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Par Lusiana Windu


Chapitre 2

Je commençais à m’habiller. J’étais tout de même très émue de revêtir cette tenue mythique. Je savourais cet instant. Une vraie tenue de vrai Jedi. Même si ce n’était qu’un rêve ou autre chose, même si tout ça n’était pas vrai, je vivais l’instant avec une sorte de solennité, comme si en revêtant ces vêtements, on m’investissait de responsabilités réelles. La camisole, une manche après l’autre, on croise d’abord le coté droit, puis on rabat le coté gauche vers le coté droit. Un lacet à une main sous l’aisselle droite permettait de maintenir le tissu en place. Je glissais le bas de la camisole dans le hakama. Ensuite, Mace m’aida à enfiler la veste. Coté gauche d’abord, puis coté droit vers la gauche. Mace m’aida à maintenir le tout avec le baudrier, une bande du même tissu que la veste, de la largeur de deux mains et qui ceignait la taille en se fixant dans le dos par des scratch. Par-dessus, je mis la ceinture de cuir. Chaque geste était précis. Je les faisais précisément, comme si je les avais toujours fait. Mais en même temps, c’était la première fois. Une sorte de musique martiale me trottait dans la tête en même temps que je m’habillais. Telle une héroïne de série de télévision qui se préparait à aller mettre une raclée à des méchants pas beaux. C’était ce genre de musique qui vous annonce que les gentils sont très très énervés, et pressé d’en découdre, et qu’en même temps il va faire un sale temps pour les salauds. On va leur péter la gueule, Colonel !
Je serrais la ceinture. Le clip de métal qui la ferma sur le devant claqua. Je tirais sur les deux cotés de ma veste pour l’ajuster d’un mouvement sec et précis, faisant bruisser le tissu. J’enfilais les bottes, les ajustant grâce à trois brides de cuir qui se fermaient le long de la jambe. Chaque lanière claquait sous mes doigts lorsque je les fixais. J’étais presque prête. Mace me présenta mon manteau. Le lourd tissu de drap de laine s’ajusta sur mes épaules. Les manches tombaient parfaitement, à la juste mesure. Le manteau arrivait juste au ras du sol, parfaitement adapté à ma morphologie. Pas de doute, ce manteau était du sur mesure. Et c’était le mien. Normal. Dans un rêve, ces moments là sont soit parfait, soit complètement ridicule.
J’aperçus mon reflet dans les vitres occultées. Et, là, résonne dans ma tête, le générique en fanfare. Punaise ! Wouaw ! La classe ! Ah ! Si j’avais eu cette tenue pour la sortie de l’Episode III au Grand Rex ! Cela aurait eu de la gueule quand même !
Mace me tendit alors un tube de métal argenté, orné de filaments et de plaques ouvragés dorés. Non ? Ce n’était pas… Si ! Un sabre laser ! Et de toute évidence, c’était le mien. MON sabre laser. Mon sabre laser personnel à moi toute seule ! Pas cette espèce de machin à dix euros acheté chez Monoprix. Pas non plus ce truc à cent cinquante euros avec un tube de néon fonctionnant avec deux Wonder. Et ce n’était pas non plus un Master Replica. C’était bien mieux que ça, mille fois mieux, cent mille fois mieux ! C’était un vrai sabre laser. Un vrai de vrai. Un de ceux qui font vraiment tchhhhhh quand on l’active, et dont la lame fait vraiment vrrzzommmm quand on le fait bouger. Un véritable, un authentique sabre laser. Je n’osais le toucher.
« _Tu vas me laisser le tenir pendant encore longtemps ?
_C’est que…
_C’est que quoi ?
_C’est que… C’est un vrai ? »
Demandais-je avec une candeur enfantine émerveillée. « Je veux dire…
_Iana, tu commences vraiment à m’inquiéter. J’ai l’impression que tu arrives dans un monde qui t’est étranger. C’est toi. Mais en même temps, tu regardes tout avec un tel regard, tu nous tiens de tels propos bizarre…
_Mace, essaye de me comprendre…
_Iana, comment veux tu que je comprenne ? Dis moi ce qui ne vas pas ? Visiblement il s’est passé quelque chose durant ton coma. Je ne sais pas quoi. Mais cela a du être vraiment terrible pour que tu sois à ce point déboussolée. J’ai tenté d’entrer en contact avec toi. Mais je me suis heurté à un mur. Il n’y avait rien à faire.
_Coma ? » Demandais-je inquiète.
« _Iana, cela fait 39 jours que tu es allongée sur ce lit. Nous étions très inquiets.
_39 jours ? Je ne comprends plus rien. Ça ne peut plus être un rêve. Ça ne peut plus être ça. Il s’est effectivement passé quelque chose. Mais je n’en sais pas plus que toi.
_Quelle est la dernière chose dont tu te souviennes avant de te réveiller ici ? »
Je regardais le maître. Je commençais à entre voir une explication. Mais ça ne pouvait être ça. Non. Ça ne pouvait être ça. A moins que…
Je fermais les yeux. Non. Ça ne pouvait être ça.
« _Iana ? Iana ? Ça va ? » Je le sentis me prendre par les épaules pour me soutenir. Le vertige me faisait chanceler. « Tu es encore trop faible. Repose toi. »
Je secouais la tête.
« _Non… non. Il faut que je mange. Il faut surtout que je sorte d’ici. J’ai besoin de marcher et de prendre l’air.
_Tu es sûre ?
_Certaine.
_D’accord. »
Nous quittâmes l’infirmerie.

