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Par Lusiana Windu


Chapitre 6

Qui-Gon avait raison. Il fallait que je retrouve mes sensations. La confiance en la Force, je l’avais. Ce n’était pas un problème. Mais il fallait que je la reconnaisse, que je reconnaisse sa voix en moi et son fluide. Je me levais de mon ordinateur.
« _Obi-Wan ?
_Oui, Maman ?
_S’il te plait, ne prends pas l’habitude de m’appeler ainsi. Sinon, cela va t’échapper en public.
_Et alors ? Vous ne vouliez pas changer certaines choses ? Les Dooku Sisters vont faire du ramdam. C’est bien vous qui avez dit ça, non ? Alors autant commencer maintenant.
Il avait raison. Puisque l’histoire allait changer, autant la changer de fond en comble. Et tant pis pour l’asthmatique et son « Luke, je suis ton père ». Je n’avais pas envie de sacrifier la vie de millions d’individus pour une réplique de cinéma que j’avais entendue en rêve.
« _Vous vouliez quelque chose ? » Me demanda Obi-Wan.
« _Oui. Saurais-tu où trouver des poudres de couleurs différentes ?
_Des poudres ? Mais quel genre de poudres ?
_Peu importe. Tu connais l’exercice qui consiste à séparer des grains de sable de couleurs différentes ?
_Bien sur. On fait ça quand on est tout petit. C’est un des exercices par lequel nous commençons notre formation. J’ai dépassé cette étape depuis longtemps.
_Je ne veux pas te le faire faire. C’est moi qui ai envie de me ressourcer.
_Je comprends. Je vais tacher de vous trouver ça quelque part.
_Merci. »

Il revint quelques minutes plus tard les bras chargés.
« _Je n’ai trouvé que cela. » s’excusa-t-il en faisant la moue. « Il y a de la farine, de la poudre de califé, du cocola, et du jaune d’œuf lyophilisé.
_ça ira. Je te remercie.
_Je vous ai trouvé un bac également. C’est moins joli que les cristallisoirs du Temple. Mais ça va faire l’affaire.
_Génial. »

Je commençais mes exercices consciencieusement, en mélangeant deux matières pour commencer. Puis je rajoutais la troisième, et la quatrième.
J’avais pris ça comme un jeu, sans chercher à réussir à tout prix. Je n’avais pas la sensation de m’être autant concentré que cela. Je cherchais sans chercher, la voie la plus naturelle possible. Par cet exercice de séparation des différentiels grains de poudre, je commençais à retrouver mes sensations dans la Force. Je le retrouvais, mais j’avais surtout l’impression de les découvrir. Je m’amusais follement de ce don que je mettais en pratique pour de vrai. Je poussais l’exercice jusqu’à faire tourbillonner les poudres en spirales compliquées avant de les faire redescendre pour former des dessins fractals fantasmagoriques. Il me suffisait d’imaginer le dessin pour que je le vois apparaître dans le fond du bac. C’était bien mieux que tous les effets spéciaux des meilleurs films que j’avais pu voir.

