Le voyage continua, ponctué de période de garde dans le poste de pilotage, d’entraînement physiques et psychiques, et de méditations.
« _Naboo ! » Murmurais-je en apercevant le croissant céladon qui se détachait au milieu de l’espace.
« _Le contrôle aérien va nous contacter dans quelques secondes. Qu’est ce que je leur réponds ? Nous ne sommes pas en mission officielle. » Me demanda Obi-Wan.
_Si.
_Si ?
_Oui. Nous sommes en mission. Nous devons nous entretenir avec le Docteur Wells. C’est une personnalité éminente et respectée.
_D’accord. »
Un quart d’heure plus tard, nous nous posions au spatioport de Theed.
« _Je le sens mal. » Dis-je alors que la rampe de débarquement s’abaissait.
« _Qu’est ce que tu sens mal ? » Me demanda Mace.
« _Je ne sais pas encore. Mais quelque chose perturbe la Force. Je suis étonnée que vous ne le sentiez pas, Maître.
_C’est vrai que quelque chose d’étrange émane de cette planète. » Approuva Qui-Gon. « Quoi ? Je suis un observateur neutre dans cette histoire. Et je sens aussi quelque chose. » Précisa-t-il devant le sourcil dubitatif de Mace.
« _Neutre, mon œil. » Bougonna Mace. « Dès qu’il s’agit de faire pencher la balance contre moi, tu te ranges toujours de son coté.
_C’est bon ! Vous n’allez pas remettre ça. En tout cas, ça cocote pas bon.
_Quoi ?
_C’est du gungan. Tu risques d’en rencontrer pas mal par ici.
_Tu connais le gungan, toi ? Depuis quand ? » Je regardais Mace amusée. « Ça va. Je n’ai rien dit. Ton rêve. »
Un homme d’age mur arrivait, encadré par deux soldats de la garde royale.
« _Tenez, qu’est ce que je disais ? Ça ne cocote vraiment pas bon du tout. Regardez qui voilà avec son air d’hypocrite. » Marmonnais-je entre mes dents sous des allures de sourire diplomatique. « Ne vous inquiétez pas. Vous ne sentirez pas son odeur méphitique. Le bougre sait parfaitement dissimuler sa vraie nature. Dites-vous qu’il est bien plus vieux qu’il n’y parait. Et sachez aussi que c’est un assassin. Mais à quoi s’attendre d’autre de la part d’un Sith ? »
Si Palpatine savait parfaitement dissimuler son Coté Obscur, nous ne devions pas laisser soupçonner non plus notre aversion et que nous étions au fait de ses manigances. Pourtant, à son approche, même si mon sourire ne quitta pas mes lèvres, je ne pus empêcher mon regard de se durcir et de se glacer.
« _Maîtres Jedi ! C’est un véritable honneur de pouvoir vous accueillir dans notre belle cité de Theed. » Nous dit-il.
« _C’est un honneur pour nous, Sénateur. » Répondit Mace. « Voici Maître Qui-Gon Jinn et son padawan Obi-Wan Kenobi. Et voici Maître Lusiana Nakeji.
_Nakeji Dooku. » Corrigeais-je.
Intérieurement, je fulminais. Le Débris, le Ridé, Palpy, Oil of Olaz, Q-10 ! Là ! En face de moi ! Et qui me tendait la main par-dessus le marché !
Je m’inclinais pour ne pas avoir à lui toucher la peau.
Je suis au courant de ce que tu es vraiment, Vieille Carne.
Mon Dieu que je pouvais être hypocrite ! J’étais là, à lui afficher mon sourire le plus poli, alors que je n’avais qu’une envie, c’était de lui faire avaler les dentelles qui ornaient son habit et qu’il s’étrangle avec.
«_Vous avez dit au contrôle aérien que vous désiriez vous entretenir avec le Docteur Wells.
_C’est ça. Maître Nakeji… Dooku a de sérieuses raisons de vouloir rencontrer mademoiselle Wells. » Répondit Mace.
« _Ah ? Vous n’êtes pas sans savoir que le Docteur Wells est l’une de nos plus éminents scientifiques. Et je me demandais quelles pouvaient être ces raisons.
