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Par Lusiana Windu


Chapitre 40

J’ouvris les yeux. Je ne m’étais même pas rendue compte que je m’étais endormie la tête appuyée sur la main. L’écran de la console affichait toujours les pages de documentation que je consultais avant que Morphée ne vienne m’emporter.
« _Maître, j’ai pensé que vous aimeriez un peu d’ardess à votre réveil. » Me dit le jeune Zabrak en déposant devant moi une tasse de liquide fumant à la douce odeur boisée.
« _Merci, mon jeune ami. » Répondis-je en portant la tasse à mes lèvres. « Hum ! Tu as même pensé au lait et au vanilium.
_Du vanilium d’Ithor, Maître. C’est le meilleur.
_Ton ardess est tel que je l’aime. Merci de cette attention.
_Je vous en prie, maître. C’est moi qui vous remercie de nous avoir délivrés.
_Quel est ton nom ?
_Zephir, Maître. Zelphir Khan.
_Khan… sur la planète Terre où j’ai séjourné il y a quelque temps, un empereur mongol s’appelait Gengis Khan. Il était très célèbre, une véritable légende. C’était un conquérant, mais surtout un dictateur en des temps où la barbarie était de mise. Khan veut dire le grand, ou Imperator, dans cette langue.
_J’espère ne jamais devenir ce monstre sanguinaire que vous avez l’air de décrire.
_Il ne faut pas juger trop vite, mon jeune ami. Il faut remettre les choses dans leur contexte. Même si certains actes peuvent nous sembler barbares avec le recul de l’histoire, il ne faut pas non plus oublier que c’est grâce à ces événements que nous sommes devenus ce que nous sommes. Aucun peuple ne peut se targuer d’avoir une histoire faite uniquement d’actes glorieux et nobles et de n’avoir jamais du versé le sang. Dis-moi. Comment as-tu su quand j’allais me réveiller ?
_Je n’en sais rien, Maître. » Me répondit-il un peu confus. « Je… je l’ai… senti. Oui, c’est ça. Je l’ai senti.
_Senti ? Explique-toi.
_Comment vous dire… j’étais en train de dessiner. Vous vous étiez endormie depuis déjà une bonne heure. Et dans le dessin… je vous ai vu apparaître. Vous étiez en train de vous réveiller. Alors j’ai regardé vers vous. Mais vous étiez toujours endormie. Je me suis levé. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me disait de préparer de l’ardess, et que vous n’alliez pas tarder à vous réveiller. C’était… comme une évidence. Voilà. Je ne peux pas vous en dire plus. »
Je ne répondis pas. Je regardais fixement le jeune garçon. Je le sentis quelque peu embarrassé sous mon regard.
« _Bon, et bien… je ne vais pas vous déranger plus longtemps.
_Attends. Tu aimes l’ardess ?
_Il m’arrive d’en boire. Mais ce n’est pas ce que je préfère.
_Tu aimes le vanilium ?
_Non. C’est trop doux pour moi. Nous autres Zabrak aimons les boissons un peu plus corsées. Surtout que j’ai mis du lait en plus.
_Alors comment as-tu su comment préparer ma tasse ?
_Je ne sais pas non plus. Cela m’est venu comme ça, en le préparant.
_T’est-il arrivé de te retrouver dans des situations similaires, où tu savais ce que tu avais à faire sans avoir besoin d’y réfléchir ? Est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’avoir des réflexes un peu étonnant ou bien de sentir un danger alors que rien de spécial ne l’indiquait ?
_Oui, quelque fois. Je suppose que c’est mon instinct de Zabrak. Ça doit être inné chez nous.
_Tu as toujours été esclave ?
_Non. Je n’ai pas de souvenirs de mon enfance. Il a du se produire quelque chose qui m’a fait perdre la mémoire. Tout ce dont je me souviens c’est que j’ai vécu pas mal de temps dans la rue, sur Nar Shaddaa. J’arrivais à me débrouiller en rendant quelques petits services, en chapardant aussi parfois, mais surtout en fouillant les décharges. C’est dingue ce que les gens peuvent jeter et que l’on peut récupérer. Un petit coup de tournevis par-ci, un petit coup de clé laser par-là, et j’arrivais à réparer deux trois trucs que je revendais pour avoir un peu d’argent pour manger.
_ça ne devait pas être facile tous les jours. Et Nar Shaddaa est une planète dangereuse.
_Oui, mais je ne suis pas un trouillard. » Rétorqua-t-il crânement.
« _Je n’ai jamais dit que tu l’étais. Je suis simplement impressionnée de tes facultés à survivre si jeune sur une telle planète. Il faut beaucoup de courage.
_Pardon, Maître. J’ai mal interprété vos paroles.
_Ce n’est rien. Continue ton histoire.
_Vous savez il n’y a pas grand chose à en dire.
_Cela m’intéresse. Comment as-tu pu te retrouver esclave sur Tatooine ?
