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Par Lusiana Windu


Chapitre 5

Quand nous entrâmes dans le carré, nous interrompîmes visiblement leur conversation. Je les regardais un instant tous les deux. Je savais qu’ils parlaient de moi avant que je n’entre. Pas besoin d’être Jedi pour cela, sans pour autant être paranoïaque. Et je voulais leur montrer que je n’étais pas dupe. J’allais me servir une tasse de califé. Je soupirais. J’allais encore devoir tout raconter, pour éclairer la lanterne de Qui-Gon.
« _Maître Yoda nous a envoyé la confirmation que tu as demandé. » Dit alors Mace. « Tu es bien la fille de Maître Dooku.
_Ah ! Tu vois ? Qu’est ce que je disais ? Tu me crois maintenant ?
_Et il existe bien une Kiara Wells, docteur en génie génétique, âgée de 25 ans, sur Naboo. Elle est aussi présidente du Comité de Vigilance Ethique, et conseillère royale à ce titre.
_Lusiana, 2 points. Lusiana two points. » Fanfaronnais-je.
« _Mais ça ne veut pas dire que tout le reste soit réel.
_Et c’est moi l’entêtée !
_De toute manière, si Maître Lusiana a tort, et que les Sith ne tentent aucun enlèvement du Docteur Wells, alors on aura fait une petite promenade sur Naboo, et Maître Lusiana aura rencontré sa sœur. Qu’est ce que ça nous coûte d’y aller ? » Intervint Obi-Wan.
« _Ce que ça nous coûte ? Du temps qui pourrait être bien mieux employé. » Répliqua Mace avec sa sévérité habituelle.
« _c’est ton point de vue. Comment peux-tu être certain que d’aller chercher ma sœur est une perte de temps ? Qu’est ce qui te dit que justement nous ne sommes pas en train d’en gagner ?
_Tu bases tes arguments sur des spéculations entrevues dans un rêve.
_Et tu as des arguments plus solides à m’opposer ? En plus, je ne suis pas la seule à avoir vu ces choses. Kiara aussi les a vues, de la même manière que moi.
_Comment le sais-tu ?
_Je le sais, parce qu’il n’y a pas de coïncidence dans la Force. Dans mon rêve, nous étions deux étrangères qui vivions la même passion et qui écrivions la même histoire sans nous connaître. Et du jour où nous nous sommes rencontrées, cela a été à la vie à la mort. Les deux histoires coïncidaient. Nos deux héroïnes étaient sœurs. Et nous aussi le sommes devenues au moins de cœur. Donc je sais que nous sommes sœurs, vraiment sœurs. D’autre part, dans l’histoire qu’elle écrivait, Kiara se faisait kidnapper par l’apprenti Sith qui va tuer Qui-Gon, et que Obi-Wan va tuer ensuite. Comme par hasard, je me réveille de mon coma juste à la période où Maul va s’en prendre à elle, pour la forcer à mettre ses connaissances en génétique à leur service.
_Je vais me faire tuer par un Sith, moi ?
_Pas si nous arrivons à temps pour sauver les miches de ta f… de Kiara. En la sauvant, nous mettons de sérieux bâtons dans les roues des Sith. Du moins en partie. Et nous avons un avantage. Cette fois, nous savons qui est le maître et qui est l’apprenti. » Mace leva les yeux au ciel, toujours incrédule. « Quoi que tu puisses en penser, mon cher époux, je maintiens mes accusations contre Palpatine. Mais si tu as envie de faire le grand plongeon du 2500ème étage quand tu voudras l’arrêter, et si tu as envie de voir l’Ordre Jedi se faire complètement décimer, alors laissons faire les choses. Et quand tu te rendras compte que j’avais raison, il sera trop tard. Es-tu prêt à prendre un tel risque ?
_OK. D’accord. Fais à ton idée.
_Merci.
_Je crois que Mam… pardon, Maître Lusiana a raison. Même si nous devons toujours nous méfier de nos visions du futur, nous devons quand même être à l’écoute de ce que nous dit la Force. Peut-être que mam… Maître Lusiana a vu pendant son coma est un avertissement.
