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Par Emrys Harriet



Chapitre VII Alesia

Une multitude d'oiseaux chantait dans le ciel, alors qu'Emrys s'avançait lentement, longeant la falaise. Il ne voulait pas attirer l'attention des villageois. Sûrement que si quelqu'un était au courant de son départ, il aurait perdu plus de temps à dire au revoir à tout le monde. Et pourtant, il aurait tellement voulu que Bardolf soit avec lui.
J'espère qu'il me retrouvera, pensa-t-il.
Après un long moment, il arriva devant l'entrée de la vallée, enfin, où commençait le long couloir qui menait à la Forêt d'Alesia. Il se retourna une dernière fois et soupira. Il détourna le regard et s'avança dans le couloir. Les arbres étaient immenses et beaux. Il pénétra dans la forêt et durant une trentaine de minutes, il marcha seul, écoutant les cris des animaux, le chant des oiseaux. Puis, il découvrit au bord du chemin, assis sur une souche, Bardolf qui l'attendait patiemment. Celui-ci avait avec lui un bouclier, et un sabrolaser rangé sur son côté. Il sourit à l'approche du jeune homme.
- Vous en avez mis du temps, dit-il. Cela fait un moment que je vous attends.
- Qu'est-ce que tu fais là, Bardolf ?
- Si vous croyez que vous allez vous débarrasser de moi aussi facilement, vous vous trompez. Je vous suivrai jusqu'à ce que votre quête soit terminée et pas avant.
- Non, Bardolf. Je suis désolé, mais je ne te laisserai pas me suivre.
- Et pourquoi pas ?
- Parce que tu continues toujours à me vousoyer et je crois que si l'on doit continuer ensemble, il faudra changer cela.
- Si ce n'est que ça, alors cela ne devrait pas poser de problème.
Ils se mirent à rire et pendant ce temps, Bardolf sortit de son sac un grand tissu vert, couleur de l'herbe fraîche. C'était en fait, une cape avec un capuchon, muni d'une petite broche en argent pour la fermer. Le loup-garou la tendit à Emrys.
- C'est pour toi. L'une de mes amies l'a faite pour toi, en s'inspirant de peintures murales trouvées dans le village. Sur ces dessins, les sorciers portaient ceci, alors comme tu en es un, tu devras la porter également.
- Merci, Bardolf. C'est très gentil.
Emrys posa ses affaires et plaça le cadeau sur ses épaules. Ensuite, il reprit ses sacs et son bâton dans les mains. Il ressemblait aux grands sorciers d'antan, fier et majestueux, ne craignant rien, ni personne.
- Il y a quelqu'un qui aimerait te rencontrer, déclara Bardolf. C'est un hommage de s'entretenir avec elle. Suis-moi. Elle pourra t'apprendre beaucoup de choses.
Bardolf se mit en marche, empruntant un petit sentier, très étroit et à moitié effacé par le temps. Emrys le suivit, se demandant où son nouveau compagnon était en train de le mener. Le chemin était souvent coupé par de grands arbres déracinés et de gros blocs de pierres. Le sentier monta, et plus ils avançaient plus le talus devenait raide. A un moment donné, il n'y avait plus d'arbres et le chemin longeait le flanc des falaises, puis il se transforma en escalier taillé dans le roc. Là, devant ces marches, Bardolf s'arrêta.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Emrys.
- Rien, mais tu dois continuer seul, depuis ici. Je t'attendrais là. Monte !
- Pourquoi tu…
- Non, il n'y a pas de pourquoi. C'est toi qu'elle veut voir, toi seul.
- D'accord.
Emrys regarda le sommet des escaliers. Il inspira profondément et s'avança lentement de marche en marche. Elles étaient irrégulières et le jeune homme regardait où il mettait les pieds, faisant attention de ne pas tomber. L'escalier était étroit et Emrys plaça la main droite contre la paroi de la falaise. Il la garda contre la roche, tout en avançant. Le jeune homme observait de temps en temps le village, pendant qu'il reprenait son souffle. La vue était superbe. Il eut instant de nostalgie, pensant qu'il devait quitter ce magnifique endroit, ce qu'il connaissait et qu'il aimait.
Il soupira et reprit son ascension. Les marches s'élargirent peu à peu et Emrys déboucha sur un petit replat verdoyant. Il y avait peu de fleurs, pour ne pas dire quasiment pas. Par contre, il y poussait six arbres au tronc blanc, un très gros entouré des cinq autres beaucoup plus fins et jeunes. Il marcha lentement, mais ne vit personne, alors il commença à appeler. Après un cours instant, les feuilles des arbres bougèrent, comme s'il y venait un courant d'air, mais Emrys ne sentit pas le moindre vent et cela l'inquiétait.
- Vous êtes enfin là, dit une voix féminine, assez âgée.
- Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ? Demanda Emrys, tournant la tête en tout sens, car il ne voyait encore personne.