_Et bien, un jour que j’étais en train de fouiller quelques poubelles tôt le matin, comme je le faisais toujours, j'ai senti que quelque chose d’étrange était en train de se produire. Mais je n’ai pas fait attention. J’étais seul dans la ruelle, et j’avais l’habitude de traîner par là. Tout le monde me connaissait d’ailleurs. Je n’avais rien à craindre. Donc je n’ai pas prêté attention à cette espèce d’appréhension que j’éprouvais. C’est alors qu’ils me sont tombés dessus, à trois. Je n’ai rien pu faire. Je m’en souviens parfaitement. Je me suis débattu. Mais cela n’a servi à rien. Il leur a fallu être trois contre moi pour m’immobiliser ces lâches. A trois ! Et je vous prie de croire que je leur ai donné du fil à retordre. En plus, ils étaient armés. J’ai du recevoir une décharge de neutralisateur, parce que d’un seul coup tout est devenu noir. Et quand je me suis réveillé j’étais enchaîné dans une soute de vaisseau, en compagnie d’une bonne vingtaine d’autres personnes entravées comme moi. Quelques jours plus tard, j’étais l’esclave de Corbo le Hutt. Je suis resté à son service un mois environ. Ensuite il m’a vendu à Gardulla. Mais je ne devais pas vraiment lui plaire, car quelques semaines plus tard, elle me vendait à Ad. Voilà comment vous avez pu m’acheter.
_Je vois. » Je me tus à nouveau pendant quelques seconde. « Tu vois la mallette là-bas ? Fais-la venir à toi. » Zelphir me regarda interrogateur. Il fit alors un pas pour aller la chercher. « Non. Reste ici. Et fais venir la mallette à toi.
_Mais…
_Fais-le.
_Mais c’est impossible. Comment puis-je faire bouger un tel objet sans le toucher ?
_Par la puissance de ta volonté ? Pense très fort à ce que la mallette doit faire pour venir à toi. Visualise-le. Et tu vas voir. Tu vas y arriver.
_Bien. Si vous voulez. Mais je doute que…
_Si tu doutes, ce n’est même pas la peine de le faire. Tu n’y arriveras pas. Si tu doutes, tu échoueras. »
Le jeune Zabrak me regarda encore, l’air de se demander si je n’avais pas perdu l’esprit.
Il inspira alors profondément, plissa le front, le regard concentré sur la mallette de métal qui était rangée sur l’étagère au-dessus de la banquette du coin repas de la cambuse.
Puis, l’objet bougea de quelques millimètres, puis d’encore quelques uns, et encore. La moitié de la mallette se trouvait dans le vide, en équilibre. Je sentais tous les efforts que faisait Zelphir pour rester concentré. La mallette bougea alors encore un peu. Et l’équilibre fut rompu. Elle s’écrasa lourdement sur le sol.
« _Vous voyez ? C’est impossible. » Soupira-t-il dépité.
« _Vraiment ?
» alors sans même détourner le regard, je me concentrais dans la Force pour la faire s’élever dans les airs. Tout en pianotant sur l’écran tactile pour enregistrer les documents que j'étais en train d’étudier, la mallette arrivait tranquillement vers moi. Toujours sans la regarder, je tendis la main et la poignée vint se placer contre mes doigts qui se refermèrent dessus.
« _Impossible, n’est ce pas ?
_Oui, mais vous, vous êtes Jedi.
_Et qui a fait bouger la mallette sur l’étagère au point de la faire tomber ?
_C’était un coup de chance.
_Un coup de chance ? quel coup de chance ? Quels facteurs extérieurs à toi pourraient être responsable de ce phénomène et l’auraient fait coïncider avec le moment précis où tu te concentrais pour la faire bouger ? Pourquoi n’acceptes-tu pas tout simplement de croire ?
_Croire à quoi ?
_Tourne-toi. Je vais faire apparaître sur mon écran différentes choses simples. Tu devras deviner lesquelles.
_Si ça vous amuse…
_Tache surtout toi de le prendre pour un jeu. Allons-y. » Je fis defiler les images, et Zelphir commença.
« _Un speeder… un droïde de protocole… une paire de bottes… un casque… une clé à fusion… un comlink… une assiette… un bantha… une fleur… un speeder à nouveau… un container…
_Très bien. » Dis-je en arrêtant le défilement. « Tu as tout deviné. Est-ce encore un coup de la chance à ton avis ?
_Mais où est-ce que vous voulez en venir ?
_Je te laisse y réfléchir, jeune Zelphir. Ecoute ce que te dis la Force. Ouvre ton esprit et tu y verras beaucoup plus clair. » Répondis-je en me levant.
Je le laissais là, complètement abasourdi et perplexe. Et je me rendis dans la soute. Ranky y dormait depuis notre départ. Je voulais m’assurer que l’animal allait bien. En me dirigeant vers la soute, je dus enjamber Sorlon et sa famille qui s’étaient installé comme ils pouvaient dans la coursive. Je me demandais comment madame Sorlon pouvait parvenir à dormir avec le vacarme des ronflements que j’entendais. Soudain je réalisais que l’homme n’était pas responsable de ce bruit sourd. Je réprimais un rire pour ne pas troubler le sommeil de ces gens. En fait, c’était Ranky que j’entendais. C’était déjà une bonne chose. Cela voulait dire que la jeune rancor dormait. Il fallait absolument que je calme ces ronflements.
J’ouvris la porte de la soute. C’est alors que je vis la jeune sauvageonne rousse et son frère, recroquevillés entre les pattes de Ranky. Mais pourquoi diable cette petite avait-elle choisi de s’installer là ?
A peine m’étais-je posé la question que la réponse m’apparaissait aussi clairement que si on me l’avait donnée. Ces enfants étaient de Dathomir. Cette petite était une jeune sorcière.

Et bien ! Notre séjour sur Dathomir risquait d'être mouvementé et de nous réserver quelques surprises.