_J’ai dit d’accord. Et puis, qu’est ce que ça change de toute manière ? Nous sommes déjà en route pour Naboo.
_J’aurais aimé un peu plus de soutien de ta part.
_Mace tient simplement à te protéger. » Répondit Qui-Gon. « Et je le comprends tout à fait. Un tel coma peut être vraiment perturbant. En tout cas, je partage son scepticisme.
_Je vois que la solidarité masculine n’est pas un vain mot.
_Moi, je vous crois, maman.
_Ah tiens ? Il t’appelle Maman, maintenant.
_Oui. Et puis flûte ! Tout le monde sait que c’est mon fils, tout le monde sait que je suis ta femme. Ras le bol de cette hypocrisie. Va falloir que ça change. Faites moi confiance, quand les Dooku Sisters seront réunies au Temple, il va y avoir du ramdam !

Nous avions neuf jours à passer dans le vaisseau. Au bout du deuxième jour, je commençais à avoir la bougeotte. Je n’avais d’autre espace que le carré et les trois coursives pour pouvoir faire quelques pas. Je ne me sentais toujours pas ré-acclimatée dans ma vie. J’avais toujours l’impression d’être une étrangère propulsée dans un monde qui n’était pas le mien. Et si ce départ vers une autre planète m’avait excitée au début, cela n’avait pas duré longtemps, et je commençais à trouver le temps long. Et dire que je supportais à peine les deux heures de train que durait le trajet entre Rennes et Paris ! Là, j’étais enfermée pour neuf jours dans une sorte de boite de conserve dotée d’une technologie phénoménale pour la petite terrienne que j’étais encore quelque jours auparavant. Merveille de technologie peut-être, mais une boite de conserve hermétique quand même. Et je n’avais même pas une cigarette à griller.
Jedi ! Tu es maître Jedi. Tu es vraiment celle que tu fantasmais être lorsque tu t’amusais derrière ton écran d’ordinateur le soir après le travail. Tu ne vas quand même pas te plaindre, maintenant que tu y es pour de vrai ! Un Jedi ne fume pas. Un Jedi ne s’impatiente pas. Alors cesse de te plaindre et prend les choses du bon coté. Regarde autour de toi. Mace Windu, Obi-Wan Kenobi et Qui-Gon Jinn ! On peut difficilement rêver meilleure compagnie ! Mais j’avais beau faire, mes bouquins et mon bloc note me manquaient. Comment allais-je pouvoir faire maintenant pour m’occuper ? Plus de Bibliothèque d’Ossus à compléter ! Mais réagis, Cathy ! Zut ! Lusiana ! La Bibliothèque d’Ossus, elle se trouve sur Ossus, justement. Elle existe vraiment ! Avec des rayonnages sur des kilomètres renfermant des millions de datacarte contenant des giga et des giga de données. Ce n’est plus les deux pauvres petits giga d’un hébergeur arnaqueur. Ossus abritait la bibliothèque la plus fantastique de tous les temps. C’était une véritable planète, plus cette image qui s’ouvrait avec Photoshop.
Et bien, tiens ! En parlant de bibliothèque… Puisque je tournais en rond à ne savoir que faire, ce serait une bonne idée de me plonger dans les fichiers de l’ordinateur du vaisseau, histoire de faire un peu de révision.
Retour à l’école, ma grande !

Fini la guerre de Troie, les grecs et les Romains. Aux oubliettes les Goths, les Wisigoths et les Ostrogoths. Roland a terminé de s’époumoner dans son cor en attendant que l’autre crétin termine d’inventer l’école pour venir à son secours. Hasta la vista les capétiens et leurs histoires de fesses. Bye Bye Charles Quint et François 1er. Dommage, Marignan, c’était quand même facile à retenir. Plus de guerre de trente ans, plus de roi mégalo, plus de sans culotte ni d’aristo à la lanterne. Envolé les Voltaire, Rousseau et autre Nietzsche ou Shoppenhauer. Et les rayons des librairies ne sont pas encombrés des databook d’un pédant qui est aussi philosophe que sa pouff nous casse les oreilles avec ses vocalises. Au moins, je ne vais plus avoir à les supporter ces deux là.
