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Par Lusiana Windu


Chapitre 39

Il n’allait pas être simple de nous supporter tous dans l’étroit espace d’un vaisseau conçu à l’origine pour le voyage de notable hapien. Et nous avions une jeune rancor endormie dans la soute. La reine de Hapes ne devait certainement pas avoir imaginé un tel animal dans le luxueux vaisseau qu’elle m’avait offert par amitié, il y avait maintenant un certain nombre d’année de cela.
Les heures s’écoulaient doucement. Nous étions fatigués. Nous étions extenués.
Tant de choses avaient changé en quelques jours. Peut-être trop. Et savions-nous vraiment jusqu’où les choses avaient changé ? Sans doute pas encore. J’avais du mal à me vider l’esprit de tous les événements qui avaient bouleversé ma vie depuis mon réveil. Et quel réveil étrange ! Je me croyais terrienne, et j’étais starwarsienne.

Her name was Leia, She was a princess With a Danish on each ear And Darth Vader blowing near…

Cette petite chanson me tournait dans la tête pendant que je déambulais dans le vaisseau. Je m’inquiétais de l’un, rassurait un autre, souriait à un troisième…
Et puis, il y avait ce jeune Zabrak…
Celui-là m’intriguait. Il y avait quelque chose dans ses yeux, quelque chose que je n’arrivais pas à définir. Quelque chose comme de l’espoir qui tentait de briller envers et contre tous les affres des ses jeunes années.
Sister, elle, ne savait pas où donner de la tête. Nos ex-esclaves étaient dans un tel état de santé que s’en était à faire rendre leurs stétodatascopes à tous les étudiants de la fac de médecine de Coruscant. Je l’enviais. Elle n’avait pas le temps de penser à autre chose que de soigner ces gens. Mais moi…
Les images, les sons, les odeurs de ma vie terrienne me revenaient sans arrêt. Je n’arrivais pas à me dire qu’avant de me réveiller j’étais déjà Lusiana, cette Lusiana que je croyais avoir imaginée.
So Artoo Deetoo
Found Ben Kenobi
He had to give the Death Star’s plans
Into the Rebellions’s hand
So Luke and Obi-Wan
Had to get to Alderaan
So they stopped into Mos Eisley
To have a drink with Han

At the Starwars
Starwars Cantina
The weirdest creatures you’ve ever seen-a
At the Starwars
Starwars Cantina
Music and blasters
And old Jedi Masters
At the Starwars

Qui est ce qui avait pondu cette chanson débile ? D’abord, ça ne pourrait plus se faire. Nous avions changé l’histoire. Du coup, nous n’étions plus certain de rien.
Tout ce que nous savions de l’histoire, Kiara, Seipher et moi n’avait plus lieu d’être. Les événements ne se dérouleraient plus de la même manière. Comment allions nous pouvoir nous en sortir alors ?
Pour sauver Kiara, c’était facile. Il fallait juste arriver au bon moment. Mais pour sauver Qui-Gon ? Quand est ce que ce serait le bon moment ? Il n’allait plus avoir à combattre Maul sur Naboo. Le Tatoué venait d’avaler son râtelier et son acte de naissance tout autant pourris l’un que l’autre.
Comment faire pour empêcher Palpatine de prendre le pouvoir au Sénat ? Ce n’était plus la peine. Le Ridé se doutait bien que nous avions tout découvert. Il allait changer de tactique. Ce qui voulait dire plus de bataille de Géonosis. C’était déjà ça. Mais j’y pense. C’était à Geonosis que Popa recevait les plans de l’Etoile Noire. Il allait falloir s’occuper de ça aussi. Parce que je suppose que ce cher ami Bevel n’allait pas tarder à commencer ses recherches si ce n’était déjà fait. Pas question que les plans d’un tel engin tombent dans n’importe quelles mains. A noter sur mon datapad : lancer un avis de recherche sur Bevel Lemelisk.
En attendant, il fallait retrouver le petit Anakin et sa maman. Et tous nos points de repères s’étaient envolés. Nous avions changé la donne.

