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Par Lusiana Windu


Chapitre 17

Je quittais le carré du vaisseau pour aller relever Obi-Wan à la navigation dans le cockpit. Je le trouvais assis dans le siège de pilote, Seipher à ses cotés. Obi-Wan expliquait les instruments de navigation à mon neveu. Je les observais un moment.

Je n’avais jamais vu Seipher enfant. Celui qui je connaissais, c'était Frédéric, un gentil môme de 16 ans que la vie avait déjà éprouvé bien plus qu’à son tour. Rebelle et buté, il était parfois si exaspérant que la voix s’élevait jusqu’à des niveaux insupportables. Mais en fait, Fred était un ado comme les autres dans la société où la Force nous avait projetés. C’était un gamin qui se construisait et qui cherchait son identité et sa place dans un monde qui n’aimait guère les gens qui n’entraient pas dans le moule. Surdoué qui s’ignorait, il passait pour le pire des cancres face à des pseudo pédagogues qui n’avaient toujours pas compris que chaque être est unique et que c’est la méthode qui doit s’adapter au sujet et pas l’inverse.
Bref Fred était un jeune homme intelligent et généreux, qui n’avait d’autre défaut que celui d’être un ado comme les autres. Et quand on apprenait à le connaître, par bien des cotés, il était meilleur. Je l’estimais. Plus que cela. Je savais ce qu’il valait. Et je l’aimais, tout simplement, autant que j’aimais sa mère.

En regardant mon neveu et mon fils si complices, je me demandais quel souvenir Seipher garderait de Minisith, de Fred. Je me demandais aussi quel souvenir il garderait de son frère aîné. Car manifestement, seul Frédéric avait une véritable existence. Peut-être qu’il trouverait en Obi-Wan le frère dont il avait besoin. En tout cas, de les voir ainsi aussi proches me remplissait de joie.

