V
Le soir, lors de la réunion du Conseil des Anciens, Leia sentit tout de suite que la partie était loin d’être gagnée. Elle était peut être devenue une wookie en appartenant au clan Watta, mais il n’en restait pas moins qu’elle était avant toute chose humaine, et un certain nombre des anciens voyait d’un mauvais œil l’intrusion d’une race étrangère dans leur sacro-sainte institution. Elle avait décidé de jouer carte sur table. Les wookies étant un peuple où l’honneur était le fondement de la société, elle avait préféré adopter l’attitude de la franchise. Il avait été décidé qu’étant à la fois représentante de son clan et émissaire de la Nouvelle République, elle n’assisterait pas à la première partie des débats. En revanche, Yan et Chewbacca y assisteraient en leur qualité d’élus.
La réunion venait de commencer. Elle ne savait pas combien de temps cela allait durer. Elle attendait, tranquillement assise dans un salon d’apparat, que l’on veuille bien venir la chercher. Elle était particulièrement nerveuse et tentait tant bien que mal de retrouver son calme mais rien n’y faisait. Elle se rappela que Luke lui avait parlé d’une méthode de relaxation Jedi. Elle se dit que son destin étant lié irrémédiablement à l’ordre, autant qu’elle en utilise les avantages que cela pouvait lui apporter. Elle ferma les yeux et se concentra sur elle-même. Des images douces et tranquilles lui revenaient en mémoire. Alderaan, sa mère et un homme près d’elle. Pourtant elle ne le reconnu pas, bien que le tableau lui semblait à la fois familier et heureux. Elle aurait juré que c’était son père mais l’homme ne ressemblait pas du tout à Bail Organa. Cela aurait du la troubler mais il n’en était rien. Elle gouttait l’air délicieusement doux de la nuit de Kashyyyck. Elle faisait confiance en la Force, elle savait qu’elle serait avec elle. Elle savait aussi qu’elle pouvait compter sur Garwatta. Elle eut soudain l’impression de le sentir tout près d’elle…
_Bonsoir Achawatta.
_Bonsoir Garwatta.
_Tu sembles bien songeuse. Quelque chose te préoccupe, n’est ce pas ?
_Je crains qu’on n’aime pas beaucoup les Jedi parmi vos congénères…
_On hait tout ce qui fait peur, tu sais. Et nous faisons peur parce que nous sommes différents. Leia, serais tu disposée à discuter avec quelqu’un ?
_Qui ? Je connais cette personne ?
_Oui, bien que vous ne vous soyez jamais rencontrés.
_Anakin ?
_Ton instinct a vu juste. Acceptes-tu de lui parler ?
_Je ne sais pas si je…
_Leia, écoute au moins ce qu’il a à te dire. C’est moi qui te le demande. Anakin est un ami. Il m’a bien précisé qu’il voulait ton consentement. Fais-moi confiance. Il est important que tu lui parles.
_Mais comment vais-je pouvoir lui parler ?
_Mais de la même façon qu’avec moi. Anakin, mon ami, viens par ici.
Une autre forme lumineuse approcha. Le père de Leia approcha timidement. Elle fut, soudain, la proie d’émotions aussi fortes que contradictoires. Elle était émue et elle avait envie de le gifler. Elle aurait voulu se précipiter dans ses bras et en même temps elle avait envie de se ruer sur lui et lui rendre tout le mal qu’il lui avait fait. Elle était également très surprise de reconnaître l’homme qui était aux cotés de sa mère dans le songe qu’elle venait d’avoir. Elle fit un pas vers lui.
_Bonsoir… père.
_Leia ! Si tu savais le plaisir que tu me fais en acceptant de me parler !
_Je ne le fais pas pour vous, mais par respect pour Garwatta. C’est parce qu’il me l’a demandé.
_Leia, il faut que je t’explique. On ne t’a pas tout dit. Même Luke n’est pas au courant de tout. Les choses n’étaient pas aussi simples que tu peux le penser.