Dans quelques jours nous allions arriver à Cularin. Le sort des ex-esclaves allait être remis entre les mains des représentants d’une association d’aide Naboo.
Ensuite…
Ensuite, Dathomir. Mais qu’est ce qui nous attendait au juste sur cette planète ?
Je rassemblais autant que je pouvais mes souvenirs de lecture.
Les sorcières… société matriarcale… chouette ! Les mecs allaient devoir nous obéir au doigt et à l’œil. Mais il y avait aussi les Sœurs de la Nuit. Cette appellation me paraissait bien trop poétique pour designer les peaux de Krayt qu’étaient ces mégères. Sœur de la nuit… ça m’avait toujours fait pensé à la Reine de la Nuit et son grand air Mozartien.
Je secouais la tête. Ça y est. Me voilà repartie avec mes références terriennes.

« _Et si tu cherchais tout simplement dans l’ordinateur de bord ? »
La voix de Mace me tira de mes pérégrinations mentales.
« _J’ai déjà regardé. Mais il n’y a rien que je ne sache déjà. » Répondis-je sombrement.
« _Sans doute que la base de donnée de l’ordinateur de bord n’est pas aussi complète que ce que tu pourrais trouver au Temple. Quand nous sortirons de l’hyperespace, envoie un message urgent et codé à Maître Nu pour qu’elle t’envoie tout ce qu’elle a sur Dathomir.
_Oui, bonne idée. »
Je m’étais tue.
« _Qu’est ce qui te tracasse ? » Me demanda Mace au bout de quelques secondes.
« _Bof… je sais pas… ça doit être la fatigue.
_Sans doute. Mais je te connais. Il y a autre chose.
_Je suis à coté de mes pompes.
_Tu quoi ?
_Je suis à coté de mes godasses. Je ne sais pas où j’en suis, quoi.
_ah d’accord. Expression…
_Terrienne.
_Voilà. Et donc…
_L’histoire a changé, Mace. Et je ne sais plus où on va. Quand je me suis réveillée, tout était tellement simple. Je savais ce que j’avais à faire. Mais maintenant…
_Tu devais bien te douter qu’à partir du moment où quelque chose changeait dans le déroulement des événements que tu connaissais tout le reste allait en être changé également.
_Oui, mais… C’est comme si… Comme si…
_Comme si tu ne connaissais plus l’avenir ?
_Oui, c’est ça.
_Mais nous vivons ainsi chaque jour, chaque heure, chaque minute, Iana.
_Je sais. Mais…
_Iana, tu as eu la chance de voir ce qui aurait pu arriver si… si, Iana. Seulement si, Iana. Et tu as vécu une expérience que seule une très grande Jedi peut vivre. Tu as vu ce qu’aurait pu être l’avenir. Et tu as agi en ton âme et conscience par rapport à ce que tu savais. C’est comme ça que nous faisons des choix, que nous prenons des décisions. Tu n’as rien fait d’autre que ce que nous faisons tous. Sauf que toi et ta sœur avez eu un peu plus d’informations que d’habitude pour prendre les vôtres.
_Vu comme ça…
_C’est la seule manière raisonnable que tu as de voir les choses. » Conclut-il en m’embrassant sur le front.