- Approchez du grand arbre. S'il vous plaît. Moi, je ne puis point bouger.
Emrys s'avança de l'arbre central, tout en le regardant, s'attendant à voir quelqu'un surgir d'un instant à l'autre. Il fut très étonné de ce qu'il vit. En même temps qu'il tournait autour du tronc, il remarqua que l'écorce était craquelée, faisant apparaître un visage tout ridé. Emrys s'assit sur un morceau de rocher en face de l'arbre, il regarda devant lui, distinguant très bien les yeux, le nez et la bouche.
- Vous désiriez me voir ? Demanda-t-il.
Les yeux de l'arbre s'ouvrirent lentement, dévoilant deux larges trous dans lesquels on pouvait voir des yeux verts, brillant dans le noir.
- Oui. Je voulais vous voir, déclara l'arbre. ( Il y eut un moment de silence.) Emrys Bachar, c'est votre nom, n'est-ce pas ? Etes-vous de la même famille que les Harriet. Vous avez les même yeux que Joost Harriet, le même brun plein de flamme de bonheur et d'honnêteté.
- Je ne suis pas de parenté éloigné des Harriet, madame. Mais je suis un Harriet, fils de Boto, roi du septième royaume.
- Je sais qui est Boto. Je sais beaucoup de choses, même en vivant ici. Les arbres de mon jardin me rapportent ce qu'ils entendent. Mais si vous êtes le fils de Boto, pourquoi avoir adopté ce nom de Bachar ?
- C'est le nom de mon père adoptif. Je viens d'avoir eu vingt-deux ans et je n'ai jamais connu mon royaume et mes parents.
- Je comprends mieux, mais n'oubliez pas qui vous êtes réellement, un Harriet.
- Oui, merci de ce conseil. Mais moi, je ne connais pas votre nom. Vous êtes un rajable ?
- Oui, je suis un rajable. Je m'appelle Alesia, j'étais la gardienne de ce jardin, il y a très longtemps.
- Ce jardin dont vous parlez, c'est la Forêt d'Alesia ?
- Oui. D'où croyez-vous que vient ce nom-là ? Mais bien avant ce temps-ci, on l'appelait le jardin d'Alesia. C'était moi, qui plantais les fleurs et les arbres.
- Comment faisiez-vous ? Vous m'avez dit que vous ne pouvez pas bouger.
- Oh ! Il y a cinq mille ans, je pouvais me déplacer dans mon jardin, avant d'être venu ici et avoir pris racine, c'est le cas de le dire. Mais, qui sait, peut-être qu'un jour mes racines ressortiront de terre et que je pourrais enfin me mouvoir, comme il y a des millénaires auparavant.
- Je le souhaite pour vous. Vous vouliez juste me voir, ou également me dire quelque chose ?
- Cela dépend, si vous avez des questions à me poser, Emrys. Moi, je sais pourquoi vous parcourez ces terres. Mais peut-être que vous avez des choses qui vous tournent dans la tête, des questions sur l'ancien temps. Vous êtes jeune, mais moi j'ai plus de sept mille ans d'existence. Je connais beaucoup de choses, bien entendu pas toutes, mais une bonne partie de l'histoire coule dans ma sève.
- Il a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi êtes-vous venu vivre ici, au lieu de continuer à vous occuper de votre jardin ?

- C'était, il y a cinq mille ans, environ. Je ne me rappelle plus exactement quand, c'est juste pour vous situer, car mon peuple ne s'est jamais préoccupé des dates.
« Il n'y avait autrefois, ni aslas, ni hommes, ni maoisiens, ni foscioums, ni xouxs et ni niuprs. Il y vivait que quelques races intelligentes, les rajables, les golems et les rhezzs. Nous autres, rajables, avons répandu les forêts, prairies, marais et autres lieux de verdure que nous appelions "Les Jardins". Chaque jardin possédaient un gardien. Il faut que vous sachiez que le plus grand de tous les jardins de Silaurs se trouvait autrefois dans les plateaux de Kamîl. Maintenant, il n'y reste plus que du sable et du gravier, ce que l'on appelle aujourd'hui des déserts.
- Les déserts de Kamîl étaient des forêts ?
- Oui, la plus grande et la plus belle de toute.
- Mais que lui est-il arrivé ?
- J'y viens. Un jour, les rhezzs sont sortis de leurs montagnes et il leur est venu à l'esprit une idée folle. Ils déferlèrent dans le monde, tel un raz de marré. Avec leurs armes, ils détruisirent tous ce qu'ils croisaient. Tout le jardin de Kamîl fut brûlé, il n'en resta rien. Nous ne savions pas où nous cacher. Les rhezzs connaissaient tout sur Silaurs. Néanmoins, nous partîmes de nos villages. Je m'installai ici, mais les autres, je n'en sais rien et je n'en ai plus entendu parler.
