Je m’élançais vers la sortie. Mais nous fûmes confrontées à nouveau à un problème de porte. Ranky n’allait pas pouvoir sortir de la grande salle.
« _ça commence à me saouler cette histoire ! » Grommelais-je.
« _La baleine devait bien passer par quelque part avec son skateboard format porte-chasseurs. » fit remarquer Kiara.
« _Voyons voir par là. » Dis-je alors en contournant le cadavre du Hutt.
Je montais quelques marches et je vis une grande porte à doubles battants coulissants. Je les ouvris en pianotant sur le clavier de commandes juste à coté.
« _Tu dois pouvoir passer par là en te baissant un petit peu, Ranky.
_Si ça passe pas, je n’ai qu’à casser les murs.
»
Quelques secondes plus tard nous étions dans une grande salle qui avait deux bassins remplis de boue en son milieu.
« _Par ici la visite. Ici vous avez les baignoires de Jabba. Sentez ce parfum. Le Seigneur Jabba aimait prendre soin de lui et ne manquait jamais de faire ses ablutions dans des bains remplis d’herbes aux senteurs… exotiques. » Dis-je à la manière d’un guide de monument historique.
De leur coté, Qui-Gon et Mace s’étaient vite retrouvés aux prises de Dooku, de Fett, et de leur bataillon de droïdes, sans compter les sous-fifres de Jabba qui n’entendaient pas qu’on les empêcha d’avoir leur part de gâteau.
Pourtant, les tirs de droïdes, tels un rideau de feu n’arrêtaient pas les deux maîtres. Leurs lames tournoyaient à en donner mal à la tête par la rapidité des mouvements lumineux. Ils renvoyaient les rafales meurtrières, qui enveloppaient alors leurs propres tireurs d’éclairs bleus grésillant, et surchargeant leur neuroprocesseurs. Ils tombaient lourdement sur le sol pendant que les deux Jedi avançaient pas à pas. Des bras volaient, sans une tache de sang, les plaies béantes aussitôt cautérisées par la puissance des lames lasers.
Les deux maîtres déployaient tout leur savoir du combat. Il guerroyaient de concert (ça sert d’avoir fait des études de lettres durant un rêve de trente neufs jours). Amis depuis des années, depuis leurs premières passes d’armes au Bear Clan, complices, et fut un temps, court mais qui compta quand même, rivaux (et oui, obtenir mes faveurs engendre parfois quelques tensions) les deux Jedi étaient en totale symbiose durant ce combat incroyable.
Vint le moment où ils arrivèrent dans un immense hangar, là où Jabba garait son immense barge pour la protéger des affres du climat désertique de Tatooine et de ses tempêtes de sable. Le Hutt y appontait aussi une armada défensive petite mais conséquente, ainsi que son yacht interstellaire. Les vaisseaux de ses illustres invités pouvaient aussi y trouver place et du personnel pour son entretien. Autant dire que l’endroit était aussi grand que Roissy Charles de Gaulle. Rien que ça. Tout ça en souterrain, sous les montagnes rocheuses. Et l’ouverture d’envol surplombait une falaise vertigineuse donnant sur un paysage issu du croisement de Dame Lune et du Seigneur de Gobie.
Quelques uns des vaisseaux des invités du Hutt avaient déjà pris la poudre d’escampette, libérant assez de place pour que les Bleus se prennent une taule par le Sénégal et un nul par la Suisse, en même temps.
Au milieu des tirs de blaster qui illuminaient le champ de bataille pire qu’un soir de 14 juillet à la Tour Eiffel, Fett et Dooku se tenaient droits comme des I.
Qui-Gon resta interdit à une dizaine de mètres de son ancien mentor.
« _Qui-Gon ! » lui hurla Mace pour lui rappeler qu’on leur tirait dessus.
La lame verte se joignit à nouveau à la lame pourpre du Korunai pour repousser les droïdes.
Les deux Jedi étaient toujours encerclés par les droïdes. Et même si leur dextérité leur permettait de lutter à deux contre trente, ils n’allaient pas pouvoir tenir longtemps comme cela.
Tout en combattant, Mace se posait la question de savoir pourquoi Fett et Dooku restaient là, à les regarder, jouissant visiblement du spectacle. Le chasseur de prime et son employeur félon avaient tout le temps de prendre un vaisseau et s’en aller.
Dooku devait pourtant bien se douter que deux Jedi tels que Mace et Qui-Gon n’avaient pas peur de quelques droïdes et quelques contrebandiers. La réputation de Mace n’était plus à faire, pas plus que celle de Qui-Gon qui avait été le padawan de Dooku. Il les connaissait donc fort bien.
Alors que cherchait-il ? Pourquoi Mace avait-il cette impression qu’ils attendaient les deux Jedi. C’était bien ça. Dooku et Fett attendaient Qui-Gon et Mace pour les affronter eux-mêmes.
Il ne restait plus qu’une demi douzaine de droïdes quand Fett décida d’entrer dans la danse. Armé de son célèbre lance-flamme dont son poignet était équipé, volant dans les airs grâce à son jet back pack, le redoutable chasseur de prime s’élança sur Mace pendant que Dooku activait sa lame laser et s’en prenait à son ancien padawan.
