La foule accueillit cette déclaration avec moult hurlements enthousiastes et autres borborygmes exprimant leur satisfaction et leur impatience.
Je m’avançais alors d’un pas.
« _Hé ! Bouffi ! » Hurlais-je pour couvrir la liesse ambiante. « Au lieu de faire parler ton droïde à tort et à travers, raconte donc de quelle nature sont tes affaires qu’on s’amuse à comparer nos niveaux de perversion mutuels ! » Lançais-je alors. « Nan, mais tu t’es vu, espèce de bave coagulée ? Rien que pour la vision d’horreur que tu nous imposes, on devrait condamner tes parents à te désintégrer cellule par cellule histoire d'être sur qu’on ne puisse pas te cloner. Parce qu’avec l’autre fossile à coté de toi, on ne sait jamais. Il s’y connaît en clonage. Hein Papa ! Ben oui ! Mesdames et messieurs. Cet honorable Comte Dooku est notre père.
_Faites la taire ! » Gronda Fett.
« _Tu permets, la boite de ferraille ? Je t’ai pas causé.
_Sister, qu’est ce que tu fais ? » Me demanda ma sœur à mi voix.
« _Je gagne du temps pour la cavalerie. Vous imaginez à quel point il peut avoir un grain, ce vieux beau ! Faire condamner ses filles. Et vous savez pas la meilleure ! Il est Jedi ! Si ! Enfin il l’était, parce que pour s’acoquiner avec un Hutt, il ne faut pas avoir beaucoup de moralité, et il ne faut pas tenir les valeurs Jedi en grande estime.
_Faites la taire !
_Je cause si je veux ! C’est ma dernière volonté ! Alors pouille pouille ! Ah ! Il serait fier de toi, mon petit papounet, si Yoda te voyait la ! Ah ! Il est devenu un grand Jedi, le Dooku ! Tu parles d’un Jedi, qui fait condamner sa fille pour ses propres crimes. Et après nous avoir tuées, qu’est ce que tu vas faire ? J’espère pour toi que les godillots de Palpatine auront bon goût, parce que de les lécher, tu vas les lécher. Mais t’auras peau de balle comme récompense ! N’imagine pas que le Ridé va te laisser une once de pouvoir ! Tu vas en perdre de la tête. De toute manière, vous vous en foutez de ce que je peux dire. Vous voulez du sang ! Et bien vous allez en avoir. Mais faites gaffe que ça ne soit pas le votre !
_Et que comptes-tu faire, Lusiana ? Tu attends sans doute Mace et Qui-Gon ?
_Pour vous c’est Maître Windu. » Répondis-je entre mes dents.
« _Oh ! Très bien, Maître Windu. Parce que tu crois sans doute que de porter ce nom te donne plus de puissance ?
_Non. C’est juste mon nom. Rien de plus.
_Ton nom d’épouse. Un nom que tu n’as pas le droit de porter sans transgresser le code.
_Parce que vous le suivez à la lettre, sans doute ?
_Je suis Jedi depuis bien plus longtemps que toi, Lusiana. Je n’ai que faire de tes petites piques mesquines.
_En ce qui me concerne, je ne vous considère plus comme un Jedi. Je sais ce que vous êtes en train de faire. Je vous connais bien mieux que vous ne le pensez.
_Je me doute que tu me connaisses bien. Apres tout, j’ai été le maître de Qui-Gon. Il a du longuement te parler de moi. Il me voue une admiration sans borne. »
J’éclatais de rire.
« _Quelle modestie ! Et cela se prétend Jedi ! Ravalez votre superbe, Dooku ! Vous n’êtes pas le centre de l’univers, encore moins l’attention d’un culte. Pour qui vous prenez-vous ?
_Fanfaronne tant que tu veux, Lusiana. Ça ne changera rien. Regarde-toi. Tu n’es ni de taille ni en position de lutter contre moi. Comme il a été facile de t’arrêter. Et d’après Alors n’imagine même pas pouvoir m’affronter.
_Je vois que les nouvelles vont vite. C’est sans doute votre cher ami Sidious qui vous en a touché quelques mots. Mais puisque vous êtes si sur de vous, rendez-moi mon sabre laser, et nous verrons bien.