Mais j’étais toujours d’humeur maussade. Et ça m’énervait prodigieusement. Et comme j’étais énervée, j’étais encore plus maussade. Intérieurement, je pestais. Maître Jedi ! Non mais franchement ! Moi ! Un maître Jedi ! Moi qui ne connaissais de la patience que son orthographe. Moi qui ne savais que foncer et réfléchir ensuite. Moi qui montait plus vite que le lait sur le feu. Maître Jedi ! Elle était bien bonne celle-là. Et en plus, je n’avais pas le choix. Il fallait que j’assume.
Si je tenais le c… qui avait imaginé Starwars ! Mais bien sûr, je ne pouvais pas le tenir puis que Starwars n’était pas imaginaire mais la réalité. Bon sang que j’étais mieux dans ma vie terrienne. Il y avait une grande différence entre imaginer sauver l’univers et délirer sur un forum avec une bande de cinquante barjots et devoir vraiment sauver la galaxie. Il n’y avait que ma sœur à s’éclater comme une malade dans sa nouvelle vie starwarsienne.
Bon ! Si j’allais casser une graine. On réfléchit mieux l’estomac plein, parait-il. Voilà une maxime que Cici aurait pu faire sienne si le Legacy avait existé. Qui sait… Existera-t-il peut-être un jour. Alors ça voudra dire qu’on n’aura pas réussi à sortir la République de la panade. Mais en attendant, il fallait essayer de la sauver cette Republique.
Non. Fais le ou ne le fait pas. Il n’y a pas… ça va ! ça va ! je la connais la chanson.

His name was Yoda
He was a muppet
Darth Vader was so bad
By the was he’s Luke’s dad
Luke kissed his sister
His hand got cut off
In a galaxy far far away
Luke has had a lousy day
Boba Fett was so mean
Jabba has bad hygiene
Why didn’t they all just relax
Back on Tatooine

At the Starwaaaaars
Starwars Cantinaaaaaa
The weirdest creatures you’ve ever seen-a
At the Starwars
Starwars Cantina
Music and blasters
And old Jedi Masters
At the Starwaaaaaaaars

« _Qu’est ce que tu chantes, Maman ? » m’interrompit alors Obi-Wan. « Et je ne savais pas que tu savais danser ! »
Je sentis le rouge me monter aux joues.
« _Tu ignores beaucoup de chose sur moi, mon fils. Crois-moi, tu n’es pas au bout de tes surprises. Tu me verrais dans le tango argentin… vavavoum !
_Le quoi ?
_Ah oui, c’est vrai. Tu ne sais pas ce que tu perds. » Soupirais-je. « Et toi cesse de rire comme une baleine. Sinon, je te fais danser la lambada et la macarena ! Vu ?
_je préfère le hip-hop.
_Et bien, ça risque plutôt d’être la danse du sabre, si tu continues de te marrer. » A mon air, Seipher sut qu’il devait s’arrêter. « Qu’est ce que vous faites ?
_On a mangé un peu et on va aller voir ce qu’a fait ce jeune zabrak qui était esclave. Je lui ai prêté mon datapad. C’est dingue ce qu’il arrive à faire avec holotoshop. » Me répondit Obi-Wan.
« _tu devrais venir voir, Lusie. Il t’arrangerait peut-être le portrait. » Se moqua Seipher.
« _S’il pouvait te refaire la langue, Minisith. Bon allez vous détendre un peu. Mais n’oubliez pas que vous êtes des Jedi avant tout. Si les réfugiés ont besoin de vous, vous les aidez. D’accord ?
_Oui, Maître. » Me répondit mon fils.