Maître Yoda nous attendait dans le couloir. Nous marchions en silence. Et des images me revenaient, comme des flashes. Des images si réelles. Des images aussi vraies que ce que j’étais en train de vivre. Ma vie, ma vraie vie m’apparaissait. Je n’avais plus envie de fanfaronner. Je n’en avais plus envie du tout. Je commençais à comprendre. Pas tout. Pas encore. Mais ce que je commençais à soupçonner m’inquiétait. Pire. Me faisait peur.

« _Mace, nous avons bien deux filles ? » demandais-je alors tout en continuant de marcher entre les deux Jedi.
« _Non. Une seule, mon cœur.
_Ma Lahossa ?
_C’est bien ça.
_Est ce que je pourrais la voir ?
_C’est que… » Je vis Maître Yoda opiner de sa tête verte. « Bien, je la fais appeler.
_Et Obi-Wan ? Je suis bien sa mère ?
_Le jeune Kenobi ? » Le visage de Mace se ferma. « Effectivement. Tu es sa mère.
_J’ai bien été la padawan de Qui-Gon Jinn, puis de Luminara Undulli ?
_Encore exact.
_Où est Sylcat ?
_Elle est partie en mission sur Ossus.
_ah. Bien. Mais elle existe.
_Oui. Elle existe bel et bien. »

Nous étions arrivés au seuil d’une vaste salle, où des tables étaient disposées, des grandes pouvant accueillir plus d’une dizaine de convive, des moyennes en rond, pour une demi douzaine de personnes, et d’autre encore plus petites carrées pour deux à quatre. Il y en avait de différentes hauteurs. Quelques individus se trouvaient là, partageant un repas. L’endroit était calme et reposant. Mace nous conduisit vers une table un peu à l’écart.
« _De quoi as-tu envie ?
_Je ne sais pas. Qu’est ce que je prends d’habitude ?
_D’accord. Je te ramène ce que tu préfères. »
Durant tout le temps où Mace s’absenta, Maître Yoda ne me quitta pas des yeux. Je rougis, gênée.
« _Vous sondez mon esprit ?
_Le sentir tu devrais.
_Je n’en étais pas sûre. » Avouais-je.
« _Toujours puissante, en toi, est la Force, Lusiana.
_Maître Yoda, je crains d’avoir oublié pas mal de choses. En fait, je n’ai pas l’impression de les avoir oubliées. J’ai plutôt l’impression de ne jamais les avoir vécues. Et en même temps, et c’est ce qui est étrange, c’est que je les connais, parce que je les ai imaginées. Je connais tout ce que je vois. Parce qu’on me l’a montré. Le Temple, Mace, vous, les padawan, la moquette bleue du grand déambulatoire, tout ça, je les avais déjà vue, mais pas avant que je tombe dans le coma. Pas en réalité.
_Comment ça ? » Me demanda Mace.
Il m’avait amené une assiette garnie de tout un tas de choses que je découvrais. C’était très appétissant. Mais je n’aurais su dire de quoi il s’agissait. Bon. Et bien il ne me restait plus qu’à goûter. Mace me connaissait bien. Je me résolus à lui faire confiance. Et je commençais à manger.

