépara un café très fort dont il m’apporta une tasse et s’installa en face de moi. Il ne me quittait pas des yeux.
-Vous allez vous reposer un peu. Ce soir, vous verrez Yoda. Plus tard, je vous ferai rencontrer les autres Maîtres. Ils vous attendent.
Je secouais négativement la tête.
-Vous êtes ma Padawan. Vous devez le faire.
-Je ne peux pas. Je ne veux pas. C’est trop difficile. Vous avez mis trop d’espoir en moi, Maître. J’en suis incapable.
-Ce n’est pas moi qui ai découvert la Force en vous mais mon ami Qui-Gon. Je ne suis que l’interprète de sa volonté et de celle de la Force de vous voir intégrer notre ordre. Vous pouvez le faire, pour lui, pour vos enfants à venir, pour vous. Pour moi aussi.
-Non. C’est impossible.
-Qui-Gon souhaitait vous voir vivre, Kiara. Vous devez le faire.
Je le regardais en tremblant. Qui-Gon ! Lusiana ! Leurs visages se superposaient en filigrane au-dessus de celui de Maître Windu en face de moi.
-Non Maître. Ce n’est pas cela. Ce n’est pas possible avec…
Il se pencha légèrement en avant et posa ses deux mains sur les miennes. Je me reculais brusquement et me dégageais.
-Non ! Pas ça !
Il me regarda, surpris.
-Pas quoi ! Que se passe t-il ?
-Ne me touchez pas. Pas vous !
-Kiara ! Expliquez-vous. Je ne comprends pas.
-Je…. Je ne peux pas. Maître Na…
Je baissais la tête et il me dit doucement.
-C’est à cause de l’attitude de Lusiana, enfin de Maître Nakeji avec vous tout à l’heure ? Je comprends parfaitement ce à quoi vous pensez.
J’osais à peine hocher la tête.

Il resta longuement sans parler, en me fixant à travers ses yeux mi-clos. Il me semblait suivre le déroulement de sa pensée. Je le sentais faire les associations d’idées que j’avais faites. J’étais horriblement gênée. Je ne pouvais lui en parler, à lui. Et pourtant, le problème qui me minait était là, évident, assis devant moi. Le problème ? Non ! Cette interprétation fausse de quelque chose qui ne serait pas.
Il fallait que je lui parle, que je lui dise que je voulais partir. Il était indispensable que les choses soient claires entre nous tous. Je devais disparaître de la vie de Mace Windu. Il était préférable que je reste loin de lui afin que Lusiana soit apaisée. Je devais surtout quitter l’Ordre Jedi car je doutais fortement qu’un autre Maître daigne s’occuper de ma formation.
Ma décision était prise. Elle était irrévocable. Il me fallait l’annoncer à mon Maître, assis en face de moi. Mais les mots me manquaient. Je ne savais comment le lui dire et surtout le lui expliquer, sans le blesser. C’était un homme remarquablement gentil certes mais avec une sensibilité différente de celle de Qui-Gon et surtout de la mienne.
Finalement il ouvrit la bouche.
-N’en veuillez pas à Lusiana. En l’état actuel des choses, c’est difficile pour vous. Je le comprends parfaitement. Mais je sais que, malgré votre peine, vous réussirez à la comprendre. Elle a subi un choc énorme. C’est vrai que son attitude envers vous était très froide. Elle n’a aucun grief contre vous. Mais elle ne le sait pas encore.
-Je n’en suis pas si sûre lui dis-je dans un murmure. Elle me déteste. Je l’ai vu dans ses yeux dès mon arrivée. Elle me rejette.
Mace Windu ouvrit la bouche mais ne dit rien, me laissant exprimer ce qui me faisait si mal.
-Elle m’en veut réussis-je à lui dire. Elle voit en moi sa rivale dans le cœur de Qui-Gon. Elle m’en veut d’être enceinte de lui. Je l’ai vu dans ses yeux, dans son attitude. Je la comprends Maître. J’en aurais fait de même à sa place. J’en ai voulu à Qui-Gon quand il m’a parlé d’elle. Vous savez Maître ! J’ai haï Maître Nakeji comme elle me hait. Je voulais la voir à l’autre bout de la galaxie, loin de moi, loin de lui. J’avais peur que l’amour qui avait existé entre eux ne soit plus fort que celui que nous éprouvions l’un pour l’autre. J’avais peur qu’elle ne revienne dans sa vie et que je sois obligée de lui laisser la place, sa place. J’y ai longuement pensé. Elle a peur de moi. Elle a surtout peur que vous …
Je m’arrêtais. Je ne pouvais le lui dire. Il le fallait mais je n’y parvenais pas. J’avais légèrement baissé la tête.
-Continuez me fit-il.
Je ne le pouvais pas.
-Kiara. Que voulez vous dire que moi et ?
-Je ne peux pas !
-Vous le pouvez ! Faites-le ! Levez la tête et dites moi ce qui vous gêne ainsi.
J’inspirais profondément et lui sortis d’une traite.
-Il est préférable que je ne sois pas votre padawan, surtout pour votre …, Enfin pour Maître Nakeji. Il serait plus judicieux qu’un autre Maître s’occupe de moi ou que je quitte l’Ordre. C’est la meilleure solution pour moi d’ailleurs. C’est même la seule.
-Pourquoi ? Vous avez soulevé des interrogations et j’attends une réponse.
-Vous voulez vraiment le savoir ?
-Oui. Kiara ! Il ne doit pas avoir de zone d’ombre entre le maître et le padawan. Cela nuit à l’enseignement. Notre relation doit être basée sur une totale confiance réciproque. Vous allez donc me dire ce qui vous fait si mal et vous embarrasse ainsi vis à vis de moi. Et vous allez le faire maintenant.