Obi-Wan se détourna quelques secondes après mon entrée.
« _Maman, Seipher est vraiment doué. Il a un véritable don pour le pilotage.
_Ch’est bien, che chuis contente de voir que vous vous chentendez chi bien.
_J’ai du mal à réaliser que tout ça existe en vrai, Lusie.
_Tes chouvenirs vont revenir avec un peu de temps. Chela ne fait que deux chours que tu es réveillé. Donne-toi un peu de temps.
_C’est quand même pas facile d’avoir seize ans et d’être considéré comme un enfant.
_Tu n’as pas cheige ans Cheipher. Tu n’en as que chept. Mais il faut que tu précherve préchieugement ce que tu as appris durant ton coma. Chela va t’aider à grandir.
_Alors c’est vrai ? Je suis vraiment le cousin d’Obi-Wan Kenobi ?
_Bien chur que ch’est vrai.
_ça en jette quand même ! » Il se tut, et une onde de tristesse lui passa dans les yeux. « Et Seb ?
_Chebachtien n’exgichte plus que dans nos chouvenirs déjormais. Il richque de te manquer. Mais il faut te dire que beaucoup de chens que tu as rencontrés durant che rêve n’ont chamais exgichté que dans ton echprit. cha peut être chympa quand il ch’agit de chens que tu n’aimais pas. Mais pour les chens que tu aimais, il va falloir apprendre à relativiger, et te dire que la Forche ne te les cha pas fait rencontrer pour rien.
_Et mes animaux ? Et Mimine ?
_Cheipher, tous les trois nous javons vécu un coma bien particulier, où les chojes et les jévènements nous paraissaient si véritables que nous avons cru que nous les vivions réellement. J’avais un mari, tu te rappelles ? Manu. Vous vous jentendiez bien. Et je l’aimais. J’avais une famille. Tu te chouviens comment je parlais de mon père ? J’avais des chats auchi, j’avais des chamis, et des chendroits que j’adorais. Toi, ta mère et moi allons devoir apprendre à vivre chans tout cha. Nous chavions une vie avant de tomber dans che coma étranche. Nous avons commenché à la retrouver. Mais nous chavons du mal à nous cheparer de chelle que nous chavons vécu en rêve. Et regarde les choches autrement. Nous chavons un bol pas pochible, par rapport aux chautres. Nous chavons deux vies. L’une phychique, l’autre dans la Forche. Et franchement, par rapport à la Franche, à la Terre, où est che que tu préfères vivre ?
_Ici quand même. Même si je n’ai que sept ans, alors que dans ma tête j’en ai seize, c’est quand même plus cool ici. Déjà y’a plus de choses à découvrir. Et pas d’école débile avec des profs ringard et bornés. On voyage d’une planète à l’autre, on est moins attardé. Mais c’est quand même dur à… dans le cerveau, ça fait une drôle de mélasse. J’arrête pas de m’inquiéter vis à vis de mes animaux. A chaque fois que j’y pense, je me dis que comme d’hab, Seb va mal s’en occuper. Et c’est après que je réalise que mes animaux n’existent pas. Et alors ils me manquent encore plus.
_Ils chexgichtaient dans la Forche, Fred. Pardon Cheipher. Et puis chut ! Che t’appellerais Cheipher quand ch’aurais plus de problème d’élocuchion. Et chi la Forche t’a fait chi proche des janimaux lorchque nous vivions chur Terre, peut-être était-che pour te faire prendre conschienche d’un don particulier, chelui de pouvoir comprendre toutes les créatures non penchantes de la galaxchie.
_ça voudrait dire que je peux leur parler et que je peux comprendre leur langage ?
_Tu te rappelle de Jachen Cholo ?
_Le fils de Leia ? Le neveu de Luke ?
_Oui. Est-che que tu te chouviens de quoi il était capable ?
_oui, mais c'était un personnage de roman.
_Et Obi-Wan ? Et Mache ?
Et Qui-Gon ?
_Ah oui, zut c’est vrai. _Jachen aussi avait le don de parler aux chanimaux dans la Forche. Et che penche que ch’est che qu’elle a voulu te faire comprendre.
_ça c’est cool. Mais bon. Il y a quand même plein de choses que j’aimais bien à Paris. Ça fait bizarre de se dire qu’on ne les a pas vraiment vécues.
_Tu aurais envie que cha choit vrai ?
_Oui.
_Quoi par exchemple ? »
Seipher réfléchit un instant.
« _Quand on se bagarrait avec nos faux sabres laser ! et puis, quand tu m’apprenais à faire la cuisine. Et tu te rappelles aussi le restaurant chinois de Chilly ? Et quand je suis allé chez toi pendant un mois et que j’ai fait mon stage dans les jardins de la ville ? Y’a plein de choses qui étaient quand même bien.
_Comme l’exchpo du Grand Palais ?
_Oui ! Ça aussi c'était génial… même si tu as du me crier dessus pour que je vienne.
_Pour toi, cha te paraît avoir été un rêve ou la réalité ?
_ça ne fait pas du tout comme dans un rêve.
_ ch’étais dans le coma chur une planète et toi chur une autre.
_Oui.
_Et pourtant, nous chavons tous les deux les mêmes chouvenirs enchemble, n’est-che pas ?
_Oui.
_Alors ch’est que nous l’avons vécu enchemble.
_Ben, non ! Puisque tu étais sur Coruscant et moi sur Naboo.
_Nous n’etions pas enchemble phychiquement. Mais nous l’étions en echprit, tous les trois.
_Ouai… c’est quand même pas facile à réaliser.
_Ne t’inquiète pas. Cha va venir avec un peu de temps, quand tu auras commenché à retrouver tes chouvenirs de Naboo, d’avant ton coma.
_Si tu le dis…
_Est-che que ch’ai decha eu tort chur che que che t’ai dit ?
_Non, c’est vrai. En tout cas, je ne m’en souviens pas.
_Laiche-toi un peu de temps. Et cha va ch’arrancher.
_y’a autre chose que j’aimais bien aussi.
_Quoi ? » Demandais-je. Mais je savais déjà ce que c'était. Et je me préparais à lui envoyer une réponse à ma manière.
« _Quand tu me faisais des chatouilles !
_Mais che n’est pas un problème ! » M’écriais-je en m’élançant sur lui.
Je me mis à le chatouiller à le faire hurler de rire.
« _Lusie ! Arrête ! J’ai rien dit ! Pitié !
_Pas de pitié pour les minichith ! » Continuais en le faisant se tordre de rire. Je sentis alors une pointe de jalousie traverser l’esprit d’Obi-Wan. « Quoi ? Toi auchi tu en veux ? Pas de chouchi ! » Je me tournais alors vers Obi-Wan et ce fut un grand chahut dans le cockpit.
« _Maman ! Je ne suis plus un bébé ! Arrête !
_M’en fiche ! Tu es mon fiche et ch’est moi qui commande. Et tu adores cha ! »
Ce genre de moments pouvait paraître puérils. Mais ils étaient tellement bons, qu’il aurait été idiot de s’en priver. Jamais personne n’avait chatouillé Obi-Wan, ou alors quand il était chez les Kenobi, durant sa prime enfance. Et même s’il était Padawan, et s’il avait seize ans, je sentis aisément qu’il était heureux de recevoir ainsi une marque d’affection.
« _Allez, les garchons. Vous pouvez y aller. Obi-Wan, n’oublie pas que tu as mené un dur combat. Il faut encore que tu te repoches. Che prends le relais.
_D’accord. Merci Maman. Viens Seiph. Je vais m’entraîner au sabre laser.
_Obi-Wan !
_Oui, Maman ? _Ch’ai dit te repocher.
_Oui, mais ça me détend, je ne vais pas le faire longtemps, et j’irais me reposer ensuite.
_D’accord.
_Trop cool ! » S’exclama Seipher. « Je n’ai encore jamais vu un vrai sabre laser. Et ça, j’en suis certain, parce que je suis trop jeune pour avoir pu voir un Jedi sur Naboo, et sur Terre, ni Maman, ni Lusie n’avait de véritable sabre. Je pourrais le prendre et le manier un peu ?
_le prendre, oui. Le manier, je ne sais pas. Ce n’est pas un jouet, tu sais… » Expliqua Obi-Wan qui prenait très au sérieux son nouveau rôle de cousin aîné.
Je souris. Et je savourais ce moment. Je le savourais, et je le gravais profondément dans ma mémoire, afin de le garder à tout jamais.