En arrivant près de la cambuse, j’entendis des éclats de voix. Je reconnus sans peine celle de mon ancien maître et celle de ma sœur. Aïe ! ça se présentait mal, cette affaire. La love story du siècle tournait au vinaigre avant d’avoir commencé. Je me remémorais alors mes cours de technique littéraire du roman. Il faut toujours que les deux protagonistes passent une période de déchirement voir de haine pour pouvoir mieux se retrouver. Ça fait partie de la dynamique dramatique. Ouai, mais bon. Je n’étais plus devant un amphi d’étudiants à la Sorbonne ou à Harvard. J’étais dans un cigare métallique volant dans une galaxie far, far away. Alors la dynamique du roman, on allait oublier cinq minutes.
« _... Je ne vous ai pas demandé de me materner. » Lança mon ancien maître.
_Je vous remercie à mon tour. Je ne cherchais pas à vous materner. Je voulais juste me montrer gentille en vous apportant une tasse de thé. Vous n’avez rien avalé depuis des heures. Et suis médecin et…
_Je ne suis pas votre patient, Docteur Wells.
_Je voulais juste vous apporter une tasse de thé par pure gentillesse. » Répliqua ma sœur du haut de son mètre cinquante deux, bien campée les mains sur les hanches devant BBE. Mais non ! Pas Before Battle of Endor !!! Big Blue Eyes. Par contre, BBY, ça ne veut pas dire Big Beurk Yoghourt, ça veut bien dire Before Battle of Yavin.
« _Je n’avais pas besoin de thé. J’aurais pu me servir tout seul si j’en avais eu envie.
_Et bien carrez vous la où je pense votre tasse de thé. Et grand bien vous fasse. Ça m’apprendra à être sympa. »
Et toc ! Elle est bien ma frangine !
« _Je ne vous ai pas demandé d’être sympa. Je n’ai que faire de votre sollicitude.
_Et bien tant mieux. Parce que je ne vous la donne pas. Vous ne méritez même pas la compassion que je ne peux m’empêcher d’éprouver pour vous.
_De la compassion… un bien grand mot, Docteur Wells. L’employez vous entant que médecin ou bien parce que vous pensez qu’éprouver de la compassion fait de vous un Jedi ?
_J’éprouve certainement plus de compassion pour vous entant qu’être humain que vous ne pourrez jamais en éprouver pour un mynock tout Jedi que vous êtes, Maître. » Persifla-t-elle entre ses dents. « Et si vous ne vouliez pas être dérangé fallait mettre le petit écriteau à la porte du cockpit. Do not disturb. Oh et puis zut ! J’ai autre chose à faire que de me prendre le chou avec un échalas à la barbe mitée même pas foutu capable d’avoir un kimono repassé. »
Et re-toc !
Elle le planta là, et entreprit de ranger un peu la cambuse à petits gestes nerveux.
« _ça va aller, là, oui ? On n’entend que vous. Vous allez réveiller Ranky.
_Elle est en transe. Elle ne va pas se réveiller comme ça. » Me répondit Qui-Gon en haussant les épaules.
« _Non. Mais je vais peut-être le faire histoire que tu nous foutes la paix quand elle t’aura bouffé.
_C’est sensé être drôle ?
_Non. Par contre toi, tu as plutôt intérêt de ne pas continuer à la ramener parce que ça va être la Saint Barbu.
_Je vois. Solidarité entre sœurs.
_Si tu veux. Maintenant, écoute-moi bien, Maître Jinn. Que tu aies du mal à digérer la mort de Dooku, ça, on peut le comprendre. Mais que tu t’en prennes à tout le monde, là non.
_Dooku était mon maître. Tu ne peux pas comprendre.
_Ben non. C’est vrai que moi je n’ai jamais perdu de maître. Toi aussi tu étais mon maître. Et tu étais mon amant, et le père de mon enfant. Pourtant j’ai surmonté la séparation qu’on nous a imposée. Et je suis devenue chevalier Jedi. Parce que quand cela s’est produit, je n’avais pas fini ma formation. Donc je n’étais pas expérimentée comme un maître pour surmonter ce genre d’épreuve.
_Sauf que je n’étais pas mort.
