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Par Lusiana Windu



II

Elle se souvenait de son enfance, protégée, dans une cage dorée. Il avait fallu la protéger du monstre qui l'avait engendrée. Le visage de sa mère lui apparu, triste. L'homme qu'elle avait aimé était devenu une machine à tuer à la solde du despote qui mettait la galaxie à feu et à sang. Elle n'avait jamais vu le visage de sa mère sourire. Elle était d'une délicate beauté mais toujours d'une profonde tristesse. C'était le souvenir qu'elle gardait d'une mère que le chagrin avait emportée alors que sa petite fille avait tant besoin d'elle. L'épouse d'Anakin Skywalker n'avait plus jamais pu être heureuse depuis la mort de son mari. A elle non plus, on n'avait pas dit la vérité. On lui avait annoncé la mort d'Anakin, tué par un jeune Jedi converti au Coté Obscure de la Force. C'était le même mensonge qu'Obi-Wan Kenobi avait décidé de dire au jeune Luke vingt ans après, au moment de commencer son apprentissage. Et c'était vrai, "d'un certain point de vue". Pour protéger les enfants du terrible serviteur du mal qu'était devenu leur père, on les avait séparés et entourés d'une chape de secret. Jaïna Skywalker avait fini par accepter de se séparer de son fils. La douleur fut terrible. Son mari venait de mourir et il fallait pour le bien de la galaxie qu'elle confia son fils à son beau-frère. Elle s'était éteinte progressivement, comme une fleur qui se fane, s'étiole et meurt. Leia était très jeune. Et Bail Organa avait tenu sa promesse. Il avait protégé la jeune fille et lui avait donné une bonne éducation. Elle avait toujours su qu'elle avait été adoptée par le vice-roi d'Alderaan, que son vrai père était mort avant sa naissance. L'unique père qu'elle avait toujours respecté en tant que tel, était Bail Organa. Il avait toujours été là, lui. Il n'avait jamais renié sa famille. Organa lui avait donné jusqu'à son nom. Il lui avait permis de devenir une brillante jeune diplomate. Elle avait toujours aimé le travail, sans doute parce qu'on ne la laissait faire que cela. Pour sa sécurité et par sa position dans la famille royale, elle devait se conformer à une stricte étiquette. On lui avait très vite fait comprendre, que dans sa position, les études étaient primordiales. Etant membre de la famille royale, elle n'avait guère le temps pour les jeux et les plaisirs oisifs. Elle devait étudier et maîtriser tous les usages, toutes les coutumes, les langues et les particularismes qui faisaient la richesse de la galaxie. Elle avait eu une enfance protégée, certes, mais on l'avait obligée à grandir très vite. Elle n'avait pas eu le temps de partager l'insouciance des enfants de son âge. Mais peu importait. Elle avait toujours préféré étudier, se lançant sans arrêt des défis. Ainsi, elle avait été élue, très jeune, sénateur, elle était appelée à fréquenter régulièrement la cour impériale de Coruscant.

Elle détestait les soirées données par l'Empereur. Mais elle était obligée d'y assister. Ces soirées n'était en fait qu'un moyen parmi d'autre de flatter l'ego mégalomane du tyran. La galaxie vivait sous le joug de l'Ordre Nouveau, et il fallait composer. Que n'aurait-elle pas donné pour lui tordre le cou à ce vieillard arrogant et maniaque ? Mais l'opposition ne pouvait se permettre, à cette époque, un coup d'éclat pareil. Elle n'était pas encore assez puissante. D'autre part, l'Empereur était entouré d'une aura de mystère et de maléfisme qui donnait froid dans le dos à plus d'un.