_Je suis certaine que vous aviez de bonnes raisons pour avoir mis la galaxie à feu et a sang.
_Je comprends ta colère. Mais fait très attention, tu sais qu’elle fait partie du Côté Obscur. C’est pour cela que j’ai voulu que l’on se parle. Quand j’ai rencontré Obi Wan Kenobi, j’étais déjà un bon pilote. C’est lui qui a réalisé que mes capacités hors du commun étaient dues à la Force. Je n’avais pas encore fini ma formation quand j’ai été confronté au Côté Obscur. Le piège se refermait tout doucement sur moi. Je venais juste d’épouser ta mère. Obi Wan m’avait mis en garde contre le côté obscur. Mais j’étais fier et impétueux. J’ai fait la connaissance d’un certain Arrus Pa'al Patunis. J’ai vite senti qu’il avait des dessins très ambitieux et particulièrement néfastes pour la galaxie. J’ai pris sur moi de le fréquenter dans l’espoir d’en savoir un peu plus et contrecarrer ses projets, que je sentais de mauvais. Il était lui aussi doué de la Force. Ce qu’il m’avait caché c’est qu’il était l’un des serviteurs du mal. Je ne l’ai pas vu suffisamment tôt. Quand Kenobi s’aperçut que j’étais sur la mauvaise voie, il était trop tard. Le Côté Obscur est comme une bête maléfique. Il lui faut régulièrement des proies à dévorer. Palpatine et le Grand Prêtre du Noyau voulaient en fait qu’Obi-Wan les rejoigne. C’était lui qu’ils voulaient, pas moi. Ils avaient pressenti l’importance qu’il allait avoir dans le destin de la galaxie. Ils pensaient qu’à travers moi, Obi Wan se laisserait corrompre. Mais Yoda l’avait bien formé. Et moi, j’avais présumé de mes capacités et c’est moi qui me suis fais prendre.
_Si je comprends bien, vous ne vous êtes pas laissé vraiment séduire par le côté Sombre. Ils ont profité de votre inexpérience pour vous tendre un piège.
_C’est cela. Palpatine et le Grand Prêtre du Noyau voulaient anéantir Yoda. Palpatine savait qu’il serait la cause de sa perte. Et c’est ce qui s’est produit. C’est grâce à la formation qu’il a dispensé à ton frère que j’ai pu être sauvé de cet esclavage et l’aider à tuer l’Empereur.
Leia était songeuse. Elle se rendait compte qu’elle avait peut-être jugé son père un peu vite.
_Mais pourquoi avoir cédé ? Pourquoi n’avoir pas préféré la mort ? il aurait mieux valu que…
_oui je te comprends. Mais en mourant, Obi Wan n’en aurait été que plus vulnérable. Et pour protéger mon vieux maître, j’ai cédé. Je ne savais pas pourquoi encore, mais l’acharnement de Palpatine envers lui avait éveillé mes soupçons. Ce que je ne voyais pas c’est que le Côté Obscur s’emparait de moi petit à petit. Je changeais sans m’en rendre compte. Vador apparaissait progressivement, prenant ma place subrepticement.
_Mais vous avez failli tuer Obi Wan pres du volcan. Ensuite vous l’avez fait sur l’Etoile Noire.
_Pas moi, mais Vador qui avait prit possession presque totalement de mon être. Je ne le suis devenu qu’un peu plus tard. Obi Wan n’avait pas d’autre solution pour détruire la bête qui prenait ma place que de me détruire moi, Anakin. Malheureusement, il a échoué, et rongé par l’amertume d’avoir vu mon maître ne pas hésiter à tenter de me tuer, j’ai fini ma chute dans le côté obscur. Et je suis devenu le monstre qui t’a torturée de ses mains.
Le silence s’installa entre le père et la fille. Garwatta observait la scène à l’écart. Leia s’approcha doucement et avança la main vers la silhouette de son père. elle aurait pu le toucher. Mais celu lui était interdit. Le visage d’Anakin était doux et fort à la fois. Elle lui ressemblait, c’était indéniable. Elle aurait voulu le toucher. Mais elle ne le pouvait pas. Une larme coula sur sa joue.