_Crois-moi. A l’époque, j’aurais préféré. Au moins, je n’aurais pas été tentée de prendre la poudre d’escampette pour écumer la galaxie à ta recherche. Et je n’aurais pas eu le cœur broyé chaque fois que j’entendais parler de toi ou que je t’apercevais au Temple. C’était pire. Tu étais vivant, et je ne pouvais plus rien partager avec toi. Moi aussi je n’avais que mes souvenirs et ma douleur.
_Quant à Dooku, c’était notre père. » Continua ma sœur sur la même lancée. « Vous au moins, vous avez partagé des bons moments pendant des années. Lus’ et moi, tout ce que nous avons de lui c’est une image d’infâme traître qui n’a pas hésité à nous livrer en pâture à une rancor et deux minutes de rédemption. Vous, personne ne pourra jamais vous enlever ces années où vous avez été son padawan. Personne ne pourra jamais vous enlever tout ce que vous avez partagé, l’affection et l’attention dont il vous a entouré.
_Dooku ne pourra plus jamais être un père pour nous. Il ne pourra plus jamais nous donner ce qu’il t’a donné. Alors franchement ! Qui doit souffrir de sa mort ? Tout le monde. Et chacun pour des raison qui lui sont propres et qui sont toutes autant importantes les unes que les autres.
_D’accord. Vous avez raison. J’ai peut-être été un peu trop… égoïste. » Admit-il. « Mais j’avais quand même le droit d’être un peu seul, non ?
_Mais ça fait 24 h qu’on te fout la paix. Alors arrête un peu ton cirque. Et ça ne te donne pas le droit de parler sur ce ton à quelqu’un qui t’a juste offert une tasse de thé et qui s’est un peu préoccupé de toi pendant que tu ne te préoccupes de personne ici. Je te signale que pendant que tu méditais, Maître Kiara s’occupait de tout le monde en dépit de toutes les souffrances qu’elle peut endurer.
_Personne ne l’a forcée à quitter sa famille et Naboo.
_Qui-Gon Jinn, au cas où je ne te l’aurais jamais dit, tu n’es qu’un sombre crétin ! » Vociférais-je.
Punaise ! C’est quand même cool d’être vraiment Lusiana de Starwars, traiter Qui-Gon Jinn de crétin c’est pas donné à tout le monde.
_Je ne te permets pas.
_J’ai passé l’âge d’avoir ta permission pour te dire ce que j’ai à te dire. Tu n’es qu’un nul et un égoïste. Pour un maître Jedi, tu manques singulièrement de psychologie. Tu n’as rien compris à ce que Kiara et moi avons pu vivre. Tu ne sais rien de ce que nous traversons depuis que nous sommes réveillées.
_Lusie, tu m’as raconté ton histoire. Et je me doute bien que ça ne doit pas être simple à vivre.
_Non, Qui-Gon. Tu ne sais rien. Ce sont des vies entières que nous avons perdues. Rends-toi compte que pour nous cela n’a pas duré trente-neuf ou quarante-neuf jours, ou même seulement sept pour Seipher. Nous avons vécu ces jours comme autant d’années. Des années, Qui-Gon ! Des années ! Je ne sais pas si tu te rends compte de ce que cela représente d’avoir perdu ce que l’on pense avoir été sa vie pour être propulsé dans une autre qui nous est quasiment étrangère. Ces jours qui étaient des années pour nous, nous les avons vécu chaque seconde du 1er janvier au 31 décembre, en passant par Pâques, les ponts du mois de mai, les vacances au Lavandou, la Toussaint et Noël. Et si ces dates ne te disent rien, pour nous, elles ont une signification importante, parce que cela correspond à des choses que nous avons vraiment vécues. Tu viens de perdre ton ancien maître. Mais tu devais t’y être préparé. Crois-tu qu’on vive éternellement ? Crois-tu que rien ni personne ne puisse tuer un Jedi ? Mais nous ? Pose-toi un peu la question de savoir combien de personne nous avons perdu dans la fraction de seconde qui nous a fait passer du coma à cette vie de taré de sauveur de l’univers.
_Mais ce n’était que des rêves, Lusie.
