Nous reprîmes le chemin vers le Qiars après une halte d’un couple d’heure. J’étais toujours inconsciente dans ma civière sur le dos de l’atory. Et Arhan nous fit nous arrêter à la tombée du jour dans un nouvel abri naturel de sa connaissance.
Le Guide parlait peu. Kiara et Ma-Lahossa étaient trop fatiguées elles-mêmes pour bavarder. Seuls les jumeaux donnaient un peu de vie à cette expédition de sauvetage. Durant la nuit, les deux padawans et le Guide prirent chacun un tour de garde pour me veiller. Arhan refaisait régulièrement mes pansements avec ses mixtures de poudres sous l’œil un peu dubitatif de Kiara.
" _Que veulent dire les incantations que vous prononcez en même temps ?
_Ce ne sont que des mots, Padawan Kiara. Ce ne sont que des mots. " Répondit-il. " Ils me permettent d’appeler la bienveillance de la Grande Puissance sur la Padahatma, afin qu’elle m’aide à la soigner. Mais ce ne sont que des mots. Ils n’ont aucun pouvoir. Ils ne valent rien si le cœur de celui qui les prononce n’est pas animé de bonnes intentions. Ils ne sont qu’un vecteur à la volonté. Rien de plus. Ils pourraient être différents. Ils sont différents de ceux que mon père utilisait. Ils sont certainement différents de ceux que mon fils utilisera. Ce sont les miens, ceux avec lesquels je me sens bien pour soigner.
_Je comprends. "
Au lever du jour, il fallut encore marcher pendant de longues heures. Arhan ordonna deux courtes haltes. Mais à la faveur du soleil qui perçait de nouveau les nuages, il força la marche.
" _C’est l’été. La neige ne va pas tarder à fondre. Il vaut mieux que nous soyons arrivés avant que le chemin ne devienne trop dangereux.
_C’est l’été ? Avec toute cette neige ?
_C’est le dahijuri qui provoque ces chutes de neiges, Padawan Ma-Lahossa. "
Quelques heures plus tard, les deux padawans aperçurent un village. Les habitations se fondaient dans la roche des montagnes. On ne pouvait les distinguer que par certains détails, quelques pierres bien alignées qui formaient des marches, les ouvertures des fenêtres et des portes. Les habitations avaient été creusées dans la roche, à la manière des troglodytes.
" _Nous sommes arrivés. Vous allez pouvoir vous reposer. "
Quelques Qiaris vinrent à notre rencontre. Ils soulagèrent Kiara et Ma-Lahossa de leur barda. Puis, ils aidèrent Arhan à transporter ma civière dans l’une de leurs habitations. Je fus aussitôt prise en main par des femmes qui m’enlevèrent mes vêtements souillés, me lavèrent et enduisirent mes meurtrissures d’onguents aux odeurs camphrées et douces. De leur coté, ma fille, Kiara et ses enfants étaient chaleureusement accueillis. On les conduisit dans des thermes aménagés dans des grottes où de l’eau chaude sourdait. Baignées et habillées de propre, les deux padawans revinrent auprès de moi.
Un petit garçon me tamponnait les tempes avec un linge doux qu’il trempait dans une cuvette d’eau fraîche et parfumée. J’avais entrouvert les yeux. Et mon regard croisa le sien, immensément pourpre comme les iris de Naboo.
" _Comment t’appelles-tu ? " Demandais-je faiblement.
" _Je suis Yohm, fils de Arhan. Je suis Qiaris. Et je deviendrais un Guide, comme mon père et comme son père et le père de son père avant lui, Ô Padahatma. " Me déclara-t-il solennellement. " Et je vous connais.
_Tu me connais ?
_Oui. Je vous connais. Cela fait déjà longtemps que je vous attends.
_Et bien je dois être encore plus mal que je ne le croyais. Je n’ai aucun souvenir de toi Jeune Guide.
_Je ne suis pas encore Guide, Ô Padahatma. Et vous ne pouvez pas vous souvenir de moi. Je vous attends depuis que la Grande Puissance m’a dit que la Padahatma Lusiana viendrait.
_Raconte-moi.
_Je vous ai vue en songe. Et vous étiez blessée. Je veillais sur vous. Je vous aidais à guérir. Et ensuite vous m’aidiez à sauver le peuple des Qiaris du dernier dahijuri.
_Mais…
_Vous êtes de la famille du Padahatmé Kenobi, n’est ce pas ?
_Oui, en effet. Mais comment sais-tu tout cela ?
_C’est la Grande Puissance qui me l’a révélé.
_Yohm ! " Gronda la voix de son père. " Cesse d’importuner la Padahatma. Elle a besoin de se reposer.
_Ne le grondez pas, Guide Arhan. Il est tellement gentil. Et… il est si… il a vraiment vu des choses dans la Force.
_La Grande Puissance nous fait voir des choses. Mais parfois, c’est le Sombre Mal qui s’immisce dans nos esprits et nous raconte des mensonges pour nous attirer à lui. Yohm pense que la Grande Puissance lui a dit qu’il serait le sauveur des Qiaris lors du dernier dahijuri. Je pense que c’est le Sombre Mal qui flatte son orgueil pour l’écarter des bonnes voies.
_Pourtant… il connaît mon nom et le nom de mon fils aîné. Il sait surtout que nous sommes liés par le sang, alors que peu de personnes le savent dans mon entourage.
_Le Sombre Mal sait autant de chose que la Grande Puissance, Padahatma. Ce sont les buts qu’il poursuit qui sont diffèrent. Il ne faut pas qu’il croit être le Grand Guide. S’il doit le devenir, cela se fera. S’il cherche à le devenir, il ne le fera pas pour les bonnes raisons.
_Je comprends, Guide Yohm. Je ne voulais pas intervenir dans l’éducation que vous donnez à votre fils. Je vous prie de me pardonner. Mais ce n’est qu’un enfant. Ne le grondez pas, s’il vous plaît. Il ne pensait pas à mal.
_Comme il vous plaira, Padahatma. Yohm, va t’occuper de l’atory.
_Bien Père.
_Yohm… tu reviendras me voir, après ?
_Bien sur… si mon père m’y autorise. "
Arhan, hésitant, lut dans mon regard que j’insistais.
" _Entendu. Mais seulement quand ton travail sera terminé. Et à la condition que tu ne fatigues pas la Padahatma.
_Vous avez ma parole, Père. "
Le petit garçon s’inclina rapidement avant de disparaître. Arhan s’inclina à son tour et me laissa seule.