J’inspirais profondément pour me donner du courage et lui dis d’une voix hésitante.
-Elle a peur…. Elle a peur que je….. Que cela se passe avec vous comme cela s’est passé avec Qui-Gon ! Maître et élève. Elle a peur que je vous... vole à elle.
Je le lui avais dit. Il sursauta, leva les yeux au ciel et me regarda longuement. Son visage était perplexe. J’avais baissé la tête. J’étais horriblement gênée, sentant son regard posé sur moi.
-Cela n’arrivera pas me dit-il à voix basse.
-En êtes vous sûr ?
-Certain.
Je baissais la tête alors qu’il continuait.
-Kiara. Ecoutez-moi ! Levez la tête et regardez-moi ! C’est vrai que Lusiana et Qui-Gon se sont aimés quand elle était son élève. Mais notre cas est différent.
Je le regardais à nouveau, surprise cette fois.
-Notre cas ? Que voulez-vous dire ?
-Vous et moi. Vous êtes la femme de Qui-Gon, la mère de ses enfants à venir. C’était mon meilleur ami. Déjà, rien ne se passerait entre nous à cause de cela. Il faudrait en plus, qu’outre vous, je le veuille également. C’est impossible.
Je le regardais fixement. Il me sourit légèrement et poursuivit.
-C’est impossible pour une autre raison toute simple et évidente. J’aime Lusiana depuis longtemps. Je l’aimais déjà quand elle était avec Qui-Gon. J’ai souffert quand elle était avec lui et même après leur rupture car je voyais qu’elle l’aimait toujours. J’avais accepté cet amour. J’avais accepté l’idée de la perdre, de la voir avec un autre. Je n’aurais pas lutté contre lui. Ils se sont séparés. Lusiana et moi nous sommes rapprochés. Nous nous aimons profondément. Vous voyez ! Cela n’arrivera pas.
Je le regardais, surprise, pendant qu’il continuait.
-Lusiana et moi sommes mariés depuis 15 ans et nous avons deux filles.
-Deux filles ?
-Oui Kiara. Ma-Lahossa qui était avec Lusiana ce matin et Tai-Lana, notre petite poupée de 4 ans. Vous la connaîtrez quand toute cette tension sera retombée.
Je poussais un léger soupir de soulagement pendant qu’il continuait d’une voix très douce.
-Vous savez Kiara, j’ai vu l’amour naître dans les yeux de mon ami. J’ai ressenti cet amour qu’il éprouvait pour vous et qu’il tentait de dissimuler quand il passait devant le Conseil. Même si je n’en montrais rien, j’étais heureux pour lui. J’ai vu cette nouvelle vie dans ses yeux. Lusiana aussi. C’est vrai qu’elle en a souffert car, même si une page est tournée pour quelque raison que ce soit, l’amour est toujours là, différent. Lusiana a souffert de cet amour sacrifié, de la perte de Qui-Gon, tout comme je souffre du décès de mon ami. C’était un frère pour moi.
-Je le sais, Maître. Il me parlait de vous en termes tellement élogieux dis-je doucement.
Il me regardait tristement.
-Maître Windu. Votre épouse n’a rien à craindre de moi. Elle a agi en femme jalouse qui marque son territoire et je la comprends. J’aurais fait de même à sa place. Je… Je me suis juré qu’il n’y aura jamais d’autre homme dans ma vie et ce sera ainsi. Et de toute façon, je ne pourrai jamais en aimer un autre. Mon cœur appartient à Qui-Gon et en plus, notre… notre code l’interdit. Mace Windu eut un léger sourire pendant que je continuais. Il n’y aura que le souvenir de Qui-Gon en moi.
-Je le sais fit-il en me prenant à nouveau les mains. Mais je ne bougeais pas. J’ai confiance en vous. Vous resterez ma Padawan. Il est hors de question que votre formation soit sacrifiée. Personne d’autre que moi ne peut l’assurer car je suis le seul Jedi marié ici. Il faut simplement que Lusiana vous connaisse un peu mieux et vous comprenne. Elle vous appréciera, tout comme je le fais.
-Je ne sais pas. Elle avait tellement de colère contre moi.
-Ce n’est que l’expression de sa souffrance. Laissez-lui le temps. Elle viendra vers vous, j’en suis persuadé. Je la connais bien. C’est une femme très douce, très bonne mais elle a un caractère très fort, passionné.
Il eut un léger sourire. Je voyais dans ses yeux sombres toute la tendresse qu’il éprouvait pour elle.
Il me regarda longuement et se leva.
-Je sais que vous lui avez fait remettre une diskette par Obi-Wan. Je l’ai croisé en venant vous voir. Courage, padawan. Vous verrez, tout s’arrangera pour elle et pour vous. Soyez confiante.
Il se dirigea vers la porte et se retourna avant de sortir.
-Reposez-vous. Vous en avez besoin. Une dernière chose : ce soir, dîner chez Yoda. Vous n’y échapperez pas cette fois. Je viendrai vous chercher. A ce soir.

Je me sentis soulagée. Au moins, les choses étaient claires entre mon maître et moi. Mais elles devaient l’être aussi avec son épouse. Aurai-je seulement l’opportunité de la voir ? De lui parler ? Devrai-je l’affronter ? Pourrions nous passer cette douleur immense qui nous minait toutes les deux ? Je le désirais fortement. Il fallait que je rencontre Lusiana Nakeji. D’une manière ou d’une autre.