Durant ces soirées, le passe-temps favori des invités était de s'observer les uns les autres, et de dire le plus de mal possible sur le compte de chacun. Leia détestait ces courtisans surfaits, mielleux avec les puissants et impitoyables avec les faibles. Elle n'avait que de rares amis à cette cour. La méfiance était de rigueur. Les complots et les cabales étaient la monnaie la plus courante dans la cité impériale. Chaque geste, chaque sourire ou regard était immédiatement interprété et décortiqué. On s'épiait, on s'espionnait. Rien n'était jamais laissé au hasard. Aucune parole, si insignifiante fut-elle, n'était prise à la légère. Et généralement, l'interprétation n'avait rien à voir avec le sens réel qu'avait voulu lui donner son propriétaire. La princesse d'Alderaan détestait ces femmes qui rivalisaient d'extravagance dans leurs toilettes, toutes plus voyantes les unes que les autres. Certaines étaient des jeunes filles de son âge, de l'aristocratie, des péronnelles impertinentes et oisives, snobes et stupides. D'autres étaient les mêmes mais alourdies et enlaidies par les ans. Elles étaient, en fait, les mères et les tantes des premières. Elles étaient là, devisant entre elles, regardant sans la moindre gêne les meilleurs partis de la galaxie, pendant que ces mêmes hommes semblaient choisir dans un étalage de jeunes pouliches affriolantes et chamarrées comme à la parade, pour montrer le niveau de richesse de la famille. Il y avait aussi les épouses des dignitaires et des officiers supérieurs. Ces femmes étaient ridées par les années, aigries par l'ennui. Elles se vengeaient de leur inactivité, de l'infidélité de leur époux souvent en mission, en engloutissant des tonnes de petits fours. Elles gloussaient, comme des poules, des derniers ragots débités sur le compte de leur soi-disant meilleure amie, qui venait de tourner le dos quelques instants de trop. Elles étaient là, à se pavaner devant des ambitieux qui acceptaient souvent leurs charmes surannés, dans l'espoir d'une promotion, d'une protection dans leur carrière. Ce n'était pas la femme sue l'on recherchait mais la position du mari dans la hiérarchie impériale. On recherchait celle qui saurait récompenser à son meilleur prix la flatterie et l'illusion donnée que l'on pouvait toujours plaire. Pendant ce temps, les maris se consolaient de leur exil dans les bras de jouvencelles qui leur redonnaient un peu de verdeur. Les épouses trouvaient quelques gigolos cantonnés à des postes inférieurs qu'ils espéraient quitter rapidement. Telle était la cour de Coruscant, servile, corrompue et décadente. Mais elle était tenue de main de maître par l'Empereur. Pendant que les nobles et les dignitaires se préoccupaient de leurs petites querelles intestines, ils ne pensaient pas à monter des complots qui auraient pu mettre en danger les fondations de l'Empire. Ils n'avaient également pas le temps de penser à autre chose, à philosopher, par exemple, à échafauder des théories humanistes qui auraient pu les conduire à renforcer les rangs de la Rébellion. Palpatine entretenait ce climat qui lui permettait de faire ce dont il avait envie à l'autre bout de la galaxie. Il endormait ses courtisants en leur donnant l'illusion de pouvoir. C'était un vrai marché de dupes, dans lequel lui seul était gagnant.

Chaperonnée par les sœurs de son père, sa qualité de femme reléguait Leia au rang d'objet décoratif. Elle avait trop souvent le sentiment d'être regardée comme une jolie petite oie blanche à marier par des prétendants aussi stupides que vaniteux, et aussi par des belles-mères potentielles à la recherche d'une bru, jolie, malléable et surtout riche et bien née. Leia n'avait alors qu'un recours, s'éclipser sous un prétexte ou un autre. La soirée se divisait toujours en deux parties. Durant la première, elle devait trouver un motif pour quitter la réception. La seconde était de pouvoir mettre en place le stratagème. Il fallait rester assez longtemps pour ne pas paraître impolie et insolente. Mais trop souvent, la soirée s'éternisait sans qu'elle puisse disparaître et quitter cette faune de rapaces. Les responsabilités augmentant, il lui était devenu de plus en plus difficile de s'échapper. Elle était sans arrêt abordée par des dignitaires, flattée, elle aussi, répondant par des platitudes diplomatiques. Il fallait qu'elle trouve le moyen de passer le temps. Elle se lançait des défis, pour pimenter ces soirées insipides. Elle tentait de placer habilement des mots aussi retors qu’holothurie (sorte de limace marine), ou encore, bothriocéphale. Elle s'en était fait toute une liste. Un autre défi consistait à ne pas dire certains mots. Difficile de ne pas parler de désert avec le gouverneur de Tatooine, ou d'océan avec le représentant calamari. C'était futile, mais cela avait le mérite de l'obliger à garder toute son attention auprès de ses interlocuteurs. Quant à faire de la propagande pour l'opposition, il n'en était pas question. L'état d'urgence avait été déclaré dans toute la galaxie. La moindre parole suspecte l'aurait mise au banc de l'univers. Il fallait à tout prix que l'Alliance Rebelle, clandestine, garda des attaches dans le monde officiel. Trop de ses dirigeants devaient déjà se cacher.