Obi-Wan vint se joindre à moi dans mon jeu puéril. Et nous partîmes dans des éclats de rire devant nos élucubrations picturales. Mon nuage de califé vint faire « pleuvoir » sa farine au dessus du bonhomme en cocola d’Obi-Wan qui s’extasiait devant des fleurs en jaune d’œuf en poudre. Puis, cela dégénéra. La boule de neige formée de farine s’envola et atteignit mon fils à l’épaule. Obi-Wan me regarda interloqué et me renvoya la pareille. Nos exclamations amusées ne manquèrent pas d’alerter Mace qui nous surprit en plein chahut.
« _La Force ne nous a pas été donnée pour vos gamineries de potaches. » Nous lança-t-il sévèrement.
Je me retenais de pouffer, alors que Obi-Wan avait pris un air contrit et embarrassé.
« _Je suis certaine que Rostropovitch devait parfois jouer Satisfaction quand il en avait assez de Bach.
_Qui ?
_Rien. Laisse tomber. Nous ne faisions rien de mal. Je m’exerçais simplement.
_Je vois avec quel sérieux. » Constata-t-il avec un air pincé de mère supérieure de couvent de jeune fille.
« _Décoince-toi un peu ! Ce n’était rien de méchant. Nous nous amusions.
_On ne s’amuse pas avec la Force. Nous faisions ça en toute innocence. Je voulais retrouver mes sensations et mes limites. Je ne m’en servais pas pour me faciliter les choses. Je me servais pas de la Force pour servir mes intérêts, si c’est ce que tu crains. Je m’y replongeais pour mieux la sentir en moi. Le jeu est le meilleur apprentissage que je connaisse. Et ce n’est pas de moi mais de Platon. Et ne me demande pas qui c’est. Mais il en avait plus que moi dans la caboche. Je sais aussi mesurer toute la gravité d’une situation. Et là, nous étions au calme. Rien de plus.
_Parce que tu appelles ça être au calme, toi ?
_Au calme d’esprit.
_Ah ?
_Oui ! Nous étions détendus, dénués de tous sentiment d’agressivité ou de compétition ou autre. Nous ne pensions à rien d’autre qu’à sentir la Force en nous.
_Iana, je sais que tu es perturbée en ce moment, et que tu as besoin de reprendre tes marques.
_Tu n’imagines même pas à quel point.
_N’oublie pas que je suis moi aussi maître Jedi, et que je peux sentir beaucoup de choses. Et crois-moi, je suis bien plus à ton écoute que tu ne veux bien le croire. Si tu acceptais de te faire un peu plus confiance, tu arriverais à te retrouver bien plus vite que tu ne le crois. »
Je soupirais. Il avait certainement raison.
Mais d’un autre coté, je me sentais en tel décalage que je n’arrivais à croire que j’étais vraiment celle qu’on disait que j’étais.
« _J’ai… J’ai besoin d’être sûre.
_Sûre de quoi ?
_Sûre d’avoir les capacités qu’on dit que j’ai.
_Sûre d’être toi ?
_C’est ça.
_Laisse faire les choses au fur et à mesure.
_Mace, comprends-moi. C’est compliqué dans ma tête. J’émerge d’un rêve qui me semblait tellement réel que ma véritable existence me semble un rêve fantastique et incroyable. Je m’émerveille à chaque instant de découvrir qui je suis. Pour toi, tout est normal, si ce n’est que je sors d’un coma de trente-neuf jours. Mais pour moi… c’est comme si je ne faisais qu’arriver dans cette vie. J’ai des souvenirs. Mais il faut que je remette tout dans l’ordre, que je me remette dans le crâne que ce que je croyais avoir imaginé était en fait la réalité dont je me souvenais inconsciemment. Et j’ai peur que mon étonnement me joue de mauvais tours dans une situation qui nécessiterait mon entière attention.
_Je comprends. Tout cela doit être fort déroutent. Et c’est pour cela que tu sembles reprendre ta formation à zéro.
_Oui. C’est ça.
_D’accord. Alors je vais te montrer de quoi tu es capable. »
Une lame pourpre surgit en même temps que Mace s’emparait de son sabre qui lui pendait à la ceinture.
« _Quoi ? Là ? Maintenant ? » Demandais-je en comprenant tout de suite où il voulait en venir.
« _Oui.
_Contre toi ?
_Contre qui d’autre ? Ce ne serait pas la première fois. Tu dois même l’avoir écrit dans les aventures de Lusiana.
_Le Passé Perdu.
_Quoi le passé perdu ?
_C’était le titre de mon bouquin qui racontait ma vie de Jedi. Au départ Lusiana était la fille d’Obi-Wan. Elle recherchait ses origines à cause du foutoir que Palpatine et Vador ont mis dans la galaxie. Et en retrouvant ses origines, elle s’apercevait qu’elle portait le prénom de sa grand-mère, Lusiana Dooku Windu. Toute une grosse partie du bouquin racontait donc l’histoire de cette grand-mère, Jedi sous l’Ancienne République, c'est-à-dire moi. Oui… parce que cette République que nous connaissons va tomber. Il va y avoir l’Empire, qui va tomber à son tour, pour être remplacé par un retour à la démocratie et une Nouvelle République. Bref. Avec cette grand-mère Lusiana, la jeune Lusie retrouvait son Passé Perdu.
_Le Passé Perdu… tiens donc. Un Passé que tu avais aussi perdu, noyé dans ton rêve. Bon et bien, dans ton bouquin, tu as bien du écrire que Mamy Iana affrontait Papy Tondu. Et je suis certain que tu devais m’en remontrer.
_Non. Je ne t’ai jamais mis de raclée au sabre. Je n’ai jamais eu cet orgueil, même en rêve. Par contre, toi ! Qu’est ce que tu as pu me mettre !
_Et bien si tu arrêtais de pérorer, on pourrait rendre la fiction réelle.
_Tout bien reflexi… Non. J’ai pas envie.
_Je te demande pardon !
_Je n’ai pas envie.
_Et si le Sith dont tu nous rabâches les oreilles te saute dessus, c’est ce que tu vas lui répondre ? J’ai pas envie ?
_Il a raison, Maman.
_Mais puisque tu me dis que je sais manier le sabre en vrai, et que je suis maître Jedi, je n’ai pas besoin de m’entraîner là, maintenant tout de suite.
_Trente-neuf jours à roupiller, ça rouille. » Objecta Qui-Gon. Je l’assassinais d’un regard noir auquel il répondit par ce sourire d’apparence si doux mais qui dissimulait à peine sa malice pour qui le connaissait assez.
« _Je vais encore prendre une veste. » Soupirais-je.
« _Moins que si tu te présentes devant un Sith sans avoir retrouvé… tes sensations.
_Alors maintenant, tu es d’accord pour que je les retrouve.
_Iana !
_Toute à l’heure, pendant que je m’amusais avec Obi, tu…
_Iana ! Tu deviens pénible !
_Il est agacé, là. N’est ce pas ? » Demandais-je en me tournant vers Obi-Wan et Qui-Gon. « Vous ne trouvez pas ? Il est agacé. Il est en train de perdre son calme. Pas vrai ? J’arrive donc à exaspérer le charismatique Mace Windu ? Punaise ! Je suis encore meilleure que je ne le pensais.
_Il n’y a pas que Mace que tu es capable d’exaspérer Lusie.
_Bon ! C’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
_L’impatience… C’est pas bien, ça ! Surtout pour un maître Jedi. » Mace fulminait. « Ok. C’est bon. J’arrête.
» J’activais mon sabre moi aussi. Et j’ouvrais des yeux grands comme des assiettes à dessert (les soucoupes, c’était trop petit pour le cas présent).
Un sabre laser, mon sabre laser à moi. Et il fonctionnait. J’étais encore plus émerveillée que lorsque Mace me l’avait rendu à mon réveil.
Le faisceau améthyste vrombit dans l’air. C’était vraiment mon sabre, tel que je m’en étais souvenue durant mon rêve.