_Ne sous-estime pas le Seigneur Sidious. Oppose-toi à lui, et il te détruira.
_Vous savez ce qu’on dit de la mauvaise herbe. Elle s’accroche envers et contre tout. Je suis issue de vos gênes, Dooku. On ne se débarrasse pas aussi facilement de moi.
_Tu as eu tort de t’opposer à moi, Lusiana. Dis seulement une parole, et…
_Et quoi ? Je serais guérie ? Le voilà qui se prend pour un Dieu rédempteur ! Mégalo jusqu’au bout !
_ton destin pourrait complètement changer. Il te suffit de le vouloir.
_Ouai ! Ouai ! Ouai ! Je vois le coup venir. On en arrive maintenant au rejoins-moi, et je te montrerais le véritable pouvoir de la Force, ben en fait… j’y tiens pas vraiment. J’ai horreur de me tartiner la tronche avec des crèmes anti-rides et tout ça. Et pour parler du pouvoir du Coté Obscur… ben… heu… non, merci. Je n’ai pas envie de me faire enfermer dans les pierres des murs humides de temples perdus au milieu de la jungle. Le puit de fusion, ça ne me dit pas trop, non plus. Pas plus que de me faire couper les mimimes avant de perdre la tête. Les cuirasses noires et les respirateurs, c’est pas mon délire. Je préfère des gardes robes plus légères. Et quitte à respirer avec un truc artificiel, j’aime mieux faire comme le commandant Cousteau, Nicolas Hulot, à la rigueur. C’est bien plus joli. Sinon, il reste l’option supermegalo sur un trône dans une super station de combat. Mais là aussi, ça finit après une chute dans un réacteur. Ça finit toujours mal quand on se met du coté des méchants. Non, vraiment. En plus, ce n’est pas du tout ma nature. Je suis une gentille, en dépit de mon caractère de chien.
_Ça y est ? Tu as fini ? Tu parles beaucoup trop Lusiana.
_Ça doit être Cici qui a détint sur moi.
_Tu veux parler de Sylcat. Il parait qu’elle est aussi ma fille.
_Je ne parlais pas de Syl. Je parlais de ma pada. Quelqu’un que j’ai connu sur Terre. Quelqu’un qui me manque déjà beaucoup, comme tout ceux… enfin, bref. Si vous pensez pouvoir m’avoir en me disant que si je ne viens pas vers vous, peut-être qu’elle le fera, c’est raté. J’ai confiance en elle. Et avant de la faire sombrer, faudra m’avoir foutu une dense. Vous disiez que je parle de trop. N’est ce pas ? Alors peut-être que nous devrions passer à autre chose. Sinon vous allez finir par croire que je cherche à gagner du temps.
_Et c’est le cas ?
_Pas vraiment. J’ai plutôt l’impression que c’est vous qui me poussez à parler. C’est vous qui cherchez à gagner du temps.
_Et pourquoi ferais-je ça ?
_Je ne sais pas. A vous de me le dire… ou plutôt, laissez-moi donc deviner. » Je continuais à le regarder intensément, attentive au moindre de ses gestes, au moindre battement de cil, car en vérité, je savais ce que j’allais lui dire. Je n’avais pas besoin d’y réfléchir tant que ça. « J’ai une première idée : Shmi et son fils sont déjà en route pour un endroit connu seulement de Palpatine. Et vous voulez éviter qu’on leur colle trop vite au train. Deuxième idée : vous attendez ici ce bien aimé ex-futur empereur qui doit prendre livraison du petit. Parce que forcement, il ne va pas s’encombrer de la mère. Enfin troisième hypothèse, qui n’est pas incompatible avec l’une des deux première : vous savez que Mace et Qui-Gon ne nous laisseront pas ici sans rien tenter. Et vous attendez que tout le monde soit réuni pour nous piéger, voir faire en sorte que Qui-Gon se range de votre coté. C’est vrai qu’il vous… quoi déjà ? Ah oui ? Il vous voue une admiration sans borne.