_Je regrette, Sénateur. » Repose-pied. « Je ne puis rien dire pour l’instant. Mais soyez assurez que vous serez le premier informé dès que nous le pourrons. »
Je sentis ondoyer une vague froide et hostile. Palpatine n’appréciait pas que je lui tienne tête.
Il va falloir t’y faire, félon. Je ne suis pas prête de te lâcher maintenant que je sais qui tu es.
« _Si vous voulez bien m’excuser, je dois me rendre au plus vite auprès de Kiara.
_Je crains que… ce ne soit impossible, Maître.
_Et pourquoi, je vous prie ?
_Le Docteur Wells est actuellement… dans l’incapacité de recevoir qui que ce soit. » Répondit le Sénateur avec son air faussement affligé et carrément hypocrite. « Soyez sure que j’en suis profondément navré. Je crains que vous n’ayez fait tout ce chemin pour rien. »
Mon sang se glaça. Que voulait dire Palpatine ? Je sondais immédiatement la Force à la recherche de la signature de ma sœur.
Durant mon rêve, nous étions si intimement liées que nous parvenions à ressentir les émotions fortes de l’une ou de l’autre. Ainsi, lorsque je rentrais du travail, et que nous nous retrouvions le soir par l’intermédiaire des moyens de communications terriens, comme ce qu’ils appelaient le téléphone ou Internet, elle savait avant que je l’appelle si ma journée s’était bien passée ou pas. Il en allait de même pour moi à son égard. Nous ne comptions plus les fois où nous disions la même chose au même instant lors de nos conversations. Et que dire de notre livre que nous avions commencé chacune de notre coté, sans nous connaître, sans même soupçonner l’existence de l’autre. Et pourtant, nous écrivions la même histoire, avec les mêmes personnages, et le même déroulement. Déroutant pour des terriennes, tout à fait explicable par la Force pour des Jedi. Je comprenais mieux maintenant notre lien.
« _Que voulez vous dire par être dans l’incapacité de recevoir qui que ce soit ? » Demandais-je à Palpatine.
« _Le docteur Wells est plongée dans un coma si profond que rien ne semble pouvoir l’en sortir. Nous sommes très inquiets à son sujet. Sa disparition sera une grande perte pour le peuple Naboo. Que dis-je ! Pour la galaxie toute ent…
_Kiara n’est pas encore morte, Sénateur. » Protestais-je avec vivacité. « Depuis combien de temps est-elle dans le coma ?
_Depuis quarante-huit jours.
_Quarante-huit jours ?
_Oui. Et comme je vous le dis, nos plus éminents spécialistes se sont penchés sur son cas. Ils sont dans l’incompréhension et la confusion la plus totale. »
Mais je ne l’écoutais plus. Un rapide calcul agita mes neurones l’espace d’une fraction de seconde.
« _Conduisez-moi auprès d’elle. » Ordonnais-je.
« _Maître, je doute que…
_Conduisez-moi auprès d’elle. ”
A nouveau, je ne l’écoutais plus. Ses péroraisons de politique trop poli pour être honnête ne m’intéressaient pas.
Je me dirigeais presque en courant vers le speeder.
Il n’était encore rien arrivé à Kiara. Ce n’était pas l’intérêt de Palpatine. Il la voulait vivante. Mais je me doutais qu’il n’avait pas très envie de voir Kiara sous la protection des Jedi. J’avais fait le rapprochement entre nos périodes de coma. J’avais été inconsciente pendant trente-neuf jours. Or, dans ma vie terrienne, j’étais âgée de trente-neuf ans quand je réintégrais mon corps de Jedi. Et Kiara, enfin Sylviane, avait dix ans de plus que Cathy. Je m’étais réveillée neuf jours avant notre arrivée sur Naboo. Cela voulait dire que nous avions sombré dans l’inconscience au même moment. Cela ne pouvait être fortuit. Un jour de coma correspondait à une année de vie dans mon rêve. Il devait en aller de même pour Kiara.