Quand la princesse se retrouvait à sa table de travail, loin de ces mondanités futiles, elle avait enfin le sentiment d'être utile à quelque chose. Elle préférait cent fois l'atmosphère poussiéreuse des archives et l'ombre des bureaux à celle clinquante et hypocrite des soirées impériales. Et toutes ces heures passées à étudier l'avaient forgée. Elle avait appris la patience, elle qui était trop souvent impétueuse. Elle était devenue réfléchie et tenace, elle qui était trop souvent impulsive. Elle ne connaissait pas tous les peuples de la galaxie. Mais elle en connaissait bien plus que la majorité des diplomates en poste au Sénat. Elle pouvait ainsi négocier avec un talent que beaucoup lui jalousait. Elle avait acquis une réputation de sérieux et de compétence très rare, vu son jeune âge. Elle avait été bercée depuis son plus jeune âge dans une culture très riche. Alderaan avait atteint un niveau de civilisation exceptionnel. La population avait développé un sens particulier de la vie et ne concevait pas l'existence sans tolérance et respect des espèces les unes envers les autres. Elle honnissait l'esclavage. Elle avait en horreur la dictature et était profondément pacifiste. Le régime de Palpatine représentait tout ce que cette culture avait réussi à éliminer. Leia était prédestinée à occuper un poste important dans la vie politique de la galaxie, mais elle était également prédestinée à un rôle clé dans la résistance contre le régime de l'Empereur. Quand elle fut capturée par Dark Vador, en allant sur Tatooine, elle ignorait que c'était le début des événements qui allaient non seulement bouleverser sa vie, mais aussi le destin de la galaxie entière.

Elle avait dû confier aux bons soins du hasard deux droids avec l'impossible espoir qu'ils allaient retrouver Obi-Wan Kenobi, le chevalier Jedi que son père lui avait recommandé. Il s'était fait oublier au milieu des sables. Jadis, il avait combattu avec Organa. Le destin avait cela de terrible et de fascinant. Les droids avaient été recueillis par son frère qui ignorait qu'il avait une sœur. Tout c'était alors enchaîné... Alderaan qui explose, sa libération par deux fous et un wookie hirsute, leur fuite et Yavin, et Hoth, et encore Bespin, le palais de Jabba et enfin Endor...Le jeune homme dont elle était presque tombée amoureuse était son frère. Elle avait perdu son père pour en retrouver un autre, et aussi un frère. Quelle ironie !