Je me mis en garde, attendant que Mace engage l’entraînement. Je le regardais droit dans les yeux sans ciller.
Son regard avait changé. A cet instant, il n’était plus mon époux. Il était un maître Jedi s’apprêtant à bretter.

La fameuse musique du film de Sergio Leone, Le Bon, La Brute et le Truand, résonna dans ma tête.

Ce n’était pas le moment de se laisser distraire. Mace était un adversaire redoutable. Et même si ce n’était qu’un entraînement, je devais rester sur mes gardes. Il ne me ferait pas de cadeau.

Pendant près de deux heures, nos lames se croisèrent et s’entrechoquèrent. Attaque, parade, engagement, esquive, passe simple, passe double, feinte, contre attaque, piqué, glissé. Notre ballet de lumière vrombissait dans l’espace exigu du carré du vaisseau qui étincelait de pourpre. Mace avait commencé doucement. Puis, alors que je prenais de l’assurance, m’étonnant moi-même de ce que je parvenais à faire, il accrut la difficulté.
Il m’en faisait voir. Mais je ne me laissais pas faire. Je répondais, instinctivement, mais avec une concentration dont je ne me souvenais pas être capable. Qui-Gon et Obi-Wan observaient notre joute. Il ne fallait pas que je me laisse troubler par mes émotions. Combattre devant mon fils et devant mon ancien maître était très intimidant. Je ne pense pas que Obi-Wan avait pu me voir un jour en duel, même pour un entraînement. Quant à Qui-Gon, mes souvenirs étant plus que flous, et mes fantasmes de terrienne encore si vifs dans mon esprit, je chassais bien vite de mon esprit des questions aussi futile que de savoir si le maître était fier de son ancienne élevé. Je ne devais pas me laisser distraire par ce que je sentais émaner d’eux. Je devais rester concentrée sur Mace. Je lançais alors la Force vers le sabre de mon fils pour m’en emparer. Mace et Qui-Gon froncèrent les sourcils. Combattre à deux sabres n’était pas très orthodoxe pour un Jedi. Et les maîtres n’aimaient pas nous voir nous livrer à ce genre de pratique en raison de sa dangerosité. Dans un duel, il était encore plus facile de se laisser séduire par le Coté Obscur sans s’en rendre compte, en se laissant emporter par l’agressivité ou le désir de vaincre, ou le désir de prouver qu’on est le plus fort. A deux sabres, le danger était encore plus grand. Cette frontière entre la Lumière et les Ténèbres était encore plus tenue. Mais dans ce duel, je n’avais d’autre adversaire que moi-même. Je n’avais rien contre maître. Je n’avais ni l’intention ni l’envie de le vaincre. Ce n’était pas le but de cette joute. Je n’avais rien à lui prouver. Il connaissait ma valeur. Je me combattais moi-même. Je combattais ce que mon rêve m’avait fait croire, que je n’étais pas une véritable Jedi, et que je n’avais jamais suivi l’entraînement.