Mace et Yoda me laissèrent manger pendant quelques minutes, attendant patiemment que je commence à parler. Mais par où commencer ?
« _Pas mauvaise, la nourriture ici. C’est même excellent. » Commençais-je. « Ça change. Il va falloir que je m’y habitue, mais ça ne devrait pas être trop difficile.
_Que tu t’y habitues à nouveau. » Précisa Mace. « A nouveau. » Insista-t-il.
« _Ah. Oui. A nouveau. D’accord. » Repose-pied. « Je suppose que ça veut dire qu’il est temps que je m’explique. » Mace hocha la tête. « C’est un peu compliqué. Et ça va prendre un moment à raconter.
_Tout notre temps nous avons.
_Bien. Vous l’aurez voulu. Mais d’abord, je voudrais vous poser quelques questions. Qu’est ce qui a provoqué mon coma ?
_Nous n’en savons rien. » Répondit Mace. « Tu t’étais isolée pour méditer avec ta padawan. Au bout d’un moment, elle s’est inquiétée, parce le lien entre vous s’est rompu. Elle m’a appelé, car elle s’inquiétait. Tu manifestais tous les signes d’une transe profonde. Mais elle n’arrivait plus à te sentir dans la Force. A ta place, il y avait… une sorte de bulle de vide. C’est ce que j’ai ressenti quand je suis arrivée. Tu ne répondais plus à aucune stimulation. Tu n’étais pas morte. Ton cœur battait, faiblement, mais régulièrement. Je t’ai emmenée à l’infirmerie. Les fonctions vitales étaient complètement au ralenti. Le médi-droïde a conclu à un coma profond. Mais il a cherché en vain une trace de traumatisme qui aurait pu expliquer ce coma. Il n’a rien trouvé. Et toutes les stimulations qui auraient du te sortir de l’inconscience ont échoué. Tu ne répondais pas non plus à aucun soin Jedi. Tous les jours nous cherchions comment te ramener parmi nous. Tu étais là, physiquement. Mais tu n’existais plus dans la Force. Et c’était ce qui nous inquiétait le plus. Pendant trente neuf jour nous t’avons veillée sans relâche. Nous avons cherché tous les moyens pour te guérir. Mais rien, absolument rien n’y faisait. Voilà pourquoi Sylcat est partie sur Ossus, pour chercher quelque chose.
_Donc si je te suis bien, pendant une méditation, j’ai déconnecté. C’est bien ça ?
_Oui. C’est ça.
_Le souci, c’est que pour moi, c’est beaucoup plus compliqué que ça. Avant de me réveiller à l’infirmerie, j’étais bien vivante. Mais ailleurs.
_Ailleurs ?
_Oui, ailleurs.
_Tu veux dire que tu t’es désincarnée et que ton esprit était parti sur une autre planète.
_ça pour être sur une autre planète, j’étais sur une autre planète. J’étais même dans une autre galaxie. Dans une galaxie lointaine, très lointaine… Et je n’étais pas désincarnée. Parce que dans ce cas, je n’aurais pas souffert comme j’ai pu souffrir par moment. Et le pire dans tout ça, c’est que tout ce que pour vous j’ai vécu ici, pour moi, ce n’était qu’une histoire imaginée que j’écrivais avec ma meilleure amie sur nos ordinateurs respectifs.
_Je ne te suis pas.
_Je suis bien née sur Drall.
_Oui.
_C’est bien toi qui est venu me chercher chez mes parents, sur l’ordre de maître Backhat Koon, qui était ton maître. J’ai commencé à utiliser la Force pour la première fois devant toi, en aspergeant mon frère aîné avec de l’eau, parce qu’il me chicanait.
_Encore exact.
_Et j’ai dormi dans tes bras pour la première fois durant le voyage qui nous amenait ici, au Temple. Et c’est là que j’ai fait ma première gaffe d’une très longue liste, en prenant Maître Yoda pour un postulant comme moi.
_Mais où veux tu en venir ?
_Je veux en venir, que ceci, toute mon histoire, toute notre histoire, toi, le Temple, les Jedi et cette galaxie, pour moi, ça n’existe pas. Je suis née en 1967 sur une planète nommée Terre, dans un petit pays au climat tempéré nommé France… » Je commençais à raconter mon histoire. Celle qui était pour moi, ma vraie histoire, celle que j’avais vraiment vécu. Je leur racontais tout ce qui avait fait, je le croyais ma vie, ma vraie, celle dont les souvenirs et les sensations me revenaient.