Quelques gouttes de rosée tombaient sur ses joues. A moins que ce ne fut des larmes. Son père... Il était MORT ! Mort avant sa naissance ! Un autre avait rempli ce rôle et il n'était pas question que le premier ne vint perturber cet équilibre sur lequel elle avait réussi à asseoir ses repères. Il l'avait abandonnée, rejetée en trahissant toutes les valeurs d'honneur. Il avait perdu cet honneur. Il était mort ! Sous ses yeux, pendant que le monstre dont le sang lui coulait dans les veines l'obligeait à regarder. Son monde, sa planète avait explosé dans l'horreur, dans une fraction de seconde. Elle était passée de vie à trépas, de l'état d'être à celui de néant, d'existence accomplie et riche à celui du plus atroce anéantissement. Tous ces gens qui l'avaient élue, tous ces amis, sa famille, ses tantes, ses cousins et cousines, toutes ces personnes qui l'avaient aimée, tous ces gens qui menaient une existence simple, qui ne demandaient rien d'autre que de vivre, Tarkan et Vador les avaient assassinés, sans le moindre scrupule, sans le moindre état d'âme. Il ne leur avait fallu qu'une fraction de seconde pour détruire tout ce qu'il avait fallu des siècles à construire. Ils avaient réduit Alderaan en un amas désordonné d'astéroïdes qui avaient percuté la carlingue d'un vaisseau corellien. Il n'y avait plus rien, que les souvenirs de ceux qui avaient eu la chance de ne pas se trouver chez eux au moment de l'explosion. Jamais elle ne pourrait pardonner. Jamais elle ne pourrait oublier l'image horrible et irréelle de sa planète qui explosait sous le sourire de satisfaction de ses bourreaux. Jamais ! Luke lui avait expliqué comment la compassion de leur père avait eu raison de Vador, comment l'amour que Anakin avait éprouvé pour son fils durant les derniers instants de sa sombre vie avait terrassé le Seigneur Noir de Sith qui vivait en lui et qui l'avait dominé pendant toutes ces années. L'amour fait partie du Coté Lumineux de la Force et c'était la seule arme capable de détruire l'Empereur. C'est la seule arme capable de vaincre le Coté Obscure. Luke avait suivi son instinct en faisant confiance, non pas à Vador, mais à Anakin dont il avait réussi à sentir la présence lors de leur premier affrontement. Contre toute attente, contre l'avis de ses maîtres, Luke avait eu raison. Et il avait ramené Anakin au Coté Lumineux.

Elle regardait les cendres encore tièdes, et revoyait les flammes qui léchaient hier soir encore la silhouette noire qu'elle avait tant redoutée. Jamais plus elle n'aurait peur de cette fameuse respiration caverneuse qui était peut-être la seule indication que Vador était un être organique plus que mécanique. Cette respiration lui résonnait encore aux oreille, artificielle et presque douloureuse, qui accentuait encore plus le sentiment de froides et impitoyable autorité que dégageait l'imposante stature du Jedi sombre. Elle avait rencontré des créatures de toutes sortes, toutes plus effrayantes les unes que les autres. Mais Vador inspirait du respect en plus de la haine. C'était ce qui était le plus troublant. Il était effrayant, mais aussi énigmatique et fascinant. Jabba était ridicule et mégalomane. Vador était froid et calculateur. Palpatine était tout à la fois. Vador vénérait son maître. L'Empereur l'avait initié au Coté Obscur. Il était le maître et Vador était son successeur tout désigné. Mais jamais elle n'arriverait à voir dans cette machine humaine autre chose qu'un monstre. Jamais elle ne pourrait y voir un père. Jamais elle ne pourrait aimer Anakin comme un père. Décidément, la rosée matinale était abondante sur cette planète. Non. Cette fois elle dut admettre qu'elle pleurait.

Des larmes coulaient maintenant sur son visage de petite fille à peine sortie de l'adolescence. Elle était soudainement très jeune et très âgée à la fois, jeune par son âge réelle et âgée par l'expérience que la vie lui avait donnée. Elle avait dû grandir si vite, sans place possible pour l'insouciance, il en allait de sa vie. Elle était fatiguée et endurcie par les épreuves qui ne l'avaient pas épargnée. Elle avait fait front jusqu'ici. Elle avait toujours trouvé les ressources pour affronter tous les coups, même les plus durs. Mais cette fois, la nouvelle était trop forte. Jamais elle ne pourrait considérer Vador comme son père. Luke avait accepté. Il l'avait même appelé "père". Cela ne lui coûtait pas. Il n'avait jamais appelé personne par ce nom. Owen, son oncle n'avait jamais été qu'un fermier pour qui l'aventure et l'espace n'étaient que des préoccupations futiles en comparaison de la terre. Et dans le milieu paysan, on ne montre pas ses sentiments. Owen avait élevé le petit garçon. Il l'avait nourrit, vêtu et accueilli. Mais ce fut tout. Le garçon en grandissant s'était éloigné de plus en plus de son oncle. Les effusions et les démonstrations d'affection ne servaient pas à grand chose dans un milieu où on devait sans cesse lutter contre le sable, la chaleur pour faire pousser de quoi nourrir sa famille. Leia avait vécu totalement autre chose. On l'avait aimée... On l'avait recueillie, mais on l'avait surtout aimée. Jamais elle ne pourrait éprouver pour cette silhouette noire, autre chose que du dégoût, de la répulsion et de la haine. Jamais elle ne pourrait honorer la mémoire de cet homme qui avait tout sacrifier à ses propres désirs de gloire et de puissance. Ce ne serait pas ce fugace instant de retour au Coté Lumineux qui lui accorderait le pardon, après tous les crimes plus atroces les uns que les autres, qu'il avait commis. Comment pouvait-on honorer la mémoire d'un père qui n'avait plus d'honneur ?