« _Comme nous nous retrouvons, Qui-Gon. » Déclara mon père en levant sa lame incandescente pour saluer Jinn de manière académique.
« _Alors Lusiana avait donc raison. » Grommela mon ancien maître en guise de réponse. « Vous avez décidé de trahir !
_Trahir ? Comme voilà un bien grand mot. Qu’est ce que tu connais de la trahison, mon cher ancien padawan ? Manifestement, pas grand-chose, étant donné que tu ne te rends pas compte qui trahit qui dans cette histoire.
_Je suis fidèle à vos enseignements, Maître. » Répondit Qui-Gon alors que leurs lames commençaient à s’entrechoquer.
« _Non, Qui-Gon. Si tu étais aussi fidèle que tu le dis, tu aurais déjà ouvert les yeux. Et tu verrais que ce sont les Maîtres du Conseil qui ont trahi des générations de Jedi, qui trahissent la Force.
_Votre vanité vous aveugle, Dooku.
_Tiens, tu ne m’appelles plus Maître ? A ta guise.
_Vous êtes un beau parleur, Dooku. Et les yeux, je viens de les ouvrir. Je ne voulais pas croire Lusiana quand elle m’a dit que vous étiez un traître. Je ne pouvais pas le croire. Je viens de me rendre compte qu’elle avait raison. En définitive, tout ce que vous m’avez appris, jamais vous n’y avez cru vous-même. Battez vous, au lieu de bavarder.
_Je ne veux pas te tuer, Qui-Gon. Il est temps de terminer ta formation, désormais. Tu as toujours eu confiance en moi. Ne te laisse pas abuser par une gourgandine amère et jalouse d’avoir été séparée de toi.
_Lusiana n’a aucune raison de vous en vouloir pour cet épisode. Elle n’avait aucune raison de me mentir à votre sujet. » Gronda mon ancien maître.
« _Alors peut-être que c’est de moi qu’elle veut se venger. Peut-être qu’elle est jalouse de toi, d’avoir été mon padawan. Mon fils en réalité, alors que je n’ai pas été un père pour elle.
_Lusiana est quelqu’un d’honnête et de droit. Elle a suivi mon enseignement, que je tiens de vous, ne l’oubliez pas. Elle n’est pas comme ça. Et si vous le pensez c’est que vous la connaissez bien mal. Ou alors, peut-être que je ne vous connaissais pas aussi bien que je le croyais.
_Alors tu campes sur tes positions, Qui-Gon. Tes sentiments pour ton ancienne maîtresse t’aveuglent toujours, mon pauvre ami. Tu as toujours eu un faible pour elle. Et malgré les années qui ont passé, je constate que tu n’as pas su faire une croix sur cet amour que tu n’aurais jamais du éprouvé. Tu as toujours été trop sensible.
_Dans ce cas, remettez en question votre propre enseignement, Dooku.
_Tu ne veux donc pas écouter mes arguments ? Tu ne me fais donc plus confiance. T’ai-je menti un jour ?
_Oui. Vous m’avez toujours menti. J’aurais du comprendre il y a bien longtemps que vous étiez trop vaniteux pour un jour ne pas quitter l’ordre pour servir vos propres ambitions. Vous n’avez jamais admis ne pas avoir été nommé au Conseil. Cela vous est toujours resté en travers de la gorge. Votre puissance et vos pouvoirs ont fini par vous aveugler. Et aujourd’hui vous avez perdu le sens du bien en vous liant à des gangsters, à des esclavagistes, à des profiteurs.
_Je sens ta colère monter, Qui-Gon. Attention, tu vas finir par sombrer.
_Ne vous occupez pas de ma colère. Occupez vous plutôt de vous battre. Vous vieillissez, Dooku. Vous n’êtes plus aussi alerte que par le passé.
_N’oublie pas qui t’a tout appris. Tu as la mémoire courte, mon ancien padawan. »
Les deux hommes, qui n’avaient cessé de bretter pendant leur dialogue, redoublèrent d’intensité dans leurs passes d’arme, sans qu’aucun ne puisse prendre l’avantage sur l’autre. Et pendant ce temps Mace luttait contre Fett.
Le chasseur de primes était très habile. Il évitait tous les tirs de laser que lui renvoyait mon époux. Bondissant sur les carlingues de vaisseaux, sur les caisses de fret, entre les câbles et les engins de maintenance, Fett et Mace se livraient à un balai mortel dont aucun ne voulait sortir vaincu.
Soudain, alors que Fett venait d’activer son lance-flamme une nouvelle fois, Mace évita le jet de feu en bondissant par-dessus le chasseur de primes. Celui-ci n’eut pas le temps de se retourner. La lame du maître Jedi frappa le jet pack et le désactiva. Jango tomba au sol en même temps que Mace reposait pied à terre. Mais Windu fut plus rapide. Et lorsque Fett allait faire face à mon époux, un éclair pourpre zébra l’air et décapita le chasseur de prime. Sa tête, toujours dans son casque acier et bleu alla rouler à quelque pas, alors que le corps était encore debout, comme cherchant ce qui pouvait lui manquer, avant de s’effondrer lourdement à son tour.
D’autres droïdes de combat arrivèrent alors à leur tour, empêchant Mace d’aller prêter main forte à Qui-Gon aux prises avec Dooku.