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Par Lusiana Windu



IV
Page 41


L'homme regardait la mer. Il écoutait le rythme éternel des vagues qui venaient s'écraser sur les roches en contre bas de la falaise. Les flots allaient et venaient, se déversant sur les arêtes minérales d'un vert émeraude profond qui contrastait avec le turquoise intense de l'océan. Puis, ils repartaient, après que leurs délicates dentelles d'écume blanc nacré se soient déchirés contre les arêtes vives, à peine érodées par le sel et le vent. L'eau ondulante et impassible revenait avec une force tranquille et repartait à l'assaut de la forteresse de pierre qui s'avançait dans l'océan, telle la flèche d'une lance dans les chaires. Il était grand, plus grand que la moyenne des humains, et ses épaules carrées donnaient à sa silhouette une allure fière et martiale, quelque peu dominatrice, du moins, qui inspirait d'emblée le respect. Ses cheveux bruns, qu'il laissait pousser, étaient légèrement retenus par un lacet de cuir au niveau de l'occiput, et flottaient dans la douce brise saturée d'iode. Son regard perçant et vif était du même gris que l'acier, avec ce petit rien de vert à la périphérie de l'iris qui accroissait son air énigmatique. Quel âge pouvait-il avoir? C'était difficile à dire? D'autant que son visage, presque émacié, semblait avoir gardé de l'enfance quelques rondeurs joufflues, apaisant ainsi la sévérité qui aurait pu s'y lire. Il aurait pu paraître sombre et taciturne. Mais un léger sourire de plénitude lui donnait plutôt une allure de sagesse.
«_Que la Force soit avec toi, A'Kotché Moya. » Murmura-t-il dans le vent soufflant nonchalamment autour de lui, faisant flotter les pas de son poncho de laine multicolore.
Il ferma les yeux, sourit d'avantage. Le spectacle de cette nature généreuse était d'un calme empli de plénitude. Il pouvait ressentir la force latente de l'océan quand il décidait de se déchaîner. Il pouvait sentir la puissance cachée du vent qui, ce jour-là avait décidé de se faire doux et chaud, tel une caresse tendre, parfumée des toutes les fragrances subtiles qui se laissait porter au hasard des tourbillons aériens. Pendant un long moment, il parut écouter des voix que lui seul pouvait entendre.