Elle avait ramassé une branchette rageusement. Elle la serrait entre ses mains. La colère montait en elle. Personne d'autre que Bail Organa ne serait son père, un père dont elle pouvait être fière. Ils avaient partagé tant de choses... Si Anakin avait été vraiment tué par Vador, elle aurait pu l'accepter. Elle l'avait déjà accepté comme un mauvais sort du destin. Mais il n'était pas mort, il avait seulement trahi. Alderaan avait été à cause de lui sa terre d'asile. C'était la seule chose dont elle pouvait le remercier. Mais finalement, ce fut pour mieux l'anéantir. Il lui avait même enlevé cela. Elle était en colère contre celui qui avait commis ce crime. Elle ne pouvait éprouver autre chose en regardant les cendres fumantes de celui dont elle était issue. Anakin, entant que Jedi, avait failli. Il les avait abandonnés, elle, sa mère et son frère. Ce fut que grâce aux hasards du destin qu'ils s'étaient retrouvés. Mais rien ne pourrait lui redonner l'enfance qu'elle aurait du avoir avec lui. Ils auraient formé une vraie famille. Il leur aurait appris à maîtriser la Force. Elle aurait grandi avec son frère. Un peu plus, et c'était de lui dont elle tombait amoureuse...

La vérité était restée cachée pendant si longtemps. Pourquoi fallait-il qu'elle refasse surface en cet instant ? Leia avait réussi à vivre avec "l'autre" vérité. Celle, "la vraie", qui révélait la trahison d'Anakin, discréditait à tout jamais ce qu'elle avait construit. L honte du destin d'Anakin/Vador retombait sur elle. Il avait échoué. Il ne méritait ni pitié, ni tristesse, ni compassion. Jusqu'à maintenant, elle s'était toujours battue pour le droit et la justice, pour des principes nobles qui lui avaient été inculqués par Bail Organa. Elle s'était toujours révoltée contre l'injustice, l'oppression, la terreur. Et brusquement, la vérité la rattrapait. Elle n'était plus Leia Organa, princesse d'Alderaan. Elle était devenue Leia Skywalker, fille d'Anakin, le Jedi déchu qui incarnait à lui tout seul tout ce qu'elle avait toujours combattu. Elle aurait pu être fière de tout ce qui avait été accompli, de son frère, du retour à la paix. Mais le destin se jouait à nouveau d'elle. Elle allait devoir vivre avec cette lourde hérédité. Elle avait de la peine pour son frère qui n'aurait jamais les honneurs qu'il méritait. Ce nouveau fardeau était trop lourd pour ses frêles épaules qui avaient déjà trop supporté. Elle ne pouvait pas supporter une telle filiation. Oui, elle était en colère contre lui. Elle en voulait à Anakin, à Vador, enfin à celui qui se révélait être son père. Il n'avait pas le droit de leur faire cela. Il les avait abandonnés, pour revenir et mieux les poignarder dans le dos, comme s'il avait voulu leur dire : " Vous avez réussi à me vaincre. Mais en définitive, c'est moi qui gagne. Vous allez devoir vivre avec l'héritage honteux que je vous laisse." Elle était en colère, et tapait rageusement le sol de ses poings. Rien ne ferait revenir ceux qu'il avait assassinés. Ce n'était pas en revenant du Coté Lumineux au dernier moment qui lui accorderait le pardon de la galaxie entière. Anakin aurait dû préférer mourir plutôt que de céder au Coté Obscur. Il aurait dû préférer la mort au déshonneur. Il s'était déshonoré et sa descendance avec lui. Il était devenu moins qu'un homme, il était devenu un tortionnaire, un assassin. Ses actes avaient été trop graves. Plus jamais elle ne pourrait se séparer de ce sentiment de honte. Elle était devenue Leia Skywalker, fille de Dark Vador. Leia avait été effacée. Et même si elle n'avait reçu de Vador que le sang, il n'en restait pas moins que son sang souillait maintenant sa vie comme une marque indélébile sur son front, et celui de son frère. Il ne lui avait donné que son sang, mais il effaçait du même coup tout ce qu'elle avait été jusque-là. On l'avait toujours respectée. Maintenant, on allait la montrer du doigt comme une paria. L'opprobre était tombé sur elle. Il avait trahi tous ses amis, tué de sang froid tous ceux qui avaient tenté de se mettre sur sa route. Il avait disséminé les chevaliers Jedi, Obi-Wan. Il avait même tenté de tuer son fils. Et elle en était la chair et le sang. On venait de lui voler son honneur. Et même si ses actes parlaient pour elle, sa filiation venait de la jeter au banc des accusés. On venait de lui lier les poings et les chevilles. On venait de lui arracher le coeur. Elle venait de perdre toute crédibilité aux yeux de la communauté intersidérale.