Elle était encore dans le coma. Et Maul ne s’était pas encore manifesté. Je me méfiais de Palpatine. Mais il ne s’en était pas encore pris à elle. Kiara devait être kidnappée pour mettre ses connaissances au service des Sith. Son coma la rendait inutile à ses desseins pour l’instant. Palpatine avait fait une erreur. Il avait trop attendu. Et nous étions arrivé à temps. Il ne pouvait plus s’en prendre directement à elle, l’enlever pour qu’elle se réveille entre ses mains.
Je sentais la colère du sénateur. Il faisait son possible pour se dissimuler. Mais j’étais au fait de sa nature. Aussi, je savais que je devais le surveiller et être à l’écoute de sa fausseté.
Nous arrivions à temps. Kiara n’allait pas tarder à se réveiller. Demain, soit au bout de quarante-neuf jours. Un jour équivalait à une année terrienne.
Plus vite je serais auprès de ma sœur, plus j’éloignerais la menace Sith. Palpatine ne pouvait contacter son sbire par la pensée. Je l’aurais senti immédiatement. Il ne voulait pas risquer de se dévoiler pour l’instant. Mais ça aussi c’était trop tard. Je savais, nous savions qui il était. Et j’entendais bien veiller Kiara jusqu’à son réveil. Le Débris ne tarderait pas à envoyer son âme damnée pour nous empêcher coûte que coûte de protéger Kiara.
J’étais à la fois inquiète et soulagée. Inquiète, parce que Kiara n’était pas encore hors de danger, et soulagée parce que nous étions là, et les projets des Sith étaient fortement contrecarrés.
Quelques minutes plus tard, j’arrivais au chevet de ma sœur, mes compagnons Jedi sur les talons.
« _Vous voyez, Maître. Il n’y a rien à faire. Son activité cérébrale est insignifiante. Pourtant, elle respire. Lentement et faiblement, à un rythme de deux fois par minute, mais elle respire. Son rythme cardiaque est tout aussi faible. Nous hésitons encore à la considérer encore en vie. En tout cas, les médecins sont formels. Jamais elle ne pourra se réveiller.
_Il ne faut jamais dire jamais, Sénateur. Laissez-moi seule avec elle.
_Maître Nakeji, je doute que…
_Dooku. Maître Nakeji Dooku, Sénateur. Et je vous prie instamment de me laisser seule avec Maître… pardon, avec le docteur Wells. »
Palpatine sursauta à mon ton impérieux. Tu es peut-être un maître Sith. Mais moi, je suis un maître Jedi. Et tu ne t’en prendras pas à ma sœur, ni à aucun Jedi dans la galaxie. Mon regard était devenu aussi froid que son âme était noire.
« _Très bien, Maître. Comme vous voudrez. » Il s’inclina et sorti de la chambre.
Mace, Qui-Gon et Obi-Wan restèrent.
« _Je vous conseille de le surveiller de près. S’il est dans le coin, Maul ne doit pas être loin. Kiara doit se réveiller demain.
_Tu n’aurais pas du l’affronter ainsi. Il est sur ses gardes maintenant. » Répondit Qui-Gon.
« _Vous avez senti ?
_Il est clair que le sénateur voit d’un mauvais œil notre présence auprès de Kiara. Mais nous ne sommes surs de rien de ses intentions.
_Kiara et Palpatine sont censé travailler dans le même camp. Ils sont tous les deux au service du peuple Naboo. Dans ce cas, pourquoi est ce qu’il désapprouve notre présence ici si ce n’est parce que cela dérange ses plans.
_Vu comme cela, c’est certain. Mais il ne va pas être aisé de surveiller Palpatine. Il va être prudent. « Mace était soucieux.
« _Ou alors il va précipiter les choses et se dévoiler. » répondit Obi-Wan.
« _J’en doute. Si c’est bien un maître Sith…
_C’est un maître Sith. » Précisais-je.
« _Si c’est bien un maître Sith, il a du comprendre que nous le soupçonnons. » Continua Mace.
« _Que proposes-tu ? » Lui demanda Qui-Gon.
« _Laisser Lusiana seule ici ne serait pas prudent. Seule contre deux Sith, elle n’a aucune chance. Et nous devons aussi tenir le sénateur à l’œil.