_Il ne t’est donc pas venu à l’idée que je pourrais moi aussi vouloir le bien de cette galaxie et que nous sommes dans le même camp ? »
J’éclatais à nouveau de rire.
« _Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu ! Dooku ! Je vous en prie. N’insultez pas mon intelligence. Elle me vient de vos gênes. C’est vous-même que vous insulteriez. Finissons-en Dooku. Accouchez ! Qu’est ce que vous cherchez ? Qu’est ce que ça peut vous faire maintenant de nous le dire, puisque nous allons mourir.
_La même chose que toi, Lusiana : proteger l’Elu et sauver la galaxie.
_Je ne cherche pas à sauver la galaxie. Je n’ai pas cette pretention.
_Ah non ? Alors pourquoi es-tu là si ce n’est pour empecher les mechants Sith de prendre le pouvoir ?
_N’est ce pas notre devoir à nous autres Jedi d’empecher le mal de se repandre ?
_Tout à fait. Mais tu te trompes de cible, Lusiana.
_Je ne crois pas non. Mais quelle importance ? Vous êtes tellement certain que c’est vous qui avez raison, que tout ce que je pourrais dire, tout ce que Kiara pourra vous dire n’aura pas d’importance face à vos ambitions.
_C’est ton choix Lusiana. Et tu ne vas avoir que ce que tu mérites puisque tu es à ce point butée au point de ne pas vouloir voir où est ton intérêt. Mais peut-être que Kiara a un autre point de vue. On ne l’a pas beaucoup entendue.
_Peut-être parce que je n’ai rien à vous dire, Dooku. » Répondit sèchement ma sœur.
« _Alors ?
_Alors quoi ? Qu’est ce que vous voulez ? Que je vous dise, oui Papa, je me range de votre coté ? Primo, vous pourriez le prendre pour de la lâcheté face à la mort. Et dans ce cas, vous ne m’accorderiez peut-être même pas un sursis. Deuxio, ce serait trahir tout ce en quoi je crois. Alors voici ma réponse : allez vous faire foutre, Père. » Conclut-elle en appuyant sur le mot Père.
L’assemblée commençait à s’impatienter. Elle voulait sa petite distraction. Elle n’était pas là pour nous écouter discuter. Elle voulait sa dose d’adrénaline, d’excitation et de sang. Je sentais la tension malsaine monter autour de nous.
Nos minutes étaient comptées. On pouvait bien nous laisser fanfaronner pendant encore quelques secondes.
Nous ne pouvions utiliser la Force de manière trop flagrante. Il ne fallait pas prendre Dooku pour un bantha de lait. Je trouvais pourtant un moyen pour dissimuler mes tentatives de déverrouiller nos menottes. Pendant tout le temps que j’avais gagné à parlotter avec Dooku, j’avais lancé de manière désordonnée des traces de peur et de colère faussement mal contenue. Je voulais leurrer Dooku. Je voulais lui faire croire qu’il pouvait lire en moi à mon corps défendant. Derrière ce rideau de fumée, je parvins à toucher l’esprit de ma sœur. J’avais voulu lui expliquer mon plan. Mais je me ravisais. J’oubliais un peu vite que si sur Terre, ma sœur avait une longue expérience de maître Jedi, ici, dans la réalité, elle n’avait jamais reçu d’entraînement véritable, et donc était trop peu expérimentée face à Dooku.
« _Allez, Dooku. Finissons-en ! » Lui lançais-je.
« _Tu es donc pressée de mourir ?
_Et pourquoi pas ?
_Cette attitude m’étonne de toi, Lusiana.
_Ça prouve bien que vous ne me connaissez pas.
_Tu es trop orgueilleuse, Lusiana. Tu n’es pas aussi forte que tu le crois. Tu n’es qu’une écervelée. »
Kiara me regarda étonnée. Alors je ne cherchais plus à gagner du temps ? Je baissais les bras ? Je n’allais donc rien tenter ? Patience, ma sœur. Patience. Ça ne va plus être long maintenant.
Jabba aussi commençait à en avoir assez de nous écouter.