Elle pleurait maintenant toutes les larmes de son corps sur ces cendres, comme si les gouttes du liquide salé pouvaient laver l'honneur bafoué. Elle n'arrivait pas à hurler sa douleur, tant celle-ci était grande. Aucun son ne sortait de sa gorge. Ses cheveux lui collaient au visage. Les larmes avaient mouillé ses vêtements. Elle n'avait jamais autant pleuré. Elle avait toujours contenu son chagrin, même lorsque Alderaan avait été détruite. En arrivant auprès des cendres, elle s'était tenue droite, fière et haltière. La pression était devenue trop forte. La douleur accumulée depuis le début de son engagement était devenue trop lourde. Il fallait qu'elle pleure. Elle ne pouvait plus s'arrêter. Son corps était secoué de sanglots incoercibles. Quand Mon Mothma et les autres membres de l'Alliance apprendraient la vérité sur leurs origines, ils les banniraient, elle et Luke. Il fallait que quelqu'un paye pour les crimes de Vador. Ses enfants devraient expier ses fautes, fautes qu'ils n'avaient fait que combattre. La responsabilité leur en incomberait. Comment est ce que les représentants des peuples qui avaient souffert de sa main pourraient accepter de négocier avec les enfants de leur bourreau ? Pourtant, si Luke n'avait pas été là, la lutte aurait été encore plus inégale. Il avait réussi à vaincre l'Empereur. Si la paix allait maintenant pouvoir revenir dans la galaxie, c'était en grande partie grâce à lui. Mais rien ne permettrait à tous ces peuples de ne pas en vouloir aux enfants su Seigneur Noir de Sith. On ne pouvait pas faire confiance aux enfants d'un traître.

La douleur lui étreignait la poitrine. Elle sentait son coeur tellement gonflé, qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser. La branche morte n'était plus que des miettes dans ses mains. Elle ne pouvait plus se calmer. Ses pleurs se mêlaient aux chants des oiseaux. Ils saluaient la vie. Elle ne pouvait que pleurer les morts. La victoire était arrivée. Elle pouvait pleurer maintenant. Elle avait accumulé tant de larmes, qu'elles s'échappaient toutes ensembles comme un torrent du sang de son âme que l'on avait si souvent déchirée. Elle pouvait laisse libre cours à ses sanglots en souvenir de ses amis morts pour l'Alliance, en combattant l'ignoble individu qu'était son père. Elle pleurait d'amertume, de douleur, de honte et de colère. Elle pleurait tant, qu'elle n'entendit pas les pas derrière elle.