« Pétrifiée par la peur, je restai là, sans bouger, et au fil des années, mes racines se sont enfoncées dans le sol. Aujourd'hui, je ne puis plus les bouger.
Alesia soupira tout en fermant les yeux. Une petite larme coula le long de son nez.
- Je crois que je suis la dernière des rajables de mon âge. J'ai essayé, en vain de planter de mes semblables, mais les sophustils attendaient qu'ils aient dépassé la centaine et ils les coupaient pour en faire des kurep-junoyai, comme celui que vous tenez là.
- Je suis désolé.
- Je ne vous en veux pas. Je suis sûr que vous ne saviez pas tout cela et que ce n'est sûrement pas vous qui l'avez coupé. Comme vous pouvez le voir, j'ai décidé d'en planter autour de moi, pour qu'ils soient sous ma protection. Encore deux cent ans et ils pourront parler, entendre et marcher. (Elle eut un long soupir et cela fit frémir toutes ses branches.) Je suis sûr que ces cinq arbres seront le début d'une nouvelle ère pour mon peuple et pour le monde entier.
« Voilà toute l'histoire. Enfin, avant que les aslas et les autres peuples d'aujourd'hui ne viennent en Silaurs.
- Ces autres peuples, sont-ils venus d'un seul coup ?
- Oui. Ils sont passé par ce que vous appelez "Les Portes du Paradis". Ils sont arrivés avec d'autres espèces animales. Je ne sais plus lesquelles, mais je crois qu'il y avait des dragons, il me semble, ou plutôt des œufs.
- Vous savez pourquoi ils sont arrivés ?
- Non. Je ne saurais pas le dire. Interrogez plutôt un asla, un xoux ou un niupr. Ils doivent savoir mieux que moi. Avez-vous d'autres questions ?
- Oui, deux. Les golems, premièrement. Ils ont été détruits ?
- Non, je ne crois pas, car ils sont tout de même très rusés. Il paraît qu'ils se sont réfugiée sur des îles au-delà de la Grande Bleue. Quelle est votre deuxième question ?
- Il est dit dans des histoires, que mon ancêtre, Joost, possédait un sabre fabriquait à partir de sève de rajable. Il l'aurait perdu tenant tête à une arachtophone. Est-ce que, par hasard, savez-vous où elle se trouve ? Je crois que c'est en Maoise.
- Benisis, c'est cela ?
- Oui.
Alesia fronça les sourcils et toussota.
- Non, je ne sais pas, déclara-t-elle. Je vous avais dit que je ne connaissais pas tout, mais je l'ai déjà vu, ce sabre. Il est très beau. Si vous croyez qu'il se trouve en Maoise, alors c'est là-bas que vous devez faire des recherches. C'est le seul conseil que je peux vous donner sur ce sujet.
- Merci alors, fit Emrys en se levant. Je vous suis redevable pour tous ce que vous m'avez appris.
- Ce fut un plaisir de vous voir, Emrys, fils de Boto Harriet. Notez bien ce que je vais vous dire maintenant. Seules les traces du passé pourront vous aider dans votre quête. Ce sont ces traces que vous devez suivre. Vous les connaîtrez les une après les autres, mais vous ne saurez point où elles vous mèneront, alors soyez sur vos gardes. Au revoir, Emrys Harriet. J'espère que l'on se reverra.
- Je l'espère aussi. Au revoir, Alesia.
L'arbre referma les yeux et les feuilles de tous les autres dansèrent dans un tourbillon d'air, comme si cela était leur langage. Emrys redescendit les marches et Bardolf l'attendait, toujours au même endroit, assis au fond de l'escalier.
- Alors ? Demanda-t-il en se levant. Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
- Que je devais suivre les traces du passé.
- Et tu as compris ce que cela signifiait.
- Oui. Même s’il m’a fallut y réfléchir un moment.
- Très bien. Je suivrais ces traces, moi aussi. Tu les trouveras mieux que moi, alors où tu iras, j’irai.
- Si tu le souhaite.
- Oui, bien entendu que je le souhaite, Emrys. Mais où va-t-on ? A toi de décider.
- En Maoise. J’ai un sabrolaser à retrouver là-bas. Tu connais bien la région ?
- Bien sûr. Je la connais dans les moindres recoins.
- Alors on se rendra dans le village le plus proche.
- Le village Maoisien le plus proche d’ici, se nomme Marbod. Viens ! Je sais où il faut passer pour y arriver rapidement.
- Y a-t-il une taverne là-bas.
- Oui, bien entendu.
- Alors va bien. Je te suis.
- On va rejoindre la route, ce sera plus facile.
- On ne risque pas de se faire remarquer.
- Non. Nous avons pourchassé tous les loups-garous de l’autre soir. Il n’en reste plus un seul. Nous sommes dans l’anonymat le plus total. Viens ! Suis-moi !