« _Jabba ! Tu ignores tout des véritables intentions de Dooku. Si tu crois pouvoir tirer profit de ce qu’il t’a promis, fais-moi confiance, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Tu es en train de te faire rouler en beauté. » Le Hutt eut un geste d’agacement. Je me doutais que ça n’allait pas le convaincre. Je n’allais pas la jouer Luke Skywalker et lui dire qu’il allait regretter de nous tuer, que ça allait cause sa perte. Le Hutt était trop certain de sa supériorité pour m’écouter. Et nous n’étions pas du tout en position de pouvoir le menacer en quoi que ce soit avec nos mains menottées. « Jabba ! Tu veux avoir du spectacle, n’est ce pas ? Mais quel spectacle comptes-tu avoir si tu nous jettes au rancor les mains liées, il ne va faire de nous qu’une bouchée. Et en dix secondes, ta petite attraction sera déjà terminée. Je doute que tes invités apprécient quelque chose d’aussi peu excitant. » Le Hutt sembla tout d’un coup un peu plus intéressé à ce que je disais. « Nous n’avons pas de sabre laser, ni aucune arme d’ailleurs. Ce qui donne un avantage certain à ton petit animal de compagnie. Que pourrions nous faire contre lui à mains nues ? ça ne pourra que pimenter ta petite attraction, si malgré tout nous arrivions à nous défendre un peu. Ça va faire durer le plaisir.
_Grand Jabba, elle cherche à vous duper. C’est une Jedi. » Lui murmura alors Dooku. « Faites moi confiance. Je suis votre ami, n’est ce pas ?
_Et tu es Jedi aussi, Dooku. Un Jedi félon ! Un traître à ses maîtres ! Tu as tourné ta cape. Tu t’es vendu à tes ambitions personnelles. C’est vrai que tu es bien plus digne de confiance que moi ! Jabba ! Laisse-nous un baroude d’honneur ! Notre dernier !
_Ne l’écoutez pas, Grand Jabba. Si vous les libérez de vos entraves, vous risquez de le regretter. Vous ne savez pas de quoi elle peut être capable.
_Ah tiens ! Maintenant je suis redoutable ! On se méfie de moi Dooku ? Je croyais que je n’étais qu’une écervelée bien moins forte que je ne le crois ?
_C’est une perfide, Grand Jabba. Comme tous les Jedi. Voilà pourquoi j’ai quitté l’Ordre. Ce sont tous des perfides sous leurs grands airs de dignité et d’honorabilité. »
Mais j’avais fait mouche. Et Jabba préférait son plaisir aux conseils de prudence que lui donnait Dooku. D’un geste, il ordonna qu’on nous libère de nos menottes magnétiques. Et aussitôt la lourde trappe s’ouvrit sous nos pieds.
La fête n’était pas terminée. La fête ne faisait que commencer. Apres Sisters Act I contre le Cornu méchant pas beau, on en était maintenant à Sisters Act II les Dents du Désert !
Nous nous retrouvâmes sur nos popotins à glisser dans un court boyau creusé dans le sol de la grande salle, et nous arrivâmes de manière bien peu digne dans la fosse du rancor. Jabba et ses invités se massèrent autour de la lourde grille de duracier qui les protégeait tout en leur permettant d’assister au spectacle. Salacious Crumb poussait des rires stridents et hystériques, alors que nous nous relevions déjà.
« _Tu es prête, Sister ? » Demandais-je à ma sœur.
« _Je sais plus comment le Bouseux a réussi à se débarrasser de la bébête ! » Me répondit Kiara paniquée.
« _Quand on sera de retour à Coruscant, tu vas me faire le plaisir de visionner la Trilo en boucle pendant une semaine !
_Et comment je vais pouvoir faire ça ? La Trilo n’existe pas ici !
_Ah oui, mince ! On va s’arranger. J’ai une idée, on réécrit le scénario toutes les deux, on en fait des holos, et on se fait autant de tunes que Jojo. Ensuite, dans trente ans, on tourne la Prélo et re-bonus dans les fouilles des Sisters. Qu’est ce que tu en penses ?
_Que ce n’est pas le moment de discuter de ça ! » S’écria alors ma sœur encore plus paniquée.
La lourde porte était en train de se soulever, et le rancor arrivait, féroce et avide…