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Par Lusiana Windu



III

Yan s'était croulé comme une masse sur une couche improvisée à même le sol de la cahute ewok. Il était heureux, épuise mais heureux. Sa princesse était auprès de lui. Et c'était lui qu'elle avait choisi. Son meilleur ami, qu'il avait pris pour un rival, était en fait son frère. La deuxième étoile noire avait été détruite, par Lando, d'accord, mais à bord de son Faucon. Luke avait mis une dérouillée à Vador et à l'Empereur. Et la cerise sur le gâteau était que Leia était amoureuse de lui. Que demander de plus ? Toutes les raisons pour bien dormir étaient réunies. Il n'avait pas regarder le décor. Il n'avait vu qu'une chose, ses amis étaient tous là, et sa princesse s'était endormie dans ses bras. Il pouvait se reposer lui aussi. Lui, le contrebandier solitaire, le pirate, le mercenaire, était devenu un général, lui qui détestait les ordres et la discipline. Comment avait-il fait pour se laisser embarquer dans cette histoire de fous ? Il se rappelait une phrase du vieil Obi-Wan. " Qui est le plus fou des deux ? Le fou ou celui qui le suit ?" Cela répondait à sa question. Il en était là, aujourd'hui, parce qu'il était plus fou que les autres. Mais quoi ? Comment pouvait-on résister à une princesse en détresse ? Son bon coeur l'avait toujours perdu. Et des bouges de Jabba, il était arrivé aux huttes des ewoks, en étant passé par tant de situations critiques que son esprit endormi, refusait de les compter. Ce soir, plus rien n'avait d'importance que la victoire. Le sommeil l'avait très vite emporté. Pour une fois, on ne risquait pas d'être réveillé par une attaque impériale. Il pouvait enfin dormir sur ses deux oreilles. Et l'ancien contrebandier coulait un moment merveilleux dans les bras de Morphée.

Luke ouvrit brusquement les yeux. Il sonda la pièce. Quelque chose n'allait pas. Ces compagnons dormaient tous paisiblement. Les deux droid étaient en stand-by dans un coin, entourés par des ewoks. Lando grimaçait, au bord de l'éternuement, le nez dans les poils de Chewie qui le chatouillaient. Leia... Elle n'était plus là. Il s'assit brusquement, la cherchant des yeux. Mais sa sœur n'était plus là. Il pouvait sentir sa présence et ses sens ne l'avaient pas trompé. Elle s'était éloignée. En se concentrant un peu plus, il réussit à atteindre son esprit. Elle était en pleine détresse. Il tenta de lui faire parvenir des pensées apaisantes. Mais son coeur était trop étreint par la douleur. Elle n'était pas en état de percevoir quoique ce soit. En revanche, il pouvait percevoir les causes de son désarroi. Il se leva doucement pour ne pas déranger les autres dormeurs. Mais 6PO s'activa.

"- Maître Luke...
- tout va bien, 6PO. Remets-toi en veille.
- êtes vous sur de ne pas avoir besoin de moi ?
- tout à fait. Je te remercie.
- Dans ce cas...
- Tu te remets en stand-by. Si tu réveilles Chewie, tu risques de gros ennuis. Alors tais-toi.
- bien maître Luke."

Le droid se tut. Luke rampa doucement vers Yan qui dormait près de l'entrée.

"- Yan, murmura-t-il, Yan !
- MMM...
- Yan ! Réveille-toi, mon vieux. Allez debout.
- Qu'est ce qu'il se passe ? Luke ! Fiche-moi la paix, p'tit gars. Répondit le corellien en bougonnant.
- Yan !
- Leia ! Où est-elle ? Fit-il en réalisant que la place à côté de lui était vide.
- Chut. Suis-moi." Lui répondit le Jedi.

Chewie s'était réveillé lui aussi. Il fallait être sourd pour ne pas être dérangé par la voix du droid doré. Il suivit les deux hommes au dehors. Yan scrutait les allées espérant apercevoir sa princesse.

