Nous visitâmes encore une bonne dizaine de logements et d’ateliers. Nous vîmes des Twi’lek, des Rodiens (et oui, ils se vendent même entre eux !), des klatooiniens, un bith, deux Brownies, bref, il y en avait de toutes les sortes et de toutes les tailles. Mais toujours pas de Shmi.
Kiara fit encore quelques achats. Et à chaque fois, les transactions étaient conclues au fur et à mesure. Deux petites Twi’lek étaient trop mignonnes. Ensuite, on n’avait pas le droit de séparer une famille. Tous les prétextes étaient bons. Mais surtout, nous étions touchées par l’état de misère et de dénuement dans lequel Ad faisait vivre ses gens. Il était négociant, il ne les employait pas vraiment. Il n’avait donc pas intérêt de faire trop d’investissement pour leur entretien. Son but était de les acheter et de les vendre le plus rapidement possible, en faisant un maximum de bénéfices.
Kiara avait tout un tas de bonnes explications à sa fièvre acheteuse. Je fis de même pour continuer de donner le change. Apres tout, quitte à prendre un savon winduesien, autant que ça soit pour quelque chose. Se faire remonter le hakama et la bure pour un esclave acheté ou pour dix, le mettrait dans la même fureur. Alors sept de plus ne changeait pas grand chose. De toute manière, nous nous empresserions de les affranchir. Nous faisions donc une bonne action. Comme c’est facile de se trouver de bonnes excuses !
Et puis, au détour d’une rue, nous reconnûmes une grande esplanade bordée sur trois coté par un immeuble de deux étages. C’était là que nous avions vu Shmi vivre avec son fils. Kiara s’y engagea. Ad la rattrapa aussitôt.
« _Noble Dame ! Je ne suis pas le propriétaire des gens qui vivent ici.
_Et alors ? Cela m’empêche-t-il de visiter ? A qui appartiennent-ils ?
_Tout ce cette partie-ci de la place appartient à Gardulla la Hutt. Le reste est partagé entre tout un tas de petits propriétaires.
_Et ces logements au fond ?
_Je ne sais pas, Noble Dame. Je ne les connais pas tous. »
Le quartier des esclaves était vaste. Mais tous ses habitants n’étaient pas asservis. Certains étaient libres et trop pauvres pour se loger ailleurs qu’auprès des parias. Alors, ils louaient à prix d’or ces habitations délabrées aux Hutt, aux rodiens ou aux toydariens qui profitaient de la situation. Quant aux esclaves, tous ne vivaient pas là. Beaucoup logeaient chez leurs maîtres, corvéables à merci. Gardulla était donc propriétaire d’une partie de ces HLM (Habitations à Loyer Monstrueux). Nous étions sur la bonne voie.
« _Je veux voir comment les gens d’ici sont traités par rapport aux tiens. » Insista Kiara.
« _Oui, je comprends. Mais vous connaissez les Hutt. Ils n’aiment pas que l’on fouine dans leurs affaires.
_Et bien, je m’expliquerai avec Gardulla elle-même.
_Il ne faut pas plaisanter avec ces choses-là, Noble Dame.
_Ai-je l’air de plaisanter ? » Kiara le planta là.
C’est alors que nous la vîmes arriver. Elle marchait péniblement sous les soleils qui brûlaient. Elle salua quelques personnes qui s’enquerraient de sa santé et de celle du bébé qu’elle portait dans un grand chale noué autour de son cou. Anakin était né. Restait à savoir à qui elle appartenait.
« _Cette femme ? Qui est son maître ? » Demandais-je.
« _Je l’ignore, Noble Dame.
_Et bien, allons lui demander. » Je me dirigeais d’un pas décidé et vif vers Shmi. « Comment t’appelle-t-on ? » Demandais-je d’un ton hautain pour ne pas laisser paraître mon émotion de me retrouver face à son doux visage de Mater Dolorosa.
Elle me regarda surprise.
« _Shmi. Shmi Skywalker.
_Et c’est ton enfant ? » Demandais-je encore, en tournant autour d’elle comme si j’avais inspecté une jument.
« _Oui.
_C’est un garçon ou une fille ? » En réalité, je le savais. Mais il ne fallait pas que Ad ou Buzz puissent soupçonner que nous n’étions là que pour elle et le petit Ani.
« _C’est mon fils. Il a trois mois. Il ne vous sera pas utile.
_Ça c’est à moi d’en décider. » Répliquais-je toujours aussi autoritaire.
Elle serra Anakin d’un peu plus prêt, comme pour m’empêcher de m’en emparer.
Je lançais alors mon esprit vers elle pour la rassurer sur mes intentions. Je rencontrais alors celui de ma sœur qui m’avait devancée. Je sentis alors autre chose. Je sentis Anakin. Anakin Skywalker. LE Anakin Skywalker ! L’esprit le plus puissant que la Force ai pu créer. Punaise ! je communiquais avec Anakin Skywalker dans la Force ! Moi !
« _A qui appartiens-tu ? » Lui demanda alors Kiara.
« _A Watto. » Répondit-elle effrayée.
« _D’accord. » Kiara se tourna alors vers notre Rodien. « Ad, arrange-toi avec ce… Watto. Je veux cette femme à mon service. Elle a l’air robuste. Elle n’est pas trop âgée. Et ses mains ont l’air d’être habituée aux taches que je pourrais lui confier.
_Mais…
_Cela pose-t-il un problème ?
_Non. Non, Noble Dame. Mais il va me falloir un petit moment pour négocier le prix.
_Je t’en donne 20000 pour la mère et son petit. A toi de te débrouiller avec lui. Mieux tu négocieras, plus ta marge sera importante. »
Kiara s’éloigna, faisant semblant de s’intéresser à autre chose, comme si l’affaire était déjà classée pour elle. Je la suivis.
Discrètement, j’actionnais deux fois l’interrupteur de mon comlink pour prévenir Mace et Qui-Gon que nous avions trouvé Shmi.
La pauvre femme nous regarda partir, interloquée et inquiète sur son sort. Nous étions parvenues à calmer ses alarmes. Mais elle était toujours encore un peu anxieuse.