Ce réveil aurait pu être encourageant sur mon état. Mais c'était faire preuve d’optimisme un peu rapidement. Je sombrais à nouveau dans le coma sous l’effet de la fièvre qui me reprit violemment. Je luttais pour ma survie, mais mes forces m’abandonnaient. Je me réfugiais dans ma confiance en la Force, mais je commençais à me dire sans me l’avouer vraiment que la Force avait peut être décidé de me rappeler à elle, et que je menais un combat aussi inutile que vain. Kiara était très inquiète de même que ma fille.
Le lendemain de notre arrivée dans le Qiar, la padawan de mon époux put enfin faire fonctionner ses instruments de diagnostique. Ce qu’elle y lut n’était pas pour rassurer mes thérapeutes.
« _Il faut l’opérer. » Annonça-t-elle.
« _Nous n’avons pas de médi-droïdes, Padawan. » Lui répondit Arhan.
« _Alors, il faut l’emmener à Danis. Il doit bien y avoir un hôpital.
_Danis est à huit journées d’Atory. » Répondit l’épouse de Arhan.
« _Vous n’avez pas d’autre moyen de transport ? Vous n’avez que vous monture ? » Demanda Ma-Lahossa.
« _Nous n’avons rien contre la technologie, Padawan. Mais nous nous en passons autant que possible. Ce n’est pas un refus du progrès. Nous essayons de rester nous-mêmes. Et quand nous estimons ne pas avoir besoin d’une machine, si nous jugeons qu’elle ne nous apportera rien de plus que nous ne sachions faire, alors nous nous en passons. » Expliqua Arhan. « Nous n’allons pratiquement jamais en ville. Donc nous n’avons pas besoin de véhicule mécanique. Seul le Premier Guide se rend une fois par an à Danis. Et depuis ces derniers mois, la tension entre nos peuples est devenue tellement forte qu’il n’y est pas allé. C’est devenu très dangereux.
« _Je ne vous juge pas. Mais comment faites-vous en cas d’urgence médicale ?
_Nous pratiquons la médecine, Padawan. Nous avons Guide Guérisseur, Rolan. Nous l’avons envoyé chercher. Il était au Qiar du Grand Précipice. Il devrait être là dans la journée.
_J’ai quelques notions de chirurgie. » Ajouta Kiara. « Nous n’avons pas le choix, nous allons devoir l’opérer ici. Mais je n’ai pas de matériel.
_Rolan a ce qu’il faut avec lui. Il se fera un honneur de vous assister.
_Merci beaucoup de votre aide.
_Nous sommes au service des serviteurs de la Grande Puissance. »
Kiara se mit alors à faire tout un tas d’analyse afin de préparer l’opération qu’elle avait prévue. Elle révisait aussi ses connaissances d’anatomie, afin de bien cerner les zones qu’elle opérerait.
« _Il va lui falloir du sang. Elle en a beaucoup trop perdu. L’opérer maintenant lui serait fatal. » Expliqua-t-elle après un nouvel examen.
« _On peut pratiquer une transfusion. Mais il faut que le donneur soit compatible. » Lui répondit le Guide Rolan qui était arrivé une heure plus tôt.
« _Ma-Lahossa est la personne la plus indiquée pour donner du sang à sa mère.
_Oui, mais il faut tout de même s’en assurer. »
Par malchance, ou par bonheur, comme on le verra plus tard, le sang de ma fille n’était pas compatible avec le mien. Le groupe n’était pas bon. De plus, Kiara remarqua un facteur génétique inhabituel sur mon caryotype.
« _Je ne comprends pas. Je n’ai jamais vu ce genre de facteur. »
Rolan lut les données inscrites sur le datapad de Kiara.
« _Il me semble avoir entendu parler d’une très ancienne peuplade désignée elle aussi par la Grande Puissance, originaire de la lointaine Kashyyyk qui présenterait des marqueurs similaires. Mais cela n’a jamais été véritablement vérifié. Et j’ignore aussi de quelle donnée génétique il était question précisément. Mais il me semble bien qu’il s’agissait de ce facteur dysmorphique, sur l’ADN des hématies. Si je me souviens bien des cours d’exoethnologie qu’on nous donnait à l’université de Coruscant, il s’agit du facteur déterminant de la lycanthropie.
_La lycanthropie ? Lusiana ? Lycanthrope ? Impossible. Nous le saurions. Les Maîtres Jedi de Coruscant l’auraient décelé. » Protesta Kiara. « et puis Lusiana est originaire de Drall, dans le système corellien.
« _Tout ce que je sais de cette peuplade, c’est qu’il s’agit d’humains. La lycanthropie se développe parfois très tardivement. Il s’agit souvent d’un gène récessif qui est activé pour moulte raison. C’est quelque chose que les savants ont encore bien du mal à comprendre. » Kiara dévisagea le Guide. « Qu’est ce qu’il y a ? Quelque chose vous intrigue, on dirait. Ah, je comprends. C’est le fait que j’ai pu faire des études sur Coruscant.
_Oui, c’est cela.