Il me semblait encore sentir la douleur cuisante de quelques corrections, parfois méritées, parfois pas. Plus que des images ou des souvenirs d’événements, c’étaient les sensations qu’il me semblait que j’avais véritablement vécues. Toutes ces choses qui pavent notre enfance, notre adolescence, puis notre vie d’adulte. C’était si réel… Ces réussites, ces échecs, alors je n’avais fait que les rêver ? Il y avait tant de choses, que j’avais vraiment de la peine à me dire que ce n’était pas vrai. Alors, il n’y avait donc jamais eu de journées passées à me faire gâter par mes grands-mères ? Pas de poule à nourrir en leur jetant du grain ? Pas d’heures passées à broder ensemble, pas de point à l’envers ni de point à l’endroit ? Pas de livres lus et partagés, pas de séances TV le samedi après-midi ? Pas de week-end chez Drouot, pas de soirée à l’opéra, pas de théâtre, pas de petits restos sympa ? Pas de balade à vélo, pas d’odeur de rose, pas de confiture, pas de gâteau ? Pas de noël au coin du feu, pas de lait de poule, pas de sapin décoré, pas de messe de minuit en famille ? Pas de neige, pas de folle descente à ski ? Pas de partie délirante de Monopoly ? Pas de réveil en douceur en dégustant un bon café au soleil dans la cour ? Pas châtaignes grillées dans la cheminée ? Pas de cueillette de champignon avec mon père ? Mon père ? Cet homme là non plus n’existait donc pas ?
Mon cœur se serra. J’avais été aimée durant ce rêve. J’avais été aimée, et surtout j’avais aimé…
Certes, je retrouvais l’univers qui était le mien. Mais tout ça s’embrouillait. Où était la réalité ? Où était le rêve ? Les sensations de ce rêve fou étaient encore tellement présentes, tellement vives et fortes que je n’arrivais pas à me sentir à ma vraie place dans ces vêtements de Jedi.
Tout allait bien, avait dit le médi-droïde. Tout allait mieux aller, avait dit Mace. Mais en racontant ce que j’avais vécu, je me rendais compte que les choses n’allaient pas si bien que ça. J’avais la sensation d’avoir perdu tellement de choses, des choses que je ne retrouverais jamais, des lieux, mais surtout des gens avec qui j’avais partagé bien plus qu’un rêve.

Je regardais Mace. Je vis qu’il était moins à l’écoute de mes mots, de l’histoire qu’ils racontaient, que de ce qu’ils cachaient. Je le sentis attristé, comme si j’avais mis trop de regrets, comme s’il se sentait exclu et délaissé de ce que j’avais vécu durant mon coma… ailleurs. Laisse moi du temps, Mace. Laisse moi le temps de me retrouver.