Plus de petits caporaux qui, à un siècle et demi d’intervalle se sont pris pour les maîtres du monde.
Oui, mais qui s’est adonné à leur place à ces jeux là ?
Mais ! Heu ! J’ai tout oublié ! Cette galaxie devait bien être remplie du même genre de monstres sacrés ou décérébrés !
Et Ronsard, et Montaigne, et Lamartine, et Eluard ? Alors, je ne vais plus pouvoir me réfugier dans les vers de Victor (Hugo) ou de Jules (Supervielle) ? Mais pourquoi ? Et qui nous avait composé une Messe en Si, si Jean Sébastien était un rêve ? Et qui nous faisait chanter Alléluia sous la douche ? Plus de Toréador ni de O Sole Moi ? Et qui a remplacé Tolstoï et Dostoïevski ? Plus de Neuvième dirigée par Herbert ? Où coule la Moldau ? C’était bien beau de se sentir soulagée de ne plus avoir à rabacher Pythagore, Thalès et Euclide. Mais les lois mathématiques sont immuables. Il suffit de remplacer les noms par d’autres. Mais en ce qui concerne les œuvres artistiques ? Alors Mona Lisa n’a plus le sourire ? Plus de Cène ? Plus de Ingres ? Et le Radeau de la Méduse a donc coulé ? Plus de Louxor ni d’Abou Sim Bel ? Plus de Ma Chu Pi Chu ? Ah si. Pour ça, il y avait au moins Yavin. Mais quelle pâle figure à coté de Angkor !
Au fil des heures que je passais devant l’écran de la console, je me disais que j’avais bien du travail devant moi ! Au secours Kiara ! Tu es mon seul espoir !
J’étais dans une situation vraiment étrange. Je savais que je devais oublier tout cela, oublier Satisfaction et Glenn Gould, oublier Dickens et San Antonio, oublier Vinci et Hergé, oublier La Liste de Schindler et Brice de Nice. Oublier Starwars et redevenir moi-même. Pourtant, quelque part, je refusais d’oublier tout ça. Je refusais d’avoir rêvé. Je refusais l’idée de perdre les Syracuse, l’Ile de Pâques, Kairouan, et les grands oiseaux qui s’amusent à glisser l’aile sous le vent. C’était trop triste.
Je repensais à cette question qu’on s’était tous posé un jour en jouant. Si vous deviez abandonner votre vaisseau en perdition pour vous retrouver sur une planète déserte sans espoir de retour, qu’emmèneriez vous avec vous ? Dans ma vie durant mon coma, je répondais toujours le plus de papier possible, et mes bouquins de Starwars. Mais là, il s’agissait de se retrouver échouée sur une île déserte, en espérant apercevoir un bateau.
J’avais cette impression, d’être échouée dans un monde sans espoir de retour. Et je regrettais de n’avoir rien pu emmener avec moi de cette vie si rapidement traversée durant trente neuf jours de coma. Il ne me restait plus que des souvenirs qui commençaient à s’évanouir comme des brumes au lever du jour. J’aurais voulu avoir pu enregistrer toute la culture, toutes les cultures, de cette planète où la Force m’avait envoyée durant mon coma, pour garder des traces de ses merveilles. Mais on m’avait appris aussi que l’esprit, quand il rêve, ne crée rien. Tout ce qu’il voit durant ces périodes ensommeillées, est issu de la réalité. Donc tout n’était pas perdu. Quelque part dans cette galaxie, il devait y avoir des œuvres similaires. Il me suffisait de les trouver.

J’étais tellement absorbée par ce que j’étais en train de lire que je remarquais à peine Mace me servir un califé.
« _Qu’est ce que tu fais ?
_Je me remets au travail.
_Tes chères études… Tu reprends tes bonnes vieilles habitudes. C’est bien. » Me répondit-il en m’embrassant sur la joue.
Mes habitudes… Alors ici aussi j’avais l’habitude d’être sans arrêt plongée dans l’étude de quelque dossier ? Cela semblait rassurer Mace. Je l’inquiétais donc tant que cela ?
Quelle femme étais-je dans cette galaxie ? Etais-je la Lusiana que j’avais imaginée ? Etais-je cette Jedi rebelle et casse-pieds que j’avais imaginé être dans mon rêve ? Si ce n’était le cas, pourquoi m’étais-je rêvée de cette manière ?