"- Qu'est ce qu'il se passe, enfin. Où est Leia ? Demanda le corellien anxieux.
- D'abord calme-toi.
- Me calmer ? Alors qu'il lui est peut-être arrivé quelque chose !
- S'il lui était arrivé quelque chose de grave je te l'aurais dit. J'ai seulement senti quelque chose...
- Oh ! ... tu as senti... je vois. Monsieur le Jedi a senti. Alors on est sauvé.
- Arrête, tu veux. Je sais que tu es très amoureux de ma sœur. Mais cela ne te donne pas le droit d'être ironique.
- 'scuse-moi, vieux. Mais, tu comprends, dès qu'il s'agit de Leia...
- Je sais. Mais rassure-toi. Elle va bien. Elle a juste besoin que tu ailles la rejoindre. Elle est près du bûcher.
- Qu'est ce qu'elle fait là-bas à cette heure-ci ?
- Elle avait besoin de réfléchir. Mais je crains que son esprit ne soit un peu confus.
- Alors c'est d'un Jedi dont elle a besoin. Tu sais, moi et la psychologie...
- Je sais. Mais c'est de toi dont elle a besoin.
- Bon. J'y vais. Chewie, reste là. S'il se passe quoi que ce soit, j'ai le comlink.
- Vas-y en douceur...
- Je vais essayer. Chewie, si Bâton d'Or la ramène un peu trop... enfin tu vois ce que je veux dire."

Le pirate s'éloigna rapidement, pendant que Luke et Chewie regagnaient la hutte.

Solo était inquiet. La place qu'occupait la princesse était froide. Cela voulait dire qu'elle était partie depuis déjà un bon moment. Luke et Chewbacca étaient retournés s’allonger. Le wookie ne ferma pas les yeux pour autant. Yan était parti sans lui. Il se devait de l’attendre. De toute façon, il avait suffisamment confiance dans sa force pour porter secours à son ami en cas de besoin. Yan s’était maintenant enfoncé dans la forêt, et ce n’était pas un milieu très amical pour une jeune fille. Leia n’avait pas pris son comlink. Ce qui n’avait rien pour le rassurer. Luke avait seulement dit qu’elle avait besoin de lui dire des choses. Quelles choses ? Il essayait de se persuader qu’il ne lui était rien arrivé de grave. Mais il ne savait trop pourquoi, il était persuadé que ce n’était pas le cas. Et plus il avançait, plus il était inquiet. Luke ne s’était pas rendormi, non plus. Une détresse infinie étreignait son cœur. Leia… elle avait besoin d’évacuer sa colère. La colère fait partie du Coté Obscur. C’était une épreuve pour elle, qui avait potentiellement les mêmes talents qu’elle. Yan avançait entre les arbres.

" - Leia ! Où es-tu ? "

Ses appels se perdaient dans la cacophonie animale ambiante. Mais où était-elle donc passée ? Dans sa précipitation, il avait pris le mauvais chemin. Ses pas furent arrêtés par une rivière. Elle n’était pas passée par-là. Il rebroussa chemin et continua de l’appeler. Mais elle ne répondait toujours pas. Au détour d’un sentier, il finit par l’apercevoir. Elle était là, prostrée, à genoux devant le tas de cendres. Elle ne l’avait pas entendu. Quand il vit ses sanglots, il se précipita. Il la prit dans ses bras et le berça doucement.

-" Leia, ma douce. Qu’est ce que tu fais là ? Allons, allons, c’est fini. Je suis là. Qu’est ce qui ne va pas ? Tu es blessée ? "

La jeune femme ne répondait pas. Il regarda rapidement, mais ne vit aucune trace de sang, ce qui le rassura un peu. Mais alors, qu’est qui la mettait dans un état pareil ?

Sa voix était douce et chaude, caressante comme une brise d’été. Lui, qui savait être si arrogant, se faisait tendre, calme et rassurant. Sa voix avait cela de viril, qu’elle était réconfortante et apaisante, comme son épaule solide au creux de laquelle on aimait se blottir. Ses bras qui la berçaient étaient comme un rempart qui protégeait un trésor. Mais la détresse de la princesse était si grande que les paroles du jeune homme n’arrivaient pas à la calmer.

-" Leia, mon trésor. Calme-toi, je t’en prie. Je suis là. Plus rien ne peut t’arriver. Leia, réponds-moi. Qu’est ce qui ne va pas ? Je peux t’aider, tu sais. Je t’aime. Je ferais n’importe quoi pour toi. Tu peux avoir confiance en moi. "


Yan ! Qu’allait-il penser quand elle lui dirait ? Il ignorait encore l’ignoble vérité. Il n’allait plus pouvoir la regarder de la même façon. Comment pourrait-il continuer à aimer la fille de son tortionnaire ? Elle-même, comment pourrait-elle le regarder en face, sans honte ? Comment pourrait-elle affronter ce regard qu’il allait désormais poser sur elle ? Le contrebandier l’avait relevée, tout en continuant de la cajoler. Les sanglots lui étranglaient toujours la gorge. Il l’avait attirée à l’écart, et ils s’étaient assis sur un tronc d’arbre mort. Il continuait de la bercer en lui murmurant des mots apaisants à l’oreille. La peine de la jeune femme était si intense qu’il n’avait pu empêcher quelques larmes de monter. Il s’était vite empressé de les dissimuler. Il était ému devant tant de souffrance. Cela lui étreignait le cœur. Mais il devait surmonter son émotion pour la réconforter. Il ne l’avait jamais vu aussi vulnérable. Elle avait besoin de lui. Il continuait à la bercer, pendant que les sanglots semblaient se calmer un peu. Il ponctuait ses paroles apaisantes par de baisers aussi tendres qu’intenses sur son front et ses cheveux. Il avait bien tente de lui ranger les cheveux qui s’étaient colles sur ses joues, mais ils refusaient obstinément d’obéir à la main du jeune homme.