Cette fois, je parvenais à contenir mon étonnement et à le surmonter. Je parvenais à y croire. De là, je suis passée à ne plus me soucier de ce que je redécouvrais, et enfin à intégrer tous ces changements dans un ordre que je devais considérer comme naturel et normal. Je faisais ce que j’avais à faire, à l’écoute de mes instincts, à l’écoute de ce que Mace pouvait laisser paraître, à ce qu’il trahissait de ses intentions. J’étais à l’écoute de mon corps et de mes muscles. Et je retrouvais toute ma vivacité d’action. Qui-Gon avait lancé son sabre à son ami. Et après tourbillons, sauts, esquives et contre plongées, nous rompîmes le duel en sueur, enfin moi.
« _Tu es prête. » Me déclara Mace à peine essoufflé. Wouaw ! Ce qu’il était séduisant les traits encore marqués et brillant par l’effort.
« _Prête ? Prête à quoi ? » Demandais-je. Non ! Il n’allait pas m’annoncer ça maintenant ! Il devait me laisser encore quelques années pour m’y préparer. Normalement, il m’ordonnait de me former au Vaapad lorsque nous serions à bord du Legacy. Ah oui, mais j’avais déjà commencé à changer l’histoire. Il n’y aurait peut être pas de Legacy. Il n’y en aurait certainement pas, puisque Kiara et moi allions tout faire pour que Le Débris ne se la joue pas Petit Caporal qui veut être César à la place du calife.
_Le Vaapad. » Répondit-il.
Bingo ! Qu’est ce que je suis forte comme Jedi quand même !
« _Mais bien sur ! Moi ? La Forme 7 ? Et pourquoi pas un Hutt honnête tant que tu y es !
_Et pourquoi donc refuses-tu de commencer à t’y former ?
_Parce que je me connais. Je suis bien trop caractérielle pour oser m’aventurer à l’apprentissage du Vaapad.
_Tu refuses donc d’évoluer.
_Je ne refuse pas d’évoluer. Mais je connais mes limites. Je fais simplement preuve de prudence.
_Il ne faut pas confondre prudence et peur.
_Je sais faire la différence. Tu sais très bien que je suis une tête brûlée qui fonce et réfléchit après. Alléluia ! Elle est enfin lucide ! Et je sais aussi être raisonnable. On ne rit pas ! » Grondais-je en me retournant vers Qui-Gon que j’avais vu esquisser son terrible sourire ironique.
« _Je ne ris pas.
_C’est ça ! Je te connais.
_Je croyais que tu ne te souvenais plus de rien.
_Bien au contraire. Je me souviens de ce que j’avais imaginé en ignorant qu’il s’agissait en réalité de mes souvenirs.
_J’espère bien devenir votre élève en ce qui concerne le Vaapad, Maître Windu. » Dit alors Obi-Wan.
« _Même pas en rêve. » Ripostais-je. « Tu oublies ça tout de suite.
_Mais pourquoi ? Je ne suis pas prêt pour l’instant. Mais lorsque j’aurais suffisamment progressé…
_Hors de question. Tout le monde n’est pas fait pour maîtriser le Vaapad. Depa va s’y consumer. Et il ne t’arrivera pas la même chose.
_Depa n’est pas encore parvenue au niveau de maîtrise du Vaapad qui pourrait la faire s’y brûler. Et Obi-Wan n’est pas Depa. Nous verrons ça en temps et en heure.
_C’est tout vu. » M’entêtais-je.
« _Nous en reparlerons. » Insista Mace. « Et ce n’est pas à toi d’en décider.
_Je suis sa mère.
_Mais tu n’es pas son maître. »
Je me tus.