_En fait, je ne suis pas d’origine Qiari. Je suis devenu Qiari lors d’un séjour de mes parents sur Artonis. Mon père a été tué lors d’une bagarre dans les ruelles de la ville. Ma mère témoin du crime a du fuir les assassins de mon père qui voulaient nous vendre entant qu’esclave pour se rembourser. Elle a été sauvée par le Guide Doton, qui est devenu mon père adoptif. Il a décelé en mois les capacités à entendre la Grande Puissance. En fait, j’aurais pu devenir Jedi, si j’avais vécu au sein de la République. Et quand j’ai eu l’âge requis, ma mère m’a envoyé sur Coruscant pour étudier la médecine. Le pécule que nous avait laissé mon père nous permis de payer les études. Mais j’avais fait la promesse de revenir, aider le peuple qui nous avait sauvés et accueillis sans rien nous demander en échange. Avec mes connaissances et celles de Doton, lui-même Guide Guérisseur, je me disais que j’aiderais encore mieux mon peuple. Et c’est ce que je fais depuis plus de 30 ans que je suis revenu. Pour ce que j’ai vu de la Galaxie, je peux vous assurer que tous les crédits de l’univers ne me feraient pas quitter les Qiars. » Il fit une pause.
Kiara se sentit émue de cette confidence. Pour épargner sa pudeur, il revint au datapad de la jeune femme.
« _Pour le facteur que vous avez découvert, quelqu’il soit, il faut trouver un donneur compatible, sinon, vous pourriez la tuer.
_Trouver un lycanthrope ! Mais c’est impossible ! On ne sait même pas si leur peuple n’a pas été décimé par les trandoshan ! Alors en trouver un sur Artonis, et dans les Qiars qui plus est… » Kiara soupira, découragée.
« _Qu’est ce que vous avez à perdre de faire des analyses sur tout le monde ? » Kiara le regarda, interloquée. « Allez-y. » Lui répondit-il en lui tendant son bras. « Vous savez mieux que moi que la Grande Puissance ne fait jamais les choses par hasard. On ne sait jamais. Peut-être que je suis un lycan qui s’ignore. »
Kiara procéda aux analyses des gens du village. Tout le monde y passa. Mais aucun donneur compatible ne fut trouvé.
« _Vous avez oublié une personne, Padawan. » Lui dit alors Rolan.
« _Qui ?
_Mais vous.
_Moi ? Mais je le saurais si j'étais lycanthe.
_Tout comme l’Ordre Jedi aurait décelé la lycanthropie de votre amie ?
_Un point pour vous. »
Elle remonta alors sa manche, et préleva un peu de son sang. Elle en mit une goutte sur le récepteur de son analyseur.
Les chiffres défilaient les uns après les autres. Ils se stabilisèrent enfin.
« _Padawan Kiara, regardez ! Le marqueur en question !
_C’est… c’est impossible ! » S’écria alors Kiara. Il doit y avoir une erreur. J’ai du mal nettoyer la sonde. C’est impossible. »
Kiara recommença alors le prélèvement après avoir pris soin de prendre une aiguille neuve et après avoir même changé tout le récepteur de son analyseur.
Mais les données étaient inchangées : même groupe sanguin, même facteur rhésus, même positivité aux RAI, même taux de midichloriens, et surtout même données sur le fameux marqueur.
« _Cela ne veut dire qu’une chose. Regarder la chaîne d’ADN, il y a tellement de similitudes. Vous êtes de la même famille.
_C’est absurde. C’est impossible.
_Pourquoi refusez-vous d’accepter l’évidence ?
_Parce que c’est tout simplement impossible. J’ai fait une erreur. Je ne sais pas où, mais j’ai fait une erreur. Je dois recommencer l’analyse. »
Mais Rolan l’arrêta.
« _Que vous dis La Grande Puissance, Padawan Kiara ? Que vous dit votre cœur ?
_Ce que me dit mon cœur est illogique. Ma raison me dit qu’il y a une erreur.
_Mais vous n’écoutez pas la Grande Puissance. Regardez les analyses, elles vous disent que vous êtes de la même famille. Comparez les analyses de votre prélèvement avec celles du prélèvement de la fille de la Padahatma. Regardez. Là aussi il y a des points communs, trop pour que ce soit une coïncidence. Alors cessez de refuser d’entendre et de voir.
_Ma… ma sœur ? Ma sœur… Lusiana serait ma sœur ?
_C’est ce que semblent dire les résultats. Vous êtes la personne qui peut lui donner du sang. La comptabilité est optimale. Et vous pouvez lui sauver la vie. N’est ce pas le plus important ?
_Si… si… évidemment. » Kiara soupira. « Il sera bien temps de trouver l’explication à ceci plus tard. Je vais préparer la transfusion.
_Il faudra le faire en plusieurs fois. La quantité dont la Padahatma a besoin est trop importante. Et vous risquez d’être en danger vous-même si vous lui donnez en une seule fois.
_Oui, vous avez raison Guide Rolan.
_Je vais vous aider. »