Comment faire pour me retrouver alors que je n’avais d’autre point de repère que le rêve d’un personnage imaginaire ?
Visiblement, lorsque je m’étais réveillée, c’était moins le comportement que les propos que je tenais qui avaient inquiété mon entourage. C’était déjà ça.

Ce qui m’inquiétait, c’était de pouvoir redevenir le maître Jedi que j’étais avant mon coma. C’était une chose que d’imaginer un tel personnage et de s’y projeter. C’en était une autre de l’être vraiment.
Tout ce que tu as appris pourra te sauver.
Obi-Wan était censé dire cela à Luke Skywalker dans quelques années. Censé. Mais il n’allait pas en avoir l’occasion. J’entendais bien faire en sorte que Palpatine ne puisse mettre ses plans à exécution.
Tout ce que je savais… Tout ce que je savais des Jedi, je l’avais mis dans le personnage de Lusiana. Ça, c’était facile à retrouver. Mais de là à s’en contenter pour dire : « Ouai ! Top ! Je suis un vrai maître Jedi ! Trop cool ! » Pour l’instant, tout ce que j’avais envie de dire c’était : « Putain ! Va falloir que j’assure maintenant ! Ça va être coton ! » ou plutôt : « Au secours ! Je vais me planter ! »
Tout ce que tu sais pourra te sauver…
Ouai… Fastoche ! Je vais redevenir Jedi en claquant des doigts !
« _Peut-être pas en claquant des doigts… Mais tendre la main peut être d’une bonne aide pour se focaliser sur ce qu’on veut faire avec la Force. » Me dit alors Qui-Gon, pendant que j’étais en plein marasme, pour être polie et faire clean, j’étais dans la panade pour être moins polie, j’étais carrément dans le mot de cinq lettres que ce cher général Cambronne qui n’existe pas avait dit à des anglais qui n’existent pas plus durant une bataille qui n’a jamais eu lieu.
« _Et comment est ce que je m’y prends ? Je fais des tours de passe-passe ? Avé les mains ? » Demandais-je.
Qui-Gon haussa un sourcil interrogateur.
« _Tu as donc tout oublié ce que tu as appris avant de devenir ma padawan ? Tu as tout oublié de ce que je t’ai enseigné ?
_Qui-Gon… Ce coma n’a pas été un simple coma. Il s’est produit plein de chose. J’ai tout oublié, mais en même temps je me souviens de presque tout. C’est étrange. Alors s’il te plait, aide-moi.
_N’attends pas les réponses. Vas les chercher. Ne cherche pas les réponses. Trouve les.
_Et en basic, ça donne quoi ? »
Qui-Gon se leva.
« _Qu’il est temps pour moi d’aller relever Mace à la surveillance de la navigation.
_Sympa ! Alors tu me laisses comme ça ?
_Lusie, tu as toujours su quoi faire. Et tu le sais encore. Tu as tout oublié ? Et bien moi, je te dis que non. Qu’est ce que tu as à réapprendre, hormis l’histoire et les cultures de notre galaxie ? Et même, tu as les bases de données pour rechercher les renseignements dont tu as besoin. Ce n’est pas si grave que ça d’avoir oublié que la Bataille de Go Anayush a eu lieu en l’année 897 de la République ?
_898. » Corrigea Obi-Wan.
« _Quoi ?
_Go Anayush c’est en 898. Pas 897. » Répéta mon fils.
_Et bien tu vois ? Moi non plus je ne le sais pas. Est-ce que ça fait de moi un mauvais maître ?
_Un mauvais maître, non. Mais un piètre prof d’histoire.
_Lusie !
_Oui, bon pardon.
_Donc il te reste quoi à réapprendre ? La pratique. Tu as du oublier les sensation de la Force en toi. Avec ton expérience, ça va revenir vite.
_Oui, facile. C’est comme le vélo. Ça ne s’oublie pas.
_Le quoi ?
_Rien. Laisse tomber. » Soupirais-je.
« _Tout ce que tu sais pourra te sauver. » Conclu-t-il en s’éloignant.