_Si vous saviez ce que vous m’avez manqué. Si vous saviez ce que ma mère a pu vous pleurer… Je vous demande pardon de vous avoir juger si vite. J’ai toujours considéré Bail Organa comme mon père. Il le restera toujours. Mais je sais aujourd’hui tout ce qu’il ne m’a pas apporté et tout ce que vous me donnez. Je suis bien égoïste de vous avoir jugé ainsi. Père, pardonnez moi. Je me rends compte combien l’amour que vous avez pu éprouver pour Luke fut fort pour terrasser ainsi l’Empereur.
_Ce n’était pas seulement pour ton frère. C'était aussi pour toi. Je n’ai pas supporté de sentir le mal qu’il aurait pu vous faire à tous les deux. Mais c’est à toi de me pardonner le mal que je t’ai fait.
_C’était le destin. Plusieurs fois, vous n’avez pas réussi à me tuer. Je crois savoir pourquoi maintenant.
_Tu ressemble tellement à ta mère… aussi belle et forte…
_Nous avons perdu tant de chose tous les deux.
_Mon temps est limité. Mais nous allons nous revoir, il faut aussi que je parle à Luke. Maintenant, je dois te laisser. La réunion s’achève, ils vont venir te chercher. Leia la galaxie a besoin de toi. Reviens dans l’alliance. Au revoir, ma fille.
_Au revoir père. Dit-elle en s’éloignant. Puis elle revint légèrement sur ses pas. Père ?
_Oui ?
_Je… Je vous aime.
Anakin sourit, très ému. Il hocha de la tête.
_Tu me fais un immense bonheur. A bientôt. Que la Force soit avec toi, ma fille, à tout jamais.
La princesse avait décidé d’habiter la maison de son clan, le temps de son séjour sur Kashyyyck, ce que la communauté wookie avait trouvé tout à fait normal. Yan avait décidé d’accompagner sa fiancée, craignant pour sa sécurité, suite à une petite discussion qu’il avait eut avec Sla. Il lui avait révélé qu’une petite bande était particulièrement hostile à leur séjour sur la planète, et encore plus à leur intégration dans la communauté wookie, ayant appris que la princesse était la fille de Vador. D’autre part ce petit groupe était particulièrement inamical envers les humains qu’il considérait comme responsables des principaux maux de la galaxie. Il avait préféré ne pas en parler à la jeune femme, mais lui avait expliqué qu’il estimait de son devoir de la protéger.
Yan dormait dans une des chambres d’hôte de la résidence de Garwatta. Leia n’arrivait pas à dormir. Elle ne savait s’il fallait mettre cela sur le compte de la date du mariage qui approchait, ou de cette maison, si riche en souvenirs. Mais peut-être était-ce sa rencontre avec son père. Elle avait été surprise de lui pardonner aussi facilement. Elle avait maintenant plein de regrets, elle avait eu un père, mais celui-ci n’avait fait que combler en partie un vide. Malgré tout l’amour qu’Organa lui avait prodigué, elle se rendait compte qu’aucun homme ne pouvait remplacer le père que le destin lui avait enlevé. Elle se sentait bien mal placée pour lui refuser son pardon, alors que Garwatta l’avait fait lui. Yan aussi lui avait pardonné. Tout le monde faisait la différence entre Vador et Anakin, elle n’avait aucun droit de ne pas en faire autant. Elle respirait l’air délicieusement doux de la forêt qui arrivait jusqu’à la terrasse où elle réfléchissait. Yan s’était levé et l’observait affectueusement. Il s’approcha derrière elle, et lui passa les bras autour du cou. Elle appuya doucement la tête au creux de l’épaule que le corellien lui proposait. Comme c’était bon d’être en paix avec soi-même et avec les autres ! Tout sentiment de haine l’avait abandonnée. Elle s’abandonnait simplement à la douceur de cette nuit où elle pouvait enfin regarder les étoiles sans angoisse, sans colère, sans peur…