_Maître Windu, vous pourriez rester ici avec Maman. Papa et moi, nous pourrions surveiller Palpatine.
_Nous pourrions aussi emmener Kiara loin d’ici. Elle se réveillera tranquillement à bord du vaisseau. » Suggérais-je.
« _Nous pourrions aussi profiter de la situation. Tu as dis que l’apprenti de Palpatine devait l’enlever. Laissons les se dévoiler. Je pense qu’ils n’ont pas du renoncer à leurs plans. Les Sith sont trop orgueilleux et déterminer pour baisser les bras devant des Jedi. » Répondit Mace.
« _Il faut aussi penser à la famille de Kiara. Il est fort possible qu’ils s’en prennent à ses parents pour la faire chanter. Si ce n’est déjà fait.
_Oui, c’est vrai. Tu as raison. Qui-Gon, Obi-Wan et toi, allez rencontrer ses parents. Moi je vais surveiller ce cher sénateur.
_Non. Pas toi. Ne t’approche pas de Palpatine. ” Protestais-je.
« _Pourquoi ? » S’offusqua-t-il.
« _Parce que. Tu ne dois pas l’affronter.
_Encore ton rêve ?
_Oui. Si tu l’affrontes, ça risque de mal finir.
_D’accord. Alors on fait l’inverse. Je vais voir les parents de Kiara. Et Qui-Gon et Obi-Wan surveillent ton sénateur.
_Non.
_Non ? Bon alors on fait quoi ? »
Je soupirais. C’est vrai que la situation était délicate. J’avais en tête les images que j’avais vues, Qui-Gon tombant à genoux, la lame rouge de Dark Maul lui transperçant l’abdomen, et Obi-Wan seul pour affronter l’apprenti Sith. En plus, Obi-Wan avait près de dix ans de moins que dans les événements que j’avais vus. Je ne doutais pas de mon fils. Mais il était encore trop tôt pour qu’il affronte un Sith. Et je revoyais Mace, sa main coupée et son plongeon vers les abysses de Coruscant.
« _Ne t’inquiète pas. Tout se passera bien. Reste avec ta sœur. Nous restons en contact. Je pense que nous avons un peu de temps avant que Palpatine ne tente quelque chose. Il faut qu’il change son organisation. » Me rassura Mace. « Allons-y. »
Les trois Jedi me laissèrent seule avec Kiara.
« _Hé ! My Sistor ! Il est l’or ! Il est l’or de se réveillor ! My Sistor ! » Lançais-je dans le silence de la chambre à peine troublé par le bip des ordinateurs qui surveillaient ses signes vitaux. « Je te préviens tu n’as plus que vingt-quatre heures à roupiller. Normalement, si tout se passe comme pour moi, tu n’as plus qu’une année à supporter les abrutis de ton boulot. Et quand tu vas te rendre compte que tu as supporté toutes leurs mesquineries pour rien, tu vas bien avoir les boules. Mais si ça peut te consoler, une superbe surprise t’attend à ton réveil. Tes rêves les plus fous vont se réaliser. Si je te dis que deux grands yeux bleus et une barbe blonde t’attendent ? Hein ? Qu’est ce que tu dis de ça ? Allez. Je te laisse. Je veille au grain, des fois que le Tatoué se pointerait plus vite que prévu. Il va avoir une drôle de surprise Pue-du-Clap. Deux sisters pour le prix d’une. Il ne sait pas dans quel guêpier il va tomber. »
J’approchais un fauteuil à repulseur et m’y installais confortablement, mon sabre en main, prêt à être allumé en cas de besoin.
Je ne dormis pas. Je veillais, plongée dans une méditation Jedi, les sens en alerte…
Mace était venu me retrouver un peu plus d’une heure plus tard.
« _Les parents de ta sœur sont en sécurité. Ils ont pris un vaisseau et se sont caché en hyperespace, en saut aléatoire qui ne les éloignera pas de plus de trois parsecs de la planète. Son fils est avec eux. Qui-Gon et Obi-Wan sont en planque près du bureau du Sénateur. Je dois aller rencontrer le roi Veruna. Tu n’as besoin de rien ?
_Non. C’est bon. Je te remercie.
_A toute à l’heure. »