_Non, Qui-Gon. C’est ça que tu refuses d’admettre. C’est ça que tu ne veux pas comprendre. Dans les faits, peut-être que c’était des rêves. Mais dans notre émotionnel à nous, dans nos têtes, dans notre chair, dans nos cœurs et nos souvenirs, c’était aussi réel que d’avoir envie de te mettre mon poing dans la figure pour te faire voir ton égoïsme de plus prêt. Tu viens de perdre ton ancien maître ? Ouai ! Et bien nous, nous venons de perdre nos familles, même si parfois ce n’était pas du Tir à Missa de les supporter. Nous venons de perdre nos mères, nos pères, nos frères, nos sœurs, nos amis. Kiara vient de perdre un fils. Réalise un peu. Et pourtant qu’est ce qu’elle fait ? Elle fait son devoir et surmonte sa douleur. Elle ne se laisse pas bouffer par ses problèmes et fait son devoir, parce que c’est la seule manière de s’en sortir et de surmonter tout ça. Réalise un peu ! Nous venons d’être arrachée à tout un univers où nous avions un équilibre, nos marques, nos habitudes. Nous avions un passé, un présent, un avenir. Ce n’était peut-être pas génial. C’était certainement moins glorieux ou excitant que nos vies ici. Mais c’était nos vies. Et nous y étions actives. C’était peut-être des vies ordinaires. Mais c’était des vies, comme celles de ces réfugiés qui doivent se poser pas mal de question sur ce qui va leur arriver. Nos émotions étaient réelles, bien réelles. L’amour des gens qui nous entouraient nous touchaient réellement, leur colère et leur haine aussi. Et nous les aimions sincèrement, aussi sincèrement que j’ai pu t’aimer, aussi sincèrement que j’aime Mace et Obi-Wan. Et les larmes qui coulaient sur nos joues, nos cœurs qui s’emballaient, les coups que nous avons pris dans la tronche, tout ça, c’était bien réel.
_Lusie, je comprends que…
_Tais-toi. Je n’ai pas fini. J’ai perdu un mari avec qui c’était peut-être pas toujours rose, mais qui m’aimait réellement, qui s’est battu et avec qui je me suis battue pour préserver notre couple au fils des années. J’ai perdu mon père, un père qui m’a appris à faire du vélo, même si tu ne sais pas ce que c’est, un père qui m’a appris à pêcher, à nager, à faire de la plongée, de l’alpinisme, du ski nautique, qui était là quand j’avais de la fièvre, pour soigner mon genou écorché et m’engueuler pour mes notes de math. Et crois-moi, de me dire que ces hommes-là, ces hommes qui m’ont tant aimée, de me dire que non seulement je ne les reverrais plus, mais qu’en plus ils n’ont jamais existé, ça c’est dur et déstabilisent. Et c’est la même chose pour Kiara qui a perdu autant que moi sinon plus. Alors putain de bordel de merde ! Tu vas me faire le plaisir de faire honneur à la mémoire de celui pour qui tu te mets dans de tels états. Tel que tu es là, tu es indigne de l’estime qu’il avait pour toi. Alors tu vas arrêter de t’apitoyer sur ta douleur. Et tu vas honorer sa mémoire en étant ce qu’il t’a appris à devenir : un maître Jedi ! » Je me tus un instant pour souffler après ma tirade. « Et tu vas présenter des excuses à Maître Kiara. Et je dis bien Maître. Parce qu’elle est bien plus Jedi que toi. Et en plus elle est dingue de toi, alors lâche nous avec tes états d’âme. Réalise qu’il y a 17 ans tu t’étais juste gouré de sœur Dooku. Maintenant que tu as la bonne auprès de toi, vis ta vie. Vis la. Parce qu’il n’est pas dit que tu pourras avoir la même chance que nous d’en avoir eu deux. » Je me tus encore. « Une dernière chose. Tu étais bien moins chiant en statuette Applause. Sur ce, j’ai du boulot. Médite si tu veux mais arrête de faire chier. »

Sans m’en rendre compte j’avais ameuté une partie des occupants du vaisseau qui venaient d’assister médusés à la scène. Mace, nonchalamment appuyé le long de la paroi de la coursive, me regardait amusé.
« _Je ne sais pas si tu étais comme ça dans ta vie terrienne, mais moi, j’ai retrouvé ma Iana, telle que je l’ai toujours aimée. » Il se tourna vers Sorlon, et les autres. « C’est ma femme. »
Sorlon s’éloigna alors en lui donnant une tape amicale sur l’épaule. Etait-il à plaindre ou à féliciter ?