-" Leia, qu’est ce que tu fais ici, à cette heure-ci ? Qu’est ce qu’il se passe ? "

La jeune femme n’arrivait toujours pas à répondre.

-"  Tu es fatiguée, et tu craques. Il faut te reposer, vraiment. Alors tu va m’écouter. Je t’emmène en vacances. Et pas de discussion, pas question de dire non. Depuis combien de temps n’as-tu pas pris un instant de loisir ? Hum ! ? Dis-moi…Cela te ferait du bien. Plus de politique, plus de réunion, plus de bataille. Tu as tellement donné à la rébellion, que tu as le droit de te reposer maintenant. "

Leia essaya de parler, mais les mots étaient bloqués. Rien ne passait. La voix de Yan la rassurait. Mais elle la torturait en même temps. Elle avait besoin de lui. Mais elle ne pourrait lui cacher la vérité. Elle était vulnérable comme un petit enfant qui venait de faire un cauchemar, et elle n’arrivait pas à se calmer. Elle avait tant besoin de se faire réconforter, que l’on prenne soin d’elle. Mais ce qui la faisait souffrir, c’est qu’elle aimait cet homme de tout son âme. Et c’était précisément de lui dont elle avait besoin. Elle se rappelait très bien de leur première rencontre, dans le couloir enfumé du quartier pénitentiaire de l’Etoile Noire, sous un feu croisé de tirs de blaster comme feu d’artifice. C’est vrai que pour le romantisme, on aurait pu faire nettement mieux. D’autant plus que les premières paroles qu’ils avaient échangées tenaient plus du règlement de compte que du dernier roman à l’eau d’orchirose. Jamais elle n’aurait pensé qu’elle tomberait amoureuse d’un tel homme. Il avait le don manifeste de la mettre hors d’elle. A cette époque, Yan cherchait à tout prix à l’impressionner. Il voulait toujours avoir raison et se montrait tellement égocentrique. Il mettait un point d’honneur à ne jamais demander d’aide à qui que ce soit. Il avait aussi une agaçante tendance à la misogynie. Et comme Leia n’était pas femme à s’en laisser compter, ni à se laisser impressionner, la prise de contact se fit sous une gerbe d’étincelles, au propre comme au figuré. Puis, elle avait appris à le connaître. Sous ses aspects de dur à cuir, le contrebandier était un être profondément sensible, maladroit, mais c’était ce qui faisait son charme. Il savait se montrer tellement tendre, et attentionné. La preuve en était encore en ce jour. Il était là au moment où elle avait besoin de lui. Et pourtant, c’était cet homme qui allait la repousser quand il apprendrait. Lui cacher la vérité serait pire que de lui mentir. Elle ne pouvait pas lui faire cela, ainsi qu’à personne d’ailleurs, mais encore moins à lui. Elle n’en avait pas le droit. Tout cela à cause de son père…

" - Oh, Yan ! C’est horrible ! C’est trop horrible ! je ne pourrais pas vivre ainsi… je ne …
- Chut, c’est fini, ma chérie. Tout va bien. Tu n’as plus rien à craindre. Pleure si cela peut te faire du bien. Tu es complètement épuisée. Mais c’est fini maintenant, tu vas pouvoir te reposer. Plus de guerre, plus d’empereur, plus de Vador. Je t’emmène en vacances. Je vais te montrer Corellia. "


Allongé sur son matelas de feuillage dans la cahute, Luke avait préféré se tenir à l’écart. Il avait même préféré ne plus aider sa sœur en lui envoyant des pensées apaisantes. Yan et la princesse devaient résoudre ce problème ensemble. Ils devaient le surmonter en couple. Il avait également senti la peur et la colère de sa sœur. Il ne devait pas l’aider à les affronter. Cela faisait partie de son apprentissage de la Force, que d’être confronté au Coté Obscur. Elle devait s’en sortir par ses propres moyens si elle voulait progresser. La Nouvelle République n’aurait pas trop de deux Jedi pour l’aider dans l’immense tache qui l’attendait. Et il faisait confiance à son compagnon de toutes les batailles pour aider Leia. Il savait que tout allait s’arranger.